La culture du pastel nécessite un sol riche et profondément labouré, griffé, soigneusement émotté. Le terrain est amendé
avec du fumier de l'année précédente. La semaille à la volée s'effectue à la fin de l'hiver, suivie d'un hersage. La germination est rapide.
La première année, la plante ne donne pas de fleur. Elle se présente sous forme de médaillon comme illustré ci-dessous.
La deuxième année, dans une parcelle destinée à fournir de la graine on verra la tige fleurie s'élever après une première
récolte. La cueillette y est alors interrompue et les siliques ramassées lorsqu'elles deviennent brunes.
Le premier désherbage est délicat et ne peut se faire qu'à la main car la jeune pousse de pastel peut se confondre avec
les mauvaises herbes. Voilà pourquoi il faut utiliser du fumier ancien dans lequel les graines ont eu le temps de pourrir.
La lutte contre les mauvaises herbes par sarclage à la main, durait jusqu'à l'automne. La récolte se fait dès que les feuilles
près du sol commencent à jaunir et se répète toutes les trois ou quatre semaines.
La racine pivotante de la guède s'enfonce profondément et épuiserait rapidement les meilleures terres, un assolement triénal est nécessaire :
- Pastel
- Jachère
- Céréale
En Angleterre, les woadmen étaient quasi nomades : ils affermaient des terres de pâture pour deux ans, faisaient deux récoltes et partaient
recommencer ailleurs.
Puisque nous sommes en Angleterre : la reine Elisabeth I avait, par édit, interdit la préparation du pastel à moins de 5 miles de
Londres. Nous verrons qu'en effet il s'agit d'une opération particulièrement fétide !
Récolte
La première récolte se faisait fin juin dans le midi, début juillet dans le nord et dans l'est. Il s'agit de pincer et de
tordre la feuille, au ras du collet, sans blesser celui-ci, sans abîmer la feuille. Ainsi la plante perd un minimum de sève et de nouvelles
feuilles vont pouvoir se développer.
La dernière récolte avait lieu fin octobre ou début novembre selon le lieu et le climat. Chaque année 4 à 5 récoltes
se succédaient.
Le rendement d'environ 15 tonnes par hectare d'ordinaire atteignaient en Albigeois les 22 tonnes.
Après la récolte, les feuilles étaient lavées, séchées au bout des champs, puis transportées dans un moulin pour y être broyées.
* Comptez les feuilles, vous devriez en trouver 65. En comptant bien sûr celles qui sont cachées et celles que les limaces
ont pu dévorer !