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Lascaux AUTOUR du PASTEL Picasso
_ Lascaux _ Fouquet _ Jean Perréal _ Carrache _ François Lemoine _ Quentin de La Tour _ Toulouse-Lautrec _ Degas _ Rouault _ Picasso _
Pastellistes → XIXème p.1

Consulat 1804 1er Empire 1814 Louis XVIII 1815 Cent-Jours 1815 Louis XVIII 1824 Charles X 1830 Louis-Philippe 1848 2è République 1852 Second Empire 1871 3è République

Les Pastellistes au XIXème siècle

Les Pastellistes au XIXème siècle

Le pouvoir royal, celui de l'église et le non moins puissant des corporations étouffaient, depuis deux siècles, les velléités individuelles. Les corporations sont interdites en 1776, le pouvoir, décapité en 93 sera dorénavant dans la rue, malgré Empires et Restaurations, et le spirituel a fait place aux spiritueux et aux amuseurs. La révolution accouche ainsi d'une dictature de l'émotion et du moi dont nous ne sommes toujours pas sortis.
Par ailleurs, le siècle est qualifié de Romantique. Une simplification pour souligner le retour du sentiment après l'ordre classique et la raison des lumières.
En ce qui concerne la peinture, l'évènement central est la mise au point de la photographie qui marque aussi bien la fin de la peinture comme représentation du réel — à quoi bon la chasse après la domestication des poules et des lapins — que le renouveau de l'art pictural qui peut désormais se consacrer à tenter d'exprimer des sensations ou des idées — c'est la même chose — marquant ainsi la naissance de l'art moderne.
Un autre évènement, adventice celui-là, est la présentation des couleurs à l'huile en tube; le tube de peinture ôte ainsi l'un des privilèges du pastel, permettre au peintre la sortie de l'atelier, le paysage devient un motif à part entière.

Jacques-Louis David 1748-1825.

Pourquoi commencer ce siècle par David qui est tout autant du siècle précédent * ? Parce qu'il est le promoteur du "néo-classique" qui va constituer, jusqu'à Ingres, un courant qui irrigue tout le 19ème et contre lequel les autres chefs d'écoles se définissent, en réaction. C'est bien la seule raison de sa présence ici car il n'est pas pastelliste et le personnage est pour le moins sujet à controverse. Doué, bien sûr, mais revanchard-haineux qui poursuit de sa vindicte ceux, confrères, maîtres et institutions, qui lui ont causé quelque frustration.
En décembre 1793 la Convention nationale supprime les Académies. Parmi les conventionnels notons la présence de Jacques-Louis David membre éminent de l'Académie Royale de peinture, premier prix de Rome et chef de file du "néo-classique". Il sera le premier peintre de Napoléon dont il représente les grandes heures.

Jacques-Louis David

pastel

La Douleur

1773, Pastel sur papier, 53,5 x 41 cm
Ecole des Beaux-Arts Paris

Laissons David à sa douleur et voyons ses successeurs. Le néoclacissisme qui va devenir académisme pour finir art-pompier recouvre le siècle et même au-delà : c'est finalement mai 1968 qui en aura raison en provoquant la disparition du prix de Rome. Depuis la peinture n'est plus enseignée aux Beaux-arts et a laissé la place aux "Installations" !
Ingres, son élève surdoué, n'a pas daigné se confronter aux pastels et Gérard pas plus; cette remarque pour vous avertir que le grand siècle du pastel est passé, il va falloir attendre Degas puis les symbolistes comme Redon avant que notre médium reprenne quelques couleurs.

* Par souci de cohérence nous ferons durer ce siècle jusqu'à la grande guerre.

Francois-Andre Vincent 1746-1816.

