Nous ne dirons que quelques mots sur le Futurisme, vaste mouvement européen, touchant tous les domaines, assez formel durant les vingt premières années du siècle, pour nous limiter au Futurisme en peinture et surtout à sa version italienne.
En février 1909 Marinetti, écrivain, poète et provocateur, fait paraître son Manifeste du Futurisme, rejoint par les peintres Umberto Boccioni, Carlo Carrà, Gino Severini et beaucoup d'autres. Ils sont rebelles, anarcho-libertaires, amoureux de la vitesse, des machines et du mouvement et empruntent au Divisionnisme et au Cubisme les éléments nécessaires pour magnifier ce dynamisme.
Puis quand la rébellion se banalise et devient la norme les rebelles n'existant plus comme rebelles rentrent dans le rang et leur mouvement s'arrête de lui-même. Ainsi beaucoup, partis du marxisme finiront par s'épanouir dans le fascisme qui à ses débuts se présentait comme novateur et réformiste.
Umberto Boccioni 1882-1916
Influencé par Bergson qui professe l'absence de projet dans l'évolution et la capacité du cerveau à s'adapter au présent en puisant dans une mémoire souvenir corporel du passé, Boccioni est le théoricien du Futurisme, par ses écrits, par ses sculptures et par sa peinture. Mort prématurément d'une chute de cheval.
Le pastel ci-dessous date de l'année de sa rencontre avec Filippo Tommaso Marinetti qu'il convient de situer : Italien, né en Egypte (1876-1944) qui passe son baccalauréat à Paris, écrivain-poète-éditeur admirateur de Jarry, provocateur aussi, son Manifeste du futurisme est le déclencheur des Avant-Gardes qui nourriront l'art du XXè siècle en peinture mais aussi bien en littérature, sculpture et même musique, avec les réussites que l'on connaît et les niaiseries qui continuent de nous empoisonner.
C'est Marinetti qui lance et c'est Boccioni qui creuse.
Umberto Boccioni
Alberi (Arbres)
1908, Pastel sur papier
Umberto Boccioni
Forme uniche nella continuità dello spazio
1913, Bronze, 114,5 x 88,9 x 40 cm Tate Gallery, nous avons fait figurer l'avers de la pièce de 20 cts d'€ italienne.
Umberto Boccioni
La charge des lanciers
1915, Tempera et collage sur carton, 32 x 50 cm Collection particulière
Gino Severini 1883-1966
Toscan qui se forme à Paris, signe le Manifeste en 1910, se partage entre Rome et la France où il épouse la fille de Paul Fort. Il utilise couramment le pastel ce qui lui vaut sa place ici.
Malheureusement ses oeuvres proprement futuristes sont le plus souvent à l'huile, et ceci est vrai aussi pour les peintres suivants, nous en insérerons donc quelques unes pour illustrer le chapitre et justifier la cohésion de ces italiens auxquels leur talent et leur formation donneraient une place méritée dans les pages générales.
Durant les années 20 il commence à s'intéresser à l'Art Sacré des vitraux et réalise des mosaïques et des fresques. Il ouvrira une école à Paris.
Le divisionnisme du pastel ci-dessous lui vient de ses rencontres avec Balla.
Il s'agit pour Severini de réaliser une synthèse entre ce qu'il voit et ce dont il se souvient (entre conscience et réalité) par une analogie plastique et chromatique qui explore ces équivalences. Repos, vous pouvez fumer !
Gino Severini
Arlequin
Pastel sur papier, 48,3 x 33 cm, Collection privée, sur Liveauctioneers
Gino Severini
A spring (Un bond)
1952-53, Pastel sur papier, 60x 33 cm, Collection privée
Giacomo Balla 1871-1958
Plus âgé, post-impressionniste divisionniste, il est le professeur de Boccioni et Severini, mais ce sont eux qui l'entraînent vers le Futurisme.
Il se veut le maître du traitement dynamique de la lumière et de la couleur par lequel il prétend ouvrir les yeux du spectateur.
En 1915 il publie La reconstruction futuriste de l'Univers et après la guerre sera un des promoteurs du Second Futurisme qui glorifie davantage la mécanique et l'avion mais perd de vue leur aspect dynamique. Il "rentre dans le rang" après sa nomination à l'Académie de Saint Luc de Rome en 1935.
Giacomo Balla
La Lampe à arc
1910, Huile sur toile, 174,7 x 114,7 cm Moma, par WikiArt
Nous titrons Lampe à arc de 1910, notons qu'au MoMA la date affichée est celle qui figure sur l'oeuvre : 1909 titrée "Street Light" et précisons qu'elle serait inspirée par les lampadaires de la place Termini à Rome.
Giacomo Balla
Fillette courant sur un balcon
1912, Huile sur toile, 125 x 125 cm Milan, Museo del Novencento, sur WikiArt
Giacomo Balla
Soleil couchant au poisson rouge-mer
1913, Pastel sur carton, 24,8 x 37,5 cm Sur Stephen Ongpin
Deux mouvements se croisent, faut-il voir là l'origine de la formation des écailles ?
Carlo Carrà 1881-1966
Futuriste dès l'origine il bifurque rapidement vers la peinture métaphysique avec les frères De Chirico, il en est de même pour ses options personnelles qui passent d'un anarchisme initial à une adhésion profonde au nationalisme fasciste et au néoclassique qui l'accompagne.
Carlo Carrà
Le Cavalier Rouge
1913, Gouache et encre de chine sur papier, 26 x 36 cm Civico Museo d'Arte Contemporanea, Milan
1913, Pastel sur papier, 51,8 x 35,5 cm Sur Live auctioneers
Luigi Russolo 1885-1947
Symboliste avant 1909 il adhère au manifeste par Boccioni. Après quelques années passées à tenter de figurer la vitesse il se tourne vers la musique ou plus exactement vers le bruit dont il donnera des concerts qu'il valait mieux éviter.
De G. à D. Russolo, Carrà, Marinetti, Boccioli, Severini, en 1912 devant l'immeuble du Figaro.
Joseph Stella a été traité par ailleurs. Le futurisme russe de Larionov et Gontcharoff est évoqué en annexe. Les Delaunay font l'objet d'un article plus haut.