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Les Impressionnistes (t.4)
Eugène Murer 1841-1906
Meunier, dit Murer, est-il impressionniste ? Et d'abord est-il peintre ? Peintre, il n'a pas appris, mis à part quelques conseils de Guillaumin, mais il a peint ! Impressionniste, le qualificatif venant de la presse vous trouverez quelques journaux qui le disent, mais il les a fréquentés, nourris, aidés, entretenus.
Pour nous Murer, petit peintre, est avant tout une biographie étonnante : il est pâtissier formé par un patron lettré, curieux et intelligent qui va savoir inculquer à un gamin tout venant le goût des livres et des arts. Installé comme restaurateur, boulevard Voltaire, à Paris, sa table est ouverte pour les amis peintres démunis qu'il connaît par Guillaumin.
Il s'appelle Meunier et est natif de Moulins ce qui ne s'invente pas, au collège : deux amis de classe, Guillaumin et Outin, avec lesquels, "monté" à Paris il fréquente le Louvre et aussi Cézanne, Pissaro, Renoir... Collectionneur et mécène il achète leurs oeuvres et les finance au besoin. Son oeuvre à lui : il écrit ! des romans qui sont honorablement publiés. Ses fréquentations s'élargissent : Monet, Sisley et le docteur Gachet déjà, Gauguin qui l'exploite et s'en méfie.
Finalement il achète un hôtel à Rouen, le met en gérance, s'installe à Auvers près de chez Gachet et se met à la peinture, expose à Paris et surtout à Rouen où son hôtel abrite une bonne centaine de toiles dont trente Renoir. Veuf ses affaires périclitent, l'hôtel fait faillite, les toiles sont vendues, les Impressionnistes le lâchent, il vivote à Paris et meurt pour être inhumé à Auvers entre Van Gogh et Goeneutte.
Beau début et triste fin, restent ces deux pastels :
Eugène Murer
Rouen, vue des hauteurs
Pastel sur papier
Auvers-sur-Oise, Musée Daubigny
Eugène Murer
Le Valhermeil à Auvers-sur-Oise
Pastel sur papier, 45 x 55 cm
Auvers-sur-Oise, Musée Daubigny
Camille Pissaro 1830-1903
Né danois aux Antilles de juifs portugais marranes il est le petit neveu de sa mère et le petit cousin de son père (sa mère est la tante de son père ce qui complique la vie au jeu des sept familles !). Il épouse la bonne et lui fait huit enfants. Libertaire-anarchiste il fréquente tout le monde, d'Ingres à Van Gogh ou Seurat en passant par Cézanne, Corot, Millet, Courbet ou Gauguin; il sait tout faire et le fait bien : des paysages sereins, des marchés animés, des portraits classiques ou des nudités post-impressionnistes. Un peintre majeur de son temps, quelques pastels ? Peu.
Camille Pissaro
Coucher de soleil
1870-71, Pastel et fusain sur papier, 19,6 x 27,5 cm
Collection particulière, vu chez Sotheby's
Camille Pissaro
Jeune fille debout
Pastel. RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Michel Urtado
Camille Pissaro
Paysages avec groupe d'arbres à gauche
Pastel sur soie, 23,1 x 31,2 cm
Paris, musée d'Orsay , RMN
C. Pissaro et P. Gauguin
Double portrait de P. Gauguin et de C. Pissarro
1880-83, Fusain et crayons de couleur, 31,5 x 48,5 cm
RMN, © musée du Louvre département des Arts graphiques
Gauguin à gauche par Pissaro, Pissaro à droite par Gauguin.
Camille Pissaro
Murer au fournil
1877, Pastel sur papier, 88 x 65 cm
Collection particulière
Pierre Prins 1838-1913
Impressionniste oublié, sauf à Fécamp, pastelliste et sculpteur sur ivoire, sa soeur amie de Suzanne
Leenhoff lui fait rencontrer Manet dont il devient un ami proche (cf. masque mortuaire, plus haut). Sisley oublie
d'inscrire ses toiles chez Nadar pour la 1ère exposition de 74 !
Sa femme, Fanny Clauss figure au Balcon de Manet, à côté de Berthe Morisot.
Pierre Prins
Les foins près d'Orsay, en septembre
Pastel, © Collection Musée de Fécamp
Pierre Prins
La chapelle Notre-Dame du Salut
1899, Pastel, © Collection Musée de Fécamp
Pierre Prins
Soleil couchant sur la Seine à Chatou
1885, Pastel, © Collection particulière
Auguste Renoir 1841-1919
Un géant, productif, versatile, talentueux.
Débuts classiques : Beaux arts classe de Gleyre avec Bazille, Monet et Sisley, sur le motif en forêt de Fontainebleau, salon, puis Impressionnisme : critique et vache enragée, alors retour à l'académisme pour finir gloire nationale peignant talentueusement de jolies mièvreries en série.
Auguste Renoir
The milliner (la modiste)
1877, Pastel sur papier, 53,3 x 36,2 cm
New-York, le MET, The Lesley and Emma Sheafer Collection, Bequest of Emma A. Sheafer, 1973
Auguste Renoir
Mlle Diéterle
Pastel, Musée Antoine Lécuyer à Saint-Quentin, photo RMN Grand-Palais/Gérard Blot
Amélie Diéterle était une actrice-chanteuse de la troupe du Théâtre des Variétés, une vedette de la "Belle époque".
Auguste Renoir
Mother and Child
1886, Pastel, 79,1 x 63,5 cm
The Cleveland Museum of Art, Bequest of Alexander Ginn
Auguste Renoir
Trois baigneuses au bord de l'eau
Pastel
Auguste Renoir
Young Woman with a Muff (manchon)
Pastel, 52,7 x 36,2 cm
New-York, le MET, H. O. Havemeyer Collection, Bequest of Mrs. H. O. Havemeyer, 1929
Manchon d'un côté, tournure de l'autre, quelle époque !
Auguste Renoir
Portrait de Théodore de Banville
Pastel 52 x 41 cm, Musée d'Orsay, photo RMN © Hervé Lewandowski
Jeanne Baudot, peintre qui aurait trouvé sa place ici, n'a pas employé le pastel. Elle fut la seule élève de Renoir qu'elle suivit dans le midi et qui la représenta abondamment. Elle est la marraine de son fils Jean.
Voilà l'opportunité de parler de ses enfants. Il ne reconnaît pas les deux premiers, Pierre et Jeanne, conçus avec Lise Tréhot, modèle et maîtresse donc; en revanche il reconnaîtra Pierre -l'acteur-, d'Aline Charigot qu'il finira par épouser, suivront alors, Jean -le réalisateur de cinéma- et Claude dit Coco -le touche à tout-.
Alfred Sisley 1839-1899
Anglais né à Paris, mort à Moret. Impressionniste quasi exclusivement paysagiste à la suite de Corot et de Courbet. Ami de Renoir, Monet, Bazille et Bracquemond; inspiré par les étendues d'eau sous de vastes ciels lumineux.
Alfred Sisley
Vaches près de la Seine à St-Mamès
1895, Pastel, 30 x 40,6 cm
Alfred Sisley
Bord de rivière. Les oies
1897, Pastel sur papier gris beige marouflé sur toile, 29,5 x 40,2 cm
Musée d'Orsay
Alfred Sisley
La mare aux oies
Pastel, 29,5 x 30 cm. RMN © Hervé Lewandowski
Nous allons quitter les Impressionnistes proprement dits; La peinture ultérieure, quelque soit la direction, théorie, principe, parti-pris . . . qui la sous-tend est nécessairement post-impressionniste même quand elle en prend le contre-pied.
Si vous désirez approfondir le sujet nous vous proposons la lecture
de l'ouvrage de Duret.
Où vas-tu Bazille ?
Non, Line Renaud n'a rien à faire ici mais la question est : Où placer Bazille ?
Ici, bon !
Frédéric Bazille 1841-1870
Un grand gaillard, protestant languedocien, d'une belle famille dont on peut remonter la trace jusqu'au 13è siècle, des artisans, serruriers, arquebusiers, armes de luxe, orfèvres au 18è; son père, Gaston, viticulteur sera sénateur en 79. Destiné à la médecine, il avorte ses études pour se consacrer à la peinture.
"Monté" à Paris, en 62, il se lie à Monet, Renoir (chez Gleyre) et à toute la bande des futurs impressionnistes, et plus intimement avec Edmond Maître. Son talent est patent, digne des plus grands, mais sa
mort précoce ne permet pas de savoir ce qu'aurait été son évolution et son oeuvre.
Alors pour répondre à la question incongrue qui précède cet article faisons-en un préimpressionniste.
Sur le désastre de 70 vous trouverez un bilan en annexe pour évoquer le sort des peintres qui y furent mêlés.
ICI.
Bazille n'a pas employé le pastel, néanmoins nous choisissons de vous proposer ces études :
Frédéric Bazille
Académie de femme
1863, Crayon sur papier vergé, 62 x 47 cm
Privécollectie. Bron: Hilaire/Perrin 2016 Cat. 3, Afb. pag. 113
Frédéric Bazille
Académie d'homme
1863, Crayon sur papier vergé, 62 x 47 cm
Montpellier, Musée Fabre. Bron: Hilaire/Perrin 2016 Cat. nr. 4 Afb. pag. 113
Frédéric Bazille
Etude pour nu couché
1864, Fusain, 42 x 57 cm
Montpellier, Musée Fabre. Bron: Delafond 2003 Cat.nr. 25