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Jean-Siméon Chardin 1699-1779
Chardin nous montre qu'avec le pastel il est aussi possible de faire du médiocre. Un petit talent pour une grande renommée,
la pauvreté des thèmes trahissant la faiblesse de la pensée compensée ( !! ) par le souci des apparences. Ses autoportraits, tout en accessoires
et en ruban et dont les bésicles évoquent les modernes montures dont s'affublent nos contemporains pour paraître à la télévision.
Jean-Siméon Chardin
Autoportrait aux bésicles
1771
Ce petit faiseur est si content de son ruban qu'il en décore aussi son épouse Françoise-Marie dont on comprend qu'il n'eut pas d'enfant.
Jean-Siméon Chardin
Portrait de Madame Chardin
1775
Et que dire de sa visière !
Jean-Siméon Chardin
Autoportrait à l'abat-jour
1775
Après cette charge reconnaissons cependant que venu tard, à 70 ans, au pastel, il en a maîtrisé rapidement la technique. Sa carrière précédente
avait été faite de natures mortes qui lui avaient valu d'entrer à l'académie par la petite porte, il dépensait d'ailleurs plus d'énergie pour
pénétrer les cercles de l'argent et de la renommée que pour trouver des motifs à peindre. Grand faisant et grand faiseur, sa virtuosité technique
ayant toujours été éblouissante.
Il savait faire mais ne savait pas quoi faire !
Jacques-Charles Allais 1705 ?-1762 ?
Ce peintre est une énigme : il aurait eu le 1er prix de l'Académie royale en 1726 mais ne serait pas allé à Rome, peut-être confondu avec
Pierre Allais, Professeur à l'Académie de Saint-Luc, à moins qu'il s'agisse d'une fratrie car il y a aussi un Louis-Julien, maître de danse;
quoi qu'il en soit ses pastels existent et sont d'une excellente facture, ainsi :
Jacques-Charles Allais
Portrait d'une actrice
Pastel, 63,8 x 48,2 cm
The Cleveland Museum of Art, don de Edward B. Greene
nb. Il existe aussi une Mlle Allais, ou Hallet, ou Hallé, pastelliste qui pourrait bien être sa fille et la mère de Rosalie Boquet ?
Louis Vigée 1715-1767
Le père de Mme Vigée-Lebrun est un très honnête portraitiste-pastelliste qui vivait de son travail mais dont la discrétion tranche avec
l'agitation "m'as-tu-vuiste" de sa fille dont il admirait les dons et la précocité. Il fut tué par une arête de poisson.
Sa production assez conséquente occupe davantage les cabinets particuliers que les musées.
Louis Vigée
Femme vêtue en pèlerine
1745, Pastel 62,8 x 52,1 cm
Louis Vigée
Madame Louis Vigée (présumée)
1745, Pastel sur papier marouflé sur toile, 66 x 54 cm
Bordeaux, Musée des Beaux-Arts, cliché L. Gauthier F. Deval
Madame Le Sèvre, née Jeanne Maissin, veuve Vigée, dont le portrait, à l'huile, par sa fille (en 88) a été vendu il y a quelques années chez Christie's ; la ressemblance est évidente malgré les marques de l'âge.
Jean Valade 1710-1787
Poitevin, élève de Coypel, Peintre ordinaire du Roy, pastelliste bon portraitiste, soupçonné d'avoir parfois vendu ses oeuvres en les
attribuant à des signatures plus prestigieuses. Mal vu des intellectuels il fréquentait les financiers Baudard de Vaudésirs (oui Mesdames)
et Faventine dont il portraitura les familles. Nous vous présentons plus particulièrement ce portrait de son compère Loriot :
Loriot est un mécanicien-inventeur génial et touche-à-tout (machines, mortier sous-marin, sidérurgie, hydraulique ...). Il rencontre de
La Tour et met au point, avec lui une méthode pour fixer le pastel. Valade présente au salon de 1763 ce portrait dont seule la moitié gauche
est fixé, et une partie de la tête, démontrant la non-altération des couleurs.
Jean Valade
Portrait de l'ingénieur mécanicien Antoine-Joseph Loriot
1763, Pastel sur papier 80 x 70 cm
© Saint-Quentin, musée Antoine Lécuyer
© Direction des musées de France, 2009 Photo © Dufrêne
Jean Valade
Portrait de Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes
Pastel 64,3 x 52,5 cm
Paris, © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
En costume de Président de la Cour des Aides. (il avait succédé en 1751 à son père, le Chancelier Guillaume de Lamoignon)
Botaniste de renom, juriste accompli, soutien de Diderot et de l'Encyclopédie, Malesherbes courageux n'hésite pas à contester l'absolutisme de Louis XV-du Barry-Maupéou; une lettre de cachet décidera de son exclusion; rétabli par louis XVI il propose des réformes qui ne se feront pas.
Par devoir et probablement esprit de sacrifice il sera l'avocat de Louis XVI. Il verra, sous la terreur, guillotiner sa fille, son gendre, sa petite fille et son mari, le frère de Chateaubriand, sa soeur aussi (à 76 ans).
Un boulevard c'est bien, mais peut-être pourrions-nous instituer un Jour de la Repentance Nationale. La télévision présenterait le cas d'une des nombreuses victimes de notre iniquité, histoire de mettre un peu de plomb dans la cervelle de nos actuels Fouquier-Tinville, et autres rigolards* qui y sévissent d'ordinaire.
Il est le grand-père de Tocqueville.
* A propos de rigolards : Ce Lamoignon de Malesherbes (botaniste !) avait épousé une demoiselle Grimod de la Reynière (fille de Fermier Général), la tante du gastronome qui était, comme vous savez, né sans doigts, des moignons.
Jean Valade
Adélaïde de France
1763, Pastel, 44 x 35 cmcm
Chantilly, © Direction des Musées de France, 1986 © Lynda Frénois
Fille de Louis XV, ce portrait était faussement attribué à De La Tour
Alexis Loyr 1712-1785
3è élément d'une famille d'orfèvres de graveurs et de sculpteurs dont il est le pastelliste.
Alexis Loir III
Portrait de Clément Belle (1722-1806)
1779, Pastel sur cuivre, 94 x 74 cm
Musée du Louvre, Photo (C) RMN-Grand Palais / Gérard Blot
Ce portrait, grandeur nature, du surinspecteur des Gobelins, recteur à l'Académie royale et peintre d'histoire talentueux, valut à Loir
d'être agréé à l'académie, comme peintre de portrait au pastel, en 1746.
Ah ah ! Vous avez noté une erreur de date, eh bien non, Loir ne fournit sa pièce de réception que 33 années plus tard !
Alexis Loir III
Portrait du marquis de Candau
1772, Pastel sur papier, 94 x 74 cm
Pau, musée des beaux-arts
Jean Baptiste Bertrand de Nays, marquis de Candau, né à Bayonne le 29 août 1746 et mort à Orthez le 22 décembre 1803, commandant de la
garde nationale (1797), lieutenant des maréchaux de France, ancien capitaine d'infanterie.
Jean-Louis Barrère vers 1700-son épouse est veuve en 1778
Reçu en 1720 à l'Académie de Saint-Luc, essentiellement portraitiste. Son épouse Henriette-Suzanne Silvestre est la fille d'Israël Silvestre, il est donc le beau-frère du directeur de l'académie Royale.
Louis Barrère
Portrait de Monseigneur Ducange
Pastel sur papier, 70 x 53 cm
Collection particulière, photo sur MutualArt
Pierre Davesne 1709-1793
Artiste à multiples facettes, il est dramaturge, parolier, peintre et professeur à St-Luc, connu et apprécié de son vivant il n'a laissé que peu de traces dans nos annuaires. Ses oeuvres jouées au Théatre Italien, ses portraits aux pastels comme à l'huile disparaissent avec leurs modèles; un point demeure : ami et commensal de Louis Vigée il fait partie de ceux qui contribuèrent à la formation de la jeune Elisabeth qui deviendra Vigée-Lebrun. Lisez ses Souvenirs dans nos annexes pour mesurer l'état de dénuement où il vivait (au début : 1ère lettre à la princesse Kourakin).
Pierre Davesne
Portrait de Simon-Jérôme Bourlet de Vauxcelles
vers 1770, Pastel sur papier marouflé sur toile, 60 x 50 cm
Collection particulière
Inscription : "Simon Jérôme de Vauxelles, Docteur de la maison et société de Sorbonne, Chanoine Vicaire général de Noyon Abbé de Massay. Lecteur de Mgr Comte d'Artois"
Charles Naudin 1731-1786
Bonne maîtrise du portrait au pastel, également miniaturiste, ses oeuvres se vendent souvent par paire : Mr et Mme ?
Charles Naudin
Homme en habit noir
1765, Pastel sur papier, 72 x 59 cm
Collection particulière, vente chez De Baecque
Charles Naudin
Femme
1765, Pastel sur papier, 72 x 59 cm
Collection particulière, vente chez De Baecque
Jacques-Philippe Caresme 1734-1796
Il est le fils de Françoise-Aimée Coypel, et nous allons saisir ici l'opportunité de faire le point sur la dynastie des coypel qui fournit, aux 17è et 18è siècles une série étonnante de peintres talentueux.
Le père :
• Noël Coypel 1628-1707 qui travaille avec Le Brun et fut Directeur de l'Académie de France à Rome (73-75).
Ses enfants :
• Antoine Coypel, 1661-1722, fils de Noël et son élève bien sûr.
• Noël-Nicolas Coypel 1690-1734, fils tardif de Noël, demi-frère d'Antoine, Rococo brillantissime (voyez L'enlèvement d'Europe au Musée de Philadelphie ou La naissance de Vénus à l'Hermitage).
• Françoise-Aimée, fille de Noël, épouse de Claude-François Caresme reçut Conseiller amateur à l'Académie Royale le 6 mai 1747, mère du Jacques-Philippe qui nous occupe ici.
• Anne-Françoise, fille de Noël, épouse de François Dumont, le sculpteur auteur du Titan foudroyé qui est au Louvre, mère d'Edmé Dumont lui aussi sculpteur.
Les petits-enfants :
• Charles-Antoine Coypel, 1694-1752, fils d'Antoine (il n'a que 4 ans de moins que son oncle Noël-Nicolas). Tous deux dans les pages de ce site.
• Philippe Coypel 1703-1777, fils d'Antoine et donc frère de Charles.
Revenons à Caresme, agréé à l'Académie mais exclu le 16 décembre 1778 faute de n'avoir pas présenté son tableau de réception, surtout pastelliste, connu pour ses "Bacchanales" telles que celles-ci :
Jacques-Philippe Caresme
Bacchanale avec un Herma de Priape
1780, Plume, lavis et pastel, 26,2 x 20,8 cm
Musée d'Etat l'Hermitage, Saint-Pétersbourg
Les Hermaï étaient soit de simples pierres levées soit des statues, tête ou buste, dressées sur des socles quadrangulaires, qui marquaient les chemins et les carrefours.
Jacques-Philippe Caresme
Bacchanale
1780, Plume, lavis et pastel, 26,2 x 20,8 cm
Musée d'Etat l'Hermitage, Saint-Pétersbourg
Simon-Bernard Lenoir 1729-1791
Pastelliste-portraitiste abondant, proche de Chardin, qui produisit beaucoup mais n'eut jamais les honneurs de l'Acagémie.
