Camille Flers 1802-1868
Son père, dirigeant d'une manufacture de porcelaine, le confia au peintre Demarey, dernier disciple de La Tour, pour le former à la peinture. Flers en garda le goût et le savoir faire du pastel qu'il contribua largement à relancer en plein Romantisme. Passé également chez Cicéri* il est aussi l'un des initiateurs de la peinture de paysage sur le motif et le chef de file de l'école de Barbizon.
Camille Flers
La Voile blanche
1861, Pastel sur papier, 24 x 42 cm
Collection particulière. Vente chez Beaussant-Lefèvre
En 1846, fort de sa renommée auprès des paysagistes et désireux de pousser au retour en grâce du pastel, ce en quoi il est soutenu par Théophile Gautier, il publie dans la Revue de Paris un article : Du Pastel, de son application au paysage en particulier disponible dans nos annexes.
* Puisque Cicéri et Barbizon font une apparition nous pourrions peut-être parler des familles Haguemann, Saunier et Isabey. Nous vous invitons pour cela à vous rendre dans les annexes car ce sont surtout des huiles et des aquarelles et à vous bien chausser car nous allons explorer la Forêt de Fontainebleau !
Constant Troyon 1810-1865
Ses parents peignent à la manufacture de Sèvres, il y apprend l'essentiel pour se consacrer aux paysages et surtout aux animaux, il est connu comme "le peintre des vaches". Curieusement nous ne lui connaissons qu'un seul pastel et c'est une marine.
Constant Troyon
Marine
1856, Pastel sur papier, 29,5 x 45,5 cm
Mâcon, Musée des Ursulines, © Service des musées de France, 2017
Rosa Bonheur 1822-1899
Une histoire bordelaise et familiale compliquée : sa mère née de parents inconnus a été adoptée
par son vrai père. Celle-ci épouse son professeur de dessin, Raymond Bonheur, les trois enfants seront peintres et
sculpteurs, formés par leur père.
Elle est LA spécialiste de la peinture animalière avec une renommé exceptionnelle : première femme Officier de
la Légion d'Honneur.
Rosa Bonheur
Tête de chien
1869, Pastel, craie blanche et craie verte sur papier marron, 53 x 42 cm
Bordeaux, musée des Beaux-arts, photo F. Deval
Jamais mariée, elle vécut dans les hauts de Thomery (77) à By avec sa compagne, un peintre américain, Anna Klumpke qui réalisa le portrait que vous pouvez voir ICI.
Laure Houssaye de Léomenil 1806-1866
Peintre méconnu qui a donné ce joli pastel avant la mode de l'Orientalisme. On peut songer à l'Algérienne de Corot.
Laure Houssaye de Léomenil
La Princesse Hosni Shah
Vers 1840, Pastel, 44 x 54 cm
Collection particulière Prince Naguib Hassan Abdalla
Puisque les sables du désert ne sont pas loin voyons ceci. Au cours de la conquête de l'Algérie :
Fournier
Capitaine au 2è de ligne, cet officier avait un joli coup de crayon :
Capitaine Fournier
Les envoyés de Ben Djelab, Cheik de Tuggurt, amenant au duc d'Aumale, commandant supérieur de la province de Constantine, les présents de leur maître, s'arrêtent dans le désert au lever du soleil, pour faire leurs prières
Entre 1843 et 1847, Pastel, 40 x 72 cm
© Chantilly, Musée Condé, © Direction des musées de France, 2007 © Rouyer Marina
Nous lui décernons le Parpaing d'or du titre le plus long !
Jean-Baptiste Antoine Emile Béranger 1814-1883
Fils d'Antoine donc frère de Charles et de Suzanne-Estelle, ce sont des peintres céramistes de la manufacture de Sèvres; sans lien avec le chansonnier.
Emile traverse le siècle sans tenir aucun compte des modes, des courants et des controverses. Son travail, méprisé par le terme de "peinture de genre" est pourtant parfaitement maîtrisé comme en témoigne ce portrait.
Emile Béranger
Portrait de femme
1851, Pastel 68,9 x 50,2 cm
Cleveland Museum of Arts, Bequest of Muriel Butkin 2009.136
Il nous semble qu'il s'agisse de sa soeur Suzanne-Estelle, épouse Apoil.
Thomas Couture 1815-1879
Discret et oublié mais théoricien, il est le professeur de Manet qui lui doit sa technique. Notons que Victorine Meurent, le modèle préféré de Manet fut aussi modèle (à 16 ans) de Couture; elle sera Olympia et "Déjeunera nue sur l'herbe".
Peintre académique qui n'utilise pas le pastel, nous disposons de cette étude cependant :
Thomas Couture
L'Empire s'appuyant sur l'Eglise et sur l'Armée pour terrasser l'Anarchie
Vers 1856, Crayon, sanguine, lavis, gouache et pastel sur papier marouflé sur toile, 1m45 x 2m20
Senlis, musée d'Art et d'Archéologie photo RMN Francis Vidal
Pierre Puvis de Chavannes 1824-1898
Le 20è siècle en avait fait un Académiste rassis, le 21è veut en faire un Impressionniste et même un Symboliste, comme toujours dans les controverses la raison doit faire la juste part. Puvis traverse le siècle et naturellement touche un peu à tous les courants; en 68 il se lie à Berthe Morizot, en 83 il expose un Orphée les Symbolistes y voient un précurseur.
Puvis, devenu de Chavannes est surtout un "muraliste", sans peindre à Fresque il décore sur panneaux, utilisant ce qu'il a vu en Italie.
Puvis de Chavannes
La Pitié (Сострадание)
1887, Pastel sur sur toile, 100 x 81 cm
Moscou, Musée Pouchkine, collection Chtchoukine
Puvis de Chavannes
Inspiration chrétienne
1887, Pastel sur aquarelle et gouache sur papier beige, 47,3 x 59,7 cm
New York, Le Met, Rogers Fund, 1965
Dédicace en haut à gauche : à mon cher Baudouin / P. Puvis de Chavannes
Puvis de Chavannes
Portrait de Trévoux
1895, Pastel et crayons conté sur papier, 40 x 29,5 cm
Tokio, The National Museum of Western Art, Matsukata Collection
Savourez ce portrait en pensant qu'il a été fait sur le modèle, pas de photo-couleur en ce temps.
Joseph Trévoux (1831-1909), peintre paysagiste, naturaliste avant l'heure, grand voyageur mais non-pastelliste.
Félicien Rops 1833-1898
Belge, né à Namur mort à Corbeil. Ceci posé il est possible, selon l'objectif utilisé, d'avoir de lui des images différentes, mais toujours colorées — même dans ses dessins et gravures en noir et blanc — toujours contrastées, parfois scabreuses, souvent ironiques voire critiques, mais surtout personnelles. D'aucun clan, d'aucune école, plus préoccupé du sujet que de la manière, il est tout à la fois dessinateur doué, graveur renommé, illustrateur recherché, peintre respectable, journaliste, libre penseur mais féru de symboles. Le tout sous-tendu par une vaste culture sans faille que nos écoles ne savent plus transmettre.
Félicien Rops
La messagère du diable
Crayon noir et pastel sur papier, 14 x 19,5 cm
Vente chez Pierre Bergé
Félicien Rops
Pornocratès
1879, Pastel craie crayon et aquarelle, 29 x 18 cm
Musée Félicien Rops
Léon Alègre 1813-1884
Place à un "petit" peintre et bienfaiteur local, créateur du musée de Bagnols-sur-Cèze. Fils de teinturier il est normal qu'il ait tâté du pastel.
Léon Alègre
L'oeuf dur
1865, Pastel sur toile, 39,4 x 47,3 cm
Bagnols-sur-Cèze, musée Léon-Alègre, © Service des musées de France, 2014
Photo © musées de Bagnols-sur-Cèze
Félix Bracquemond 1833-1914
Surtout graveur et céramiste il est aussi peintre, il va d'abord côtoyer les élèves d'Ingres et y rencontrer Marie qu'il épouse, puis les impressionnistes qu'il impressionne et tente d'initier à la gravure, c'est lui qui lance la vogue du japonisme et, pour ce qui nous intéresse ici, a produit ce bijou :
Félix Bracquemond
Portrait du docteur Horace de Montègre
1860, pastel sur papier chamois collé sur châssis entoilé, 59 x 44,7 cm
Paris, musée d'Orsay © photo RMN
Le docteur de Montègre (1806-1864) est un des pères du positivisme (avec Auguste Comte et Emile Littré)
La patience du graveur et la méticulosité du céramiste transparaissent dans le soin apporté à la signature.