Fils de François-Elie, élève de Vien, époux transitoire de Labille-Guiard, rival de David il survit à la révolution sans abandonner, lui, ses opinions royalistes. Ce n'est pas un pastelliste mais il nous a donné ce secret :

Francois-Andre Vincent

pastel

Le Secret

1795, Black, red and white chalk and oiled or waxed charcoal or chalk (?), 49 x 39.5 cm
The J. Paul Getty Museum, Los Angeles

Le musée s'interroge sur la nature de l'ombrage noir, pastel gras à l'huile ou à la cire, pour que vous puissiez décider voici un gros plan. Merci au Getty Museum qui fournit des images de haute définition permettant de zoomer ainsi, sans dévoiler le secret bien sûr !

pastel
Gros plan

La maîtrise est impressionnante, non ? Remontez voir l'image en entier, appréciez la tache de lumière qui éclaire les deux visages. Redescendez pour réaliser la netteté de l'arête du nez au premier plan et le flou habile de celle qui est en retrait. Si vous ne l'avez déjà fait, le moment est choisi d'aller lire les conseils de Liotard sur les ombres et les clairs. ALLER.

Anne-Louis Girodet 1867-1924.

Prix de Rome, Peintre d'Histoire à la suite de David dont il est l'élève, professeur aux Beaux-Arts successeur de Vincent puis Classiquo-Romantique, vous connaissez son Chateaubriand ; il n'est que rarement pastelliste :

Anne-Louis Girodet

pastel

Un dragon

1809, Pastel et crayons comté sur papier coloré, 59,4 x 47 cm
New York, le Met, achat Lila Acheson Wallace, David T. Schiff, Jean A. Bonna, and Guy Wildenstein Gifts, 2011

Une étude pour la Révolte du Caire (21 octobre 1798).

Anne-Louis Girodet

pastel

Tête de turc

1809, Fusain,pastel et sanguine, 58x 45 cm
Paris, le Louvre

Notons qu'il dispose de son propre musée, à Montargis, sa ville natale, le Musée Girodet.

Pierre-Paul Prud'hon 1758-1823 et Constance Mayer 1774-1821

Le maître et l'élève, le mal marié et sa maîtresse, deux peintres dont la renommée de l'un fait de l'ombre à l'autre.
Il faut dire que justement Prud'hon est un maître du clair-obscur, voyez, au Louvre son portrait de Joséphine et plongez dans les sous-bois sombres d'arrière-plan.
Les féministes s'insurgent — il ferait beau voir — contre l'attribution de bon nombres d'études de Constance à Pierre-Paul, elles ont raison mais les marchands d'art sont surtout guidés par la cote, il faut bien vivre.
C'est pourquoi, en toute neutralité, nous les réunissons en un même article.

Attribué à Pierre-Paul Prud'hon

pastel

Portrait présumé de Mlle George

Pastel sur papier, 42 x 34 cm
Musée Antoine Lécuyer à St Quentin, photo (mauvaise) Dufrêne

Mlle George, tragédienne de renom qui compte au nombre de ses "bonnes fortunes" à la fois Napoléon et le tsar !
Prud'hon au contraire de Mayer n'utilisant pas le pastel pour ses études attribuons cette oeuvre à Madame qui en outre apprécie la clarté.

Pierre-Paul Prud'hon

pastel

Portrait de Mademoiselle Mayer, artiste peintre

Pastel, 43,5 x 31 cm
Photo RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michèle Bellot

Eugène Delacroix 1798-1863.

Souvent supposé enfant illégitime d'un père qui fut avocat, député, ministre, préfet, mort alors que le rejeton qui nous intéresse ici n'avait que 7 ans et dont l'héritage fut perdu.
Delacroix élève de Guérin n'eut pas les bases techniques de la grande période précédente et s'interrogea jusqu'à la fin sur le support et les possibles vernis intermédiaires.
Romantique à la suite de Géricault qu'il admire, et grand rival d'Ingres, partagé entre David et Raphaël il chercha très tôt à exploiter les contrastes de couleurs, les variances de tons et de lumière que Choiseul définira en 1839.
Pour contrarier nos propos précédents il use du pastel pour peindre cette étude pour La Grèce expirant sur les ruines de Missolonghi :