Simon-Bernard Lenoir
Portrait de Voltaire
1764, Pastel, 59 x 49 cm
Collection particulière (Lekain), vente Ader
Ce portrait fut présenté au Salon de Saint-Luc de 1764. Voltaire a ici 28 ans de plus que sur le pastel de Delatour, le travail de ce petit maître soutient la comparaison.
Simon-Bernard Lenoir
Portrait de Lekain en Orosmane
1767, Pastel sur papier bleu marouflé sur toile,
quelques rehauts de gouache, 116 x 88 cm
Musée du Louvre (acquis en 2014), photo : Galerie de Bayser
Lekain (Caïn), grand tragédien de l'époque, en costume de scène (le sultan Orosmane de la pièce Zaïre) lié à Voltaire à qui il recommande Lenoir. Une autre version, à l'huile, se trouve à la Comédie Française.
Pierre Jacques Volaire 1729-1799
Toulonnais qui travailla comme assistant d'Horace Vernet pour la série des Ports de France commandée par Louis XV. Dans les années 60 il s'installe à Rome puis à Naples pour peindre moult Marines avec le Vésuve alors en éruption, et où il est mort. Son oeuvre a été négligée par la critique qui la jugeait trop populaire.
Souvent nommé Le Chevalier Volaire, titre qu'il doit à son entrée à l'Académie romaine de Saint-Luc. Notons que l'Hermitage et Larousse le font vivre jusqu'en 1802.
Pierre Jacques Volaire
Marine avec des pêcheurs sur un rocher
1774, Pastel sur papier marouflé sur toile, 53 x 65 cm
Saint-Pétersbourg, l'Hermitage
Voilà qui nous change des portraits et montre, s'il en était besoin, que le pastel dans des mains talentueuses peut tout faire.
Claude-François-Henri Petit de Villeneuve 1764-1824
Son nom de famille (Petit) devait indisposer son désir de grandeur ! Miniaturiste et pastelliste, la famille de son épouse, Eulalie Paupe, était commerçante et collectionneuse d'art. Il portraiturait dans la bourgeoisie vaniteuse.
Claude-François-Henri Petit de Villeneuve
Auto-portrait peignant sa fille Eulalie
Pastel, collection particulière
Claude-François-Henri Petit de Villeneuve
Portrait d'un homme, mi-buste
1817, Pastel sur papier, 58,8 x 47,9 cm
Photo et vente chez Christies
Anton Raphael Mengs 1728-1779
Néo-classique germanique, très ambitieux dans ses écrits, grand voyageur, petit talent.
Anton Raphael Mengs
Auto-portrait
1779, Pastel sur papier 25,6 x 41,9 cm
Gemaldegalerie Alte Meister, Dresde
Anton Raphael Mengs
Etude de tête de femme
vers 1750, Pastel et craie noire sur papier gris, 41,5 x 32 cm
L'Hermitage, Saint-Petersbourg
Daniel Caffé 1750-1815
Né en Pologne alors allemande, probablement d'origine italienne, menuisier qui se tourne vers la peinture à plus de trente ans, se forme à Dresde inspiré par Mengs, exerce à Leipzig. Portraitiste talentueux et prolifique.
Daniel Caffé
Portrait d'un jeune homme
1810, Pastel, 56 x 44 cm
Sur Invaluable, Schuler auktioner à Zurich
Johann Baptist Hirschmann 1770-1829
Germanique lui aussi (Bamberg), portraitiste essentiellement pastelliste, parfois aquarelliste (miniatures).
Johann Baptist Hirschmann
Christoph Franz von Buseck
1795, Pastel, 41,5 x 32 cm
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Christoph Franz von Buseck est ordonné prêtre et nommé Prince Evêque (en même temps) de Bamberg (Franconie). Lors de la fin du Saint-Empire-Romain-et-Germanique la Bavière s'empare de la Franconie (1802)et Bamberg tombe sous la coupe de Munich.