Kiev
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Chronique de Nestor
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Naissance de la Russie
881-début du XIIè
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  La ROUS de KIEV page 2

table des Matières de cette page.

Instruction de Vladimir Monomaque

Lettre à Oleg

Prière de Vladidimir Monomaque

Index chronologique et critique

Tableau généalogique des princes de la famille de Rurik cités dans la Chronique.

INTRODUCTION (nous l'avons déplacée en fin d'ouvrage)

Nous n'avons pas reproduit la Bibliographie qui avec son siècle et demi d'ancienneté vous aurait proposé des ouvrages introuvables.

Au chapitre LXXX de la Chronique, d'après les divisions adoptées par M. Miklosich, le récit du chroniqueur s'interrompt brusquement pour reprendre au chapitre LXXXI. Par suite d'une erreur ou d'une distraction difficile à expliquer, le copiste a introduit au beau milieu de son texte des documents qui lui sont absolument étrangers et qui ne pouvaient lui appartenir que sous forme d'appendice. Ces documents sont au nombre de trois, une instruction du prince Vladimir Monomaque à ses fils, une lettre du même à Oleg, enfin une prière à Dieu. Ils ne figurent que dans le texte Laurentin. Le texte en est d'ailleurs très corrompu et souvent fort obscur. J'ai mis à profit les corrections de MM. Miklosich, Vahylevicz, Erben.

La lecture de ces trois morceaux est au premier aspect assez pénible ; M. Smith, dans son édition danoise (p. 314, remarque 114), déclare qu'il n'a pas eu le courage de les traduire. Je crois cependant qu'ils en valent le peine ; ils éclairent certains passages du texte de la Chonique ; ils font mieux comprendre l'influence toute puissante que le christianisme exerçait alors sur les princes, ils présentent un tableau curieux des moeurs russes et de la vie princière au début du XIIè siècle.

Vladimir Monomaque, né en 1053, régna de 1093 jusqu'à 1125, c'est-à-dire jusqu'à une époque postérieure à celle où se termine la Chronique. Il n'est pas inutile de rappeler brièvement sa biographie. Il était fils de Vsévolod Iaroslavitch, grand prince de Kiev et d'une princesse grecque. C'est sans doute cette circonstance qui lui valut au baptême le nom grec de Monomaque. Sa vie toute entière se passa dans des expéditions soit contre les princes russes dont l'ambition livrait la Russie à l'anarchie, soit contre les peuples païens, les Polovtses, les Torks. C'est en 1099 dans un voyage qu'il entreprit d'écrire l'Instruction. Appelé deux fois par la volonté populaire au trône de Kiev, il refusa et ne consentit à accepter qu'en 1113 ; il fut donc grand prince pendant treize ans. Il s'efforça de faire régner en Russie l'ordre et la paix ; les entreprises belliqueuses des princes de Minsk et de Volynie furent sévèrement réprimées ; les Polovtses, les Finnois, les Bulgares de la Kama furent à diverses reprises vaincus par les fils de Vladimir ; en 1121 il envoya une armée en Thrace contre Alexis Comnène. Il entoura de remparts les villes de Ladoga et fonda dans les forêts du pays de Souzdal la ville de Vladimir Zaliesky ( d'outre forêts ) ou Vladimir sur la Kliazma qui existe encore aujourd'hui ; il bâtit un pont sur le Dnieper et établit des lois contre l'usure. Sa réputation s'étendit au delà des limites de la Russie : l'empereur Alexis Comnène lui envoya des insignes royaux, entre autres la fameuse couronne — ou comme on l'a appelée plus tard bonnet — ( schapka ) encore aujourd'hui conservée au Musée des armures de Moscou. Elle est devenue le symbole de la monarchie russe : « Je lègue à mon fils en le bénissant, l'empire russe, le bonnet de Monomaque et tous les insignes tsariens, » dit le testament du tsar Ivan IV, le Terrible.

L'Instruction de Monomaque à ses fils a été l'objet d'un certain nombre de travaux parmi lesquels il faut citer celui de M. Protopopov publié, en 1874, dans la Revue (russe) du Ministère de l'instruction publique (1) : L'instruction de Vladimir Monomaque, considérée comme document des idées religieuses et morales et de la vie en Russie pendant la période antérieure à la domination tatare.

Ce document ne saurait, ainsi que le fait remarquer M. Protopopov, être considéré comme absolument original. Vladimir en a puisé les éléments religieux et moraux dans des écrits antérieurs, notamment dans une instruction d'un certain Xénoplion à ses fils, document sans doute traduit du grec et qui faisait partie du Sbornik ( recueil ) de Sviatoslav. Les idées morales qu'il exprime se rencontrent encore presque mot pour mot dans d'autres recueils : on les retrouve d'ailleurs dans les prédicateurs russes du XIIè siècle. L'étude de ces rapprochements intéressante pour les lecteurs russes nous entraînerait beaucoup trop loin.

(i) Journal Ministerstva Narodnago Prosviestchénia. Février 1874.

INSTRUCTION DE VLADIMIR MONOMAQUE

Moi pauvre, par mon oncle Iaroslav, le béni, l'illustre appelé au baptême Basile, de mon nom russe Vladimir, appelé par mon père bien-aimé et par ma mère Monomaque .... (Ici il manque cinq lignes environ dans l'original.) et à cause du peuple chrétien, tant qu'il [Dieu] me préservera dans sa miséricorde et à cause des prières paternelles de tous les maux. Étant assis dans mon traîneau, j'ai médité dans mon âme et j'ai loué Dieu qui m'a conduit pécheur, jusqu'à ces jours. Oui, mes enfants, ou quiconque entendra cette écriture, ne riez point, mais quiconque de mes enfants prendra cet écrit à coeur, qu'il ne soit point paresseux et qu'il se mette à l'oeuvre. D'abord, pour l'amour de Dieu et de votre âme, ayez la crainte de Dieu dans votre coeur, faites largement l'aumône ; car c'est le commencement de tout bien. Si cet écrit ne plaît pas à quelqu'un, qu'il ne s'en moque point et qu'il ne dise point : « Durant un lointain voyage, assis sur ton traîneau, tu as dit des sottises.

Or des ambassadeurs de mes frères sur le Volga me rencontrèrent et ils me dirent : « Hâte-toi vers nous que nous chassions les fils de Rastislav et prenions leurs biens ; si tu ne viens pas avec nous, nous vivrons chacun de notre côté, nous pour nous, toi pour toi. » Et je leur dis : « Quand même vous vous mettriez en colère je ne puis aller avec vous, ni violer mon serment. » Et les ayant renvoyés, je pris le psautier ; je l'ouvris et voici ce que je lus : « Pourquoi es-tu triste mon âme ? Pourquoi m'affliges-tu ? » Je rassemblai ces bonnes paroles, je les mis en ordre et je les écrivis. Si les dernières ne vous plaisent pas, vous accueillerez certainement les premières. « Pourquoi es-tu triste ô mon âme ? Pourquoi m'affliges-tu ? Espère en Dieu ; car je le célébrerai encore(Ps. XLII, 12.). Ne t'irrite point à cause des gens malins. Car les méchants seront retranchés, mais ceux qui s'attendent à l'Éternel hériteront la terre. Encore un peu de temps et le méchant ne verra plus ; tu considéreras son lieu et il n'y sera plus.

« Mais les débonnaires posséderont la terre et jouiront à leur aise d'une grande prospérité. Le méchant machine contre le le juste et grince des dents contre lui. Le Seigneur se rira de lui; car il a vu que son jour approche. Les méchants ont tiré l'épée, ils ont bandé leur arc pour abattre l'affligé et le pauvre et pour égorger ceux qui marchent droit ; mais leur épée entrera dans leur propre coeur et leurs arcs seront rompus. Le peu du juste vaut mieux que l'abondance de biens de plusieurs méchants. Car les bras des méchants seront rompus, mais l'Éternel soutient les justes. Les méchants périront.... le juste a compassion et il donne. Ceux qui le béniront hériteront la terre, mais ceux qui le maudiront seront retranchés. Les pas de l'homme de bien sont dirigés par l'Éternel. S'il tombe il ne sera point abattu, car l'Éternel lui soutient la main. J'ai été jeune et j'ai atteint la vieillesse ; mais je n'ai pas vu le juste abandonné, ni sa postérité mendiant son pain. Il est toujours ému de pitié et il prête et sa postérité est en bénédiction. Retire-toi du mal et fais le bien et tu auras une habitation éternelle (Ps. XXXVII, 1, 9-17, Î0-27. Pour cette citation et les suivantes, j'emprunte en général la traduction d'Osterwalol.). Si les hommes se levaient, ils nous dévoreraient tout vivants ; si leur fureur s'irritait contre nous, l'eau nous engloutirait. Aie pitié de moi, ô Dieu ! car l'homme mortel m'a englouti et m'opprime, m'attaquant tous les jours (Ps. LVI, 2.). Le juste se réjouira quand il aura vu cette vengeance ; il lavera ses mains dans le sang du méchant, et chacun dira : Si l'homme de bien réussit, il y a un Dieu qui juge sur la terre(Ps. LVIII, 11, 12.). Mon Dieu ! délivre-moi de ceux qui s'élèvent contre moi. Délivre-moi des artisans d'iniquité et sauve-moi des hommes sanguinaires. Car ils m'ont dressê des embûches (Ps. LXIV, 1, 4.). La colère est dans sa vivacilé et la vie dans sa volonté ; le soir l'homme est dans les larmes et le matin dans la joie ; ton amour est plus fort que ma vie et mes lèvres te louent. Je te bénis tant que je vis et en ton nom j'élève mes mains (Ps. ??). Mets-moi à couvert des desseins secrets des malins et de la conjuration des artisans d'iniquité (Ps. LXIV, 3.). Réjouissez-vous, vous tous qui avez le coeur juste ; je bénirai l'Éternel en tout temps ; gloire en tout temps h lui (Ps. XXXIV pas)... »

C'est ainsi que Basile a enseigné ; il a rassemblé ici ces jeunes gens, des âmes pures, sans tâche, des corps vierges. Il leur a appris à parler modestement, à répéter les paroles du Seigneur, à se taire devant les vieillards, à écouter les sages, à s'humilier devant les anciens, à avoir de la charité pour les égaux et les inférieurs, à parler sans artifice, à bien comprendre, à ne pas élever la voix, à ne pas injurier, à ne pas rire avec excès, à avoir du respect pour les vieillards, à ne pas parler aux femmes impudiques, à tenir les yeux baissés et l'âme élevée, à ne pas exciter les imprudents, à ne pas rechercher la domination, même si tout le monde vous honore. Si quelqu'un d'entre vous peut rendre service à un autre [disait Basile] qu'il attende sa récompense de Dieu et il jouira des biens éternels... 0 souveraine mère de Dieu, ôte de mon coeur l'orgueil et l'arrogance pour que je ne me laisse pas entraîner par la vanité de ce monde. Dans cette vie passagère, apprends, ô fidèle, à être pieux, apprends, d'après la parole de l'Évangile, à diriger tes yeux, à tenir ta langue, à modérer ton esprit, à soumettre ton corps, à dompter ta colère, à avoir une pensée pure ; applique-toi aux bonnes oeuvres au nom du Seigneur. Dépouillé, ne vous vengez pas; haï ou persécuté, souffrez, insulté, priez ; tuez le péché, sauvez les offenses, jugez en faveur de l'orphelin. Rendez justice à la veuve. Venez et débattons nos droits, dit le Seigneur; quand vos péchés seraient comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige (Isaïe, I, 18.), etc ... Le printemps du jeûne et la fleur de la pénitence brillent également ; purifions-nous, mes frères, de toute souillure corporelle et spirituelle et élevons la voix vers Celui qui donne la lumière, disant : Gloire à toi qui aime les hommes. En vérité, mes enfants, comprenez combien Dieu qui aime les hommes est gracieux et miséricordieux. Nous hommes, pécheurs et mortels, si quelqu'un nous offense, nous voulons «aussitôt le sacrifier et verser son sang. Et Notre Seigneur de qui dépend la vie et la mort souffre nos péchés [que nous mettons] sur nos têtes et cela pendant toute notre vie, comme un père qui aime son enfant, le frappe et le rappelle à lui. C'est ainsi que le Seigneur nous a indiqué le moyen de vaincre l'ennemi, par trois moyens, la pénitence, les larmes et l'aumône. Ainsi, mes enfants, ce n'est pas un commandement pénible que celui qui nous permet d'effacer nos péchés par ces trois oeuvres et de ne pas perdre le royaume du ciel. Pour l'amour de Dieu, ne vous relâchez pas, je vous en supplie, n'oubliez pas ces trois oeuvres ; car elles ne sont pas difficiles ; la vie solitaire, la vie monacale, le jeûne que d'autres justes s'imposent [ne sont pas indispensables] ; on peut par un léger effort obtenir la grâce de Dieu. Qu'est-ce que l'homme [ô Seigneur] pour que tu te souviennes de lui (Ps. VIII,,5.) ? Tu es grand et les oeuvres sont merveilleuses ; aucune intelligence humaine ne peut raconter tes merveilles. Disons encore : Tu es grand, Seigneur, et tes oeuvres sont merveilleuses ; ton nom est béni et digne de gloire dans les siècles par toute la terre. Qui ne louerait pas et ne célébrerait pas tes forces, tes grands miracles et tes bienfaits accomplis dans ce monde ? Comment le ciel est établi, comment le soleil, comment la lune, comment les étoiles, l'ombre, la lumière et la terre posée sur les eaux, ô Seigneur, par ta Providence. Les différents animaux, les oiseaux, les poissons sont ornés par ta Providence, ô Seigneur. Et nous admirons ce miracle, comment avec de l'argile tu as fait l'homme, combien tu lui as donné de figures ; si tout l'univers se réunissait ensemble, il n'y aurait pas deux figures semblables, mais chacun a son visage particulier en vertu de la sagesse divine. Et nous admirons aussi comment les oiseaux du ciel arrivent au printemps et viennent d'abord chez nous, et ne s'arrêtent pas sur un seul pays, mais faibles ou forts se répandent par tous les pays par l'ordre de Dieu pour peupler les bois et les champs. Tout cela a été donné par Dieu pour le plaisir de l'homme, pour sa nourriture, pour .sa réjouissance.

Grande est, ô Seigneur, ta miséricorde à notre égard, d'avoir créé ces agréments pour l'homme pécheur. Ces oiseaux du ciel instruits par toi, Seigneur, chantent quand tu l'ordonnes et réjouissent les hommes et quand tu l'ordonnes, bien qu'ils aient une langue, ils se taisent. Tu es béni, Seigneur, et glorifié, d'avoir fait tous ces miracles et ces bienfaits. Celui qui ne te loue pas, ô Seigneur, et ne croit pas de tout son coeur et de toute son âme au Père, au Fils et au Saint-Esprit, qu'ilsoit maudit !

En lisant ces paroles pieuses, mes enfants, louez Dieu qui nous a donné sa grâce, et qui vous donne cette instruction de mon humble intelligence. Écoutez-moi et si vous n'acceptez pas tous mes conseils acceptez-en au moins la moitié. Si Dieu attendrit vos coeurs, versez des larmes sur vos péchés disant : « Comme tu as pitié de la pécheresse, du voleur et du publicain, aie aussi pitié de nous, pécheurs. » Faites cela dans l'église et en vous couchant. Ne manquez pas un seul soir, si vous le pouvez, de vous incliner jusqu'à terre (C'est, comme on sait, une façon de prier très usitée dans l'Église orientale.) au moins trois fois, si vous ne pouvez pas plus. N'oubliez pas cela, ne soyez pas négligents, car par ces adorations nocturnes, et par ces chants l'homme est vainqueur du démon ; il rachète ainsi ses péchés de la journée. Et quand vous allez à cheval, si vous n'avez affaire à personne, et que vous ne sachiez pas d'autre prière, répétez sans cesse en secret : « Seigneur, aie pitié. » Car c'est la meilleure de toutes les prières. Et cela vaut mieux que de penser à de mauvaises choses. Par-dessus tout n'oubliez pas les pauvres, mais autant que vos moyens le permettent, nourrissez-les, donnez à l'orphelin protégez le droit de la veuve, et ne permettez pas aux puissants de perdre leur prochain. Ne tuez pas aucun homme juste ou criminel et ne permettez pas de le tuer ; si un homme doit être condamné à mort, gardez vous de perdre l'âme d'un chrétien.

Quand vous racontez quelque chose de bien ou de mal, ne jurez pas par Dieu, ne vous signez point ; il n'en est nul besoin. Si vous baisez la croix pour faire un serment à votre frère ou à quelqu'un d'autre, sondez bien votre coeur pour voir si vous êtes disposé à tenir votre parole ; alors baisez-la et ensuite prenez bien garde de perdre votre âme par une transgression. En ce qui concerne les évêques, les popes, les hégoumènes, recevez leur bénédiction avec amour, ne vous éloignez pas d'eux ; aimez-les suivant vos forces et tâchez d'obtenir qu'ils prient Dieu pour vous. Surtout n'ayez pas d'orgueil dans le coeur ni dans la pensée, mais dites : Nous sommes mortels. Aujourd'hui nous vivons ; demain nous sommes dans le tombeau ; tout ce que tu nous as donné n'est pas nôtre, mais tien : tu nous l'as confié pour peu de jours. Ne cachez pas [de trésors] dans la terre ; c'est un grand péché. Honore les anciens comme un père et [aime] les jeunes comme des frères. Ne soyez point négligents dans votre maison, mais voyez tout par vous-même ; ne comptez ni sur votre intendant ni sur votre serviteur, de peur que les hôtes qui vous visitent ne rient de votre maison ou de votre festin. A la guerre ne soyez pas négligents ; ne vous fiez pas à vos voïévodes. Ne vous abandonnez ni à la boisson, ni au manger, ni au dormir ; mettez vous même les sentinelles ; ne vous couchez le soir que quand vous les aurez placées de tous côtés autour de l'armée ; levez-vous de grand matin ; n'ôtez pas votre armure en hâte, sans avoir tout examiné ; car l'homme périt tout à coup. Évitez le mensonge, l'ivrognerie et la débauche ; car c'est là que périssent le corps et l'âme. Dans vos voyages, partout où vous passez dans vos domaines, ne permettez pas à vos serviteurs, ni à ceux des autres de faire des dommages, ni dans les villages, ni dans les champs, pour qu'on ne vous maudisse pas. Partout où vous allez, où vous vous arrêtez, donnez à boire et à manger au mendiant. Surtout honorez l'hôte, d'où qu'il vienne, pauvre, noble, ambassadeur ; si vous ne pouvez lui faire de présent, offrez-lui à boire et à manger. Car les voyageurs vous feront connaître dans tout pays pour bons ou pour mauvais. Visitez les malades, accompagnez les morts, car nous sommes tous mortels. Ne passez pas devant un homme sans le saluer et lui donner une bonne parole. Aimez vos femmes, mais ne leur donnez pas de pouvoir sur vous. Enfin, ce qui est au dessus de tout, ayez par-dessus tout la crainte de Dieu. Si vous craignez d'oublier [mes préceptes], relisez souvent cette instruction. Je n'aurai pas de honte et cela sera bon pour vous. Ce que vous savez de bon, ne l'oubliez pas, et ce que vous ne savez pas, apprenez-le ; mon père tout en restant chez lui avait appris cinq langues ; cela fait honorer [un homme] dans les autres pays. Car la paresse est la mère de tous les vices ; ce qu'on savait, on l'oublie ; et ce qu'on savait pas, on ne l'apprend point. Quand on fait le bien, on ne doit négliger rien du bien, surtout en ce qui concerne l'église. Que le soleil ne vous trouve pas au lit. Ainsi faisait feu mon père et font tous les gens vraiment bons. D'abord rendez à Dieu l'action de grâces du matin, ensuite quand le soleil se lève, dès que vous le voyez louez Dieu, disant avec joie : « Éclaire mes yeux, Seigneur Christ, qui m'as donné ta belle lumière ! Seigneur ajoute encore une année à la présente année afin qu'après m'être repenti de mes péchés et avoir rectifié ma vie, je puisse louer Dieu. » [Ensuite] vous [pourrez] vous asseoir pour délibérer avec votre droujina, ou juger le peuple ou aller à la chasse et ensuite faire la sieste ; car Dieu a établi le sommeil de midi ; c'est l'heure où se reposent les animaux, les oiseaux et les hommes.

Je vous dirai maintenant, mes enfants, les fatigues que j'ai supportées durant treize années de voyages et de chasses. D'abord j'allai à Rostov par le pays des Viatitches ; mon père m'y envoya et alla lui-même à Koursk. J'allai ensuite à Smolensk avec Stavek Skordetisch ; lui alla ensuite à Bérestié avec Iziaslav et m'envoya à Smolensk ; puis de Smolensk j'allai à Vladimir. Le même hiver ils m'envoyèrent mon frère à Bérestié pour visiter des bois qu'on avait brûlés [pour en faire du charbon] et je les fis entourer d'une enceinte. Ensuite j'allai à Péréïaslavl chez mon père et après Pâques j'allai de Péréïaslavl à Vladimir faire la paix avec les Lekhs à Souteïska. De là ensuite je revins pendant l'été à Vladimir. Ensuite Sviatoslav m'envoya chez les Lekhs ; je dépassai Glogov vers la forêt de Bohême et je voyageai pendant quatre mois dans leur pays. Cette même année me naquit un fils [Mstislav] de Novgorod. J'allai ensuite à Tourov, de là au printemps à Péréïaslavl ; puis encore à Tourov ; Sviatoslav mourut et j'allai encore à Smolensk ; de Smolensk, le même hiver à Novogorod. Au printemps j'allai au secours de Gleb ; l'été j'allai avec mon père à Polotsk : et l'autre hiver j'allai avec Svialopolk contre Polotsk qui fut brûlé ; il alla à Novogorod et moi avec les Polovtses jusqu'à Odresk, en faisant la guerre. Ensuite à Tchernigov et de Smolensk, j'allai chez mon père à Tchernigov. Et Oleg vint amené de Vladimir et je l'invitai à dîner avec mon père à Tchernigov dans le Palais Rouge et je donnai à mon père trois cents grivnas d'or. Puis en revenant de Smolensk je me frayai un chemin à travers l'armée polovtse jusqu'à Péréïaslav et je trouvai mon père qui revenait d'une expédition. Puis nous marchâmes cet été avec mon père et avec Iziaslav nous battre contre Boris à Tchernigov et nous battîmes Boris et Oleg ; puis nous retournâmes à Péréïaslavl et restâmes dans nos retranchements. Et Vseslav brûla Smolensk,et moi je partis avec les Tchernigoviens,_avec deux chevaux, mais nous ne l'atteignîmes point à Smolensk; je le poursuivis ; je brûlai le pays et le ravageai jusqu'à Loukoml et Logosk, puis je marchai sur Droutchesk et sur Tchernigov. Cet hiver les Polovtses pillèrent tout Starodoub et moi je marchai avec les gens de Tchernigov contre les Polovtses (Je suis ici la correction d'Erben, p. 268.) et sur la Desna nous prîmes les princes Asadouk et Saouk et nous vainquîmes leurs troupes ; le lendemain au delà de Novogorod nous dispersâmes l'armée considérable de Belkatgin ; nous leur primes des sabres et beaucoup de bulin. Nous marchâmes pendant deux hivers contre les Viatitches, [leur prince] Khodota et son fils ; le premier hiver je marchai contre Rordno ; ensuite contre les fils d'Iziaslav au delà de Mikoulin, mais nous ne les atteignîmes point. Ce même printemps nous réunîmes avec Sviatopolk à Brody ; l'été suivant nous poursuivîmes au delà du Rhorol les Polovtses qui avaient pris Gorochin ; à l'automne nous allâmes avec les Tchernigoviens, les Polovtses, et les Tchitéiévitches, contre Minsk ; nous prîmes la ville et n'y laissâmes ni un esclave, ni une tête de bétail. L'hiver suivant nous allâmes nous réunir à Iaropolk à Brody et nous conclûmes une ardente amitié. Au printemps mon père m'établit à Péréïaslavl en présence de mes frères et nous allâmes au delà de la Soupoï. En approchant de la ville de Prilouk nous fûmes tout à coup rencontrés par des princes polovtses à la tête de huit mille hommes ; nous aurions bien voulu nous battre avec eux, mais nous avions envoyé nos armes en avant sur des voitures et nous dûmes entrer dans la ville ; ils ne prirent en vie que Semtsa et quelques paysans ; mais les notres prirent et tuèrent un certain nombre de Polovtses ; ils n'osèrent même pas prendre leurs chevaux en main et s'enfuirent sur la Soula cette même nuit. Le lendemain, jour du Seigneur, nous allâmes à Biéla Viéja et Dieu nous vint en aide ainsi que sa Sainte Mère ; nous batîmes neuf cents Polovtses et nous prîmes deux princes, les frères de Bagoubars, Asen et Sakz et deux hommes seulement échappèrent ; ensuite nous poursuivîmes les Polovtses vers Sviatoslavl, vers la ville de Tortchesk et vers Iouriev ; et encore de ce côté nous vainquîmes les Polovtses à Krasno ; et avec Rostislav à Varin aous prîmes leurs tentes (Année 1087.). Ensuite j'allai à Vladimir et j'y rétablis Iaropolk et Iaropolk mourut. Et après la mort de mon père et celle de Rostislav nous nous battîmes sur la Soula avec les-Polovtses jusqu'au soir, nous nous battîmes à Khalep et ensuite nous fîmes la paix avec Tougorkau et les autres princes polovtses (1094.). Et nous enlevâmes aux gens de Gleb toute leur droujina.

Ensuite Oleg marcha contre moi à Tchernigov avec les Polovtses et ma droujiua lui disputa pendant huit jours un petit retranchement, ne les laissaut pas pénétrer dans l'enceinte. J'eus pitié des âmes chrétiennes, des villages incendiés et des monastères et je dis : « Les païens n'auront pas à se louer de ceci, » et je donnai à mon frère [Oleg] la part qui lui revenait et j'allai moi-même dans le domaine de mon père à Tchernigov. Nous sortîmes de Tchernigov le jour de la Saint Boris et nous passâmes à travers les bataillons des Polovtses. Nous n'avions pas cent personnes de droujina en comptant les femmes et les enfants. Les Polovtses nous guettaient comme des loups dans les passages et dans les montagnes ; mais Dieu et saint Boris ne me livrèrent point à eux ; nous arrivâmes sans dommage à Péréïaslavl.