Eugène Delacroix

pastel

Nègre au turban

1826, Pastel sur papier chamoix, 47 x 38 cm
Musée Delacroix
RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux / René-Gabriel Ojéda

Eugène Delacroix

pastel

L'éducation d'Achilles

1862, Pastel, 30,6 x 49,1 cm
The J. Paul Getty Museum, Los Angeles

La peinture d'origine se trouve sur un des pendants de la coupole du Palais Bourbon, elle date des années 30, ce pastel est donc tardif, il faisait partie de la collection Sand; Maurice Sand, fils de George, fut élève de Delacroix qui cultivait une vive amitié avec sa mère et bien sûr avec Chopin; Eugène grand amateur, connaisseur et critique de musique nous montre à travers la lecture de son journal qu'avant toute possibilité d'enregistrement son écoute en occupait cependant une part importante des loisirs de cette intelligentsia parisienne.

Eugène Delacroix

pastel

Bouquet de fleurs

1849, Pastel et gouache sur papier gris, 65 x 65,4 cm
Paris, musée national Eugène Delacroix, RMN

Depuis l'âge de 24 ans jusqu'à sa mort Delacroix a tenu un journal quasi-quotidien. Quarante années de vie à lire dans nos Annexes pour constater qu'au delà de la peinture et de son hypocondrie, malgré un excessif souci de lui-même assez naturel dans un journal intime, il est un penseur ouvert à tous les arts, qui remet en cause son métier et qui peut-être un critique avisé; un moyen aussi pour le lecteur de se plonger dans la vie culturelle de la période.

Eugène Delacroix

pastel

la nuit

Pastel, 22,2 x 37,2 cm
© RMN-Grand Palais - Photo T. Le Mage

Un exemple de la multitude de pages de carnets de croquis dans lesquels Delacroix notait, au pastel, les impressions du moment.

Si décidément vous n'avez ni le temps ni le courage de lire les trois tomes de ses mémoires lisez au moins cette appréciation de George Sand adressée au critique Th. Silvestre et que celui-ci a consigné dans Les artistes vivants :

"Il y a vingt ans que je suis liée avec lui, et par conséquent heureuse de pouvoir dire qu'on doit le louer sans réserve, parce que rien dans la vie de l'homme n'est au-dessous de la mission si largement remplie du maître; et je n'ai probablement rien à vous apprendre sur la constante noblesse de son caractère et l'honorable fidélité de ses amitiés. Il jouit également des diverses faces du Beau par les côtés multiples de son intelligence. Delacroix, vous pouvez l'affirmer, est un artiste complet. Il goûte, il comprend la musique d'une manière si supérieure, qu'il eût été probablement un grand musicien, s'il n`eût pas choisi d'être un grand peintre. Il n'est pas moins bon juge en littérature, et peu d'esprits sont aussi ornés et aussi nets que le sien. Si son bras et sa vue venaient à se fatiguer, il pourrait encore dicter, dans une très belle forme, des pages qui manquent à l'histoire de l'art, et qui resteraient comme des archives à consulter pour tous les artistes de l'avenir."

Puisque Géricault (1791-1824) est intervenu dans le débat profitons de cette opportunité pour regarder sa main gauche. Il ne semble pas avoir été gêné par la longueur de son auriculaire.

Théodore Géricault

pastel

Sa main gauche

1826, Aquarelle crayon et sanguine, 22,5 x 29,5 cm
Musée du Louvre
RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michèle Bellot

Léon Riesener 1808-1878

Petit-fils de l'ébéniste (Jean-Henri 1734-1806), son père (Henri-François 1767-1828) est peintre, élève de vincent et de David et pour compléter la famille il est cousin germain de Delacroix (même grand-mère maternelle). Formation chez Gros et bien sûr assistance de son père et de son cousin; la lecture du journal duquel vous montrera qu'ils étaient assez proches et partageaient la même interrogation sur le ressenti des couleurs, Delacroix, sans descendance lui léguera d'ailleurs sa maison de Champrosay (proche de celle de Daudet). Riesener qui avait trois filles, Thérèse Louise et Rosalie qui sera la meilleure amie de Berthe Morizot, acquerra cependant une villa à Beuzeval (Houlgate) où ces jeunes filles séjournèrent.

