Si la France est déjà, depuis plusieurs siècles, un état-nation, ce n'est pas encore le cas de l'Italie (ni de l'Allemagne). Les sujets des royaumes, principautés, duchés ... s'ils partagent une surculture commune sont avant tout Napolitains, Romains, Florentins, Vénitiens ... et les courants artistiques souvent rivaux ne s'unifient qu'au gré des déplacements des meilleurs, initiés par le goût des mécènes que sont les Princes et les Eglises.
La fin du seizième était celle du Maniérisme, réaction à l'ambition perfectionniste de la renaissance; le début du dix-septième sera celui du Baroque qui n'est qu'une exagération du précédent et perdurera longtemps, jusqu'au Rococo, lors même que se dessine un retour à l'ordre et au classissisme.
Christophe Allori 1577-1621
Florentin, ici aussi on est peintre de père en fils mais il va savoir sortir du manièrisme de ses prédécesseurs,
simplifier ses compositions et illuminer ses oeuvres. Le soin qu'il apporte à ses toiles ne peut que l'aider dans ses pastels. Comme celui-ci :
Cristofano Allori
Duchesse de Bracciano, Flavia Perreti ? Isabelle de Médicis ?
Pastel sur papier bleu, 38 x 27 cm
© Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais - Photo M. Beck-Coppola
Andrea Commodi 1580-1638
Florentin, élève de Barocci, donna dans les années vingt cet extraordinaire autoportrait. La présence du regard est unique.
Andrea Commodi
Autoportrait
Giuseppe Cesari, Cavalier d'Arpino, 1568-1640
Romain, Le Joseppin, surtout fresquiste d'églises, utilisait le pastel pour ses dessins préparatoires :
Baldassare Franceschini, Volterrano, 1611-1689
Toscan, modeste fresquiste, a donné quelques pastels dont :
Il Volterrano
Portrait d'Antonio Baldinucci
1681, Pastel sur papier
Florence, Palais Pitti, Galerie palatine
Antonio, fils de Philippe Baldinucci l'historien d'art, âgé ici de 16 ans, déjà visiblement fragile, il deviendra prêtre jésuite
(Diocèse de Veroli) prônant macération, discipline et autres flagellations publiques. Béatifié au 19è.
Exprimons des réserves sur le support, nous distinguons, semble-t-il, une apparence de toile, et sur le médium qui paraît avoir reçu
des coups de pinceau !
Giovani Antonio Lazzari, 1639-1713
Vénitien, c'est lui qui formera la Carriera, dont nous parlerons plus tard, au pastel (et aux miniatures). Le portrait d'enfant
ci-dessous n'est pas sans faire penser au Portrait d'une demoiselle Le Blond de Rosalba.
Gian Lazzari
Portrait d'un jeune garçon
Benedetto Luti, 1666-1724
Baroque florentin, il eut les Van Loo pour élèves
Benedetto Luti
Autoportrait
Pastel sur papier bleu-vert jauni, 38,7 x 25 cm
Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais, Photo S. Nagy
Benedetto Luti
Tête d'homme barbu
1715, Pastel sur papier bleu, 39,4 x 29,7 cm
Philadelphia Museum of Art, Joseph F. McCrindle Collection, 2008
Quelle intensité ! Un maître.
Benedetto Luti
Tête de femme penchée
Pastel, 41 x 31,5 cm
Bayonne Musée Bonnat, RMN-Grand Palais, Photo M. Bellot
Benedetto Luti
Etude pour une femme en rouge
1717, Pastel sur papier bleu, 41,9 x 34 cm
New York, le MET, Gwynne Andrews Fund, 2007
Une rare blondeur sur un fond lui même blond, appréciez le travail de lumière et de jeu des valeurs.
Benedetto Luti
Etude pour un garçon à la veste bleue
1717, Pastel sur papier bleu, 40,6 x 33 cm
New York, le MET, Gwynne Andrews Fund, 2007
Au XVIIème siècle en Flandre et en Allemagne
Pierre Paul Rubens 1577-1640
Tout important qu'il soit, par sa production, aidée il est vrai par un atelier qui comprend des assistants
comme Van Dyck ou Brueghel l'ancien, et par la taille de ses oeuvres, Rubens n'est pas un pastelliste; nous nous contenterons donc
de deux dessins plutôt réussis qui mettent en évidence sa facilité.
Pierre Paul Rubens
Nicolas au collier de corail
1619, Vienne, Albertina
Pierre Paul Rubens
Nicolas au chapeau rouge
1626, Fusain, sanguine avec rehaut de craie blanche, 29,2 x 23,2 cm
Vienne, Albertina
Nicolas, son dernier fils, né en 1616.
Wallerant Vaillant 1623-1677
Il lui arriva de délaisser la manière noire de la gravure pour la couleur des pastels avec lesquels il commit ces
portraits lors de son séjour en France, invité par Anne d'Autriche pour le mariage de sa petite fille Marie-Thérèse.
Lillois, sa carrière est à Amsterdam mais il parcourut la France, l'Allemagne, la Bohème où il se forme à la manière noire et au pastel
auprès de Rupert du Rhin, et l'Italie.
Heinrich Dittmers 1625-1677
Hambourgeois formé en Hollande après un passage en Italie il fut peintre de cour au Danemark. Outre ses toiles et
ses dessins à la pierre noire nous lui connaissons ce rare pastel :
Henrich Dittmers
Jupiter og Antiope
Pastel, 44,4 x 34,3 cm
SMK Statens Museum for Kunst Copenhague,
Théobald Michau 1676-1765
Né en France, Tournay était alors françoise, mort quasi nonagénaire à Anvers, Michau est un flamand et son oeuvre itou. Il ne prend
pas le virage du 18è et trouve naturellement sa place ici en dépit de sa longévité.
Théobald Michau
Landscape with an Arch
Pastel 20,7 x 32 cm
Musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg