Miniaturiste et peintre sur émail genevois, il vient à Paris en 1725, élève de Lemoyne il y eut comme condisciples Boucher et Natoire.
Grand voyageur, il passe par Rome, Naples, Constantinople, Vienne, Londres, les Flandres (où il se marie) ... où son talent est reconnu
et sollicité. Grand original, il gardera de son passage à Constantinople le costume turc et parfois une barbe que nous qualifierions,
aujourd'hui, d'islamiste. Grand travailleur, sa production prolifique le rend présent dans la plupart des grands musées. Grand pastelliste
enfin, une double page serait nécessaire ! Nous nous contenterons de ceci :
Jean-Etienne Liotard
Portrait de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780)
1762, Pastel sur parchemin, 89 x 72,5 cm Cabinet d'arts graphiques des Musées d'art et d'histoire, Genève, Don Mme Jeanne Marie Madeleine Sales
Flaubert dit de cette oeuvre :
" ... femme vers 45 à 48 ans, viande un peu molle, rose encore, pendante, l'œil humide et bon ; expression trop complexe pour être décrite ;
admirable chose comme intensité." (Notes de voyage, I, Paris, 1910).
Rappelons que Marie-Thérèse de Habsbourg a eu seize enfants en moins de vingt ans dont Marie-Antoinette et l'Empereur Joseph II. C'est elle
qui mena la Guerre de Succession d'Autriche. Elle fut une grande protectrice de Liotard qui portraitura toute la famille.
Jean-Etienne Liotard
Autoportrait, dit "à la longue barbe"
1751~52, Pastel sur papier marouflé sur toile, 97 x 71 cm Cabinet d'arts graphiques des Musées d'art et d'histoire, Genève
Jean-Etienne Liotard
La belle chocolatière (Mlle Baldauf)
1744~45, Pastel sur parchemin, 82,5 x 52,5 cm Gemäldegalerie Alte Meister Dresden (Web Gallery of Art)
Ainsi que de cette série :
Lemoyne, premier peintre du Roy, dit de Liotard : "Je ne connais aucun peintre qui, tout en embellissant la nature, la traduise aussi
fidèlement; ses portraits sont d'une vérité qui cause presque l'étonnement."
Les couleurs de ses pastels sont étonnamment bien conservées mais on ne sait pas comment il les fixait.
Liotard est, par ailleurs, l'auteur d'un traité des principes et des règles de la peinture que vous pouvez trouver
ICI dans les annexes.
Joseph Ducreux 1735-1802
Elève et collaborateur de Delatour, 1er peintre de Marie-Antoinette, pur portraitiste qui se flattait de
saisir l'humeur et le tempérament du modèle, une ambition qui nous parait aller de soi aujourd'hui.
Joseph Ducreux
L'archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche Future reine de France
1769, Pastel sur parchemin, 64,8 x 49,5 cm Versailles
Portrait de commande à Vienne, avant le mariage, qui lui vaut d'être anobli et surtout d'être recherché dans toutes les cours.
Joseph Ducreux
Louis XVI
Après 1787, Fusain et craie sur papier bleu, 49 x 30 cm Musée Carnavalet, photo Roger-Viollet
Il est à Londres pendant la révolution et ce dessin lui sert peut-être à y réaliser les derniers grands portraits du roi.
Joseph Ducreux
Portrait de Méhul
1795, Pastel sur papier bleu collé sur papier crème, 72,2 x 68,5 cm Versailles, RMN, photo Gérard Blot
Etienne-Nicolas Méhul, 1763-1817, le compositeur surdoué qui inspira aussi bien Beethoven que Berlioz et bien sûr écrivit
Le chant du Départ (paroles de Marie-Joseph Chénier, le frère d'André Chénier).
Joseph Ducreux
Portrait de Delalande
1802, Pastel sur papier beige, 64,3 x 53,4 cm Versailles, RMN, photo Gérard Blot
Jérome de Lalande, 1732-1807, l'astronome qui corrigea l'orbite de Vénus et participa à la création du Grand Orient de France.
Il est vrai que le mauvais caractère du modèle transparaît dans ce portrait.
Ducreux est mort sur la route de Paris à Saint-Denis, mais il avait gardé toute sa tête, il a multiplié les autoportraits, celui-ci est le dernier.
Par cohérence nous faisons suivre Ducreux par un "anonyme du 19è" afin de lier Méhul et Rouget de Lisle.
Jacques-Philippe Voïart 1756-1842
Qualifié Anonyme par le Louvre qui n'en donne pas moins son nom et le laïus, dont nous vous faisons grâce, que Voïart a écrit au dos de son ouvrage !
Responsable des subsistances pour l'armée et écrivain qui publiait sur l'art et le dessin il était fatal qu'il s'y essayât en fin de vie alors que son ami Rouget finissait la sienne chez lui. Il était proche de Prud'hon et Mayer.
Nimois, peintre et graveur (eau-forte), prix de Rome (1721), élève de Lemoyne, académie en 1734 où il sera professeur en 1737, directeur
de l'Académie de France à Rome en 1751; mort à Castel-Gandolfo après avoir été anobli en 1753.
1770, Pastel on three sheets of blue paper, mounted on a prepared canvas, 74,3 x 57,5 cm The J. Paul Getty Museum, Los Angeles
Claude Pougin de Saint-Aubin 172?-1783
Pastelliste estimable autant que rapide et prolifique, littérateur introduit dans le monde du théâtre et auprès de la margrave Karoline Luise von Baden-Durlach (Correspondance littéraire de Karlsruhe), il est une source abondante qui abreuve nos connaissances sur la période.
Pierre-Joseph Alary (1689-1770) qui fit partie des précepteur de Louis XV entre à l'Académie en 1723, fonde le Club de l'Entresol en 1724 où l'on trouvera Montesquieu et Mme de Pompadour. Quel entregent !
Jean-François Sompsois † 1797
Miniaturiste et pastelliste, fils d'un garde Suisse ou petit aristocrate champenois, sa carrière est à Saint-Petersbourg
où il portraiture dans les années 50, au pastel, avec une technique sans faille et un petit talent, toute la cour impériale,
en particulier Elisabeth première et ses dames d'honneur.
Jean-François Sompsois
Princesse Kourakine
1756, Pastel sur parchemin Russie, Palais Chinois à Oranienbaum
Elena Stepanovna Kourakina (1736-1768), épouse du prince Alexandre Borissovitch Kourakine, figure ici l'été dans une série
sur les saisons.
Il ne s'agit pas de la princesse Kourakine, grande amie de Mme Vigée-Lebrun, à laquelle celle-ci dédie
ses Mémoires. Notons tout de même que de Sompsois (c'est
ainsi qu'il signait) fréquenta Elisabeth Vigée-Lebrun en 88 avant qu'elle quitte la France.
Nous avons entamé le siècle avec une vénitienne, nous allons le fermer avec des anglais.
William Hoare 1707-1792
William Hoare, dit "of Bath" (Somerset) où il est né, a vécu et est mort.
Dessinateur doué, formé à Rome où il reste neuf années, pastelliste virtuose à la suite de Rosalba, portraitiste réputé et prolifique, sa production couvre sans doute toute la gentry et la classe financière du royaume sur près de soixante ans. Contentons-nous de cet autoportrait :
William Hoare of Bath
Self portrait
1742, Pastel on paper, 50 x 38 cm Royal National Hospital for Rheumatic diseases of Bath
Francis Cotes 1726-1770
Pastelliste par admiration de Rosalba et par émulation de Liotard qui est à Londres en 1853. Il abandonnera le pastel pour l'huile
dans les années 60. Il meurt des suites d'un traitement contre la colique néphrétique.
Francis Cotes
Portrait de Lady Mary Radcliffe
1755, Pastel sur papier marouflé sur toile, 65,7 x 45,7 cm Musée de Cleveland, Gift of Edward B. Greene
Le musée, très respectueux titre : "The Right Honorable Lady Mary Radcliffe (1732-1798), Wife of Francis Eyre, Esq., 1755".
Francis Cotes
Portrait of Joseph (1741-1786) and his Brother John Gulston (1750-1764)
1754, Pastel sur papier bleu, 63,7 x 82,6 cm The J. Paul Getty Museum, Los Angeles
Puisque nous avons traversé le chanel faisons un saut Bond street à Londres chez Daniel Gardner (1750-1805), un portraitiste au pastel en qui certains, outre-Manche,
veulent voir un précurseur des Impressionnistes ?!
Daniel Gardner
Cropley Ashley-Cooper with his sister Mary Anne Ashley-Cooper
1776, Pastel on paper, 50,7 x 40,2 cm Musée de Cleveland, Severance and Greta Millikin Trust
Cropley sera le 6ème comte de Shaftesbury et Mary Anne Lady Sturt of Crichel.
John Russell 1745-1806
Elève de Fr. Cotes, portraitiste lui aussi, qui va rester fidèle au pastel dont il est un maître incontesté. Membre de la Royal Academy c'est LE pastelliste anglais.
John Russell
Mrs. William Man Godschall (Sarah Godschall, 1730–1795)
1791, Pastel sur papier marouflé sur toile, 60,3 x 45,1 cm New York, The MET, Gift of Mr. and Mrs. Arthur Wiesenberger, 1961
Au delà de l'accoutrement de la malheureuse nous avons là un tableau digne des plus grands. Sans compter qu'elle faisait, peut-être, d'excellents cookies ! Elle était la nièce de Sir Robert Godschall, Lord Mayor of London.
John Russell
William Man Godschall (1720–1802)
1791, Pastel sur papier marouflé sur toile, 60,3 x 45,1 cm New York, The MET, Gift of Mr. and Mrs. Arthur Wiesenberger, 1961
Un brave homme, Docteur en Droit, qui célèbre, par cette paire de portraits, le trentième anniversaire du couple (Sarah, outre son nom qu'il accola au sien, lui apporta quelques moyens - prononcez "meaullains", à la façon syndicale - dont le manoir et les terres de Weston). Il était membre de la Royale Société d'Histoire et d'archéologie (Society of Antiquaries of London) et de la non moins royale Société des arts du commerce et des manufactures (Royal Society of Arts). Il réalisa le catalogue des notes d'Isaac Newton et proposa un programme visant à améliorer la lutte de la police contre la délinquance, qui sévissait alors, par l'instruction de la jeunesse.
John Russell
Boy and cat
1791, Pastel sur papier, 58,7 x 44,5 cm Tate Gallery
John Russell
Mme Janet Grizel Cuming (née Chalmers)
1794, Pastel, 59 x 44 cm L'Hermitage à Saint-Petersbourg
So cosy
John Singleton Copley 1838-1815
Originaire de Boston, sa vie et sa carrière sont à Londres; mais à Boston on se flatte qu'il soit le premier portraitiste américain.
Admirateur de Chardin et Liotard, ses pastels sont multiples, ci-dessous le premier et peut-être le meilleurs !
John Singleton Copley
Hugh Hall
1758, Pastel sur papier marouflé sur toile, 40,5 x 33,5 cm USA Public Domain (lr MET)