Léon Riesener

pastel

Théophile Gautier

1850, Pastel, 49 x 42 cm
© Maison de Balzac / Roger-Viollet

Nous sommes vingt-cinq ans avant les impressionnistes, la clarté de ce portrait est surprenante, Théophile Gautier, critique avisé s'émerveille, à juste titre de la ressemblance et parle de sa véracité qu'il compare à un daguerréotype. Notons que Riesener s'intéressait à la photographie et la pratiquait, voyez au-dessus le daguerréotype, justement, qu'il avait fait de son cousin.

Léon Riesener

pastel

Portrait de Mademoiselle Ehrler

1861, Pastel sur papier marouflé sur toile, 157 x 124 cm
Petit Palais Merci à Paris Musées

Le travail d'un professionnel du portrait au pastel. Mlle Ehrler deviendra Mme Soyer dont le portrait, à l'huile, daté 1919 (58 ans plus tard) par François Flameng se trouve également au Petit Palais. Pour finir, celui-ci non exposé :

Léon Riesener

pastel

Portrait de Mme Louis-Auguste Bornot avec son fils, Camille

1850, Pastel , 98,5 x 79,5 cm
Musée national Eugène Delacroix, Paris

Paul Delaroche 1797-1856

Peintre d'Histoire, un maître du genre, ce pastel.

Paul Delaroche

pastel

Jane Jarvis

1829, Pastel sur papier vélin chamois, 46,2 x 36,3 cm
Cleveland Museum of Arts, Bequest of Muriel Butkin 2008.348

Plumet renaissance et manches vaporeuses pour cette anglaise qui n'a rien à voir avec la pianiste. Les effets de couleur sont très suaves, on en mangerait.

Ernest Meissonier 1815-1891

Pompier surdoué. Grand peintre de batailles mais il pouvait tout faire.

Ernest Meissonier

pastel

Les amateurs de tableaux

1860, Pastel sur papier blanc, 32,5 x 26,5 cm
Chantilly, musée Condé
© Direction des Musées de France, 1986 Photo © Lynda Frénois

Charles Gleyre 1806-1874

Suisse, gloire locale dans le canton de Vaud. Professeur éminent tant aux beaux Arts que chez lui, admirateur de l'Antique et pré-Orientaliste par ses voyages. Il ne fut pas que le professeur de Renoir, Sisley, Bazille et Monet qui le quittèrent par rejet de l'antique et pour faire des Paysages si ce n'est voir du pays, il fut aussi un précurseur utilisant, comme dans le tableau ci-dessous le pastel par dessus l'huile pour l'illuminer, et qui, dans son académisme, préfigure les Symbolistes.

Charles Gleyre

pastel

Le Déluge

1856, Huile et Pastel sur toile, 98,5 x 197 cm
© Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, Clémentine Bossard

Théophile Alexandre Steinlen 1859-1923

Suisse, lui aussi, mais devenu français. Graveur, sculpteur, ilustrateur il donne aussi dans le pastel. Anarco-libertaire dreyfusard, sa ville est Montmartre. Contestataire pétitionneur il aime surtout les chats.

Théophile-Alexandre Steinlen

pastel

Nue allongée

Pastel sur papier bleu, 47,5 x 62,5 cm
Musée d'Orsay, RMN

Une précision que nous n'avions pas encore évoquée :
Ce n'est pas tant la couleur qui caractérise le "papier bleu" que sa nature particulièrement adaptée au pastel, un PH neutre, un minimum de "colle" pour une rugosité maximum. Très proche du "papier buvard" de ceux qui ont appris à écrire à la plume avec un encrier.

Théophile-Alexandre Steinlen

pastel

Bal en banlieue

1892, Crayons de couleur pastels et craie blanche, 33,5 x 54,3 cm
St Petersbourg, Musée de l'Ermitage

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