Félix Bracquemond
Le Génie du feu
1875, Mixte pastel et gouache sur papier collé sur châssis entoilé, 61 x 80 cm
Bordeaux, Musée des Beaux-Arts, Cliché L. Gauthier, F. Deval
Un pastel qui appartenait à Jules Chéret.
James Tissot 1836-1902
A cheval sur deux périodes, le Second Empire et la Belle Epoque et sur deux pays, le sien, la France, et la Grande Bretagne, il a reçu une formation classique aux Beaux-arts de Paris, il sympathise avec tout le monde mais n'adhère à aucun mouvement.
Il est le peintre de l'élégance féminine et des robes compliquées. Une première période, jusqu'en 70 à Paris, puis une deuxième à Londres (ou de Jacques-Joseph il devient James) et enfin une troisième après son retour en France et sa révélation religieuse qui l'amène à se consacrer aux sujets bibliques.
Ces pastels pour ce "petit" maître au savoir faire impressionnant.
James Tissot
La princesse de Broglie
1895, pastel sur toile, 168 x 96,8 cm
Private collection
James Tissot
Berthe
1883, crayon graphite et pastel
Petit Palais / Roger Violet
Nous pensons évidemment à Berthe Morisot que Tissot a bien connu. En 1874 lors du voyage-lune de miel que Berthe fit à Londres ils, Eugène Manet et son épouse de fraîche date, rencontrèrent Tissot qui les reçut et leur fit visiter la ville. Manet était proche de Tissot, Degas avait insisté, sans succès, pour qu'ils participent à la première exposition de ceux qui devinrent les Impressionnistes.
La ressemblance est plausible et Tissot a bien pu la prendre pour modèle, elle que Manet a souvent représentée. Mais la date ne "colle" pas avec la jeunesse presque adolescente du portrait, en 82 Berthe Morisot a 41 ans, Manet vient de mourir, alors qui est cette Berthe là ?
Notons aussi que le minois de Mme Vigée Lebrun dans son Autoportrait en costume de voyage n'est pas loin.
Quoi qu'il en soit voyez ce gros plan pour apprécier la virtuosité et l'aisance du trait; les hachures sont si justes qu'il n'est pas nécessaire de les estomper. Quelle facilité !
— Dites-donc, et si c'était Berthe Roblès ? Vous la connaissez ? Elle est devenue Mme Paul Signac ?
— Il me semble que son nez était plus long. Quoi-que...
— Elle aimait bien ce genre de chapeau.
— Là c'est vrai.
— Et que dites-vous de ces lèvres appétissantes ?
— Je dis que nous sommes là pour parler peinture, pas pour draguer des modèles du siècle dernier !
Nos deux importuns ne songent pas à B. Goldschmidt que vous trouverez à la page des paysagistes à l'article Corot et dont les lèvres pulpeuses pourraient les enamourer !
James Tissot
Journal
1883, Pastel.
James Tissot
Clothilde Briatte, comtesse Pillet-Will
1883-85, pastel sur toile, 91 x 160,5 cm
Private collection
Pillet-Will est Directeur de la Banque de France.
James Tissot
La vicomtesse de Montmorand
1889, pastel, 162,5 x 81,3 cm
Private collection
La robe est belle et si elle est vicomtesse Nadine peut être baronne.
Fortuné Layraud 1833-1913
Berger pauvre et inculte repéré à 20 ans par le curé du village il va étudier aux Beaux-arts de Marseille puis de Paris. Carrière fulgurante, Prix de Rome en 63, villa Médicis jusqu'en 70, il y est à l'écart, ou à l'abri comme on voudra, des contestataires et des novateurs. A Lisbonne, où il est chargé de peindre le portrait du roi, il rencontre Pauline Saunier qui se sépare de son mari et ne quittera plus Fortuné le bien nommé !
Fortuné Layraud
Portrait de Madame Saunier
1887, Fusain rehaussé de pastel brun sur papier gris, 62 x 38 cm
Valenciennes, Musée des Beaux-Arts