Je restai à Péréïaslavl trois hivers et trois étés avec ma droujina et nous souffrîmes beaucoup de la guerre et de la faim ; nous allâmes attaquer les Polovtses au delà de Rimov et Dieu nous vint en aide et nous en tuâmes et en prîmes un certain nombre. Et nous vainquîmes de nouveau la troupe d'Itar et nous prîmes ses tentes étant allés au delà de la Gollava. Et nous marchâmes vers Starodoub contre Oleg parce qu'il s'était allié aux Polovtses (11096.) et nous allâmes sur le Boug et avec Sviatopolk nous marchâmes contre Boniak au delà de la Russie. Nous allâmes jusqu'à Smolensk, nous étant réconciliés avec David. Ensuite nous revînmes une seconde fois des bords de la Voronitsa. Alors des Torks vinrent me trouver et des Tchitéiévitches vinrent de chez les Polovtses, et nous marchâmes contre eux sur la Soula et nous allâmes à Rostov passer l'hiver et après trois hivers nous revînmes à Smolensk, et ensuite j'allai à Rostov. Et ensuite nous poursuivîmes Boniak d'accord avec Sviatopolk, mais ils nous échappèrent et nous ne les atteignîmes point. Ensuite nous atteignîmes Boniak au delà de la Ros, mais nous le laissâmes échapper. L'hiver j'allai à Smolensk et je partis de Smolensk après Pâques. Et la mère de Georges mourut. Étant venu passer l'été à Péréïaslavl je rassemblai mes frères. Boniak vint avec tous les Polovtses à Kosniatin et nous marchâmes contre lui nous dirigeant de Péréïaslavl vers la Soula et Dieu nous vint en aide ; nous vainquîmes les Polovtses et prîmes leurs princes les plus importants. Et après Noël nous fîmes la paix avec Aïépa(1107.) ; il nous donna sa fille [pour mon fils] et nous allâmes à Smolensk. Ensuite j'allai à Rostov. Venant de Rostov je marchai de nouveau avec Sviatopolk contre Ourousoba chef des Polovtses, et Dieu nous vint en aide ; ensuite contre Roniak vers Loubno (1110.). Ensuite nous allâmes sur la Voïn avec Sviatopolk. Ensuite nous marchâmes vers le Don avec Sviatopolk et David et Dieu nous vint en aide. Aïépa et Boniak étaient venus sur la Vyr et voulaient s'établirsur cette rivière ; et je marchai sur Romno avec Oleg et mes enfants et les Polovtses apprenant cela s'enfuirent. Ensuite nous marchâmes sur Miensk contre Gleb parce qu'il avait fait quelques-uns de nos hommes prisonniers et Dieu nous vint en aide et nous accomplîmes notre dessein. Ensuite nous marchâmes sur la ville de Vladimir contre le fils d'Iaroslav ne voulant pas supporter sa perfidie. Et j'allai de Tchernigov à Kiev à bride abattue ; je fis cette course en un jour et j'arrivai avant les vêpres.

J'ai fait en tout quatre-vingt-trois voyages ; je ne mentionne même pas les petits, et j'ai conclu avec les Polovtses dix-neuf traités, avec mon père ou sans son concours et j'ai donné beaucoup d'argent et beaucoup de mes vêtements. Et j'ai délivré des fers les principaux princes des Polovtses : deux frères de Charoukan, trois frères de Bagoubars, quatre frères d'Ovtchin et cent autres. Et d'autres princes que Dieu a mis vivants en mon pouvoir, Kosksous et son fils, Aklan, Bourtchevitch, Azgoulouï prince de Tarov et quinze autres jeunes chefs. Je les emmenai vivants, je les massacrai et je les jetai dans la rivière Slavlia. Et on tua par séries à ce moment deux cents des prisonniers des plus considérables.

Et je me fatiguai beaucoup dans mes chasses, à cause de mon séjour à Tchernigov ; aux environs de cette ville j'ai dans le courant d'une année tué non sans grands efforts jusqu'à cent taureaux sauvages (Le MS. présente une lacune et tout ce passage est fort corrompu. Je suis le texte restitué par Erben.), sans compter les autres animaux que je chassais avec mon père. Voici encore ce que j'ai fait à Tchernigov : j'ai dans les steppes enlacé de mes mains jusqu'à dix ou vingt chevaux, et j'ai aussi le long de la Ros saisi de mes mains des chevaux sauvages. Deux taureaux sauvages m'ont renversé avec leurs cornes moi et mon cheval ; un cerf m'a frappé de ses cornes ; un élan m'a foulé aux pieds, un autre frappé de ses cornes. Un sanglier m'a arraché mon sabre du flanc, un ours m'a mordu au genou, un animal furieux a sauté sur mes reins ; mais Dieu me préserva de tout mal ; je suis tombé souvent de cheval ; je me suis brisé deux fois la tête, je me suis blessé les mains et les pieds dans ma jeunesse ; je n'épargnais pas ma vie et je ne ménageais pas ma tête. Ce que j'aurais dû faire faire à mon serviteur, je le faisais moi même, à la guerre et à la chasse, la nuit et le jour, dans la chaleur et dans le froid, sans me donner de repos. Je ne me reposais ni sur les posadniks(Chefs des villes.) ni sur les hérauts, je surveillais tout moi-même dans ma maison et dans les chasses, je mettais les chasseurs en ordre, je m'occupais de mes écuries, des faucons et des éperviers.

De même je n'ai pas laissé offenser par les puissants le pauvre paysan et la veuve et j'ai surveillé moi-même les rites de l'Église et le service divin. Ne me blâmez pas [de ce que je dis] mes enfants, ni quiconque lira ceci ; je ne me loue point de ma bravoure, mais je loue Dieu et je loue la miséricorde de celui qui m'a, misérable pécheur, protégé de la mort pendant tant d'années, qui m'a créé actif, moi, pauvre, pour toutes les oeuvres humaines. En lisant cet écrit, rendez-vous propres à toutes les bonnes oeuvres, louant Dieu et ses saints. Mes enfants, n'ayez pas peur de la mort, ni à la guerre, ni à la chasse, mais faites oeuvre virile selon que Dieu le permettra. Si ni la guerre, ni la chasse, ni l'eau, ni les chutes de cheval n'ont pu me faire de mal, personne d'entre vous ne peut subir de dommage, ni perdre la vie, sans l'ordre de Dieu. Si la mort vient de Dieu, ni père, ni mère, ni frère ne pourront l'empêcher. S'il est bon de se protéger soi-même, la protection de Dieu est meilleure que celle de l'homme.

Oh! misérable et pauvre que je suis ! Tu luttes beaucoup avec mon coeur et tu triomphes, ô mon âme, car sachant que tu es immortelle (Je suis ici le texte de Miklosich qui me paraît fort heureusement corrigé.) je pense que nous aurons à nous présenter au jugement dernier, si nous ne faisons pas pénitence et si nous ne nous réconcilions pas entre nous. Car si quelqu'un dit : « J'aime Dieu, mais je n'aime pas mon prochain, c'est un mensonge. » Et encore. « Si vous ne pardonnez pas l'offense de votre frère, votre père céleste ne vous pardonnera pas non plus (Math. VI. 15.). » Le prophète dit : « Ne t'irrite point à cause des gens malins ; ne sois point jaloux de ceux qui s'adonnent à la perversité ! »

LETTRE A OLEG.

Qu'il est beau et bon pour des frères de vivre unis. Mais le démon nous inspire ! Il y a eu des guerres sous nos sages ancêtres, sous nos bons et bienheureux pères ; car le diable, qui ne veut pas le bien de la race humaine, nous pousse à des querelles. Je t'ai écrit ceci parce que j'y ai été invité par mon fils [spirituel] que tu as baptisé (Mstislav, fils de Vladimir, avait eu Oleg pour parrain.) et qui est auprès de toi. Il m'a envoyé un de ses hommes avec une lettre disant : « Arrangeons-nous et réconcilions-nous. Mon frère (Iziaslav. Voir la chronique ohap. LXXXI.), il est vrai a péri : mais nous deux ne soyons pas ses vengeurs ; mais reposons-nous sur Dieu ; il jugera les coupables. Nous ne perdrons pas la terre russe. » Et moi, voyant l'humilité de mon fils j'ai eu pitié et peur de Dieu, et j'ai dit : « Lui si jeune et si peu développé, se prête à la conciliation, et compte sur le Seigneur et moi je suis un homme plus pécheur que tous les autres. J'ai écouté mon fils et je t'ai écrit cette lettre ; la recevras-tu avec de bons sentiments ou des injures ? c'est ce que je verrai dans ta réponse. Car par ces paroles je t'ai prévenu en humilité et en pénitence, ce que j'attendais de toi, voulant que Dieu me pardonne mes anciens péchés. Car notre Seigneur n'est pas un homme, mais un Dieu de toute la terre, qui en ce moment fait tout ce qu'il veut. Il a supporté les injures, les crachats, les coups ; il s'est livré à la mort, lui qui domine la vie et la mort ; et nous que sommes-nous, hommes pécheurs et méchants ? Aujourd'hui nous vivons, demain nous sommes morts, aujourd'hui dans la gloire et les honneurs et demain dans le tombeau. On nous oublie et d'autres se partagent ce que nous avons amassé. Vois, mon frère, nos pères ; qu'ont-ils pris avec eux ? Quels vêtements ont-ils emportés ? Rien autre chose que ce qu'ils ont fait pour leurs âmes ? Plût à Dieu, mon frère, que tu m'eusses prévenu et que tu m'eusses écrit le premier ces paroles. Quand on a tué mon enfant qui était aussi le tien (Mstislav qui était le filleul d'Oleg, c'esl-à-dire son fils spirituel.) devant toi, quand tu as vu son sang et son corps flétri comme une fleur nouvelle, comme un agneau égorgé, tu aurais dû dire devant ce cadavre en rentrant dans tes pensées : « Malheur à moi ! Qu'ai-je fait ? J'ai profité de son innocence. A cause de la perversité de ce monde fugitif, j'ai commis un péché, causé des larmes à un père et à une mère. Tu aurais dû dire avec David : « Je connais mon péché ; il est loujours devant moi. » Ce n'était pas pour avoir versé le sang, c'était pour avoir commis un adultère que David l'oint du Seigneur couvrit sa tête de cendres et pleura amèrement ; et Dieu lui remit ses péchés. Tu devais te repentir devant Dieu, m'adresser une lettre de consolation et me renvoyer ma bru qui ne t'avait fait ni bien ni mal, afin que je puisse l'embrasser, pleurer son mari et son mariage dont les chants se sont changés en gémissements. Car je n'ai pas vu leurs premières joies, ni leurs noces pour mes péchés. Pour l'amour de Dieu envoie-moi la bientôt avec ton premier messager afin que, cessant de pleurer avec elle, je l'établisse dans la place qui lui convient. Elle s'asseoira comme une tourterelle sur un arbre desséché et moi je me consolerai en Dieu. D'après les lois qu'ont suivies nos pères et nos ancêtres la mort aurait dû lui venir de Dieu et non pas de toi.

Si tu avais alors réalisé ta volonté, si tu avais pris Mourom et laissé Rostov et si tu avais envoyé vers moi, nous nous serions arrangés ; mais réfléchis bien, était-il convenable que tu envoyasses vers moi, ou moi vers toi ? Si tu avais dit [mon] enfant : « Envoie vers ton père » N'ai-je pas envoyé dix fois vers toi ? Est-ce que tu t'étonnais de ce qu'un de tes hommes est mort à la guerre ? De meilleurs sont morts, même de notre race. Mais tu ne devais pas chercher le bien d autrui, ni me faire cette honte et ce chagrin. Des esclaves ont parfois enseigné à prendre le bien d'autrui : mais cette fois-ci leur leçon a été mauvaise.

Si tu commences à te repentir devant Dieu tu feras du bien à mon coeur, envoie-moi un messager ou un évêque et écris-moi une lettre avec équité. Tu prendras le domaine qui te revient, tu réconcilieras nos coeurs et nous serons [ensemble] mieux qu'auparavant. Je n'ai pour toi ni sentiments de haine, ni de vengeance. Je n'ai pas voulu voir ton sang à Starodoub, mais que Dieu ne me donne pas de voir de sang [versé par] tes mains ni par l'ordre d'un de mes frères. Si je mens que Dieu me juge et la Sainte Croix. J'ai peut-être commis un péché quand j'ai marché contre toi à Tchernigov à cause des païens ; mais je m'en repens ; je l'ai répété de vive voix à mes frère, à deux reprises ; c'est que je suis homme. Si tu te trouves bien ainsi, reste comme tu es, si tu te trouves mal, que ton flleul reste avec son frère mangeant le pain qui vient de son aïeul, et toi reste établi dans tes domaines ; entends-toi [avec eux] à ce sujet. Si tu veux les tuer, tu les as en ton pouvoir. Pour moi je ne veux point le mal, mais le bien de la terre russe ; si tu veux employer la violence, [souviens-toi] que nous t'avons donné ton domaine à Starodoub étant pleins de bonté pour toi. Mais Dieu nous est témoin que nous nous sommes entendus avec ton frère ; nous n'avons aucun intérêt à nous entendre sans toi. Nous n'avons rien fait de mal, mais nous avons dit : « Envoie vers ton frère, afin que nous nous entendions. » Si quelqu'un d'entre vous ne veut pas le bien, ni la paix des chrétiens, que dans l'autre monde son âme ne voie pas la paix divine. Ce n'est pas par nécessité ni par besoin que je te parle ainsi ; Dieu m'en est témoin ; mais mon âme m'est plus chère que tout ce monde. Au jugement dernier je ne redouterai pas mes adversaires, etc... ( Le etc... figure dans le texte original. L'édilion de la Commission archéographique fait remarquer que la fin de cette lettre est peu claire. Il est certaines phrases qu'il m'a été plus facile de deviner que de traduire.).

PRIERE DE VLADIMIR MONOMAQUE

Maître de la sagesse, donateur de l'intelligence, toi qui punis les insensés et qui défends les humbles, confirme mon coeur dans l'intelligence, ô Seigneur ; accorde-moi une parole paternelle, car cela n'empêche pas mes lèvres de crier vers toi : « Gracieux Seigneur, aie pitié de celui qui est tombé. » Le Seigneur est mon espérance, le Christ est mon refuge, le saint Esprit est mon abri. Mon espérance et mon abri, ne me rejette pas, très sainte [Trinité]. Car je t'ai pour aide dans le chagrin, dans la maladie, dans tous les maux, et je te célèbre, ô glorifiée. Comprenez et sachez que je suis Dieu, qui sonde les coeurs, connais les pensées, dévoile les actions, juge les orphelins, les pauvres et les humbles. Incline-toi, ô mon àme, médite les actions que tu as faites, apporte-les devant tes yeux et fais couler les gouttes de tes larmes, confesse ouvertement tes actions et toutes tes pensées au Christ et purifie-toi.

Saint André (Cette dévotion spéciale à saint André atteste la popularité dont ce saint jouissait à Kiev, où suivant la légende il était venu. Voir la chronique. Ch. V. et l'index au mot André.) père bienheureux, pasteur du Christ, ne cesse pas de prier pour nous qui t'honorons afin que nous mettions de côté toutes colères, tous chagrins, les souillures, les péchés et les misères, honorant fidèlement ta mémoire. Protège, ô Vierge, mère pure, ta ville [de Kiev] qui règne par toi, afin que nous nous fortifiions en toi, que nous espérions en toi, que nous surmontions tous les obstacles, que nous terrassions nos adversaires et que nous soyons obéissants [au Seigneur]. O glorieuse mère de Dieu qui as engendré le très saint Verbe de tous les saints, reçois notre offrande et protège de tout danger, de tout tourment à venir ceux qui t'implorent. Nous te prions, nous, tes serviteurs, et nous prions devant toi les genoux de notre coeur. Incline ton oreille, ô pure, et sauve-nous dans les soucis où nous sommes plongés et préserve des ravages ennemis ta ville, ô Mère de Dieu. Protège, Seigneur, ton héritage, ne tiens pas compte de nos péchés, aie pilié de nous qui te prions, toi qui par pitié pour la terre est né sans oeuvre de l'homme, et as daigné te revêtir de l'humanité. Épargne-moi, Seigneur, engendre-toi et conserve celle qui t'a enfanté pure après l'enfantement, et quand tu siégeras pour juger mes oeuvres, Dieu impeccable et sans tache [juge-moi] comme un Dieu qui aime les hommes. Vierge très pure qui n'as point connu le mariage, aimée de Dieu, toi qui diriges les fidèles, sauve-moi quand je péris et que je crie vers ton fils. Aie pitié de moi, Seigneur, aie pitié ; quand tu me jugeras, ne me condamne pas aux flammes et ne m'accuse pas dans ta colère. C'est la prière que t'adresse la Vierge pure qui t'a enfanté, ô Christ, la foule des anges et le choeur des martyrs. Par Jésus-Christ Notre Seigneur auquel appartient l'honneur, et la gloire par le Père, le Fils et le Saint-Esprit, toujours, maintenant et dans tous les siècles à venir.

INDEX
CHRONOLOGIQUE ET CRITIQUE DES NOMS CITES DANS LA CHRONIQUE DE NESTOR

Les chiffres arabes indiquent les dates, les chiffres romains les paragraphes.

Nous avons renoncé à transcrire les caractères cyrilliques dont Mr. Léger ponctue cet Index, oubliant sans doute que si nous faisons appel à sa traduction c'est que nous ne maîtrisons pas le vieux slavon !

A B C D E F G H I J K L M N O P R S T V Z

A

AARON, frère de Moïse, XI.
ABEL, personnage biblique, XL, LI. Le récit de la manière dont Adam et Eve l'ensevelirent (XL) ne figure pas dans la Genèse et est emprunté à un texte apocryphe.
ABIMELECH, personnage biblique, XXXI, LI.
ABRAHAM, personnage biblique, XIII, XXXI, XL, XLVI. Le récit où Abraham est représenté comme détruisant les idoles (XL) fabriquées par son père Thara est emprunté à un texte apocryphe.
ACHAB, personnage biblique, XLVII.
ADAM, personnage biblique,XIII, XXXV,XL(voy.Abel),LXVIII,XC.
ADRIEN, empereur romain, XXV. La ville d'Adrien, ib. Voy.Andrinople.
ADRIEN, pape, XLII. La chronique le cite comme ayant pris part au VIIè concile avec Taras de Constantinople, Politien d'Alexandrie, Théodorite d'Antioche et Élie de Jérusalem. Il fut pape de 772 à 799.
ADRIATIQUE.(Mer), I.
ADOULB, marchand russe, 945, XXVII. Il figure dans le traité conclu avec les Grecs, par Igor. Nom Scandinave. Ancien norse Audulfr, latin Adulfris. Cf. Anglo-saxon Eadwulf, ancien allemand Audulf(Thomsen).
ADOUN, marchand russe, 945, XXVII. Il figure dans le même traité. Nom également Scandinave. Ancien norse Audunn, Udun, Odinnus, âng.-sax. Eâdwine, ancien aill. Audowin (Th.).
AFRIQUE (Prodiges en), LX.
AGAMEMNON, père d'Oreste, XXV.
AGAR, personnage biblique, XXXIX.
AGARÉENS, 866, XVI, LXXIX. C'est le nom des Sarrazins descendants d'Ismael et d'Agar. Ainsi qu'il résulte de la comparaison de deux textes du Paterik(§4et5), il doit s'appliquer aux Polovtses.
AGATHON, pape, XLII. Son pontificat se place entre les années 979-682. (SIC)
AIÉPA (Aiena), fils d'Asen, prince des Polovtses, 1107, LXXXVII. Sa fille épouse Georges, fils de Vladimir. Un autre Aïépa est fils de Girgen ; sa fille épouse le fils d'Oleg, 1107.
AKTEVOU, ambassadeur d'Oleg, 912, prend part au traité conclu avec les Grecs. Ce nom paraît Scandinave. M. Thomsen le rapproche de l'ancien norse Angantyr. Toutefois l'identification est douteuse.
AKOUN, prince russe, neveu d'Igor, 943, prend part au traité de paix avec les Grecs. Nom normand. Ancien norse Hakun(n). Il se rencontre très souvent dans les inscriptions runiques suédoises. Voy. Iakoun.
ALBANIE, I ; citée dans la description du partage du monde entre Sem, Cham et Japhet, d'après le texte grec de Georges Hamartolos (Albanîa)
ALDAN, marchand russe, 945, envoyé à Constantinople, XXVII. Nom Scandinave. Ancien norse, Halfdanr ; très commun dans les inscriptions suédoises runiques où il est écrit Halftan, Haltan, Alftan. Haldanus dans les diplômes latins. Anglo-saxon Healfden.
ALEXANDRE, roi de Macédoine, XIII, LXXIX, LXXX, LXXXIX. L'histoire des peuples impurs enfermés par Alexandre dans les montagnes du nord (LXXX) est empruntée à Méthode de Patare. (Voy. ce nom). — Le roman d'Alexandre traduit en slavon a pénétré de bonne heure en Russie. (Voir mes Études slaves, p. 160.) — Alexandre à Jérusalem, voy. Anges. — Alexandre, père de l'empereur grec Léon, règne avec lui, 887, XIX; ib. 907,912, XXI-XXII.
ALLEMANDS, Font partie de la race de Japhet, I ; ils sont cités entre les Romains et les Korliazes ; Allemands chrétiens venus de Rome suivent le texte hyp. pour proposer à Vladimir d'embrasser le catholicisme, 986, XL; Vladimir envoie chez eux voir comment ils célèbrent la liturgie, 987, XLI ; ambassadeurs allemands chez Sviatoslav, 1075, LXIX. Je traduis par Allemands le mot Niemtsy; il est possible que cette traduction ne soit pas absolument exacte. Les Slaves désignaient volontiers par ce nom tiré de l'adjectif niem, muet, les peuples voisins dont ils ne comprenaient pas la langue. Pendant longtemps dans la bouche du peuple russe ce mot a désigné toute espèce d'étrangers : « les Niemtsy allemands, anglais, hollandais, etc., ».
ALVAD ou ALVARD, 945, XXVII, envoyé de Goudy à Constantinople. Ancien norse Hallvardr, Alvard, Halwardus.
AMAZONES (Les), XI. Il en est question dans une citation de Georges Hamartolos.
AMPHILOQUE (AM*ii.-ioxiiM),évêque de Vladimir, 1105, LXXXVI.
AMON, personnage biblique, LXXIX. Fils de Loth et père des Ammonites. Les Bulgares sont rattachés par le chroniqueur à sa race ; cette race est impure par suite de l'inceste de Loth.
AMOUND, 945, XXVII, boïar russe. Ancien norse Amundi, Amundus, ou Hamundr, Eymundr.
ANASTASE, 988, XLII, nom de l'habitant de Kherson qui indiqua à Vladimir où se trouvaient les sources qui alimentaient la ville. — 1018, collecteur d'impôts du roi de Pologne Boleslav. Ce personnage est inconnu aux chroniques polonaises. — de la ville de Dieu, XXIV, cité à propos d'Apollonius de Tyane. Il est appelé dans le texte grec (...);. — évêque de Kherson, 991, 996, XLIV, XXLV. Vladimir lui confie l'église de la Dime à Kiev.
ANATOLE, XLII, est cité comme ayant pris part au IVè concile.
ANDRÉ. D'après les Évangiles, saint André, frère de saint Pierre, était né à Bethsaïde. Il assista aux noces de Cana et fut témoin du premier miracle de J.-C. Après la mort du Sauveur on ne sait rien de posilif sur cet apôtre. Un certain nombre d'auteurs ecclésiastiques veulent qu'il ait évangélisé la Scythie. (Origène, Commentaires sur la Genèse, ap. Migne, t. XII, p. 92 ; Eusèbe, Histoire ecclésiastique, livre III, chap. Isidore de Séville, De Ortu. et Obitu Patrum qui in scriptura laudibus efferuntur, ch. LXX ; saint Hippolyte, Livre des douze apôtres, cité par Mamachi ; Origines et antiquitates christianae, Rome, 1845, t. II, p. 162, et les autres écrivains cités par M. Goloubinsky, Histoire de FEglise russe, t.1, p. 12,13). Étant donnée cette tradition, il est tout naturel que les chrétiens russes aient voulu rattacher leur pays à la mémoire d'un des apôtres de J.-C. Mais il y a loin de Kiev et surtout de Novgorod aux rives de la mer Noire. On supposa donc que l'apôtre se trouvant à Kherson avait eu l'idée d'aller regagner Rome en traversant toute la Russie pour rejoindre la terre des Varègues. L'inventeur de ce singulier itinéraire n'avait évidemment aucune idée de la valeur des distances. Il est d'ailleurs assez naturel de supposer à un apôtre l'esprit d'aventure qui fait entreprendre de grands voyages dans les pays inconnus. M. Goloubinsky prétend démontrer que ce récit n'appartient pas à l'auteur de la chronique et qu'il est d'origine postérieure. En effet, on lit plus loin dans la chronique (ch. XXXIX) : « Le démon pensait : « C'est ici ma « demeure ; les apôtres n'ont point enseigné ici, les prophètes n'y ont point prophétisé. » Mais si les apôtres n'ont point été ici en personne, leur enseignement y retentit...., etc. » Il ne faut pas être trop rigoureux et exiger d'un moine chroniqueur l'esprit de suite ou la logique que nous demandons à un historien contemporain. Quoi qu'il en soit, le récit imaginé à Kiev a évidemment un double but : 1° celui d'exalter les origines chrétiennes de cette ville ; 2° de tourner légèrement en ridicule les Novgorodiens. L'apôtre André se moque de leurs bains, inconnus dans la Petite Russie (voir Bains). Mais les Novgorodiens ne restèrent pas en reste avec Kiev. Les chroniques de Novgorod affirment que l'apôtre prêcha l'Évangile dans cette ville, qu'il y baptisa, qu'il y laissa son bâton pastoral en souvenir.
Dès 1086 on trouve à Kiev une église de Saint-André. Peut-être même est-ce l'existence de cette église qui aurait donné l'idée d'imaginer la légende Kievienne. En 1212 le prince Mstislav Romanovitch fit élever près de l'endroit où aurait été plantée la croix de Saint-André une église de l'Exaltation de la Croix qui fut en 1240 détruite par les Tartares. En 1744 l'impératrice Elisabeth, pendant son séjour à Kiev, ordonna de construire en cet endroit un nouveau temple en l'honneur de saint André. Cette église, en style rococo, est l'oeuvre de l'architecte Rastelli ; elle s'élève sur une terrasse d'où l'on domine le Dnieper et les plaines environnantes et peut être considérée comme une des plus remarquables de la Russie. Aujourd'hui encore le quartier le plus ancien de Kiev s'appelle le quartier Saint-André.
A dater du XVè siècle, les Russes, se fondant sur la chronique de Novgorod, rattachèrent directement les origines chrétiennes de la Russie à la prédication de saint André. Ivan le Terrible, dans ses controverses avec le jésuite Possevin, arguait de cette tradition pour déclarer que le christianisme était aussi ancien en Russie qu'en Italie (voir Herberstein, Guanini, Oderborn). La critique moderne considère ce voyage d'André comme une invention pure et simple. André porte en russe l'épithète de Pervozvanny, le premier appelé, par ce qu'il est considéré comme le premier apôtre appelé par le Seigneur. C'est en son honneur que Pierre le Grand institua l'ordre de Saint-André, le premier des ordres russes. Dans l'ordonnance sur les ordres russes de 1797, André est qualifié de Protecteur de la Russie (Sanclus Andréas Russice Patronus).
ANDRIATIE (d'où vient le nom de la mer Adriatique. Il y a dans le texte grec de Georges Hamartolos reproduit parla chronique (...). Remarquer la nasalisation de la forme slave. Il s'agit sans doute des environs de la ville d'Adria, ou Hadria, ville de la Vénétie qui a donné son nom à la mer Adriatique.
ANDRINOPLE, prise par les Bulgares, 915, XXV. Elle avait d'abord porté le nom d'Orestias. Les Bulgares l'appellent encore aujourd'hui Odrin.
ANDRONIQUE, apôtre des Slaves, disciple de sainl-Paul, XX. Il est mentionné comme ayant été évêque de Pannonie, c'est-à-dire des Slaves que la Chronique suppose avoir existé dans ces régions dès le premier siècle de l'ère chrétienne. Il y a là une erreur évidente, mais consacrée par une tradition dont on trouve l'écho ailleurs que dans la Chronique. La Chronique dans les indications qu'elle fournit ici suit évidemment la Vie de Méthode, écrite en slavon sans doute par un des disciples de l'apôtre slave et souvent citée sous le nom de légende Pannonienne. (Voir mon ouvrage Cyrille et Méthode, introduction p. XXXVI sq. et ch. VI, p. 117). Mais l'assertion de la Vie de Méthode se retrouve dans Hésychius, Vita démentis, ap. Farlati Illyricum sacrum, II, 83 ; dans le Chronicon pascale éd. Ducange, p. 427. Andronique ne nous est connu que par un passage de saint Paul, Ep. aux Romains, XVI, 7 : « Saluez Andronique et Junias, mes parents, qui ont été prisonniers avec moi, qui sont considérables parmi les apôtres et qui ont même cru en Jésus-Christ avant moi. » Même en admettant l'authenticité des traditions concernant la fondation de l'évêché de Syrmium dont Andronique aurait été le premier titulaire, on ne peut admettre avec Nestor que ce disciple eût été l'instituteur de la nation slave. Les Slaves n'apparaissent en Pannonie et en Syrmie que plusieurs siècles après l'ère chrétienne.
ANGES. Digression sur les anges, XC.
ANGLAIS (Pays des ...), I, XV. Dans le premier passage il s'agit évidemment des Angles, antérieurement à l'invasion de l'Angleterre par cette population. Remarquer dans le second passage la précision avec laquelle la Chronique, identifiant les Angles aux Varègues, affirme l'origine normande des uns et des autres.
ANNA, soeur des empereurs grecs, Basile et Constantin, épouse Vladimir, 988, LXII; sa mort, 1011, XLVII. Nestor appelle cette princesse ... (tsiézaritsa), l'impératrice, c'est-à-dire le princesse impériale, fille et soeur des empereurs. La traduction de M. L. Paris rend improprement ce mot une fois par celui de tzarine, et une autrefois (p. 146) par ces mots : épouse du tzar Vladimir. Elle ajoute en note (p. 152) : « Nestor donne ici la qualilé de tzar à Vladimir. Cependant, ainsi que je l'ai dit dans une précédenle note, les grands princes de Russie ne commenceront à prendre ce titre qu'à dater d'Ivan Vasilievitch, au xv° siècle {sic). ». Il serait curieux de voir la Chronique donner par avance à un prince russe un titre qui ne sera connu de ses successeurs que quelques siècles plus tard. Le sens du mot ... est suffisamment expliqué par les deux passages du chap. XLII où l'on voit la princesse porter ce titre avant son mariage.
ANTIOCHUS, personnage biblique, LX, XCII.
ANTIOCHE (Miracles d'Apollonius de Tyane à), XXIV. — Mélèce, patriarche d'Antioche, XIII. — Patriarchat d'Antioche, ib.
ANTIPA, voyez Antoine.
ANTOINE, fondateur du monastère des Cryptes, 1054, 1069, 1073, LVII, LXVI, LXVIII. Sa biographie est longuement racontée dans les chapitres en question. Il s'appelait dans le monde Antipa et était né à Lioubetch (gouvernement de Tchernigov, district de Gorodnia). Le nom d'Antoine qu'il prit dans la vie monastique commence, suivant un usage fréquemment observé dans l'Église orientale, par la première lettre de son nom laïque. L'Église russe honore sa mémoire le 10 juin. — Antoine, évèque de Iouriev, 1089, LXXIII.
APOLLINAIRE, évêque d'Alexandrie, XLII; mentionné comme ayant pris part au Ve concile.
APOLLONIUS de Tyane, XXIV; le récit de ses miracles est traduit mot pour mot de Georges Hamartolos (voy. édit. Mikl, p. 185, un extrait d'un ms. de Vienne et Georgii Hamartoli chronicon, éd. Muraltus, III, 132-133).
ARABIE, heureuse, ancienne (...), I. Le slavon traduit ηυδαιμον par silna qui veut dire primitivement, forte, par suite prospère.
ARAM, personnage biblique, LXXXIX ; c'est le cinquième fils de Sem dontles descendants peuplèrent la Mésopotamie. Son nom est employé ici pour désigner la population de cette contrée.
ARES, nom du dieu de la guerre qui interprète celui de Baal (p. 80), adoré par les Israélites ; Voy. Baal.
ARFAST, nom d'un boïar russe qui prend part au traité de 945 avec les Grecs. Nom Scandinave. Ancien norses Arnfastr, particulièrement usité en Suède et en Danemarck. Formes latines Aruastus, Arnfastus.
ARCADIE, I.
ARIUS, célèbre hérésiarque, XLII ; mentionné dans l'exposé delà foi chrétienne.
ARMÉNIE, grande et petite, I.
ARON. Voy Aaron.
AROSLANAPA,1113,LXXXV,prince des Polovtses, vaincu parles Russes.
ASADOUK, prince des Polovtses, pris par les Russes, 1078, I. V.
ASEN, I. V. Prince des Polovtses fait prisonnier par Vladimir Monomaque. — Autre prince des Polovtses mentionné dans la Chronique, p. 1407, LXXXVI, père d'Aïépa, dont la fille épousa Vladimir en 1107. Ce nom se rencontre fréquemment dans l'histoire de Bulgarie. Vers la fin du XIIè siècle c'est un Asen qui restaure la monarchie bulgare (vers 1186). On rencontre après lui Jean Asen II, 1218-1241, Michel Asen III, 1246-1251, le Serbe Constantin Asen, 1258-1277, le prétendant byzantin Jean Asen III. Voy. Osen.
ASER, XL, personnage biblique, fils de Jacob ; on sait qu'il donna son nom à une des douze tribus.
ASIE, mot à mot la contrée asiatique, I.
ASKOLD,voy. Oskold.
ASMOUD,945, XXXIX, 946, ib. Tuteur du jeune Sviatoslav, fils d'Igor. Nom Scandinave. Ancien norse Asmundr, très commun dans les inscriptions runiques suédoises, et clans tous les pays Scandinaves.
ASPOUBRAN, 945, XXVII ; nom d'un marchand russe qui prend part au traité avec Constantinople. Sous ces formes évidemment corrompues, il est assez difficile de reconnaître le véritable nom qui, à coup sûr, n'est pas slave. M. Thomsen suppose que ce peut être l'ancien norse Ospakr.
ASOUP, 1103, LXXXV; prince des Polovtses, tué par les Russes.
ASSYRIE, ASSYRIENS, I. Les Hébreux captifs en Assyrie, XL. Eséchias et les envoyés du roi d'Assyrie, LXIX. Cent dix-huit mille Assyriens tués la nuit par un ange, XC.
ATHANASE, évèque d'Alexandrie, XL1I, prend part au premier concile.
ATHOS, voy. Sainte Montagne.
AVARES, voy. Obres.
AZGOULOUI, 1111, I, V, prince de Tarov, l'un des princes polovtses, fait prisonnier par Vladimir Monomaque.

B  ↑

BAAL, XL, identifié au dieu grec Ares (voy. ce mot) dans l'exposé de l'histoire de la foi chrétienne fait par les Grecs à Vladimir.
BABYLONE, I, II, LXIX. Tour de Babylone, tour de Babel, II. La Chronique ne reproduit jamais le texte biblique dans toute sa pureté. C'est ainsi qu'elle donne le nombre d'années (40) pendant lequel on travailla à la construction de la tour. Ce nombre n'est pas dans la Genèse. La Genèse ne donne pas non plus le nombre des nations (72) entre lesquelles Dieu dispersa l'humanité primitive.
BABYLONIENS, XI. Leurs moeurs, d'après une citation de Georges Hamartolos. Voy. Chaldéens.
BACTRIANE, I, Bactriens, XI, assimilés aux Brahmanes dans un extrait de la chronique de Georges Hamartolos.
BAGOUBARS, 1085, IV, et ses frères, princes polovtses, vaincus par Vladimir Monomaque.
BAINS. V. La description des bains russes que Nestor met dans la bouche de l'apôtre saint André est encore exacte aujourd'hui. Cette description atteste l'étonnement qu'inspirait aux nations voisines la mode des bains en usage chez les Russes. Aujourd'hui encore les Bouriates ne peuvent comprendre comment leurs voisins russes se soumettent volontairement à une pareille torture. Les verges dont parle saint-André sont tout simplement de petites vergettes de bouleau très souples et destinées à activer la circulation du sang. Nulle part on n'emploie l'eau de tan, dont parle notre texte. Il existe dans les moindres villages russes des bains de vapeur pour les deux sexes. Ce sont en effet de petites maisons en bois pourvues d'un énorme four en briques sur lequel on jette de l'eau qui se vaporise. M. Goloubinsky fait remarquer dans son Histoire de l'Église russe (I, p. 7), que les Petits-Russiens ne pratiquent pas les bains de vapeur, comme les Grands-Russes. Il y a donc dans le récit de la Chronique une intention ironique vis-à-vis des Grands-Russes. L'usage de ces bains, inconnu aux autres peuples slaves, paraît avoir été importé par les Normands de Novgorod. Il est encore fait mention des bains dans le chapitre relatif au meurtre des envoyés drevlianes. M. Goloubinsky suppose qu'il s'agit de bains de baignoire, à la mode occidentale. Le texte me paraît désigner un bain de vapeur. Du reste on peut avec vraisemblance admettre l'existence dans ce palais princier d'une installation inconnue aux masses populaires.
BALAAM, XXIV, XC. Personnage biblique.
BARLAAM, LVII, hégoumène du monastère Petchersky. Il était fils d'un boïar de Kiev appelé Jean. Il se fit moine en 1056 et fut établi hégoumène par Antoine. Ses restes reposent dans la partie des cryptes dites Cryptes d'Antoine. On célèbre sa mémoire le 16 novembre.
BASILE, saint, XLII, est cité comme ayant raconté l'histoire du portrait de Jésus-Christ peint par saint Luc et envoyé à Rome ; maître de la jeunesse, I. V.
BASILE, moine envoyé par David Igarovitch à Vasilko, 1097, LXXXII; ce personnage prend tout à coup la parole et se substitue à l'annaliste ; peut-être l'annaliste (voy. l'Introduction), avait-il écrit simplement sous sa dictée, ou copié son récit ; peut-être aussi était-ce le nom de baptême du chroniqueur. — serviteur de David Igorovitch, id. — lieutenant de Sviatopolk à Vladimir, id.
BASILE, empereur grec, 868, XVII; 887, XIX. La Chronique indique simplement le commencement et la fin de son règne. Il s'agit de l'empereur Basile le Macédonien. Les dates données par la Chronique ne sontpas d'accord avec la chronologie généralement adoptée qui fait régner cet empereur de 866 à 886. — Basile II, ses guerres avec Sviatoslav, 971, XXVI; son traité avec lui, id ; reçoit les ambassadeurs de Vladimir chargés d'étudier la religion grecque, 987, XLII ; guerre avec Vladimir, il lui donne sa soeur en mariage, 988, XLII. Voy. Constantin et Anna.
BASILE (Églises de Saint-), à Kherson, où fut baptisé Vladimir, 988, XLLII. — A Kiev, construite sans doute en mémoire de celle de Kherson à l'endroit même où s'élevaient les idoles, XXXVIII. — Autre église à Vychégorod, où furent ensevelis Boris et Gleb, 1015, XLVII.
BELDI0UZ, 1103, LXXV, prince des Polovtses, fait prisonnier par les Russes.
BELKATGIN, prince polovtse battu en 1078 par Vladimir Monomaque, I. V.
BELZ, ville prise par Iaroslav, 1036, LIII. Elle appartient aujourd'hui à la Galicie (arrondissement de Zolkiew) et compte environ 2.500 habitants.
BENJAMIN, personnage biblique, XL.
BÉRENDII. Voy. l'art, suivant.
BÉRENDITCHES ou Bérendieï, 1097, LXXXII; 1105, LXXXVI. Peuple nomade de race turque. Ils vivaient sur la rive gauche du Dnieper et jouèrent un certain rôle dans les luttes intestines des princes russes au XIè siècle. Ils furent vaincus par Vladimir Monomaque et devinrent tributaires des princes russes. Leur nom disparaît à partir du XIIIè siècle. Le personnage appelé Bérendii (berger de Sviatopolk, qualifié de Turc, qui fut chargé de crever les yeux à Vasilko) appartenait évidemment à ce peuple.
BÉRESTOVO, colline et village, 980, XXXVIII; 101S, XLVII. Sviatoslav et Vsévolode y résident, 1073, LXVII ; leur palais est brûlé par les Polovtses, 1069, LXX1X; Tougorkan y est enterré, id. Nom d'une colline boisée qui dominait Kiev ; il vient des ormes (berest), dont elle était plantée. Les princes russes y eurent pendant longtemps leur résidence d'été. Vladimir y mourut en 1015.
BERN, boïar russe, l'un des signataires du traité de 945, XXVII. Nom Scandinave très commun, ancien norse Bjorn ; angl.-sax. Beorn ; anc. allem. Bero.
BETHEL, XL, ville de Palestine où Jéroboam, roi de Samarie, établit comme idole une vache d'or.
BETHLÉEM, XL, ville de Palestine.
BIELOBÉREG, plus exactement Biélobéréjie 945, XXVII ; 971, XXXVI, localité située vers l'embouchure du Dnieper. Son nom signifie le Rivage blanc. Dans le traité conclu en 945 avec les Grecs, il est dit que les Russes ne pourront passer l'hiver à Biélobéréjie, qui alors appartenait aux Grecs, ni à Saint-Éthérius (voy. ce mot), mais qu'ils devront retourner dans leur pays. D'après Schloetzer (IV, 83) certaines cartes latines désignent cet endroit sous le nom de Littus album. C'est dans ces contrées que s'élève encore aujourd'hui la ville d'Akkermam (en tartare et en turc ville blanche) que les Romains appelaient Alba Julia, les Grecs Leukopolis, les Slaves Belgrad (la ville blanche). C'est non loin de cet endroit que Sviatoslav fut tué par les Petchénègues, 972.
BIELOGOROD, BIELGOROD. Petite ville aux environs de Kiev, résidence des concubines de Vladimir, XXXVIII ; fortifiée par Vladimir en 992, XLIII ; assiégée par les Petchénègues, 997, XLVI ; Vseslav s'y réfugie, 1069, LXIV ; Vasilko y est emmené enchaîné, 1097, LXXXII ; Nikita, évoque de Bielgorod, XCII1. Cette ville était, ainsi que le dit la Chronique, située à dix verstes environ de Kiev (onze kilomètres). Elle fut détruite au XIIIè siècle par le Khan tartare Baty, mais restaurée par le prince lithuanien Gédimin. Elle compte aujourd'hui environ 1.600 habitants. On a la prétention d'y montrer les trous qui servirent de réservoir pour la bouillie et l'hydromel dont il est question dans notre Chronique (XLVI).
BIANDIOUK, serviteur du prince Vladimir, 1095, LXXVIII, envoyé par lui à Itar.
BIÉLAVIÉJA, 965, XXXII, 1684, t. V, forteresse des Kozares, prise en 965 par Sviatoslav et attaquée en 1082 par les Russes. On a supposé que c'était la forteresse de Sarkel, mentionnée par Constantin Porphyrogénète (De adm. imperii, XLII), et dont il traduit le nom par ασπρον οσπτον. Biélaviéja veut précisément dire en slavonla tour blanche. On ne sait pas exactement où était située cette ville. La forme vieille de Sarkel est d'après M. Berezine Charkil (la ville jaune). Dans un mémoire publié par l'Académie impériale de Pétersbourg (appendice au tome XXXII, 1878), M. Rosen a fait remarquer que chez les Vogoules sar veut dire blanc et kel maison.
BIÉLOOZÉRO, BIELOÉZÉRO, le lac Blanc; sur les bords de ce lac habitent les Ves, VII ; Sinéous s'y établit, XV. C'est aussi le nom d'une ville. Des devins y sont tués, 1071, XLV. Habitants de — fait prisonniers par Oleg, 1096, LXXXI. Le lac Blanc ou, comme on l'appelle souvent, le lac Biélo est situé dans le gouvernement actuel de Novgorod (pays des anciens Ves). C'est de ce lac que sort la rivière Scheksna, affluent du Volga. La ville qui s'appelait autrefois Biéloozéro s'appelle aujourd'hui Biélozersk, c'est la forme de l'adjectif; aux environs de cette ville s'élèvent encore aujourd'hui de vastes kourganes (tumuli) que les gens du pays appellent Kourganes de Sinéous ; des fouilles effectuées en 1859 n'ont donné aucun résultat intéressant. Biélozersk, après avoir été le siège d'une des trois premières principautés russes, fit ensuite partie des principautés de Novgorod et de Rostov. C'est aujourd'hui un chef-lieu de district sans importance. Elle ne compte guère que 6.000 habitants.
BITYHNIE, I, ravagée par les Russes, 941, XXVI.
BLAQUERNES (Église des). On écrit aussi Blachernes. C'était le nom d'un quartier de Constantinople où s'élevait le grand palais byzantin et l'église du même nom qui servait de chapelle au palais. Une source sacrée (Hagiasma) qui existe encore aujourd'hui était douée de propriétés miraculeuses. C'est dans ce sanctuaire qu'avait été déposée la robe indestructible, Imatonw ou Maphorion de la Vierge, retrouvée, suivant la tradition en 469, chez une Juive de Jérusalem. Cette précieuse relique accomplit dans l'histoire byzantine une foule de miracles. Romain Lecapène allant conférer avec Siméon, tsar des Bulgares, s'en revêtit. L'image de la Vierge jouait un rôle analogue. « Cette image, dit M. Schlumberger (article publié dans le Temps du 25 janvier 1882) était le talisman même de Conslantinople ; généralement représentée de face, les mains levées dans l'attitude consacrée de l'oraison, implorant son Fils en faveur de sa chère et dévote capitale, la poitrine le plus souvent cachée sous un énorme médaillon représentant la tête du Rédempteur sous le nimbe crucigère, elle apparaît dès le XIè siècle, sur une foule de monnaies impériales ; aucun type n'y figure plus communément dans la suite... Sur les besants d'or de Michel Paléologue, vainqueur des païens et restaurateur de l'empire, elle est représentée debout au milieu de la grande muraille de sa patrie d'adoption ; les mains étendues, la grande Theotokos semble vouloir les protéger à jamais. »
Après la conversion de la Russie au christianisme, la Vierge des Blaquernes révérée dans tout l'Orient devint chez elle l'objet d'un culte spécial. C'est ainsi que nous trouvons dans la Chronique même de Nestor (XCI) une église de la Mère de Dieu des Blaquernes à Kiev. Il y a égalementun village des Blaquernes aux environs de Moscou. L'Église russe célèbre encore aujourd'hui, le 2 juillet, la translation de la robe miraculeuse au sanctuaire de Constantinople.
Le quartier des Blaquernes était situé entre la sixième colline et la Corne d'or. L'étymologie du mot βλαχηρναι. est douteuse. Les uns le font venir des fougères (απο των βλαχνων) qui croissaient dans cet endroit, d'autres d'un Scythe appelé Bλαχρνα qui aurait été assassiné dans ce quartier, d'autres du latin lacunœ à cause des marécages qui s'étendaient aux alentours. Théophylacte appelle cet endroit Λακερνα et le fait venir du latin lucerna (thon) parce que ce poisson était fréquent dans ces parages.
La transcription exacte du mot grec et slavon serait Vlakhernes. Si j'ai donné la forme Blaquernes, c'est parce qu'elle se rencontre dès le XIIIè siècle dans Villehardouin.
BLOUD, voïévode de Iaropolk, 986, XXXVIII, trahit son maître et aida Vladimir à le faire périr. Nom slave. Bloud veut dire faute, erreur, crime. Ce nom ne se rencontre qu'une seule fois dans les annales russes ; peut-être faut-il le considérer comme symbolique.
BOIARS. L'orthographe habituelle boyard doit être absolument rejetée ; elle a été calquée sur celle des mots usuels gaillard, richard, vieillard ; mais elle n'est nullement conforme à l'étymologie. La forme la plus ancienne du mot est boliarin qui veut dire le meilleur, de la racine bolj, mieux. In est un suffixe qui désigne l'individualité (voir ma Grammaire russe, p. 40). Boliarin a cessé d'être en usage à dater du règne de Pierre le Grand, et a été remplacé en russe moderne par la forme abrégée barin, mot qu'emploient les gens du peuple en parlant de leurs supérieurs. Le dernier boïar fut Ivan Iourievitch Troubetskoï, mort en 1750. Les boïars apparaissent dès les premiers temps de la conquête de Rurik ; le prince les établit dans les villes et leur assigne certains revenus ; c'est parmi eux qu'il choisit ses principaux fonctionnaires, les posadniks ou baillis des villes, les voïévodes ou chefs d'armée. Ils ne forment point une classe fermée ; le prince fait de qui il veut un boïar. Tant que la Russie ne fut pas arrivée à l'unité, les boïars eurent la faculté de passer d'un maître à un autre, en abandonnant toutefois les domaines ou les revenus qui leur avaient été concédés. L'empire une fois concentré dans les mains du tsar moscovite, ils se groupèrent autour de lui, devinrent ses conseillers, ses ministres, ses ambassadeurs ou ses généraux. Le peuple russe appelle encore aujourd'hui boïars tous les hôtes invités à une noce. Cette circonstance s'explique par ce fait que les jeunes mariés reçoivent le titre de prince et princesse, d'où le proverbe : A la noce tous boïars.
BOLDINY (monts), 1075, LXVIII ; monts situés près de Tchernigov où Antoine se creusa une crypte ; du temps de Nestor il y avait encore sur cette montagne une église de la Mère de Dieu.
BOLESLAV, Boleslav Ier, roi de Pologne. Il est appelé Boleslav le Lekh par la Chronique ; Vladimir vit en paix avec lui, 996, XLV ; allié avec Sviatopolk, il attaque Iaroslav et le bat sur le Boug, 1018, L ; il marche sur Kiev, s'y établit et en est chassé, ib ; sa mort, 1030, LIII; Kazimir de Pologne rend aux Russes huit cents prisonniers emmenés par Boleslav en captivité, 1023, LVI. Ce roi porte dans l'histoire de Pologne le nom de Boleslav le Grand ou le Vaillant. Les historiens polonais le font mourir en 1026. Il était fils de Mieszko 1er et de la princesse tchèque Dombrowka. Il agrandit la Pologne vers l'Occident aux dépens des États voisins (Acquisition de la Silésie, de la Poméranie alors slave, de la Lusace, de Gracovie, etc.). Vers la fin de sa vie il tourna son ambition du côté de la Russie. Il avait antérieurement à 1013, au témoignage de Thietmar, donné sa fille en mariage à Sviatopolk, neveu de Vladimir. Son expédition contre Kiev, mentionnée rapidement dans notre Chronique, est racontée avec plus de détails par le chroniqueur allemand Thietmar (Pertz, t. III), et par la chronique polonaise vulgairement attribuée à Martin Gallus(Id., t. IX). Les auteurs postérieurs n'ont guère fait que puiser dans ces trois écrivains. D'après Thietmar, qui paraît le plus véridique des trois annalistes, Boleslav aurait dès 1013, sous le règne de Vladimir, fait une expédition en Russie et ravagé le pays. Nestor ne parle pas de cette expédition. La relation de Gallus, représentant Boleslav entrant à Kiev avec des Polovtses auxiliaires et frappant de son sabre la Porte d'or, est évidemment erronée. Gallus a confondu notre expédition avec une guerre de Boleslav II contre la Russie, guerre qui eut lieu en 1069. Nestor a fait de même. Voir la dissertation de M. Jean Karlowicz : Qusestiones ex historia polonica sæculi XI. I. De Boleslai primi bello Kiovensi. Berlin (sans date). Des historiens modernes russes ou tchèques ont prêté à Boleslav l'idée de fonder, pour l'opposer à l'Allemagne, une grande monarchie slave. C'est peut-être exagérer. Il faut se défier de ces assertions et ne pas prêter aux hommes du Xè siècle les idées du nôtre. (Voy. Krizek, Dejiny Narodu Slovanskych, Histoire synchronique des peuples Slaves, Tabor, 1871; Ouspensky, Les premières monarchies slaves (en russe), Saint-Pétersbourg, 1872.)
L'expédition de Boleslav le Vaillant contre Kiev fut le premier choc de la Pologne et de la Russie au moyen âge. « Ces guerres, dit un historien polonais, détournèrent peut-être l'attention de la Pologne des bords de l'Elbe et de la Baltique vers lesquels on aurait dû diriger toutes les forces du pays ; mais elles furent riches en conséquences ; non seulement elles étendirent vers l'Orient les frontières de l'influence polonaise, mais encore elles servirent au rapprochement de deux grands peuples et à l'établissement de rapports commerciaux. C'est de ce temps sans doute que date le grand mouvement commercial qui se développa sur la route de Breslau, Cracovie, Sandomierz, vers Kiev et les bords de la mer Noire... Les rapports avec la Russie durent aussi influer sur la civilisation en Pologne. C'est par l'intermédiaire de la Russie que se firent sentir en Pologne les influences byzantines ; dans l'organisation de la monarchie absolue, dans ses rapports avec l'Église, dans les premières modes polonaises, dans la structure des églises, elles ont laissé de nombreuses traces. » (Michel Bobrynski, Dzieje polskie w Zarysie, Esquisse de l'histoire de Pologne, Varsovie, 1880.)
BOLESLAV II, roi de Pologne, se mêle aux querelles intestines des princes russes, 1069, LXIV ; il s'allie avec Iziaslav contre Vseslav et est obligé de retourner dans la terre des Lekhs. (Voir l'art, précédent.) Ce prince, qui porte dans l'histoire de Pologne le surnom de Smialy (Hardi), régna de 1057 à 1080. Après un règne des plus belliqueux (expéditions en Hongrie, en Russie, en Bohême, etc.) il fut détrôné pour avoir assassiné Stanislas, évêque de Cracovie, et mourut en exil.
BOLESLAV III, roi de Pologne, époux de Sbyslava, fille de Sviatopolk, 1102, LXXXIV. Ce prince joue un rôle important dans l'histoire de Pologne, où il porte le surnom de Krzywousty (à la bouche torte).
BOLOUCH, BLOUCH, chef des Polovtses, 1055, L.
BONIAK chef des Polovtses, ravage les environs de Kiev, 1096, LXXIX; bat les Hongrois, 1097, LXXXII; s'allie au prince russe David, id. ; il assiège la ville de Loubno et est obligé de prendre la fuite, 1107, LXXXVII ; mentionné égalementdans le testament de Vladimir Monomaque. La carrière de ce chef polovtse se prolongea longtemps encore après la période comprise dans la Chronique ; il est mentionné pour la dernière fois en 1166 ; il fut battu celte année-là par le prince de Tchernigov, Oleg Sviatoslavitch.
BOR, localité mentionnée dans le récit des malheurs de Vasilko, 1097, XXXII. Ce n'est peut-être pas un nom propre ; bor désigne en slavon-russe un bois de sapin.
BORIS et GLEB ; Boris, fils de Vladimir et d'une Bulgare, 988 ; lieutenant de son père à Rostov, 988 ; Boris envoyé par son père contre les Petchénègues, 1015, XLVII ; il revient après la mort de son père et refuse de prendre le pouvoir au détriment de Sviatopolk, id. ; il est assassiné par Sviatopolk, id. ; son nom est encore mentionné, XLXVII, LI ; ses restes sont transportés dans l'église construite par Iziaslav, 1072, LXVI ; son nom invoqué par Iaropolk, 1087, LXXII ; sa fête est la fête de la terre russe, 1093, LXXVI; Iaroslav, fils de Iaropolk, mis en liberté auprès de son tombeau, 1101, LXXXIV ; le jour de sa fête, 1094. I. V.
Le nom de ce prince et de son frère Gleb est un des plus populaires de l'histoire russe. Ce nom ne paraît pas être d'origine slave ; il est difficile, sinon impossible, de lui trouver une interprétation satisfaisante. Il se rencontre déjà dès le IXè siècle dans l'histoire de Bulgarie ; le prince Boris, le premier prince chrétien de Bulgarie (852-907), fut mis au nombre des saints ; c'est de la Bulgarie sans doute que ce nom fut apporté en Russie avec la littérature chrétienne. — Il ne faut pas oublier d'ailleurs que la mère des deux princes était bulgare. — Un ms. slavon du XIIIè siècle, conservé à la bibliothèque synodale de Moscou, représente le portrait de ce prince sur un fond d'or. (Jireczek, Histoire des Bulgares, chap. VII.)
Le meurtre des princes Boris et Gleb, assassinés par leur frère Sviatopolk, présente un des épisodes les plus fréquents de l'histoire du moyen âge. Ce qui est sans exemple peut-être, c'est la popularité à laquelle les deux frères sont arrivés, grâce à leur triste destinée ; s'ils étaient morts de leur mort naturelle, leurs noms seraient probablement oubliés aujourd'hui. L'intérêt qui s'est attaché à eux en a fait en quelque sorte les saints nationaux de la Russie. Ce n'était en somme qu'un assassinat politique ; on en a fait un martyre ; il semble que l'Église russe, qui appelle leur père Vladimir l'égal des apôtres, ait voulu prendre possession de la famille princière en y glorifiant deux confesseurs de la foi.
Quatre-vingts ans à peine après leur mort leur fête est déjà la fête de la terre russe. Leur culte était si populaire dans la Russie occidentale, qu'après l'union religieuse de ces pays avec la Pologne et l'Église romaine, les hagiographes catholiques comprirent les deux saints dans leur martyrologe sous les noms de saint Romain et de saint David. (Le P. Verdière, Origines catholiques de l'Église russe. Études de théologie publiées par les PP. Daniel et J. Gagarin, Paris, Lanier, 1857.) Ils avaient en effet, ainsi que l'attestent des textes russes, reçu ces noms au baptême. (... récit concernant les saints Boris et Gleb, édition Sreznevsky, Saint-Pétersbourg, 1860, p. 8.)
BORIS, fils de Viatcheslav, prince de Tchernigov, s'établit dans cette ville et s'enfuit à Tmoutorakan, 1077, LXIX ; revient à Tchernigov, 1078 ; périt en combattant, id., LXX, et I. V.
BORIS et GLEB (Église des SS.), construite par Iziaslav à Vychégorod lors de la translation de leurs reliques, 1072, LXVI.
BORITCH (Défilé de), endroit situé auprès de Kiev où Kii s'établit d'après la légende, VI ; XLIII.
BOSPHORE, I. Il porte en slavon-russe le nom de Soud ; c'est la transcription du norse sund qui, comme on sait, veut dire détroit.
BOUDY, voïévode et précepteur de Iaroslav, insulte Boleslav de Pologne, 1018, L. La forme ancienne de ce nom est Bondy, le même caractère ayant désigné successivement a nasal et ou. Nom Scandinave. Ancien norse Bondi, Buanti, Bunta, Bondo.
BOUG, fleuve ; les Boujanes ainsi nommés parce qu'ils sont établis sur le — VII ; les Doudlèbes habitaient sur le — où sont aujourd'hui les Volhyniens, IX ; combat entre Boleslav le Vaillant et les Russes sur le —, 1018, L ; Sviatopolk et les Polonais sur le —, 1097, LXXXII ; expédition de Vladimir Monomaque sur le — , 1096, I. V. Le Boug prend sa source en Galicie dans les Carpathes et, après un cours d'environ 700 kilomètres, se jette dans la Vistule sur la rive droite. Il trace sur la partie supérieure de son cours la limite ethnographique entre les Russes et les Polonais. Il ne doit pas être confondu avec le Bog, l'ancien Hypanis, affluent du Dnieper.
BOUIEFAST, envoyé de Sviatoslav, fils d'Igor, prend part au traité conclu en 945 avec Gonstantinople. Nom Scandinave ; l'identification n'est pas certaine. Anc. norse Vefastr, Vyfastr ou Bofester, Bofastus.
BOUJANES, peuple slave établi sur les'bords du Boug et qui lui doit son nom, VII. Ce nom n'apparait qu'une seule fois dans les chroniques russes.
BOUJSK, ville fortifiée auprès de laquelle Volodar rencontra David, 1097, LXXXII ; David s'y établit, 1100, LXXXIII. Cette ville doit sans doute être identifiée à celle de Busk située en Galicie près du confluent de la Piltwa, dans le Boug. Boujsk est un adjectif géographique dérivé du nom du fleuve Boug.
BRAHMANES, mentionnés au chap. XI dans un passage traduit de Georges Hamartolos ; ils sont assimilés aux Bactriens ; le grec dit : νομοσ δε παρα Βακτριανοισ ητοι Βρακμανοισ.
BREST, ville ; Sviatopolk s'y réfugie, 1019, LI ; attaquée par Iaroslav, 1022, LII; 1097, LXXXII ; passim, 1101, LXXXIV, 1074, T. V; habitants de —, 1097, LXXXII. Cette ville s'appelle aujourd'hui en russe Brest Litovsk, en polonais Brzesc Litewsky (Brest en Lithuanie). L'étymologie de ce nom se rattache au mot Berest, orme, c. f. Bérestovo. Longtemps disputée par les princes russes, Brest finit par être rattachée à la Lithuanie et par suite à la Pologne. C'est à Brest que fut signé à la fin du XVIè siècle (1596) le fameux acte d'union entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe. Cette ville, située sur la frontière ethnographique des nationalités russe et polonaise, compte aujourd'hui environ 20.000 habitants (sur lesquels 10.000 israélites). On n'y rencontre d'ailleurs, — je l'ai visitée, — aucun monument de son antique histoire.
BRETAGNE (Ile de), mentionnée comme faisant partie de l'héritage de Japhet, I; usages de ses habitants d'après une citation de Georges Hamartolos, XI. Dans ce dernier passage la traduction de M.L. Paris, p. 13, a fait de la Bretagne la Vitanie ! à l'instar de Scherer qui écrit Witanien.
BRIATCHISLAV, prince, fils d'Iziaslav, petit-fils de Vladimir, 1001, XLVII ; prend Novgorod et est battu par Iaroslav, 1021, LI, et meurt en 1044, LVI ; il a pour fils Vseslav. — Un autre Briatchislav, fils de Sviatopolk, est mentionné à l'année 1104, LXXXVI ; le palais de Briatchislav, à Kiev, 1668, LXIII. Ce nom se retrouve dans les chroniques tchèques sous la forme Bracislav, Bretislav.
BRODY, les princes russes se réunissent auprès de Iaropolk dans cette ville, 1084. I. V. Le nom Brod, Brody, le gué, les gués, se rencontre fréquemment dans les pays slaves. La localité désignée par Vladimir Monomaque ne peut être identifiée avec la ville polono-juive de Brody dans la Galicie actuelle qui n'a été fondée qu'à la fin du XVIIIè siècle.
BROUNY, marchand russe, prend part au traité conclu avec les Grecs, 945, XXVII. Nom Scandinave. Il est, dit M. Thomsen, très fréquent dans les documents suédois, rare ailleurs.
BULGARES, BULGARIE. La Bulgarie occupée par les Slaves, III ; la Bulgarie du Volga, IV ; la Bulgarie danubienne baptisée, 869, XVIII ; l'empereur Léon, allié aux Hongrois, ravage la Bulgarie, 902, XXI ; elle est ravagée par les Petchénègues, 944, XXVII ; Sviatoslav s'engage à ne pas ravager la Bulgarie, 971, XXXVI ; il attaque les Bulgares, dans Péréïaslavets, 971, XXVI ; Sviatoslav attaque les Bulgares du Danube, 967, XXXII ; blé importé de là Bulgarie du Volga, 1024, LIII ; les Bulgares du Volga, nation scythe, envahissent le pays des Slaves danubiens, VIII ; expédition de l'empereur Michel contre ces Bulgares, 858, XIV ; Constantin (Cyrille), apôtre des Bulgares, 898, XX ; les Bulgares commandés par Siméon battent les Grecs, 915, XXV ; les Bulgares informent l'empereur que les Russes marchent contre lui, 949, XXVI ; mort de Siméon ; son fils Pierre règne sur les Bulgares, 942, XXVI ; les Bulgares informent les Grecs de l'arrivée des Russes, 449, XXVII ; expédition de Vladimir contre les Bulgares et traité avec eux, 985, XL ; les Bulgares mahométans chez Vladimir, 986, ib.; 987, XLI ; les Bulgares du Volga occupent Mourom, 1088, LXXII ; l'écriture slave commune aux Russes et aux Bulgares du Danube, XIX. Projets de Vasilko contre eux, 1097 , LXXXIII.
Le prince russe, dans le traité de 945 avec Constantinople, doit empêcher les Bulgares noirs de ravager la Chersonèse, 945, XXVII ; les Bulgares sont les enfants d'Ammon, issus des filles de Loth qui conçurent de leur père, c'est-à-dire un peuple impur, LXXIX.
II faut bien se garder de confondre les Bulgares danubiens, nation slave et chrétienne, avec les Bulgares du Volga, nation finnoise et mahométane. Les Bulgares du Danube constituent une nation slave établie en Mésie, au VIè siècle, qui fut organisée par des Bulgares finnois arrivés dans cette province au VIIè siècle. A partir du IXè siècle les deux nations se fondirent en une seule et c'est de leur fusion qu'est résultée la nationalité bulgare qui subsiste encore aujourd'hui sur la rive droite du Danube et sur les deux versants du Balkan. Ils devinrent chrétiens vers la fin dû IXè siècle ; c'est chez eux que fleurit pour la première fois la littérature slavonne ecclésiastique qui passa depuis en Russie. La Chronique indique leurs relations avec les princes russes et l'empire byzantin. Elle nous apprend que Vladimir eut pour concubine une Bulgare qui lui donna deux de ses fils, Boris et Gleb. (Voir ces noms.)
Les Bulgares du Volga appartiennent à la même race que ceux qui organisèrent la Bulgarie danubienne ; mais ils ne se croisèrent pas comme eux avec des Slaves et ne devinrent pas chrétiens. C'est pourquoi la chronique les appelle des Bulgares noirs, des Scythes ou des enfants d'Ammon. Leur principal établissement était situé entre le Volga et la Kama. Ils parlaient un idiome turc et avaient embrassé l'islamisme qu'ils s'efforcèrent de propager à la cour de Vladimir. Leur premier prince musulman avait été le khan Almos (922). Lors de la conquête tartare leur nom disparut. Il subsiste cependant encore aujourd'hui dans celui du village de Bolgary (gouvernement de Kazan). Ce village s'élève auprès de l'emplacement de la capitale bulgare qui fut détruite par Tamerlan. Il ne reste que quelque débris de ces ruines qui, au temps de Pierre le Grand, étaient encore fort considérables. Elles ont été décrites par un grand nombre de voyageurs.
BYZANCE.Ce nom n'est employé qu'une seule fois dans la Chronique, dans un morceau sur les magiciens, traduit du grec de Georges Hamartolos, XXIV. Le nom slave est Tsiesar Grad, la ville impériale. Voy. Conslantinople.

C  ↑

CAIN, personnage biblique XLI, XLVII, LI. Dans ce dernier passage, il est dit que Caïn subit sept châtiments pour avoir tué Abel, et Lamech soixante-dix. Cette assertion ne figure pas dans la Bible et doit être empruntée à un texte apocryphe.
CAIPHE, personnage biblique, est signalé comme ayant prophétisé avec la permission du Seigneur comme Balaam et Saül, XXIV ; je ne sache pas qu'il figure dans le texte officiel de l'Écriture.
CAMALIE, région qui fit partie de l'héritage de Cham, I. 11 faut lire Cabalie (Καβαλιαν). C'était une contrée méridionale de l'Asie-Mineure sur les confins de la Lycie et de la Pamphylie.
CAPPADOCE, fait partie de l'héritage de Cham, I.
CARIE, ib.
CATHERINE, fille de Vsévolod, morte en 1108, LXXXVIII.
CAUCASE. Les monts du Caucase sont désignés comme monts de Hongrie, II. Les anciens géographes s'imaginaient que les monts Caucase s'étendaient sans interruption à travers l'Asie jusqu'aux Indes, en Europe jusqu'à l'Illyrie, Il y a sans doute ici une confusion entre les monts Caucase et les Carpathes.
CELESTIN, pape de Rome cité dans l'exposé de la foi présenté à Vladimir (988, XLII) comme ayant pris part au troisième concile. Il s'agit de Célestin I, qui fut pape de 422 à 432.
CÉPHALONIE (île de), fait partie de l'héritage de Japhet, I.
CHALCEDOINE, concile de —, XLII.
CHALDÉENS. Ont leurs moeurs particulières, XI. (Passage extrait de Georges Hamartolos.)
CHAM, personnage biblique ; son héritage, I ; ses fils occupent le Midi, II ; fils de Noé, XL ; attentat des fils de Cham contre l'héritage de Seth, LXVII.
CHANAAN, terre de —. Abraham arrive dans la terre de Chanaan auprès d'un graud chêne, Dieu lui donne ce pays, XL ; il n'est point question du grand chêne dans la Genèse ; ce détail est, comme beaucoup d'autres, emprunté à un texte apocryphe ; le peuple de — vaincu par Josué, ib. ; vaincu par les Hébreux, LXV1I.
CHIO, île, fait partie de l'héritage de Japhet, I.
CHOSROÈS, roi de Perse, attaqué par les Ougres (Hongrois), alliés avec l'empereur Héraclius, VIII. Voy. Ougres.
CHYPRE, fait partie de l'héritage de Cham, I.
CILICIE, fait partie de l'héritage de Cham, I.
CLÉMENT(saint); Vladimir, converti au christianisme, prend avec lui les reliques de saint Clément et de saint Tlieb, XLIII. Il s'agit évidemment des reliques du pape Clément, quatrième évêque de Rome qui, suivant certains auteurs, exilé en Chersonèse par Trajan, aurait subi le martyre. D'après les légendes slaves et romaines (voir les textes cités dans mon Cyrille et Méthode, p. 68) ses reliques longtemps perdues auraient été découvertes par saint Cyrille, lors de son séjour dans la péninsule, et transportées par lui à Rome, où elles auraient été déposées dans l'église dite de Saint-Clément, sur le mont Celius. {Ib., p. 102. Voir dans les Bollandistes, Mars, tome II, la vie des deux saints connue sous le nom de legenda ilalica, Vita cum Iranslatione sancli Clemenlis.) Cette translation aurait eu lieu vers 860. Évidemment la tradition locale n'avait point admis que les précieuses reliques eussent été enlevées en Italie, puisque la Chronique nous montre en 988 le prince Vladimir les emmenant avec lui. La Chronique ne nous dit pas où il les aurait transportées. En tout cas elle confirme les traditions qui veulent que saint Clément ait péri en Crimée.
CLÉMENT, abbé du monastère de Saint-Étienne sur Klov, fut établi abbé par Etienne, 1091, LXXIV.
COELÉSYRIE, fait partie de l'héritage de Japhet, I. Dans le texte slavon elle est appelée ..., transcription assez exacte du grec Κοιλη Συρια. L'édition allemande de Scherer (Leipzig, 1774), faite sur un texte défectueux, traduit ce mot par Kilia. M. Louis Paris, qui traduisait l'allemand de Scherer, a mis le Chili (sic).
COLCHIDE, fait partie de l'héritage de Japhet, I.
COMAGENE, fait partie de l'héritage de Sem, I.
CONSTANTIN, frère de Méthode, apôtre des Slaves, est envoyé par l'empereur de Constantinople chez les princes Rastislàv, Svatopluk et Kotsel. Il est plus connu sous le nom de Cyrille. Voy. Méthode.
CONSTANTIN LE GRAND, XIII; époque de son avènement, 318 ap, J. C ; Vladimir comparé à lui, XLVII.
CONSTANTIN V, empereur grec, iconoclaste, fils de Léon ; miracles arrivés sous son règne, LX ; c'est Constantin Copronyme, 741-775.
CONSTANTIN VII, empereur grec, fils de Léon VI (c'est le fameux Constantin Porphyrogénète) ; il règne conjointement avec Léon, Alexandre et Constantin et traite avec les Russes, 912, XXII ; il commence à régner, 913, XXV; il est fils de Léon(VI) et gendre de Roman, id ; il établit Roman empereur en Grèce, 920, XXV ; il traite avec les Grecs, 945, XXVII ; il est surnommé Tsimiscès ; Olga vient sous son règne se faire baptiser à Constantinople, 955, XXXI. Sur cet épisode voy. Olga. C'est par erreur qu'il est surnommé Tsimiscès. Certains mss. disent simplement Constantin fils de Léon ; L'annaliste ou le copiste se sera laissé influencer par le nom plus récent de l'empereur Jean Tsimiscès qui régnait un siècle plus tard, 969-975.
CONSTANTIN IX, empereur grec ; règne'avec Basile et traite avec les Grecs, 971, XXXVI ; reçoit avec Basile les envoyés de Vladimir et leur fait montrer les pompes du culte byzantin, 987, XLI ; ils donnent leur soeur en mariage à Vladimir à condition qu'il se fasse chrétien, 988, XLII.
CONSTANTINOPLE attaquée par les Russes, 852, XLII ; (le chroniqueur déclare raconter ce fait d'après des annales grecques ; cette date est en contradiction avec celle qui figure au chapitre suivant, les Russes n'étant arrivés qu'en 862) ; expédition d'Oskold et Dir, 866, XVI ; expédition d'Oleg, 907, XXI ; expédition de Siméon de Bulgarie, 914, XXV ; id., 929, XXV ; expédition des Hongrois, 934, XXV ; expédition des Russes, 941, XXXVI ; voyage d'Olga, 955, XXXI ; expédition de Sviatoslav, 671, XXXVI ; Varègues à Constantinople, 980, XXXVIII ; séjour des envoyés de Vladimir, 987, XLI ; expédition des Russes, 1043, LVI ; Oleg à Constantinople, 1079, LXXI ; la fille de Volodar s'y marie, 1104, LXXXVI ; conciles, XLII. Les traités fournissent quelques détails sur la topographie de cette ville. Le nom slavon de cette ville est tsiesar grad, nom qui s'est conservé en serbe et en bulgare. Ce nom, qui veut dire simplement la ville impériale, a donné lieu à de fâcheuses confusions. On s'imagine qu'il veut dire la ville des tsars russes. M. G. Rousset par exemple, dans son Histoire de la guerre de Crimée, écrit : « L'antique Byzance, la cité promise, que la vieille langue russe nommait déjà Tsargrad, la cité des tsars. » C'est oublier que du temps de Nestor il n'y avait point de tsars russes ; d'ailleurs ce nom de Tsargrad, créé par les Bulgares, se rencontre dans les premiers textes de leur littérature.
CORCYRE fait partie de l'héritage de Japhet, I.
CORNELIUS, personnage des Actes des apôtres, XLV1I.
CRÈTE,fait partie de l'héritage de Cham, L
CROATES (... la forme russe est identique à laforme indigène Hrvat). Croates dans l'armée d'Oleg, 907, XXI ; Siméon de Bulgarie est vaincu par eux, 942, XXVI ; Vladimir marche contre eux, 993, XLV ; Croates blancs, appartiennent aux slaves du Danube, III. Ces Croates blancs, au témoignage de Constantin Porphyrogénète, demeuraient sur le Vag, affluent de la rive gauche du Danube, qui prend sa source dans les Carpathes ; c'est d'eux que s'étaient détachés les Croates proprement dits qui au VIIè siècle étaient allés s'établir dans les régions comprises entre le Drave et la mer Adriatique. Les Croates blancs Βελοχωοατοι ηγωυν ασπροι Χρωοατοι, restés au pied des Carpatbes, avaient conservé le paganisme tandis que les autres se convertirent de bonne heure au christianisme. (De adm. imp. ch. III.) C'est des Croates blancs qu'il est constamment question dans notre Chronique, sauf au chap. XXVI ; il s'agit là des Croates illyriens, mais le chroniqueur s'est évidemment trompé de date, Siméon étant mort en 927. Les Croates (blancs) sont encore mentionnés comme voisins de la Silésie dans la Chronique de Kosmas de Prague à l'année 1086. (Fontes rerum bohemic, t. II, p. 116.) Ils durent se fondre peu à peu avec les peuples voisins. Il n'en reste plus de trace aujourd'hui.
CUMANS. Voy. Polovtses.
CYR, hérétique, condamné par le sixième concile de Conslanlinople, XLII.
CYRÉNAIQUE, fait partie de l'héritage de Chain, I.
CYRILLE, évèque d'Alexandrie, fait partie du troisième concile, XLII.
CYRILLE, évêque de Jérusalem, prend part au neuvième concile, XLII.
CYRUS, roi de Perse ; Daniel vit sous son règne, XC
CYTHERE, île, fait partie du domaine de Japhet, I.

D  ↑

DAJBOG, divinité païenne dont Vladimir établit l'idole sur une colline à Kiev, 980, XXXVIII. L'existence de cette divinité slave nous est attestée par d'autres textes que par la Chronique de Nestor, par la chronique dite Hypatiënne (année 1114), et par la traduction slavonne de Malala, qui l'identifie au soleil (il traduit le grec ηλιοσ). M. Jagic lui a consacré une importante monographie dans l'Archiv fur Slavische Philologie, T. V, p. 1-14.
Il y démontre que la forme primitive du nom est ... le dieu donnant. Il le considère comme analogue au dieu Khors (voy. ce mot). Un conte serbe publié par M. Novakovitch et commenté par M. Jagic, mentionne un dieu Dabog qui représente le chef des puissances infernales. Mais en admettant l'authenticité de ce personnage mythique, il n'est pas sûr qu'on puisse l'identifier avec Dajbog. Dans un ancien poème russe, le Chant de l'Expédition d'Igor, les Russes sont appelés petits-fils de Dajbog ; mais le texte de ce poème (dont l'original est perdu) est trop peu sûrement établi pour qu'on puisse le considérer comme une autorité en matière mythologique. Remarquer que l'idole de Dajbog était située sur une colline ; il n'est question ni de temples ni de prêtres dans le peu que nous savons de la mythologie russe.
DALMATIE, fait partie de l'héritage de Japhet, I.
DAMASE, pape, assiste au deuxième concile, XLII ; il fut pape de 366 à 384 et lutta énergiquement contre l'hérésie arienne.
DAMIEN, moine du monastère Petchersky, célèbre par ses austérités et ses miracles, LXVIII.
DAN, fils de Jacob, XL, donne son nom à une tribu d'Israël où Jéroboam établit une idole, id.
DANIEL, prophète, XXXI, LXVIII, XC. — évéque de Iouriev, 1113, XCIII. Ce personnage joue un rôle considérable dans l'histoire littéraire russe. Il a laissé un récit de pèlerinage à Jérusalem qui a été plusieurs fois réimprimé et traduit en français par M. Norov.
DANUBE,se jette dans le Pont-Euxin, II; Slaves établis sur le Danube à l'endroi où sont aujourd'hui la Hongrie et la Bulgarie, III ; les Bulgares s'établissent sur 'ce fleuve et attaquent les Slaves, VIII ; peuples établis sur le Dniester, près du Danube, IV ; les Bulgares Danubiens, XIX (voy. Bulgares); expédition des Petchénègues sur le Danube, 915, XXV ; expédition d'Igor, 944, XXVII ; expédition de Sviatoslav contre les Bulgares, 967, XXXII ; Péréiaslavets sur le Danube, 969, XXXIV ; expédition de Vladimir, 1048, LVI. Il n'est jamais question dans notre texte que du Danube inférieur. La Chronique l'appelle Dounaï; c'est le nom usité chez tous les peuples slaves. Les Slovènes le donnent même à la ville de Vienne.
DARIUS, roi de Perse, cité dans la digression sur les anges, LXXXIX.
DAVID, personnage biblique ; son avènement cité pour établir la chronologie, XIII ; citations XXXI, XXXIV, XXXVIII, XL ; ses prophéties, id.; les moines doivent avoir sur les lèvres son psautier pour déjouer les embûches du démon, LXVIII ; citation, LXXIX ; id., LXXXIX; id., lettre de Vladimir à Ôleg. Les nombreusescitations du psautier attestent la popularité de ce livre dès les premières années du christianisme russe.
DAVID IGOROVITCH ou fils d'Igor, s'enfuit devant Oleg avec Volodar Rostislavitch, 1081, LXXI ; fait prisonnier, 1082, id. ; David fait des Grecs prisonniers et reçoit Dorogobouje, 1084, id. ; Vladimir l'établit à Vladimir, 108S, id. David fait la paix avec Sviatopolk, Vladimir, Vasilko Rostislavitch, 1097, LXXXII ; il fait assassiner Vasilko (voy. ce nom) et cherche à s'emparer de ses biens, il est assiégé à son tour dans Vladimir, s'enfuit, s'allie avec les Polovtses, ses guerres, id. et 1098-1100, LXXXIII; sa mort, le 25 mai 1112, XCI. Il est encore mentionné (année 1096) dans le testament de Vladimir Monomaque.
David Igorovitch est ce que les historiens russes appellent un prince isgoï ou bezmiestnyi, c'est-à-dire sans héritage, un prince sans terre comme Jean d'Angleterre ; il erre de domaine en domaine et ne doit un lambeau de territoire qu'à la bonne volonté de ses frères ou à des courses aventureuses ; ainsi s'expliquent son ambition, ses perfidies, ses cruautés envers Vasilko, son alliance avec les Polovtses, contre lesquels on le voit marcher plus tard avec ses frères.
DAVID SVIATOSLAVITCH, fils de Sviatoslav II, grand prince de Kiev. Il s'établit à Smolensk, 1095, LXXVIII ; Oleg se rend auprès de lui, 1096, LXXIX ; 1096, LXX1X et LXXXI ; il se réunit à Lioubetch, avec Sviatopolk, Vladimir, David Igorovitch, etc. pour conclure la paix, 1097, LXXXII ; il s'allie avec Vladimir et Oleg pour délivrer Vasilko, 1097, LXXXIII ; il marche avec eux contre Sviatopolk, 1098, LXXXIII ; il traite avec David Igorovitch, 1100, LXXXIII ; il se réunit avec ses frères à Zolotetch, 1101, LXXXIV ; il prend part à leur expédition contre les Polovtses, 1103, LXXXVIII ; fait la paix avec eux, 1107, LXXXVII ; nouvelle expédition, 1110, LXXXIX et 1111, XC et I. V.; il est le filleul de Théoktiste, évêque de Tchernigov, XCI,
DAVID VSESLAVITCH, fils de Vseslav, prend part à l'expédition contre les Polovtses, 1103, LXXXV ; prend part à une expédition contre Gleb, 1104, LXXXVI. Ce prince, fils de Vseslav Briatchislavitch (voy. ce nom) avait son siège à Polotsk ; sa vie aventureuse se prolonge bien au delà des limites de noyre Chronique ; il fut chassé de Pololsk en 1129, par les habitants.
DÉGIÉIA, ruisseau sur les bords duquel les Polovtses furent battus par les Russes, 1111, XC.
DERBICES, leur pays fait partie de l'héritage de Japhet, I. C'était, d'après Strabon, un peuple d'Hyrcanie.
DERESTER, ville Bulgare ; Siméon s'enfuit à —, 902, XXI ; l'empereur grec y réside et y reçoit les envoyés russes, 971, XXXVII. Cette ville est située sur la rive droite du Danube, vers le 45° degré de longitude (!? latitude ?). Les géographes anciens l'appellent Durostorum; elle faisait autrefois partie de la Moesie inférieure. C'est aujourd'hui Silistrie.
DESNA rivière, arrose l'héritage de Japhet, I ; Slaves établis sur ses bords, III ; Olga établit des poids publics sur la Desna, XXX ; Vladimir construit sur ses bords des villes fortifiées, XLIII ; inondation, 1108, LXXXVIII ; les Polovtses vaincus sur la —, 1078, T. V. Cette rivière prend sa source dans le gouvernement de Smolensk, traverse ceux d'Orel et de Tchernigov et se jette dans le Dnieper, sur la rive gauche, au-dessus de Kiev.
DEVGENIEVITCH, chef des Polovtses, marche contre les Russes, 1093, LXXVIII. La terminaison en itch est, comme on sait, une terminaison patronymique. Il s'agit donc d'un personnage fils de Devgéni. Devgéni représente le grec Diogène. C'est un aventurier byzantin qui s'était fait passer pour Constantin, fils de Roman Diogène, mort en combattant les Turcs. 11 s'était mis à la tête d'une troupe de Polovtses ou Cumans ; il se fit prendre en Thrace au siège d'Anchiale et eut les yeux crevés (Annæ Comnenæ Alexias, éd. Petrus Possinus, Venise, 1769, p. 215-223.)
DIOSKORE, hérétique condamné par le concile de Chalcédoine, XLII.
DIR, Voy. Oskold.
D1MITRI, écuyer de David Igorovitch, 1097, LXXXII ; chargé du meurtre de Vasilko. Dimitri Ivorovitch, officier russe, bat les Polovtses sur le Don, 1109, LXXXVIII.
DIMITRI (Saint). Les Grecs, effrayés par la hardiesse d'Oleg, le comparent à ce saint, 907, XXI. Saint Demétrius, patron de Thessalonique, était un des saints les plus populaires parmi les Slaves méridionaux. C'était un saint guerrier par excellence. Un couvent de Saint-Dimitri est plusieurs fois mentionné dans la Chronique. Il est fondé en 1031 à Kiev par Iziaslav qui en nomma Barlaam hégoumène, LVII ; Iaropolk y est enterré, 1087, LXXII ; un couvent de Saint-Dimilri s'élève également dans la ville de Souzdal où il est brûlé en 1096, LXXX. Aujourd'hui encore une des églises les plus remarquables de la Russie est celle de Saint-Dmitri à Vladimir sur la Kliazma. Voir mes Études slaves, p. 149 et suivantes.
Saint Démétrius naquit à Thessalonique au IIIè siècle, y remplit les fonctions consulaires et y mourut martyr de la foi. D'après les légendes, il prit plus d'une fois part après sa mort à la défense de sa cité natale attaquée par les Avares ou les Slaves. Monté sur un cheval blanc, couvert d'une armure éclatante, il repoussa plusieurs assauts des barbares. Suivant certains hagiographes, la terreur que ses miraculeux exploits avaient répandue parmi les Slaves contribua à préparer leur conversion au christianisme. On retrouve l'impression de la terreur qu'il inspirait dans la comparaison que les Grecs établissent entre Oleg et saint Démétrios.
DNIEPER, fleuve, fait partie de l'héritage de Japhet, I ; sort de la forêt d'Okov et coule vers le midi, IV ; se jette dans la mer du Pont par trois bouches, id. ; saint André a prêché sur ses bords, id. ; bac sur le Dnieper auprès de Kiev, VI ; les Krivitches établis à Smolensk sur le haut Dnieper, VII ; les Drevlianes établis sur le Dnieper, XII ; Oskold et Dir le long du Dnieper, 898, XV ; les Hongrois sur le Dnieper, 898, XIX ; le traité de 945 avec Constantinople permet aux habitants de Kherson de pêcher à l'embouchure du Dnieper et défend aux Russes d'y passer l'hiver, XXVII ; poids publics établis par Olga sur le Dnieper, 947, XXX ; première rencontre des Russes et des Petchénègues, sur le Dnieper, 968, XXXIII ; Péroun jeté dans le Dnieper, 988, XLIII ; Sviatopolk et Iaroslav sur le Dnieper, 1015, XLIII ; le Dnieper sert de limite aux possessions de Mstislav et de Iaroslav, 1026, LIII ; Bérestov sur le Dnieper, 1051, LVII ; Vseslav passe le Dnieper 132, LXII ; prédiction concernant le Dnieper, - 1071, LXV ; les villes du Dnieper ravagées par les Polovtses, 1092, LXXV ; Vladimir sur le Dnieper, 1093, LXXVI ; Sviatopolk et Vladimir attaquent les Polovtses sur le Dnieper, 1096, LXXIX; les princes russes passentie Dnieper, 1097, LXXXII ; inondations, 1108, LXXXVIII.
Cataractes du Dnieper. Les Petchénègues attendent les Russes auprès de ces cataractes -, 971, XXXVI ; l'idole de Péroun franchit les cataractes, 988, XLIII. Ces cataractes {porogy) ont donné leur nom plus tard aux Cosaques Zaporogues, ainsi nommés parce qu'ils vivaient au delà des cataractes du Dnieper.
Ce fleuve joue un rôle considérable dans l'histoire primitive de la Russie ; il en est pour ainsi dire la grande artère. Il met Kiev en communication avec la Russie du Nord d'une part, avec la mer Noire et le monde byzantin de l'autre. Il prend sa source dans les marais de la forêt Volkovisk (la même sans doute que Nestor appelle Okov), dans le gouvernement de Smolensk, à peu de dislance des sources du Volga et de la Dvina occidentale ; sa longueur est d'environ 1,800 kilomètres et son bassin comprend aujourd'hui douze millions d'ames. Il baigne Smolensk, Orcha, Kiev, Péréiaslav, Kherson et reçoit un grand nombre d'affluents dont quelques uns navigables. L'embouchure du Dnieper s'appelle Dnieprovsky liman (le liman du D.).
Les cataractes auxquelles la Chronique fait allusion se rencontrent sur une étendue de 70 verstes entr eles villes d'Ekaterinoslav et d'Alexandrov. On en compte dix principales. Elles étaient déjà connues du temps de Constantin Porphyrogénète qui nous a laissé sur elles de précieuses indications. Au neuvième chapitre de son ouvrage sur l'administration de l'empire byzantin, il trace l'itinéraire des Rhos (Russes) qui descendaient le fleuve pour aller attaquer Constantinople. IL reproduit les noms slaves (Σχλαδινιστι) des cataractes et il y joint les noms en langue rhos, c'est-à-dire Scandinave. Les noms slaves sont parfaitement reconnaissables pour les slavistes ; les noms Scandinaves, ainsi que l'a démontré M. Thomsen, sont également faciles à interpréter. C'est là un argument très important en faveur de l'origine normande des Varègues.
La première cataracte, suivant Constantin Porphyrogénète, s'appelle εσσουπη en russe et en slave, ce qui veut dire : ne dors pas. Constantin se trompe pour le russe ; pour le slave son interprétation est exacte, en corrigeant toutefois εσσουπη en νεσσουπη, ne supi «ne dors pas. » La forme Scandinave a été omise.
La seconde cararacte s'appelle en russe : Ωυλδρσι ; en slave, Οστροὃουνπραχ. Ce dernier mot représente ostrovnyi pragu (...) le rapide de l'île. Ουλὃορσι — Scandinave holm, île, fors, rapide.
La troisième cataracte, sans doute par erreur comme la première, ne porte qu'un seul nom, Ιελανορι, qui, suivant le texte grec, veut dire le bruit du rapide. M. Thomsen reconnaît dans ce mot, qui assurément n'est pas slave, l'ancien participe norse : gellandi, le résonnant. C'est le sens du mot slave zvonets (la clochette) qui, chez les Russes d'aujourd'hui, désigne encore cette cataracte.
La quatrième cataracte, d'après un manuscrit de Paris récemment collationné par M. Cobbet, s'appelle en rhos αειφορ, ce qui correspondrait à l'ancien finnois ieforr, le toujours violent, en slave νεαση, qui doit être pournenasyt, l'insatiable.
Les dénominations de la cinquième cataracte sont parfaitement claires dans les deux langues : en slave vulny i pragu, le rapide houleux, en rhos βαρυφοροσ, qui correspond â l'ancien norse barufors, chute de la vague.
La sixième cataracte est appelée en slave βευτζη, c'est-à-dire le bouillonnant (vruslchy). La forme rhos est Δεαντι. M. Thomsen voit dans ce mot l'ancien norse hloejandi, ancien suédois leiande, leande qui veut dire riant. Il faut remarquer que cette épithète n'a rien d'invraisemblable appliquée à une eau tumultueuse; il rappelle à ce propos le vers de Longfellow : The laughing Water Minnehaha. On lit dans Eschyle, {Prométhée) :

Ποταμων τε πηγαι, ποντιων τε κυματων
Ανηριθμον γελασμα ....,

et dans Plutarque : Και βυθοι Ποταμων διαγελωσιν. (Voir le Thésaurus d'H. Etienne, sub voce γελασμα)
Les deux noms du septième rapide sont ainsi donnés par les éditeurs de Constantin Porphyrogénète : Ρωσιστι μεν Στρουδουν Σκλαδινιστλι δε Ναπρεζη ο ηρμενευεται μικροσ φραγμοσ. Il faut, d'après le ms.de Paris, restituer Στρουκουν qui paraît bien se rattacher au norse strok ou stryk, courant rapide. M. T. hésite sur l'interprétation du slave. J'ai présenté il y a quelques années dans la Revue Critique (1878,I,126), une explication qui me paraît s'accorder parfaitement avec celle de Constantin. Ναπρεζη répond au slave nabruzyi qui veut dire : le peu rapide ; adjectivo proefîxum minnendi vim habet, dit le Dictionnaire de Miklosich {sub voce).
Le Dnieper était connu des anciens sous les noms de Borysthènes et chez les Romains de Danapris. Ce nom n'est pas slave.
DNIESTER, fleuve, fait partie de l'héritage de Sem, II; Slaves établis le long du Dniester et qui y vivent encore au temps de Nestor, IX. Ce fleuve, sur lequel s'élèvent peu de cités historiques, n'est mentionné que deux fois ; il prend sa source en Galicie (Autriche) et se jette dans la mer Noire après un cours de 1.400 verstes.
DOBRYNIA, fils de Malek de Lioubetch et oncle de Vladimir, 970, XXV ; il est établi par Vladimir à Novogorod, 980, XXXVIII ; il marche avec lui contre les Bulgares, 985, XL. M. Smith (p. 274) fait remarquer que ce personnage est le premier portant un nom slave (racine dobr, bon) qu'on rencontre jouant un rôle un peu important auprès du prince. Jusqu'à lui tous ses conseillers ou ses officiers sont des Scandinaves.
DOBRYNIA RAGILOVITCH, général de Mstislav Vladimirovitch, 1096, LXXXI.
DOLOBSK, localité où Sviatopolk et Vladimir se réunissent pour traiter de la paix, 1103, LXXXV, et 1111, XC.
DOMESTIQUE, chantre. C'étaient dans les anciennes églises grecques les deux chefs des choeurs qui chantaient en même temps que le protopsaltiste ; ils appartenaient au clergé. (Voy. Ducange, sub voce.)
DOMITIEN, empereur romain ; magiciens sous son règne, XXIV.
DOM1N, évêque d'Antioche, participe au cinquième concile, XLII.
DON, rivière ; combat contre les Polovtses sur ses rivages, 1111, XC et 1111, I. V. Le Don n'est cité qu'une seule fois dans la Chronique quand les princes russes vont attaquer les Polovtses. C'est que dans cette période il n'appartient à la terre russe que pour une faible partie de son cours ; la plus grande partie appartient aux Torks, aux Petchénègues, aux Polovtses.
DOROGOBOUJD, ville donnée à David, 1084, LXXII ; assiégée par Sviatopolk, 1097, LXXXII; David y meurt, 1097, ib. et LXXXIII. Ville située sur le Dnieper ; elle appartint au moyen âge à la Lilhuanie et fait aujourd'hui partie du gouvernement de Smolensk.
DOROGOJITCH position où Vladimir se fortifia, 986, XXXVII; localité située à l'est de Kiev entre cette ville et Vychégorod.
DOUBNO, ville donnée par Sviatopolk à David, 1100, LXXXIII. Elle appartientaujourd'hui au gouvernement de Volhynie (7.000 habitants).
DOUDLÈBES, peuple slave, opprimé par les Avares (Obres), VIII ; habitent le long du Boug à l'endroit occupé depuis par les Volhyniens, IX ; ils marchent avec Oleg contre les Grecs, 907, XXI. Ce nom, dont l'étymologie est inconnue, se retrouve chez un grand nombre de peuples slaves : en Pannonie au neuvième siècle, entre la Drave et la Mur, dans l'état de Pribina (Schafarik, Antiquités slaves, édition tchèque, t. II, p. 514) ; en Bohême, où existent encore plusieurs villages de ce nom (Doudleby), notamment dans le cercle de Kralove-Hradec (Koeniggratz) et dans celui de Budejovice (Budweiss). Le géographe arabe Masoudy les appelle Dulabe.
DREGOVITCHES,'peuple slave, établi entre la Pripet et la Dvina et mentionné dans la description des peuples slaves, III ; ils avaient leurs princes, VII ; ils sont mentionnés comme vivant sur le sol russe, id. Ce peuple est mentionné par Constantin Porphyrogénète{De adm. imperii, ch. IX), qui les appelle των Δρουγουδιτων. On trouve également un peuple de ce nom chez les Slaves de Bulgarie aux environs de Salonique. (Jireczek, Histoire des Bulgares, édition russe, p. 149.) Les Byzantins les appellent Δρουγοδιται ; le métropolitain de Philippopoli s'appelait εζαρχοσ τεσ Θρακιασ Δραγοδιτιασ. On a découvert récemment en Bulgarie les ruines de la cité de Dragovet (Jireczek, id.) Certains ethnographes slaves croient retrouver ce nom chez les Slaves baltiques (Dragawiz, Drogawizi, aujourd'hui Drogenez, Dnez (Brandebourg) en Bohème et en Styrie (notice de M. Perwolf dans le Naucny Slovnik, tome II, 270). M. Elysée Reclus dit que ce nom de Dregovitches {Gèogr. universelle, t. V. p. 485), veut dire « les gens des marais tremblants » (de ..., trembler). Je ne sais qui lui a suggéré cette explication qui me parait contestable. Il faudrait constater que tous les peuples du même nom ont habité des localités marécageuses.
DREVLIANES, peuple slave, ainsi nommé parce qu'il vivait dans les bois, III ; ils avaient leurs princes, VII ; faisaient partie des peuples slaves établis en Russie, id., IX ; soumis par Oleg, 885, XIX ; marchent avec Oleg contre les Grecs, 907, XXI ; ils sont vaincus par Igor qui leur impose un tribut plus lourd que celui d'Oleg, 914, XXV ; Igor est tué par eux, 945, XXVIII ; vengeance d'Olga, 945-946, XXIX-XXX ; Oleg établi dans leur pays, 970, XXXV ; 977, XXXVII. Leur nom collectif est Déréva.
L'élymologie du nom de ce peuple n'est pas douteuse, elle doit en effet être rattachée au mot ...(drievo) bois ; les Drevlianes, ce sont les hommes des forêts. Constantin Porphyrogénète les mentionne (ch. XXXVII) sous le nom de Δερολενινι ο et les rattache à la nationalité slave. Le même nom a été porté chez les Slaves de l'Elbe par une des branches les plus importantes de la famille des Obotrites. (Voy. Hanusch dans la Slawische bibliolhek de M. Miklosich, tome II, Vienne,1858, et le travail de Schleicher, Laut und Formenlehre der Polabischen Sprache, Pétersbourg, 1871.)
DROUJINA. J'ai fréquemment, au lieu de le traduire, cité ce mot dans sa forme originale. Il dérive du mot ... (droug) ami, compagnon ; il ne peut se traduire exactement ni par suite, ni par cour, ni par état major, ni par un pluriel (les officiers, ou les soldats).
La droujina se compose de l'ensemble des boïars, ou hommes libres qui servent volontairement le prince en vertu d'un contrat débattu. Ils le servent surtout en vue de s'associer à ses expéditions et d'en partager les bénéfices. Ils se réservent le droit de passer au service d'un autre prince s'ils ytrouvent des avantages plus considérables. Il n'est pas nécessaire d'être Russe (Slave ou Varègue) pour faire partie de l'association. On y trouve des étrangers comme Tchoudin, le Finnois, Tortchin, le Turc, Vladislav le Lekh, etc. Les principaux membres de la droujina (droujinniki) recevaient des villes du prince et se constituaient à leur tour une droujina particulière. Quand la période des guerres continuelles fut terminée, la droujina perdit son caractère ; les droujinniks finirent par n'être plus que les conseillers du prince. En 1812 et en 1854 la milice russe a été constituée en bataillons appelées droujinas. Ce nom désigne également les bataillons dans l'armée bulgare.
DROUTCHESK, ville de la Russie occidentale. Miracle, 1092, LXXV ; attaquée par Vladimir Monomaque, I. V. 1078. Elle tire son nom de la rivière Drout, affluent du Dnieper, sur laquelle elle est située. C'est de cette ville qu'est originaire la famille des princes Drucki qui a donné à la Pologne plusieurs personnages de distinction. Les Polonais l'appellent Druck ou Odrucko.
DVINA, rivière qui se jette dans le Pont-Euxin, I ; elle sort de la forêt d'Okov, coule vers le nord et se jette dans la mer des Varègues, III ; c'est sur le cours supérieur de cette rivière que vivent les Krivitches, VII. Le chroniqueur ne paraît pas avoir d'idée bien nette sur la Dvina. Il y a en Russie deux rivières de ce nom ; l'une, la Dvina occidentale (Düna des Allemands), prend sa source dans le gouvernement de Pskov sur le plateau où naissent le Dnieper et le Volga et va se jeter dans le golfe de Riga. L'autre, la Dvina du Nord (...) se jette dans la mer Blanche. C'est celle-ci que la Chronique envoie dans la mer des Varègues ; quant à l'autre, si elle l'envoie dans la mer Noire, c'est par imitation des géographes de l'antiquité. Hérodote, qui l'appelle Erodon (Roubon chez Ptolémée) la confond avec le Dnieper.

E  ↑

ÉDEN, XL.
ÉGR1, envoyé d'Evlisk, prend part au traité conclu avec les Grecs, 944, XXVII ; nom Scandinave Hegri, Hegerus (voir la traduction suédoise de Thomsen, p, 117).
EGYPTE, Moïse en Egypte, épisode rapporté d'après les apocryphes, XII ; histoire de Moïse dans l'exposé de la foi, XL ; Joseph en Egypte, ib.; l'Egypte conquise par Alexandre, LXXXIX.
ÉLIE, prophète cité comme exemple, LXVIII ; — évèque de Jérusalem, est cité comme ayant pris part au septième concile, XLII.
L'église de Saint-Élie à Kiev, existe déjà dans cette ville en 945, XXVII, et c'est dans cette église que les Russes jurent le traité de paix avec les Grecs. Ce détail est fort important ; s'il atteste d'une part l'existence de Russes chrétiens longtemps avant la conversion officielle du pays, il indique d'autre part par quel procédé le culte chrétien se substitua aux rites du paganisme. Dans la Bible Élie a la puissance de faire tomber le feu du ciel sur les criminels ; il est enlevé au ciel sur un char de feu. Ce détail avait vivement frappé l'imagination des païens nouvellement convertis. Élie, devint pour eux le substitut de Péroun, le dieu du tonnerre. (Afanasiev, Vues poétiques des Slaves sur la nature, tome I, ch. IX.) Il est donc tout naturel que le premier temple chrétien élevé à Kiev ait été placé sous son invocation. Encore aujourd'hui les paysans russes s'imaginent que c'est Élie qui produit le tonnerre en se promenant dans le ciel sur un char de feu.
ÉLYMAIS, Élymaïde, contrée d'Asie (entre le golfe Persique et la Médie), citée comme faisant partie de l'héritage de Sera, I.
ÉMIG, marchand russe, mentionné dans le traité de 945, XXVII ; nom Scandinave très commun. Ancien norse Hemingr, dans les inscriptions runiques Himinkr, Himikr, Henmikr.
EMMANUEL, nom du Sauveur, XL.
ÉOLIDE, contrée de l'Asie Mineure, fait partie de l'héritage de Cham, I.
ÉPHESE, mentionnée dans l'exposé de la foi à propos du concile de 431 (IIIè concile oecuménique), XLII.
ÉPHRATE personnage biblique, XL.
ÉPHREM, eunuque, métropolitain de l'église Saint-Michel à Péréïaslavets, 1090, LXXXIII ; assiste au transport des reliques de Théodose. Ch. XXXI, il est question d'un autre personnage du même nom qui avait donné une église à la ville de Souzdal. Voy. Eunuques.
ÉPIPHANE, cité à propos des anges, LXXXIX, XC. Il s'agit de saint Épiphane, l'un des Pères de l'Église au IVè siècle.
ÉPIRE, fait partie de l'héritage de Japhet, I.
ÉSAU, personnage biblique, LXVII. La Chronique raconte qu'il fut tué pour avoir violé les ordres de son père. La Bible ne dit rien de ce fait. Nestor, ainsi que l'a déjà fait remarquerM. Smith, l'a emprunté à Georges Hamartolos. D'après ce chroniqueur Isaac et Rebecca avant leur mort appelèrent leurs fils auprès d'eux et leur recommandèrent de vivre en paix. Ésaû, excité par son fils Àmalek, désobéit à ses parents ; il leva des troupes et marcha contre Jacob ; celui-ci s'enferma dans une ville fortifiée et fut assiégé par son frère. Du haut des murs il interpella son frère et lui rappela les prescriptions paternelles. Ésaû répondit par des injures et des menaces. Jacob le tua d'un coup de flèche {Chronique de Hamartolos, édition Muralt, p. 79.) Hamartolos s'appuie sur le témoignage de Joseph chez qui on ne trouve rien de pareil.
ÉTHERIUS (Saint), localité située sur la mer Noire, où les Russes, d'après le traité de 945, n'ont pas le droit de passer l'hiver, XXVII. Cette île qui doit son nom à un monastère placé sous le patronage de saint Étherius, est mentionnée par Constantin Porphyrogénète comme située à l'embouchure du Dnieper. (De Adm. imp.,lX, 61.)
ETHIOPIE, fait partie de l'héritage de Cham, I ; la reine d'Ethiopie chez Salomon, XXX ; ce serait la reine de Saba ; il y a en effet une ville de Saba en Ethiopie.
ETIENNE ou Stéphane, empereur grec, conclut un traité avec les Russes, 945, XXVII. Il était fils de Romain Lecapène et régna quelque temps avec son père, ses frères Christophe et Etienne et Constantin Porphyrogénète. D'après les usages de la cour de Byzance, plusieurs princes pouvaient être à la fois associés à l'empire. (Voir Rambaud, Constantin Porphyrogénète et l'empire byzantin, ch. IV.). — Etienne, roi de Hongrie, vit en paix avec Vladimir. C'est Etienne le Saint, 997-1038. — Etienne domestique, c'est-à-dire chantre du monastère Petchersky, ensuite hégoumène, 1074, LXVI1I. — Etienne, évêque de Vladimir, assiste à la translation des reliques de Théodose, 1091, LXXIV ; sa mort, 1094, LXXVI. — Église de Saint-Étienne à Kiev, brûlée par les Polovtses, 1096, LXXX. Voy. Klov.
ETON, boar russe, prend part au traité de 943, XXVII. Ce nom n'est pas slave ; mais on ne peut affirmer qu'il soit Scandinave.
EUBÉE, fait partie de l'héritage de Japhet, I.
EUNUQUES. Ils n'apparaissent dans la Chronique que comme membres du clergé et sont originaires de la Grèce. Dans les couvents russes de femmes le directeur spirituel devait être eunuque (Goloubinsky, II, 592). En principe un eunuque ne pouvait pas être consacré évèque. Il y a cependant des exemples d'eunuques métropolitains. Voy. Ephrem.
EUPHÉMIE fille de Vladimir, mariée à Koloman, roi de Hongrie, 1112, XCI. Koloman avait été l'allié de Vladimir contre Volodar, prince de Premysl. Ainsi naquirent sans doute leurs relations.
EUPHRATE, I.
EUPRAXIE, fille de Vsévolod, se fait religieuse, 1106, LXXXVI ; sa mort, 1109, LXXXVIII. Cette princesse sur laquelle la Chronique ne donne que des détails sans importance, avait eu de tragiques destinées ; elle avait été l'épouse de l'empereur Henri IV et figure dans les chroniques allemandes sous le nom de Praxedis. Ce mariage ne fut pas heureux et la princesse retourna en Russie. Voir la dissertation de Krug. {Eupraxia, etc. Forschungen, t. II, p. S82 et suivantes.) Notons à ce propos le grand nombre de princesses russes qui épousent des princes étrangers (voir art. Euphémie, Predslava). Il ne semble pas que la différence des religions ait jamais constitué un empêchement à ces mariages. Les princesses russes adoptent sans difficulté le culte de leurs époux étrangers. Nous n'avons point à parler ici de la princesse Anna, femme du roi de France,Henri Ier, qui ne rentre pas dans le cadre de la Chronique.
EUSTACHE, fils de Mslislav, mort en 1033, LIII. Ce prince n'est mentionné qu'à l'occasion de sa mort.
EUTHYME, Père de l'Eglise grecque, cité comme un exemple de la vie ascétique, LXVIII.
EUTYCHIUS, hérétique condamné par le quatrième concile de Chalcédoine, XL. Eutychius, évèque de Constantinople, id.
ÉVAGRE, hérétique condamné avec Origène par le cinquième concile de Constantinople, XL.
EVE, tentée parle serpent, XL ; ensevelit son fils Abel, id. Récit apocryphe. Voy. Abel et Adam.
EVLISK, boïar russe, prend part au traité de 945, XXVII. Les mss. donnent trois formes Erlisk, Evlisk, Ermisk; la plus vraisemblable est Erlysk (cod. hypat.) nom Scandinave ; ancien norse Erlingr, ou Herleikr.
EZDRAS, prophète, prédit la venue du Christ, XL. Je suis pour ce nom (Esdras) l'orthographe de l'original.
ÉZÉCHIAS, roi des Juifs, se vante devant les ambassadeurs du roi d'Assyrie, LXIX.
EZÉCHIEL, prophète, XL.

F  ↑

FARLOF,ambassadeur d'Oleg auprès des Grecs, 907, XXI ; 912, XXII. Nom Scandinave; il est, dit M. Thomsen, commun en Suède et inconnu dans le reste des pays Scandinaves. On trouve Farulfr dans les inscriptions runiques, Faraulf en ancien allemand.
FOST ambassadeur d'Oleg auprès des Grecs, 912, XI ; nom Scandinave, très fréquent en Suède. M. Thomsen en cite de nombreux exemples. Inconnu dans les autres pays Scandinaves.
FOURSTEN id. ib. Nom Scandinave, ancien norse Dursteinn, nom très répandu.
FRANCS, sont cités comme faisant partie de la race de Japhet, I.
FRASTEN, marchand russe, prend part au traité de 945 avec Conslantinople, XXVII; nom Scandinave très fréquent dans les documents suédois (Franslain, Fraistain, Frustin, Frysten.)
FRELAF, ambassadeur d'Oleg, 912, XXII ; nom Scandinave. Ancien norse: Fridleifr, Frilleifr,très commun en Danemark. Se rencontre aussi en Islande.
FROUDY, ambassadeur russe, prend pari au traité de 945, XXVII ; nom Scandinave ; ancien norse Fradi, Fruda.
FROUTAN, ib. Le nom n'est assurément pas slave et doit être Scandinave ; mais on ne lui a pas trouvé d'analogues.

G  ↑

GAD, nom biblique; fils de Jacob, XL.
GADES, ancien nom de Cadix, I.
GALATIE, appartient à l'héritage de Japhet, I.
GALICIENS, I. Il ne s'agit point des habitants de la Galicie, mais bien de la Galice espagnole. Ce sont les Espagnols ; on sait que les géographes arabes les nommaient ainsi.
GÉDÉON, personnage biblique ; au chap. XL il est cité comme le héros d'un récit apocryphe ; l'histoire de la toison, symbole du baptême, n'est pas dans la Bible ; les fils de Gédéon tués par Abimelech, LI; d'après une citation de Méthode de Palare, huit tribus se sont enfuies après les victoires de Gédéon, LXXIX.
GÉLÆENS, leurs moeurs, d'après un extrait de la chronique de Georges Hamartolos, XI. Le passage de Georges Hamartolos est lui-même une citation d'un ouvrage syrien de Bardesan. Voy. Miklosich, p. 184 de son édition. Les Gélæens vivaient au nord de la Médie près de la mer Caspienne.
GEORGES HAMARTOLOS ou Georges le pêcheur (...); Nestor ne cite qu'une fois ce chroniqueur au chap. XI où il lui emprunte la description des moeurs de certains peuples (voy. Gêlæens); mais il lui a fait d'autres emprunts : le chap. I où il décrit le partage du monde entre les fils de Noé, le chapitre XXIV où il raconte les miracles d'Apollonius de Tyane. La chronique de Hamartolos avait été traduite deux fois, en slavon bulgare et en slavon serbe. Le chroniqueur avait évidemment eu sous les yeux une de ces versions (cf. l'Introduction). (Pypine, Hist. des Lit. slaves, traduction française, p. 82). Le texte grec de Georges Hamartolos a été publié par M. de Muralt à Pétersbourg, dans le tome VI des Mémoires de l'Académie des Sciences. La chronique de Hamartolos qui va jusqu'en 867 a été prolongée jusqu'à 944 par un anonyme. Les traductions slavonnes ont été étudiées à diverses reprises en Russie. (Voir la bibliographie dans Goloubinsky, t. II, p. 722.)
GEORGES, évêque de Constantinople, prend part au cinquième concile, XL.
GEORGES de HONGRIE, serviteur de Boris, tué avec lui, 1015, XLVII.
GEORGES, métropolitain de Russie, assiste au transport des reliques de Gleb, 1072, LXVI ; son voyage en Grèce, LXVII.
GEORGES, fils de Vladimir Monomaque, épouse la fille d'Aïépa, prince des Polovtses, 1107, LXXXVII ; id. I. V.
GEORGES (Eglise de Saint-), 1063, LIX, couvent de Saint-Georges à Kiev, 1037, LX. Ce saint mythique, vainqueur du dragon, est, comme on sait, devenu le patron de la Russie.
GIHON, nom donné au Nil dans la description de la terre, d'après Georges Hamartolos (Γειων), I.
GIRGEN, père d'Aïépa, prince des Polovtses et aïeul de la princesse qui épousa le fils d'Oleg, 1107, LXXXVIII.
GLEB, fils de Vladimir et d'une Bulgare, 980, XXXVIII ; lieutenant de son père à Mourom, 988, XLIII. Sur sa mort et les honneurs rendus à sa mémoire, voy. Boris.
GLEB, fils de Sviatoslav, prince à Tmoutorakan, chassé de cette ville, 1065, LX ; prince de Novogorod, 1071, LXV ; confond un magicien, id ; visite Théodose mourant, 1074, LXIX; sa mort, 1078, LXX ; il est secouru par Vladimir Monomaque, 1076, I. V.
GLEB, fils de Vseslav, 1094 et 1111. I. V; en guerre avec Oleg, 1104, LXXXVI ; fondation pieuse, 1108, LXXXVIII.
GLOGOVY, ville de la Silésie traversée par Vladimir Monomaque en 1074, I. V. La forme tchèque est Hlohov, la forme polonaise Glogow. La partie de la Silésie où se trouve cette ville est depuis longtemps complètement germanisée. Les Allemands l'appellent aujourd'hui Glogau.
GOLIADES, peuple vaincu par Iziaslav, 1058, LIX. Son nom n'est cité qu'une fois dans la Chronique. La forme ancienne de ce nom est Golindi. Karamzine place ce peuple dans la vieille Prusse ; Artsibychev sur la rivière Protva, entre Mojaïsk et Giatsk. On lit en effet dans une chronique ultérieure que Sviatoslav Olgovitch prit la ville de Goliad dans le pays de Smolensk sur la rivière Protva. Leur nom disparait à partir du XIIIè siècle. On prétend le trouver encore aujourd'hui dans celui de certaines localités. Il faut se défier de ces identifications. Par exemple on a cité le village de Golandry (Holandry) non loin de Kiev. Mais ce village doit tout simplement son nom à une colonie de Memnonites hollandais. (Voy. Schafarik, Antiquités Slaves, tome Ier, § 19.)
GOLOTITCHESK, localité auprès de laquelle Iaropolk vainquit Vseslav, 1071, LXV ; elle était située dans la provincde Polotsk et n'existe plus aujourd'hui.
GOLTA, GOLTAVA, rivière près de laquelle campèrent les princes russes, 1111, XC ; 1095, I. V. Elle s'appelle aujourd'hui Goltva et arrose le gouvernement de Poltava ; c'est un affluent du Psel ; sa longueur n'est que de 110 kilomètres.
GOMOL, marchand russe, prend part au traité avec Constantinople, 925, XXVII ; nom Scandinave ; ancien norse Gamal, fréquent en Suède, rare en Norvège, se retrouve en Islande sous la forme Gamli.
GOMORRHE, nom biblique, XL.
GORDIATIN(maison de), à Kiev, 945, XXIX.
GORIASER, assassin de Gleb, 1015, XLVII ; ce nom n'est pas slave, mais il n'a pas été, que je sache, expliqué.
GOROCHIN, ville prise par les Polovtses, 1078, I. V. Elle existe encore aujourd'hui et est située sur la Soula, gouvernement de Poltava.
GORODETS, localité située près de Kiev ; Iaroslav y fait la paix avec son frère Mstislav, 1026, LIII ; on y apporte le corps d'Iziaslav, 1078, LXX ; les princes russes s'y réunissent après l'attentat commis sur Vasilko, 1097, LXXXII; Vladimir, David et Oleg s'y réunissent, 1098, LXXXIII ; une colonne de feu plane sur Gorodets, 1111, XC. Ce nom est un diminutif de gorod, grad qui veut dire enceinte fortifiée. Gorodets est identique à Gradetz, qui a donné en allemand Gratz.
GOTHS, 862, XV ; c'esl un des noms que la Chronique donne aux Varègues ; elle l'emploie comme nom de tribu à côté de ceux de Suédois, Normands et Angles. C'est un argument indiscutable en faveur de l'origine Scandinave des Varègues.
GOUD, GOUDY, envoyé d'Oleg à Constantinople, 912, XXII ; boïar russe envoyé à Constantinople, 945, XXVII ; nom Scandinave ; runique kudi qui représente godi, bon, ou islandais godi, prêtre.
GOUNAR, boïar russe, 945, XXVII; nom Scandinave ; anciennorse Gunnar, très répandu dans les pays Scandinaves.
GOUNASTR, marchand russe, 945, XXVII ; nom Scandinave ; ancien norse Goimfastr, en suédois Gudfastr, Guthfast chez Saxo Grammaticus.
GOURATA ROGOVITCH, citoyen de Novgorod, LXX.
GRÈCE, chemin qui conduit de chez les Varègues en Grèce, IV ; marchands russes allant en —, 882, XVIII ; expédition d'Igor, 907, XXI ; Roman empereur, 920, XXV ; voyage d'Olga,955, XXXI ; expédition des Varègues, 980, XXXVIII; Russes envoyés en Grèce pour observer la religion, 987, XLI ; Michel, moine venu de —, 1051, LVII ; 1069, LXIV ; Oleg revient de —, 1083, LXXI ; lanka, fille de Vsévolod va en —, 1090 ; ravagée par les Polovtses, 1095, LXXVIII.
GRECS, nom qu'ils donnent à la grande Scythie, XIII ; battent les Bulgares, 858, XIV ; expédition d'Askold et Dir, 866, XVI ; guerre des Hongrois, 898, XIX ; traité avec les Russes, 907, XXI ; 912, XXII ; ils sont battus par les Bulgares, 915, XXV ; expédition d'Igor, 941, XXXI ; deuxième expédition d'Igor, 944, XXVII ; traité de 945, XXVII ; Sviatoslav leur impose tribut, 967, XXXII ; expédition de Sviatoslav, 971, XXXVI ; ambassade des Grecs à Vladimir, 986, XL ; envoyés de Vladimir chez eux, 987, XLI ; siège deKherson, mariage de Vladimir, 988, XLII ; Kherson restitué, 988, XLIII ; architectes grecs, 991, XLIV ; expédition de Vladimir, 1043, LVI ; histoire du Katapan, 1066, LXI ; Grecs pillés par David, 1884, LXXII ; expédition des Polovtses, 1095, LXXVIII.
GRÉGEOIS (feu), est mentionné, année 941, XXXIV.
GRIM, ambassadeur de Sfirk, prend part au traité de 945 avec Constantinople, XXVII ; ancien norse Grimr; très commun dans toute la Scandinavie. Comparer le suédois Krim, Krimbr, Kirimr.
GRIVNA. Ce mot désigne d'abord un bijou, un collier ou un bracelet (de ... crinière, ornement entrelacé à la crinière du cheval) puis une pièce de monnaie. La Grivna vaut aujourd'hui dix kopeks.

H  ↑

HÉGOUMÈNE(..., grec ηγουμενοσ, conducteur, guide). C'est le nom de l'abbé dans l'église grecque. Dans les monastères libres il était élu par les moines. C'est ce qui se produit au monastère Petchersky ; dans les monastères dits de fondation (Ktitorskie) il était nommé par le fondateur ou par son héritier et n'était en quelque sorte que son délégué.
HONGROIS. Voy. Ougres.

I  ↑

IAM (..., 'Ιαμοι), peuple finnois établi dans l'héritage de Japhet, I ; tributaires des Russes, VII ; vaincus par Vladimir, 1042. On écrit aussi Iem. Cette population est encore mentionnée par la chronique de Souzdal (année1 227), par la chronique dite de Laurent (année 1256). A l'année 1226 la même chronique dit que le prince Iaroslav alla de Novgorod par delà la mer, chez les Iems (Letopis po laurent. spisku. St.-Petbg., 1872). Ce dernier passage indique que les Iams étaient situés en Finlande sur la côte méridionale de cette province. En effet, le pays de Tavasthus s'appelle en finnois: Hâmeenmaa et Hämäläiset. (Sjogren, Mémoires de l'Académie, imp. de St-Pétbg., série VI, tome I.) Ce peuple est encore mentionné chez Etienne de Byzance ('Ιαμοι) et chez Adam de Brème (Gest. Hamb. III, 14, Iami.)
IAKOUN, prince varègue, allié de Iaroslav, 1024, LIII ; pour l'étymologie de ce nom Scandinave, voyez Akoun. J'ai suivi dans ce paragraphe une correction d'Erben : « Iakoun était beau » (...). D'autres lisent ..., aveugle. Du reste on peut admettre également cette leçon : l'histoire présente plus d'un exemple de guerriers aveugles, témoins Jean de Bohême et Jean Zizka.
IAROPOLK, fils de Sviatoslav, petit fils d'Olga, mentionné dans l'établissement de la chronologie, XIV; il est assiégé avec Olga par les Petchénègues, 968, XXXIII ; il s'établit à Kiev, 970, XXXV ; il y reçoit la visite de Sviénald, 572, XXXIII ; marche contre les Drevlianes, 976, XXXVII ; épouse une religieuse grecque, id.; guerre avec Vladimir, 980, XXXVIII ; il est assiégé dans Rodnia et tué, id. ; ses ossements sont déterrés et baptisés, 1041, LVI.
IAROPOLK, fils d'Iziaslav, bat Vseslav à Golotitchesk, 1071, LXV ; s'établit à Vychégorod, 1878, LXX ; guerres intestines, id. ; établi à Vladimir, 1084, LXXI ; il fait la paix avec Vladimir, et est tué, 1087, LXXII ; son éloge, id. ; Vasilko accusé de l'avoir tué, LXXII ; il rencontre ses frères à Brody, I. V. — fils de Vladimir Monomaque, marche contre les Polovtses, 1103, LXXXVI ; envoyé par son père contre Minsk, 1104, LXXXVI ; nouvelle expédition contre les Polovtses, 1107, LXXXVII ; établi par son père à Péréïaslav, 1113, XCIII.
IAROSLAV, fils de Vladimir et de Rogniéda, cité dans la chronologie, XIII ; tribut payé aux Varègues jusqu'à sa mort, XVIII ; sa naissance, XXXVIII ; établi à Rostov, XLIII et à Novgorod, id. ; il refuse le tribut à son père et s'allie aux Varègues, 1015, XLVII ; il prévient Gleb des intrigues de Sviatopolk, 1015, XLVIII ; désordres à Novgorod, id. ; il marche contre Sviatopolk, id ; il le bat et s'établit à Kiev, 1016, XLIX ; guerre contre Boleslav de Pologne et Sviatopolk ; Iaropolk est battu et s'enfuit de Kiev, 1018, il bat Sviatopolk, id. ; nouvelle guerre, 1019, LI ; il bat Briatchislav et va à Brest, 1022 ; il retourne à Novgorod, guerre contre Mstislav, LIII, 1024 ; il s'empare de Kiev, naissance de son fils Iziaslav, 1024 ; il prend Belz, 1031 ; expédition contre les Tchoudes, id. ; contre les Tchèques, 1031, id. ; il succède à Mstislav et devient maître de toute la Russie, 1036, LIV ; guerre contre les Petchénègues, id.; il fortifie Kiev, 1037, LV ; son goût pour les livres et les moines, id.; expédition contre les Iatviagues, 1038 ; il envoie son fils Vladimir contre les Grecs et marie sa fille au roi de Pologne, 1043, LVI ; sa mort, 1054, LVIII. Il avait eu six fils, Vladimir, Iziaslav, Sviatoslav, Vsévolod, Igor, Viatcheslav. Ce prince est l'un des plus grands de l'histoire'russe au moyen âge ; la Chronique ne donne qu'une idée incomplète de la splendeur de son règne. (Voir Rambaud, Hist. de Russie, collection Duruy.) C'est de son règne que date une partie du code connu sous le nom de Rouskaïa Pravda, (le droit russe). Il fut allié par des mariages à la plupart des familles régnantes de l'Europe. Une de ses filles, Anne, épousa même Henri I, roi de France. Notre Chronique ignore ce détail. Je ne sache pas d'ailleurs qu'aucune chronique russe ait signalé ce mariage. On trouvera sur cette princesse des détails intéressants dans le Nestor de M. Louis Paris. (Tome I, appendice, p. 300-316.) La différence de religion, ou plutôt dé culte, n'empêchait pas à cette époque, les princesses russes d'épouser des souverains catholiques ; toutes paraissent avoir embrassé sans aucune résistance la religion des peuples sur lesquels elles étaient appelées à régner.
IAROSLAV, fils de Vsévolod, prince de Vladimir, 1078, LXX ; — fils de Sviatoslav, frère d'Oleg, lutte avec lui contre Mstislav, 1096, LXXXI ; prend part à l'assemblée de Lioubetch, 1097, LXXXII ; — fils de Sviatopolk, envoyé par son père contre Volodar, 1097, LXXXIII ; établi par son père à Vladimir, id.; battu par les Mordvines, 1113, LXXXVI ; bat les Polovtses, 1111, XC ; bat les Iatviagues, 1112, XCI ; épouse la fille de Mstislav, id.; — fils de laropolk, fait prisonnier par Sviatopolk, 1101, LXXXIV ; sa mort, 1102, id. ; — un fils de Iaroslav (Iaroslavitch) est mentionné à l'année 1111 dans l'Instruction de Vladimir Monomaque.
IAROSLAVL, devins originaires de cette ville, LXI. Cette ville, qui existe encore aujourd'hui (sur le Volga au nord de Moscou), fut construite par Iaroslav I qui lui donna son nom. C'est à tort qu'on l'écrit en français Iaroslaff, ou Iaroslav. L'orthographe est tout autre. ... (laroslavli) est l'adjectif possessif du nom Iaroslav. L'i bref qui termine le mot peut être négligé dans les transcriptions françaises ; l est appelée par cet i en vertu d'une loi phonétique.
IASES, peuple vaincu par Sviatopolk, 965, XXXII. D'après le Dictionnaire encyclopédique de M. Berezine, ils doivent être assimilés aux Ossètes actuels du Caucase. Ils vivaient encore au XIIIè siècle entre la mer Noire et la mer Caspienne. Ils furent conquis en 1359, par Tamerlan.
IASTIAG, IAVTIAG envoyé de Gounar à Constantinople 945, XXVII. Étymologie douteuse. M. Thomsen n'a pas admis ce nom dans son édition anglaise. L'édition suédoise signale l'ancien norse Hofdingi. Il vaut peut-être mieux rapprocher ce nom de celui du peuple, les Iatviagues. Un certain nombre des noms d'hommes cités dans la Chronique sont tout simplement des dénominations ethniques, Tchoudin, Tortchin, etc. (voy. ces noms).
IATREB, peuples impurs originaires du désert de —. LXXIX, LXXX.
IATVIAGUES, peuple vaincu par Vladimir, 983, XXXIX ; attaqués par Iaroslav, 1038, LV ; par Iaroslav, fils de Sviatopolk, 1112, XCI.Les Polonais les appellent Iadzwingi. Onsuppose qu'ils sont déjà mentionnés dans Jornandès sous la forme Inaxungi. (De bello gothico, 23). Peuple lette, absorbé peu à peu par les Lithuaniens, les Polonais et les Russes.
IÉLOVITCH, assassin de Boris, 1015, XLVII.
IGNACE, moine du couvent Petchersky, LXVIII.
IGOR, fils de Rurik, grand prince de Kiev, cité pour établir la Chronologie, XIII ; succède encore mineur à son père, 879, XVI, XVII ; son avènement, 913, XXV ; expédition contre les Drevlianeset les Petchénègues, id.; contre les Grecs, 941, XXVI ; nouvelle expédition contre les Grecs, 944, XXVII ; traité avec eux, 945, id. Expédition contre les Drevlianes, il est tué, 945, XXVIII. Un autre Igor, neveu du précédent, est cité dans le traité de 945, XXVII ; la Chronique signale encore Igor, fils de Iaroslav (1058, LIX), prince de Vladimir et de Smolensk.
Le nom d'Igor, grec ''Ιγγωρ, ''Ιγγορ, chez Liudprand Inger, n'est pas un nom slave ; ancien norse Ingvarr très répandu en Suède ; on le rencontre dans les textes sous la forme Inknar, Ingnar, Ikuar ; le nom d'Ingvar reparaît d'ailleurs au XIIIè siècle en Russie ; il est porté par deux princes Ingvar Igorevitch et Ingvar Iaroslavitch. Liudprand raconte tout au long comment Inger chef des Russes (Ρουσοσ), c'est-à-dire des Normands, fut repoussé devant Constanlinople par le feu grégeois.
ILMEN, lac ; Rurik fonde Novgorod sur ses bords, XV. Il communique par le Volkhov avec le lac Névo ou Ladoga.
ILLYRIE, fait partie de l'héritage de Japhet, I. Dans le texte de Georges Hamartolos il n'est question que de l'Illyrie. La traduction slave a ajouté ensuite les Slaves, sans doute pour indiquer qu'elle considérait comme slave dès le temps de Japhet ce pays occupé depuis le VIIè siècle par les Serbes et les Croates. C'est ainsi que au § XXI il est question de l'Illyrie où vivaient les Slaves et dont saint Paul fut l'apôtre.
INDE, fait partie de l'héritage de Sem, I ; moeurs de ce pays d'après Georges Hamartolos, XI.
INDICTION, période de l5 ans dont la succession commence à courir du règne de Constantin à partir de l'année 313.
INGELD, envoyé d'Oleg à Constanlinople, 912, XXII ; marchand russe, 945, XXVII ; ancien norse Ingialdr, très répandu dans les pays Scandinaves ; suédois Inkialtr, Ingeldus dans les diplômes.
INGIVLAD, marchand russe, 945, XXVII ; nom Scandinave ; ancien norse Ingivaldr; en Suède Inkivaltr; Ingivaldus dans les diplômes.
IONIE, fait partie de l'héritage de Japhet, I.
IOUGRA, Iougriens, peuple du nord voisin des Samoïèdes, I, LXXX. Dans les Chroniques russes ce nom désigne généralement les Vogouls et les Osliaks. Les écrivains arabes les appellent Ioura. La partie septentrionale de l'Oural s'appelle encore Iougorsky Khrebet. Voy. Ougra.
IOURIEV, c'est-à-dire la ville de Georges, ville fondée par Iaroslav, dont le nom de baptême était Georges, dans le pays des Finnois, 1030, LIII ; attaquée par les Polovlses, 1098, LXXVIII; ses habitants s'enfuient à Kiev, id.; la forteresse brûlée par les Polovtses est reconstruite par Sviatopolk, 1103, LXXXV ; Daniel, évèque à Iouriev, 1113, XCIII ; et 1084. I. V. C'est la ville appelée aujourd'hui Dorpat (Derpt).
IRÈNE, église de Sainte — ; le tombeau de Dir situé auprès d'elle, XVII ; couvent du même nom fondé par Iaroslav.
1SAAC, personnage biblique, XL ; — moine du monastère Petchersky, originaire de Toropets ; ses exercices ascétiques ; ses tentations ; il tombe en enfance, LXVIII. Ce personnage est dansl'église orientale l'un des plus curieux spécimens de la folie engendrée par l'abus des exercices ascétiques (sur les pratiques ascétiques voir dans mes Etudes slaves le travail sur les catacombes de Kiev.) ; — cuisinier du monastère Petchersky cité dans le même épisode.
ISACHAR, un des fils de Jacob, XL.
ISAIE ; citations du prophète —, XL, XLVIII.
ISKAL ou SOKAL princes des Polovtses, commande la première invasion de ce peuple en Russie, 1069, LIX.
ISKOROSTEN, ville des Drevlianes ; Igor est tué sous ses murs, 945, XXVIII ; son tombeau, id. ; est assiégée et brûlée par Olga, 946, XXX. Cette ville existe encore aujourd'hui en Volhynie sous le nom d'Iskorost (cercle d'Ovroutch). L'histoire d'une ville brûlée par des oiseaux se rencontre dans d'autres récits d'origine Scandinave. C'est par une ruse analogue que Gurmund à la tête des Saxons, s'empare de la ville de Cyrescestria (Chichester). — Le même artifice est employé par Harald en Sicile. Voy. Kruse, Chron. Nordm, pp. 171 et 445 et P. A. Munch Norges kongesagær af Snorre Stwlasson, Christiana, 1839, p. 375. Au surplus il ne faut pas oublier qu'un fait analogue est déjà mentionné dans la Bible : Samson attache des matières enflammées à la queue de trois cents renards et brûle ainsi les récoltes et les vignes des Philistins.
ISKOUSOV, envoyé de la reine Olga à Conslantinople, 945, XXVII ; ce nom n'a point d'analogue dans les langues Scandinaves ; il paraît plutôt slave.
ISMAEL, personnage biblique, fils d'Abraham, XL ; les Polovlses appelés fils d'Ismael, 1093, LXXVI ; 1096, LXIX ; on sait que d'après la Bible Ismael est le père des Arabes auxquels la Chronique identifie les Polovtses. (Voy. ce mot.)
ISRAËL, ISRAÉLITES, les Israélites en Egypte, XII ; id., XL, LXXVI, XLVII.
ISTR, envoyé d'Amund à Constantinople, 94S, XXVII ; nom Scandinave. Ancien norse Aistr.
ITALIE, troublée par les hérétiques, XLII.
ITHAQUE, fait partie de l'héritage de Japhet, I.
ITLAR, prince polovtse, fait la paix avec Vladimir, 1095, LXXVIII ; sa mort, id.; une défaite de ce prince est également mentionnée, I. V ; — son fils, LXXVIII.
IVAN Tvorimiritch, général de Iaroslav, prend part à une expédition contre les Grecs, 1043, LVI. — Jiroslavitch tué par les Polovtses, 1078, LXX ; — métropolitain de Russie, 1086, LXXI ; 1088, LXXII ; sa mort et son éloge, 1089, LXXIII ; — évèque de Tchernigov, 1089, LXXIII ; assiste à la translation des reliques de Théodose, 1091, LXXIV ; — abbé du monastère Petchersky, 1074, LXXVIII ; 1091, LXXIV ; — métropolitain amené de Grèce, 1090, LXXIII. Ce dernier personnage était eunuque. Voy. Eunuques. Ivan est, comme on sait, la forme russe de Jean.
IVANEK ZAKHARITCH, kozare au service de Sviatopolk, bat les Polovtses, 1106, LXXXVI.
IVOR, envoyé d'Igor à Constantinople, 945, XXVII ; nom Scandinave, ancien norse Ivarr, très usité.
IZBORSK, ville où s'établit Trouvor, 862, XV. C'est aujourd'hui un village du gouvernement de Pskov ; on y montre encore un tumulus sous lequel, suivant la tradition, Trouvor aurait été enseveli.
IZIASLAV, fils de Vladimir et de Rogniéda, 980, XXXVIII ; établi par son père à Polotsk, XLIII ; sa mort, 1001, XLVII ; son fils Briatchislav, LVI ; — deuxième fils de Iaroslav, 1024, LIII ; demande la bénédiction d'Antoine, LVII ; donne une colline aux moines de Kiev, LVII ; commencement de son règne à Kiev, 1055, LIX ; bat les Goliades, 1058, id. ; guerres intestines, 1667, LXII ; guerre contre les Polovtses, 1068, LVIII ; marche contre Vseslav, 1069, LXIV ; son retour de Pologne, 1074, LXVIII ; assiste à la translation des reliques de Gleb, 1072, LXXI ; guerre contre Vseslav, 1077, LXIX ; 1078, LXX ; sa mort, 1078,id. ; son petit-fils Rostislav, 1093, LXXVI ; Svialopolk occupe Kiev après lui, LXXXII ; expéditions diverses, I. V. ; il a pour fils Iaropolk, Mstislav et Sviatopolk. Un troisième Iziaslav, fils de Vladimir Monomaque, est prince de Mouronn, LXXVIII ; ses guerres avec Oleg, sa mort, 1096, LXXXI ; mentionné dans la lettre de Vladimir Monomaque à Oleg, I. V.

J  ↑

JACOB, personnage biblique, XL ; — prêtre, moine du monastère retchersky, LXIX. On suppose non sans raison que c'est lui qui a écrit deux récits édifiants, l'un sur Vladimir et Olga, l'autre sur les saints Boris et Gleb. Ce sont les premiers monuments de l'historiographie russe. Cf. L'INTRODUCTION.
JEAN Baptiste, XL. Temple en son honneur à Kherson, 988, XLIII. — L'Évangéliste, citations, LXX, XC. — Chrysostome XC ; — eunuque métropolitain de Kiev, LXXIII. voy. Ivan ; — évêque de Tchernigov, 1111, XC ; — fils de Vychata , 1043, LVI ; envoyé à Biéloozéro pour recueillir le tribut, 1071, LXV ; chef de la garde de mille hommes, à Kiev, 1089, LXXIII ; fait partie du conseil - des princes, 1093, envoyé contre les Polovtses, 1106, LXXXVI ; — ami de l'hégoumène Théodose,LXXIV ; — vieux moine du monastère Petchersky, mort en 1166, LXXII, dont l'auteur avait appris un grand nombre de détails insérés dans la Chronique. — Zimiscès empereur grec, XXXVI. (969-976.)
JANNES, personnage biblique. (St Paul, ép. à Timoth. II, III, 8.) LXV.
JAPHET, personnage biblique. I, XL ; peuples du Nord de sa race, VII ; peuples impurs de sa race, LXXX.
JELAN localité où une bataille eut lieu entre les Polovtses et les Russes, 1093, LXXVI ; elle était située au nord de Kiev, près du monastère de Saint-Cyrille.
JÉRÉMIE, citation, XL. — Moine du monastère Petchersky, doué du don de prophétie, LXIII.
JÉROBOAM, XL.
JÉRUSALEM, la prise de Jérusalem, citée pour établir la chronologie, XIII ; citée par les Juifs Kozares comme leur ancienne patrie, XL, id. passim : XLVI1I ; miracles au temps d'Antiochus, LX et CII ; Alexandre le Grand devant Jérusalem, XLIII.
JÉSUS, XL.
JIDIATA, évêque de Novgorod, établi par Iaroslav, 1036, LIV. Ce personnage mort en 1060, est l'un des premiers représentants de la littérature russe. Il a laissé une instruction fort remarquable pour le temps. Il traduisit un certain nombre d'écrits grecs.
JOSEPH, personnage biblique, XL.
JOSUÉ, âls de Noun XL, etXC. L'ange qui tire l'épée contre Josué appartient à un récit apocryphe.
JOURDAIN, XL.
JUDA, fils de Jacob, XL ; citations des prophètes, id. Voy. Ezéchias.
JUIFS Les Juifs de l'Ancien Testament sont plusieurs fois cités dans l'exposé de lafoi chrétienne, XL ; Alexandre et les Juifs, à propos des anges, LXXXIX et XC ; — Juifs Kozares venus pour convertir Vladimir, 986, XL. Ce ne sont pas des Juifs établis chez les Kozares, mais des Kozares convertis aujudaïsme ; cette religion avait pénétré chez plusieurs peuples, ainsi que l'a démontré M. Renan (Le judaïsme considéré comme race et comme religion, Paris, Calmann Lévy, 1883). Nulle part peut-être, elle n'avait jeté de racines plus profondes que chez les Kozares. Joseph, roi des Kozares, dans sa célèbre lettre au rabbin de Cordoue Khazdaï (publiée dans Bielowski, Monumenta historica Poloniæ) dit en termes positifs : « Nos pères ont reçu la foi israélile ; Dieu a ouvert leurs yeux » et il raconte qu'un de ses prédécesseurs s'est converti après un songe où un ange lui était apparu, et une sorte d'enquête comparative sur les religions analogue à celle de Vladimir. Il expose comment les Kozares avaient accepté la circoncision, construit des synagogues, donné des noms juifs à leurs enfants, etc. Il existe certainement encore aujourd'hui des descendants des Kozares parmi les Juifs Karaïtes de la Russie méridionale. [NB perso : Ce sont les Khazars dont vous avez connu Joseph Kessel (Paroles du Chant des Partisans avec Maurice Druon).] Dans les inscriptions hébraïques de la Crimée, on trouve dès le huitième siècle, des noms tartares et turcs (Toktamich par exemple). Juifs de Kiev, pillés par les habitants de cette ville, 1113, XCII. Comme on le voit par ce texte, les excès antisémitiques en Russie ne datent pas d'hier. On suppose que les Juifs avaient pénétré à Kiev avant la période russe, du temps de la domination Kozare. Ils durent se recruter ensuite, parmi leurs coreligionnaires de Crimée et de Pologne. Ils devaient y occuper un quartier à part, car une des portes s'appelait la porte des Juifs (Jidovskie Vorota). Cf. Kozares.
JUSTINIEN, empereur de Constantinople ; miracles accomplis sous son règne, LX.
JUVÉNAL, évêque de Jérusalem, prend part au troisième Concile, XLII.

K  ↑

KANIMAR ou KANITSAR, envoyé de Predslava à Constantinople, 945, XXVII, nom douteux.
KAPITCH, pays situé non loin de Kiev auprès de Dorogojitch, 980, XXXVIII ; la Chronique signale un retranchement fait par Vladimir et encore existant à cet endroit.
KARCHEV envoyé de Tourd, 945, XXVII ; nom Scandinave ; ancien norse Karlsefni. La terminaison en ev a peut-être été slavisée.
KARN envoyé d'Oleg à Constantinople, 912, XXII ; nom Scandinave ; Karni en Ostgothie.
KARY, envoyé de Stoudek, 94S, XXVII ; nom Scandinave ; ancien norse Kari ; très répandu en Suède.
KASOGUES, peuple soumis par Sviatopolk, 965, XXXII ; Mstislav marche contre leur prince Rédédia, 1022, LU ; Roslislav lève un impôt sur eux, 1066, LXI. Les renseignements précis manquent sur ce peuple, au nom duquel on a voulu à tort rattacher celui des Cosaques. Erben d'après Bergé les identifie avec les Keggach, tribu tcherkesse.
KATAPAN, personnage byzantin envoyé par les Grecs, fait périr Rostislav en l'empoisonnant, 1066, LXI. Tous les traducteurs précédents ont pris ce nom (Katapan dans l'original) pour un nom propre. — On sait qu'il n'y a point d'article dans les langues slaves. — Le Katapan est tout simplement un fonctionnaire bien connu de l'empire byzantin. « Ita appellantur, dit Ducange {Glossarium manuale médiæ latinitatis, sub voce), qui in Italiam ab Imperatoribus byzantinis mittebantur provincias ac urbes recturi. » Le mot vient peut-être de χατεπανω; peut-être n'est-ce qu'une corruption par étymologie populaire de capitaneus. Notre texte prouve en tout cas que le titre de Katapan était connu ailleurs que dans l'Italie méridionale.
KAZIMIR, roi de Pologne, époux de Marie, soeur de Iaroslav, prince de Kiev, 1043, LVI ; Iaroslav l'aide à réprimer une insurrection des Mazoviens, LVI. Les historiens polonais appellent ce prince Kazimierz Karol ; il régna de 1036 à 1058. Par son mariage avec une fille de Iaroslav, ce prince se trouve être le beau-frère du roi de France, Henri Ier. Le nom de cette princesse ne nous a été conservé que par les textes polonais. (V. Bielowskï, p. 887.)
KHERSON, ville grecque située près de l'embouchure du Dnieper, visitée, suivant la légende, par saint André (voy. André), V ; — ville de Crimée assiégée et prise par Vladimir, 988, XLII ; Vladimir y est baptisé, id. Cette ville est mentionnée à diverses reprises dans le traité avec les Grecs, 945, XXVII. C'est l'ancienne Cherson fondée au VIè siècle avant J.-C. par une colonie d'Héraclée ; elle fut occupée un instant par Mithridate, délivrée par les Romains, et tomba au pouvoir de l'empire grec ; aussi dans le traité cité plus haut certaines obligations sont imposées à ses habitants. Celle ville, qui joue un rôle si important dans l'histoire russe, n'existe plus; elle a été ruinée au moyen âge par les Tatares. On en voit encore les ruines près de Sébastopol. D'après l'un des premiers documents de l'histoire russe, le Récit du moine Jacob, cette ville aurait été assiégée par Vladimir, non pas avant son baptême, mais quatre ans après. Tout le récit du siège de Kherson porte d'ailleurs un caractère fabuleux.
KH0D0TA, prince des Vialytches, 1078, I. V.
KHORIV, l'un des fondateurs de Kiev, frère de Kii. (Voy. ce nom.)
KHORIVITSA, colline près de Kiev, doit son nom au précédent, VI. Une rue de Kiev s'appelle encore aujourd'hui Khorivaïa. Mais il est difficile d'établir si elle doit son nom à une tradition constante ou à la fantaisie de quelque savant de cabinet.
KHOROL, rivière sur laquelle les Polovtses sont battus, 1107, LXXXVIII ; 1111, XC, et I. V. C'est un affluent du Psiol (Psel), qui se jette dans le Dnieper (rive gauche). Elle arrose le gouvernement de Poltava. Une ville de ce gouvernement s'appelle aujourd'hui Khorol.
KHORS, Dieu des Russes païens dont Vladimir éleva la statue à Kiev, XXXVIII. Le nom de cette divinité se trouve reproduit dans d'autres textes russes, notamment dans le poème d'Igor ; mais on n'a aucun détail précis sur ses attributions. On a essayé de l'identifier à Dajbog. (Voy ce mot et la discussion de M. Jagich, Arckiv fur slavische Philologie, tome V, p. 7 et suivantes.)
KHORTITCH, île sur le Dnieper, 1103, LXXXV.
KHVALISES peuple situé à l'Orient vers l'héritage de Sem, III; ils sont considérés comme un peuple impur descendant des filles de Loth, LXXIX ; ce détail permet de conclure qu'ils étaient, comme les Bulgares, de race touranienne. Ce peuple a disparu de bonne heure. La mer Caspienne est appelée mer des Khvalises ; le nom de ce peuple a été conservé dans celui de la ville de Khvalynsk, gouvernement de Saratov, sur la rive gauche du Volga.
KIEV. Donner par le menu le sommaire des événements accomplis dans celle ville ou autour d'elle, ce serait résumer la Chronique tout entière. Voir V, VI, VIII et années 867, 882, 898, 907, 912, 944, 945, 946, 955, 965, 968, 969, 970, 972, 975, 980, 983, 985, 988, 993, 996, 1014, 1015, 1016-1018, 1019, 1021, 1024, 1026, 1036, 1037, 1051, 1054, 1035, 1065, 1067, 1038, 1069, 1071, 1072, 1073, 1077, 1078, 1085, 1087, 1093, 1095, 1096, 1097, 1101, 1102, 1013, 1116. Il est question des Kieviens aux années 945, 968, 980, 1015, 1024, 1036, 1068, 1069, 1078, 1087, 1093, 1097, 1113. Les grands princes de Kiev sont Oleg, Igor, Sviatoslav, Iaropolk, Vladimir, Sviatopolk I, Iaroslav, Iziaslav, Vseslav, Vsévolod, Svialopolk II, Vladimir Monomaque. (Voy. ces noms.) Les métropolitains, Théopompe, Hilarion, Georges, Ivan, Jean l'eunuque, Nicolas, Nicéphore. (Voy. ces noms.)
Kiev a été élevée sur les collines qui dominent la rive droite du Dnieper ; plus tard elle est descendue jusqu'au fleuve. Dans les Chroniques le plus souvent l'ancienne ville est tout simplement appelée gora (la montagne). On ne sait rien de précis sur l'histoire de la ville jusqu'au IXè siècle. A partir de cette époque on la trouve mentionnée chez les écrivains étrangers. Constantin Porphyrogénète l'appelle το καστρον το Κιοαβα το επονομαζομενον Σαμυβατα, le château surnommé Sambatas. Ce nom, qui a beaucoup exercé la sagacité des chroniqueurs, représente probablement l'ancien norse sand bakki, le banc de sable. Constantin Porphyrogénète, même chapitre (De adm. imp., IX) écrit aussi Κιαβον. Thietmar écrit Kitava (Chron.,ann. 1088), Gallus, le chroniqueur polonais (Bielowski, Mon., p. 402) écrit Chyou. Adam de Brème (Pertz, tome VII, année 1072) écrit Chiwe et l'appelle la rivale de Constantinople. D'après Thietmar, la ville, au début du XIè siècle possédait déjà plus de 400 églises. Kiev a été l'objet dans la littérature russe de nombreuses monographies ; il faut citer notamment celles de Zakrevsky, de Sementovsky, et un très utile volume publié par la commission archéographique : Sbornik materialov dlia istoritcheskoï topografiiKieva (Kiev, 1874). On trouvera une description de la ville actuelle et de ses antiquités dans mes Eludes slaves.
KIEVETS. Voy. Kii.
KII ou Kyi, personnage légendaire, fondateur de Kiev, VI ; discussion sur ses qualités ; son voyage à Conslantinople, id., XV. L'histoire ne fournit aucun renseignement positif sur ce personnage. Le nom de la ville de Kiev est bien en effet un adjectif possessif qui pouvait vouloir dire ville de Kii. D'autre part, il est à remarquer, et Erben, p. 294, l'a déjà fait observer, que ce nom se rencontre en différents endroits dans les pays slaves. On trouve en Moravie Kyjov, all. Gaja, Kyjovice dans la Silésie autrichienne, Kyje en Bohême, un village de Kije dans le gouvernement de Kielce (royaume de Pologne), etc. L'étymologie du mot Kii est d'ailleurs inconnue. La ville de Kievets sur le Danube, mentionnée par notre Chronique, a depuis longtemps disparu, si toutefois elle a jamais réellement existé. La ville de Kiev n'a pas gardé seulement le nom de son mystérieux fondateur, mais aussi celui de ses deux frères Stchek et Khoriv et de sa soeur Lybed ; une des collines s'appelle Stchékavitsa, une rue Khorivaïa, un quartier important Lybedskaïa. Resterait à savoir si ces dénominations sont bien anciennes.
KISEL, XLVI. Sorte de bouillie qui se sert aigre ou non fermentèe. La racine est kis (aigre).NB. perso. Si c'est aigre c'est que c'est fermenté !
KITANAPA, prince des Polovtses tué par les Eusses, 1103, LXXXVI.
KLEK, boïar russe, 945, XXVII ; nom Scandinave, Klakki, Klakl.
KLIAZMA, rivière, 1096, LXXX1I. C'est un affluent de l'Oka, qui se jette dans le Volga.
KLIECHTINO, lac sur les bords duquel vivent les Mériens, VII. Voy. Mériens. J'ignore si les géographes russes ont pu identifier ce nom.
KLOV, quartier de Kiev ; Etienne, abbé du monastère Petchersky, y bâtit une église en l'honneur de la Vierge, 1108, LXXV1II ; cette église s'appelait l'église de la mère de Dieu des Blaquernes en souvenir de celle du même nom à Constantinople.
KOKSOUS, prince polovtse, tué par Vladimir Monomaque, 1111, I. V.
KOL, envoyé de Klek, 94S, XXVII ; nom Scandinave ; ancien norse Kolr, fréquent sous la forme Kolo, Kool dans les textes suédois.
KOLOMAN, roi de Hongrie, assiège Volodar dans Premysl de concert avec Iaropolk, - 1097, LXXXII ; épouse la princesse Euphémie, fille de Vladimir, 1102, XCI. (Voy. ce nom.) Il régna de 1093 à 1114 ; ses relations avec les princes russes sont attestées par la chronique polonaise de Dlugosz.
KOLTCHA, serviteur de David Igorovilch, chargé de garder Vasilko, 1097.
KORDNO, ville citée dans J. V. ann. 1078.
KORDOUNA, fait partie de l'héritage de Sem. C'est la Gordyène ou Corduène, contrée de l'Asie centrale.
KOULIAZES, peuple qui fait partie de l'héritage de Japhet ; il est cité entre les Allemands et les Vénètes, I. Ce nom a fort embarrassé les commentateurs. M. Bielowski lit Forliazi et l'identifie aux Forojulienses, Frioulans, ce qui paraît justifié par le rapprochement avec les Vénètes. Erben adopte cette opinion. Krug (Forschungen, I, p. 152 et suivantes) croit qu'il s'agit des peuples Carolingiens. (La forme ancienne du mot est Korlinzi.) Il est vrai que les Francs sont aussi cités dans notre ethnographie. Krug veut que les Francs soient les Allemands de l'Est (les Franconiens) et les Korliazi les habitants de la France. La question reste fort obscure.
KOROSTEN. Voy. Iskorosten.
KOROUTANES, rattachés aux Slaves établis sur le Danube, III. La forme ancienne est Korontani ; latin Carantani, Slovène Korosko pour primitivement Koronchko, al. Kärten. Ce sont les Slaves de Carinthie qui appartiennent à la famille Slovène.
KORS, peuple qui fait parlie de l'héritage de Japhet ; il est nommé à côté des Sémigalles, I, VII ; ce peuple paraît avoir été de race lithuanienne. On l'identifie aux Chori mentionnés par Adam de Brème (Gest. Hamb., III, 16). Ce sont sans doute les Kures qui ont donné leur nom à la Courlande.
KOSNIATIN, fils de Dobrynia, lieutenant à Novgorod, 1018, L.
KOSNIATCHEK, voïévode de Kiev, 1068, LXIII.
KOTCHII, prince polovtse, tué par les Russes, 1103, LXXXVI.
KOTSEL, prince de Pannonie cité dans la biographie des apôtres Cyrille et Méthode, XX. Ce prince est connu par d'autres documents ; voir mon Cyrille et Méthode. La Chronique est le seul texte qui raconte qu'il envoya des ambassadeurs à l'empereur Michel.
KOULATCHITSA, rivière, sur laquelle un combat eut lieu entre les princes russes, 1096, LXXXI.
KOULMIÉI, homme de confiance du prince David, 1097, LXXXII.
KOUMAN, prince des Polovtses tué par les Russes. 1103, LXXXVI. Ce nom veut dire tout simplement le Cuman ; les Polovtses s'appelaient également Cumans. Voy. Polovtses.
KOUNOP, magicien, LXX. Ce personnage est mentionné dans une vie de saint Jean l'évangéliste.
KOUNOUI, Polovtse au service de Vladimir, 1096 LXXXI.
KOUPAN, évêque hongrois tué par les Russes, 1097, LXXXIII.
KOURIA, prince des Pétchénègues, attaque et tue Sviatoslav, 972, XXXXVI ; prince des Polovtses, 1096, LXXXIX.
KOURSK, ville de la Russie méridionale, 1055, LXXIX ; I. V.; existe encore aujourd'hui; c'est le chef-lieu du gouvernement de ce nom.
KOURTEK,, prince des Polovtses tué par les Russes, 1103, LXXXVI.
KOUTSI, marchand russe, envoyé à Constanlinople, 945, XXXII ; ce nom paraît Scandinave. Kussi, veau (ancien norse), fréquemment employé comme sobriquet et par suite comme nom.
KOZARES (les), peuple scythique ; les Bulgares en sont originaires, VII ; ils imposent un tribut aux Drevlianes, XII ; aux gens de Kiev, XV ; aux Polianes, aux Sévériens, aux Viatitches, 859, XIV ; Oleg empêche les Sévériens et les Radimitches de leur payer tribut, 884, XIX ; ils sont battus par Sviatoslav qui prend leur forteresse Biéia Viéja, 695, XXII ; ils s'allient à Mstislav contre Iaroslav, 1023, LII ; Oleg pris par eux, 1079, LXXXI ; sa vengeance, ib. Ce peuple paraît avoir été de même race que les Bulgares du Volga. (Voir la lettre de Joseph au rabbin Khazdai.) Ils apparaissent pour la première fois vers le IIè siècle de notre ère. Jornandes (Hist. goth., ch., V) les appelle « Aggaziri, gens fortissima, , dit-il, frugum ignara quæ pecoribus et venationibus victitat; » ils séjournent dans les steppes de là mer Noire et de la mer Caspienne, luttent avec les rois de Perse et les empereurs Byzantins. A partir du Xè siècle leur puissance s'affaiblit, ils se cantonnent en Crimée et au Caucase et finissent par disparaître. Leur chef suprême avait le titre de Khan (kagan) ; mais le gouvernement était réellement aux mains d'un beg. Leurs villes principales étaient Itil et Sarkel. On a remarqué que, avec la chute de l'empire Kozare coïncide l'arrêt de la circulation des monnaies orientales en Russie. C'est eux évidemment qui, faute de monnaie nationale, les introduisaient. Les Kozares offrent le spectacle assez rare d'un peuple chez qui la propagande judaïque avait fait des progrès considérables. Au témoignage de Nestor se joint celui de documents fort curieux. Telle est par exemple la lettre du roi kozare Joseph au rabbin espagnol Khazdaï. Voir les textes cités dans mon Cyrille et Méthode, et Bielowski, Monumenta historica Polonise, t. I. p. 50 et suivantes et l'article Juifs. Consulter sur l'histoire de ce peuple : Fræhn, Excerpta de Chazaris, Saint-Pélersboug, 1821, du même Ibn. Foszlan, Cassel ; Magyarische Allherthümer, Berlin, 1841 ; Carmoly, Des Khozars, Bruxelles, 1833, et les divers travaux cités par M. Bestoujev Rioumine, dans son Histoire de Russie, t. 1, p. 78 et suivantes. (Les textes fort intéressants des géographes arabes sont trop longs pour être rapportés ici.)
KRASNO, localité où les Russes vainquirent les Polovtses,I. V., 1084.
KRIV1TCHES, peuple slave, établi surle cours supérieur du Volga, de la Dvina et du Dnieper avec Smolensk pour capitale, XII ; leurs coutumes,X ; deviennent tributaires des Varègues, 859, XIV ; les Krivitches de Polotsk soumis à Rurik, 862, XV ; Smolensk pris par Oleg, 882, XVIII ; Oleg emmène des Krivitches contre Constantinople, 907, XXI ; id. 944, XXVII ; Vladimir en a dans son armée, 980, XXXVIII ; il en établit comme colons aux environs de Kiev, 988, XLIII. Ce peuple est déjà mentionné dans Constantin Porphyrogénète. (De adm. imp.,ch. 9, sous la forme Κριβαιηνοι et Κριβιτζων Leur nom évidemment slave se rattache à la racine Kriv, courbé, boiteux, tortu. C'était peut-être un sobriquet. Il disparaît de l'histoire à dater de XIVè siècle. (Voir Schafarik, Antiquités slaves, tome II, chap, II, § 28). Je ne sais où l'Encyclopédie russe de M. Bérézine a pris que le mot Krivitchi veut dire « source d'un fleuve ! » Aujourd'hui encore les Lettes appellent les russes Kreewi.
KYTAN, prince des Polovtses, tué par les Russes, 1095. I, XXVIII.

L  ↑

LADOGA, ville construite par les trois frères, Rurik, Sineus, et Trouvor, où Rurik s'établit, 862, XV. Parmi les différents mss. de la Chronique, les uns font de cette ville déjà existante la résidence de Rurik, les autres lui en attribuent la construction. Il y a aujourd'hui dans le gouvernement de Saint-Pétersbourg trois villages de ce nom. Celui dont il est question ici est Staraïa Ladoga (la vieille Ladoga), où Rurik se serait établi. Au temps de Vladimir Monomaque, ses fortifications de pierre existaient encore ; il n'en reste plus que des ruines insignifiantes. Cette antique cité n'est plus qu'un village de pêcheurs (cinq cents habitants). Le lac Ladoga est appelé dans notre Chronique lac Nevo. (Voy. ce nom.)
LALAN, personnage biblique, XL.
LAMECH, personnage biblique, LI. Les détails que donne la Chronique sur son châtiment ne figurent pas dans la Bible et sont empruntés à un texte apocryphe. Voy. Genèse, IV, 23, 24.
LATINS, 898, XX.
LAZARE, gardien de l'église de Vychégorod, - 1072, LXVI; — abbé du monastère fondé par Vsévolod, 1088, LXXII : — serviteur de David, Igorovitch, 1097-1098, LXXXIII ; — évêque de Péréiaslav, 1105, LXXXVI ; — monastère de Saint-Lazare, 1113, XCIII.
LEKHS, peuple slave, établi dans l'héritage de Japhet. La Chronique les place entre les Lives et les Prussiens, 1 ; ils s'établissent entre la Vislule, 111 ; les uns s'appellent Polianes, les autres Lioutitses, les autres Mazoviens ou Pomoriens, id. ; les Radimitches et les Viatitches sont d'origine lékhite, IX ; ils sont mentionnés comme slaves entre les Tchèques et les Polianes, XIX ; Vladimir marche contre eux et leur prend les villes de Prémysl et de Tcherven (dans la Galicie actuelle), 981, XXXVIII ; les Radimitches de la race des Lekhs, 984, XL ; Sviatopolk s'enfuit chez eux, 1016, XLIX ; Boleslav marche à leur tête contre Sviatopolk, 1018, L ; Sviatopolk va mourir entre le pays des Lekhs et celui des Tchèques, 1019, LI ; Iaroslav et Mstislav marchent contre eux, 1031 ; LIII. Iziaslav s'enfuit chez eux, 1068, LXIII ; il s'allie avec leur roi Boleslav, 1069, LXIV ; Iziaslav est dépouillé et renvoyé par eux, 1073, LXVII ; Vladimir et Oleg s'allient avec eux contre les Tchèques, 1076, LXIX ; Iziaslav allié avec eux, 1077, ib.; Iaropolk s'enfuit chez eux, 1085, LXXI ; cités dans l'épisode de Vasilko comme alliés de David, 1097, LXXXII ; Sviatopolk et David chez eux, 1097, LXXXII ; David se réfugie chez eux, 1099 ; Sbyslava mariée à leur roi Boleslav, 1102, LXXXV ; Vladimir envoyé par Sviatoslav chez eux, 1074, IV. Il importe d'établir avant tout la véritable forme de ce mot. La Chronique écrit Liakh ; si j'ai transcrit Lekh, c'est parce que ce mot a été mis à la mode chez nous par les écrivains polonais. Liakh suppose une forme plus ancienne Lenkh. La nasale nous est attestée par des langues voisines où le mot s'est conservé sous sa forme la plus ancienne ; lithuanien lenkas, magyar lengyel. La Chronique de Thomas, archidiacre de Spalato, les appelle Lingones (Bielowski, Mon. Hist. pol.), les chroniques polonaises de Mierzva et de Vincent Lenchitæ, Linchitæ. Le polonais a, contrairement à ses lois phonétiques, perdu la nasale sans doute sous l'influence de la prononciation russe. Au XIIIè siècle, l'historien Kadlubek a imaginé un personnage légendaire, Lekh, qui aurait été le père des Polonais. On le retrouve dans un certain nombre de textes poétiques ou légendaires, où il est mentionné, comme le frère de deux autres personnages mythiques, Tchekh et Rous. Il n'est pas douteux que les Lekhs de la Chronique ne doivent être, avec les Polianes, considérés comme les ancêtres des Polonais actuels. Ce qui est singulier, c'est que la Chronique ne mentionne jamais la différence religieuse qui les distinguait des Russes. On a beaucoup discuté sur l'étymologie de leur nom ; personne n'est encore arrivé à une solution satisfaisante. (Voir Archiv fur Slawische Philologie, tome III, Uber die namen fur Polen uni Lechen par M. W. Nehring et tome IV, Polen, Ljachen, Wendenpar M. Perwolf.)
LÉON empereur grec, père de Constantin l'Iconoclaste ; LX. C'est Léon l'Isaurien, 717-741, — empereur grec, fils de Basile et d'Alexandre ; son règne est signalé en passant, XIX ; il excite les Hongrois contre les Bulgares, 902, XXI ; conclut le premier traité avec les Grecs, 907, XXI ; le deuxième traité, 912. XXII ; reçoit les ambassadeurs, XXIII ; Constantin, son fils, commence à régner, 913. C'est Léon VI, dit le Sage ( 886-911) ; — de Thessalonique, père des apôtres slaves (voy. Méthode) ; — Pape, prend part au quatrième concile. C'est saint Léon, dit le Grand (440-461).
LESBOS, île, fait partie de l'héritage de Japhet, I.
LETÈTS, monastère, 1074, LXVIII.
LETTES,peuple qui habite l'héritage de Japhet, I. Il habite entre les Kors et les Lives. Ce sont les Lettes ; peuple de race lithuanienne. Ils sont appelés dans l'original Lietigola, de gal's, lithuanien galas, frontière. Comparez le nom des Semigalles. Ils existent encore dans les gouvernements de Courlande, Livonie, Vitebsk et Kovno. Leur nombre dépasse aujourd'hui un million.
LÉVI, personnage biblique, XL.
LIA, personnage biblique, XL.
LIACHKO meurtrier de Boris, 1015. Ce nom est évidemment un diminutif de Liakh (Le Lekh). Cf. Variajko.
LIBI, envoyé d'Arfast à Constanlinople, 945, XXVII. Forme douteuse ; peut-être ancien norse Leifr ?
LIBYE, fait partie de l'héritage de Cham.
LIDOUL, envoyé d'Oleg à Conslantinople, 912, XXII ; nom Scandinave, ancien norse Lidufr.
LISTVEN, localité où Iaroslav et Mslislav se rencontrent, 1024, LIII ; c'est maintenant un village au sud-est de Tcliernigov.
LITHUANIE (... Litva) citée comme appartenant à l'héritage de Japhet, I ; tributaire des Russes, VII ; expédition de Iaroslav contre cette province, 1040, LV. La Chronique fait remarquer (ch. VII) que les Lithuaniens ont une langue à eux et que cette langue n'est pas slave. Ceci est exact. On sait que le lithuanien est d'ailleurs très proche parent des langues slaves (famille letto-slavo-germanique.) Le nom indigène de la Lithuanie est Lietuva. L'idiome lithuanien est encore parlé par un million et demi à deux millions d'hommes. Voy. Kurschat, Grammatik der lithanischen sprache, Halle, 1876.
LIVES, font partie de l'héritage de Japhet, I ; payent tributà la Russie, VII. Pour les Lives comme pour la Lithuanie, la Chronique fait remarquer qu'ils ont une langue à eux, c'est-à-dire différente du slave ou du russe. Ce peuple, qui occupait cette partie des côtes de la Baltique, était de race finnoise. Ils ont été peu à peu absorbés par les Letles. En 1867 on en comptait à peine 2.500. Ils ont laissé leur nom à la Livonie.
LIOUBETCH, ville de la Russie méridionale, prise par Oleg, 882, XVII ; tribut payé par les Grecs au prince de cette ville, 917, XXI, 1015 ; Sviatopolk marche contre elle, 1015, XLVIII ; patrie d'Antoine, LVII ; les princes russes s'y réunissent pour faire la paix, 1097, LXXXII. Voy. Malekw Cette ville existe encore aujourd'hui ; elle est située sur le Dnieper dans le gouvernement de Tchernigov et compte 3.000 habitants. C'est l'une des plus anciennes de la Russie, puisqu'elle existait déjà avant l'arrivée d'Oleg.
LIOUT, fils de Sviénald, tué par Oleg, 975, XXXVII. Ce nom est douteux ; ce peut être l'ancien norse Liutr, ou le slave liout (le farouche).
LOCRIE, fait partie de l'héritage de Japhet, I.
LOGOJSK,ville des Krivitches, ravagée par Vladimir Monomaque, 1078, I. V. Elle s'appalle aujourd'hui Logoïsk et est située dans le gouvernement de Minsk, district de Borisov, sur la Goïna, affluent de la Bérézina.
LOTH, personnage biblique, XXXI, XL ; les Khvalises et les Bulgares sont les enfants des filles de Loth qui conçurent de leur père, LXXIV. D'après la Bible Loth est le père des Moabites et des Ammonéens, c'est-à-dire des peuples impurs auxquels la Chronique rattache ces deux nations.
LOUBNO, LOUBEN, ville de la Russie méridionale assiégée par les Polovtses, 1107, LXXXVII ; et I. V. C'est aujourd'hui Loubny dans le gouvernement de Poltava sur la rivière Soula (5.000habitants).
LOUGA, rivière sur laquelle Olga établit des péages, 947, XXX ; elle se jette.dans le golfe de Finlande et a donné son nom à la ville de Louga.
LOUKOML, localité ravagée par Vladimir Monomaque, 1098, I. V. ; elle est située aux environ de Loubny.
LOUTCHESK, ville. Iaropolk y laisse sa femme et ses enfants, 1085, LXXII ; les assassins de Vasilko s'y réfugient, 1097, LXXXIII ; c'est aujourd'hui Loutsk dans le gouvernement de Volhynie (12.000 hab., dont près de 8.000 juifs).
LOUTITSES, nom d'une tribu des Lekhs, IV. C'est le peuple des Loutitches et des Vélètes, l'un des plus importants des peuples slaves de l'Elbe. (Schafarik, Antiquités slaves, § 43, 44.)
LOVOT, rivière citée dans l'itinéraire du pays des Varègues en Grèce, IV. Elle s'appelle aujourd'hui Lovat ; elle prend sa source dans le gouvernement de Vitebsk, traverse celui de Pskov et va tomber dans le lac Ilmen. Ses sources ne sont pas fort éloignées du Dnieper et à l'aide des portages on faisait passer les barques d'un fleuve à l'autre. La traduction de M. L. Paris a pris les Lovotes (sic) pour un peuple. « Il existait un chemin pour aller de la Grèce chez les Lovotes. » (P. 5.)
LUC, évangéliste, XL.
LUCAS, évêque de Bielgorod, 1089, LXXIII.
LYBED, soeur de Kii et de ses deux frères, VI. En l'honneur de ce personnage plus ou moins authentique un quartier de Kiev s'appelle encore aujourd'hui Lybedskaïa; mais il faut remarquer que Lybed est aussi le nom d'un cours d'eau qui coule auprès de cette ville. Cf. 968,XXXIII ; Rogniéda établit sa demeure sur cette rivière, 980, XXXVIII. A propos du rôle que les femmes jouent dans l'histoire primitive des Slaves, M. Bestoujev Rioumine fait dans son histoire de Russie (p. 42) une remarque ingénieuse : « Vu la douceur des moeurs slaves, la femme a chez les Slaves une indépendance considérable ; à l'origine de presque tous les peuples slaves on trouve une femme reine, en Russie Lybeda puis Olga, chez les Tchèques, Libussa ; chez les Polonais, Wanda ; chez les Croates, Tuga et Buga. »
LYCAONIE, fait partie de l'héritage de Japhet, I.
LYDIE, fait partie de l'héritage de Cham, I.
LYDIE, id.,ib.
LYCHNITIE, contrée qui fait partie de l'héritage de Japhet, I ; dans le texte grec Δυχνιτισ Une ville d'Illyrie, capitale des Dassarètes, s'appelait Lychnide.

M  ↑

MACÉDOINE, fait partie de l'héritage de Japhet, I ; ravagée par les Hongrois, 898 ; les Macédoniens combattent les Russes, 941, XXXI. Voy. Alexandre.
MACÉDONIUS, hérétique iconoclaste, XL.
MADIAN (pays de), XL.
MAHOMET, XL. Il est appelé dans le texte Bogmilch.
MAL, prince des Drevlianes, XXXIX. Ce nom est évidemment slave ; mal, maly, petit.
MALALA. Voy. l'Introduction.
MALEK, de Lioubetch, père de Dobrynie, 976, XXXV.
MALFRIDA, sa mort, 1000, XLVII ; nom Scandinave. Ancien norse Malmfridr, Malfridr. C'était, probablement, comme le suppose M. Smith, p. 101, une des nombreuses femmes de Vladimir. Elle n'est nommée qu'une seule fois dans la Chronique.
MALOUCHA, fille de Malek, soeur de Dobrynia, chambrière d'Olga et mère de Vladimir, nom évidemment slave, diminutif de mala, petite.
MAMA (saint-), endroit où les marchands russes doivent résider quand ils viennent à Constanlinople, traité de 987, XXI ; traité de 945, p. XXXIV. Les clauses relative au séjour des Russes à Saint-Mama sont fort curieuses ; les Grecs craignaient évidemment que sous prétexte de commerce ils n'entrassent dans la ville en grande masse et ne réussissent à s'en emparer par surprise. Ils sont donc parqués hors de la ville, à Saint-Mama, sont d'abord inspectés par un agent impérial, et ne peuvent entrer dans la ville que par petits groupes et sans armes. Le monastère de Saint-Mama était situé en dehors de Constanlinople près de la porte appelée Hyloporta, non loin de l'endroit appelé aujourd'hui Aïvan Serai Kapi. C'est là qu'était le port où abordaient les vaisseaux russes.
MAMBRIÈS. Voy. Jannès.
MANÉTHON, magicien, XXV.
MARIE, mère de Dieu, XL, — soeur de laroslav mariée à Kazimir de Pologne, 1043, LVI. Voy. Kazimir.
MARIN, évêque de Iouriev, assiste à la translation des reliques de Théodore, 1019, LXXIV ; 1095, LXXVIII.
MARMARIE, pays qui fait partie de l'héritage de Cham, I. Dans le texte grec Μαρμαρισ Contrée d'Afrique, entre l'Egypte et la Cyrénaïque.
MASSYRIE (Masï'jpîî), fait partie de l'héritage de Cham, I. Elle est située entre la Numidie et la Mauritanie. C'est proprement la Massylie.
MATHIEU, moine du monastère Pelchersky, ses visions, LXVII.
MAURICE, empereur de Constanlinople; miracles sous son règne, LX.
MAURITANIE,fait partie de l'héritage de Cham, I.
MAZOVIE, MAZOV1ENS, peuple slave de la famille des Lekhs, c'est-à-dire des Polonais, III ; laroslav fait contre eux une expédition en bateaux, 1041, LV ; il les bat et tue leur prince Moïslav, elles soumet à Kazimir, roi de Pologne, 1047, LVI. La Mazovie s'appelle en polonais Mazowsze ; elle comprenait les provinces de Mazovie, de Plock et de Rawa. A l'époque dont parle la Chronique, la Mazovie avait un prince indépendant et n'était pas encore absorbée dans l'unité polonaise. Voy. Moïslav. Les Mazoviens ou Mazurs se distinguent de leurs compatriotes polonais par certaines particularités ethniques et linguistiques. Elles ont été étudiées par quelques écrivains polonais, notamment par M. Ketrzynski. (0 Mazurach, 1872.)
MÉDIE, fait partie de l'héritage de Sem, I ; dans le même chapitre elle fait également partie de celui de Japhet. Voir le texte grec de Georges Hamartolos.
MEDVIÉD1TSA, rivière, 1096, LXXXI. Ce mot veut dire rivière de l'ours. Il y a en Russie deux cours d'eau de ce nom, l'un affluent du Volga (rive gauche), l'autre du Don (rive gauche). C'est du premier qu'il s'agit.
MELETIUS, évèque d'Antioche, cité comme ayant pris part au deuxième concile, 988, XLII.
MÉNANDRE, magicien, XXIV ; c'est un disciple de Simon et l'un des premiers gnostiques.
MÉOTIDE, fait partie de l'héritage de Sem, I. Μαιωτισ ; dans le texte grec ; elle était habitée par les Scythes.
MÉRA, MÉRIENS, peuple tributaire des Russes, VII ; tributaire des Varègues, 859, XIV ; ce sont les premiers habitants de Rostov, XV ; tributaires d'Oleg, 882, XVIII ; ils servent dans son expédition contre Constantinople, 907, XXI. Ce peuple d'origine finnoise a entièrement disparu aujourd'hui. IL était établi sur le cours supérieur du Volga. Il est connu de Jornandès qui l'appelle Merens (Hist.goth. 23), et d'Adam de Brème qui l'appelle Mirri. (<->Gesia Hamb., III, 14.) Le comte Ouvarov lui a consacré une monographie importante au point de vue archéologique (traduite en français, Moscou, 1872). M. Korsakov a donné en russe l'histoire des Mériens et de la principauté de Rostov. (Kazan, 1872.)
MEREN, l'endroit où les Juifs trouvent des eaux amères, XL.
MÉSOPOTAMIE, fait partie de l'héritage de Sem, I.
MÉTHODE, apôtre des Slaves, frère de Constantin ; sa mission chez les Slaves, XX ; il est nommé évêque de Moravie et fait traduire l'Écriture en langue slave, id. Les détails que la Chronique fournit sur Méthode et son frère Constantin (ou Cyrille), sont conformes aux renseignements généraux qu'on a sur la vie des deux apôtres. Il est intéressant de voir une Chronique spécialement russe leur consacrer une digression particulière. Les détails que donne Nestor paraissent empruntés à la vie de Méthode connue sous le nom de légende pannonienne. Certains passages sont presque littéralement reproduits. (Voy. Bielovvski, Monumenta p. 86 et suiv., et mon ouvrage Cyrille et Méthode, essai sur la conversion des Slaves au christianisme. Paris, 1868.)
MÉTHODE DE PATARE, cité à propos des peuples impurs, LXXIX, LXXX. Méthode, évêque de Patare en Cilicie, vivait dans la seconde moitié du IIIè siècle ; il a souffert le martyre en 1103. Il a laissé entre autres écrits un ouvrage : περι των απο συστασεοσ κοσμου συμδαντων και των μελλοτων συμδαινειν εισ το εσησ (Des choses qui sont arrivées depuis la création du monde et de celles qui arriveront désormais.) Cet ouvrage, traduit en latin dans les Monumenta S. Patrum orthodoxographa, Basileæ, 1569, avait été de bonne heure traduit en slavon. Un autre ouvrage a pour titre : Δογοσ εκριδωμενοσ περι τησ βασιλειασ των εθνον και εισ τουσ εσχατουσ κιρουσ ακριδησ καιρουσ ακριδησ αποδεισισ (Voir la note de l'édition Miklosich, p. 187.) Un certain nombre d'ouvrages de Méthode avaient été traduits en slavon. M. Goloubinsky en donne la liste (tome I, p. 745.) C'est sur une traduction slavonne de cet ouvrage que Nestor a probablement copié cet extrait. Il est d'ailleurs abrégé et laisse de côté un certain nombre de détails répugnants. Les oeuvres de Méthode figurent dans la collection Migne, tome XVIII.
MICHÉE, personnage biblique, XL.
MICHEL (III), empereur grec ; c'est sous son règne que les Russes attaquent pour la première fois Constantinople, 852, XIII ; son expédition contre les Bulgares, 858, XIV ; sa mort, 868, XXII ; — l'archange Michel, XC ; — évêque de Iouriev, assiste à la translation des reliques de Boris et Gleb, 1072, LXV1 ; église du monastère Petchersky fondée par lui, 1072, id. — Tolbekovitcli, moine du monastère Petchersky, LXV1II. — L'empereur Michel dont il est question en premier est Michel dit l'Ivrogne qui fut l'associé de Basile le Macédonien, lequel le fit périr en 868.
MIKOULIN, personnage cité dans l'Instruction de V. M.
MINA, évêque de Polotsk, 1105, LXXXVL
MINSK, ville prise par Iziaslav, Sviatoslav et Vsévolod, 1067, LXII ; Poutiata envoyé contre elle, 1104, LXXXVI ; prise et pillée par Vladimir Monomaque, 1098, I. V. ; 1111, id. Aujourd'hui Minsk; elle appartenait au XIè siècle à la principauté de Pololsk et fut au XIIè capitale d'une principauté ; elle passa au XIIIè au pouvoir de la Lithuanie et ensuite de la Pologne. Annexée par la Russie en 1793. Actuellement chef-lieu de gouvernement (35.000 hab.)
MITROPHANE, évêque de Gonstantinople, envoie ses évèques au premier concile, XL.
MOAB; les Khvalises sont cités comme étant ses fils, LXX1X; Moab est dans la Bible le père des Moabites, peuple impur, attendu qu'il est né de l'inceste de Loth avec une de ses filles.
MOISLAV, prince de Mazovie, tué par Vladimir, 1047, LVI. L'existence de ce personnage est également attestée par les Chroniques polonaises. (Gallus, liv. I, § 20 ap. Bielowski.) Il avait été échanson du roi Mieczislav II. Après sa mort il se mit à la tête des Mazoviens et tenta de se créer une principauté indépendante. « In tantum superbise fastum conscenderat quod obedire Kazimero renuebat, insuper etiam ei armis et consiliis resistebat. » Le chroniqueur polonais Gallus, par patriotisme ou par ignorance, ne parle pas des secours fournis par Iaroslav.
MOÏSE; prédiction des anciens à Pharaon concernant le jeune Moïse (n'est pas dans la Bible et vient sans doute d'un texte apocryphe), XII, XXXIII, XL passim, LXVII ; ne peut pas voir les anges (apocryphe), LXXXIX; lutte de l'archange Michel avec le diable pour le corps de Moïse (apocryphe), XC ; citation de l'Exode, id. MOKOCH, dieu des Russes païens dont Vladimir établit l'idole sur une colline, 980, XXXVIII ; le nom de cette divinité a fort embarrassé les commentateurs. M. Jagich (Arch. fur, Slav. Philologie, t. V., p. 7), suppose qu'il traduit le mot grec Μαλακια . Ce serait donc une divinité obscène.
MOLOSSES, peuple, fait partie de l'héritage de Japhet, 1.
MONOMAQUE, empereur grec, repousse une attaque des iiusses, 1043, LVI; c'est Constantin X, Monomaque (1042-1054).
MONY, marchand russe, 945, XXVII. Nom Scandinave : Manni 1res usité en Suède et en Danemark ; Mani dans les inscriptions runiques.
MORAVA rivière sur laquelle s'établissent les Slaves qui s'appellent les Moraves, III ; c'est la rivière appelée par les Allemands Mardi, affluent de la rive gauche du Danube. On sait qu'une rivière du même nom arrose la Serbie.
MORAVIE, évangélisée par Cyrille et Méthode. Voy. Méthode, XX. C'est la Grande Moravie, beaucoup plus vaste au IXè siècle que ne l'est aujourd'hui la province de ce nom. (Voir mon livre Cyrille et Méthode.)
MORDVINES, peuple finnois, vivant dans le pays de Japhet, I (ils sont cités entre les Ves et les Tchoudes d'au delà des Porlages) ; tributaires des Russes, VII ; Iaroslav, vaincu par eux, 1103, LXXXV. Ce peuple est connu par Jornandès (qui l'appelle Mordens, il le cite à côté des Mériens, Merens), par Constantin Porphyrogénète (De adm. Imp. 37), qui l'appelle Μορδια. II existe, encore aujourd'hui. Il compte environ 70.000 représentants dans la Russie du centre et de l'est. Ils sont chrétiens. Une famille célèbre d'hommes d'Élat, les Mordvinov, est d'origine mordvine.
MSTA. rivière sur laquelle Olga établit des maisons pour les marchands et des péages, 947, XXXI ; affluent du lac Ilmen, (4OOkilom. de longueur).
MSTICH, fils de Svienald, 94o, XXIX. Ce nom parait slave {msta, la vengeance); mais le nom de Svienald est encore Scandinave.
MSTISLAV, fils de Vladimir et de Rogniéda, XXXVIII ; établi par son père à Tmoutorakan, XLIV ; fait une expédition contre les Kassogues et se bat en duel avec leur chef Rédédia, 1122, LII; marche contre Iaroslav, 1024, LIII; fait la paix avec lui, id. ; marche contre les Lekhs, 1031, id. ; sa mort, son portrait, 1036, LIV. Ce prince a été surnommé le Vaillant.
MSTISLAV, fils d'Iziaslav, prince de Pololsk, établi dans cette ville par son père, 1069, LXIV ; son fils Rostislav, 1093, LXXVI.
MSTISLAV, fils de Sviatopolk établi par son père à Vladimir, 1097, LXXXIII ; sa mort pendant le siège de celte ville, id., 1097 ; sa mort est de nouveau rapportée en 1099, le 12 juin (LXXXIII). Il y a évidemment dans le récit une interpolation ; la seconde date qui indique le jour même de la mort doit être la plus exacte.
MSTISLAV, fils de Vladimir Monomaque, sa naissance, 1076, LXIX ; les Novgorodiens le prennent pour prince, 1093, LXXVIII ; lutte contre Oleg ; victoire, 1096, LXXXII ; il vient à Kiev,1102, LXXXIV ; il bat les Polovtses, 1107, LXXXV1I ; il marie sa fille à laroslav, fils de Sviatopolk, 1112, XCI ; fonde une église à Novgorod, 1113. Ce prince a été surnommé le Grand ; son règne dépasse de beaucoup les limites de la Chronique ; il devint en 1125 grand prince de Kiev, et mourut en 1132. Un privilège de lui à un monastère de Novgorod est le plus ancien document de ce genre connu en Russie.
MSTISLAV, neveu de David Igorovitch, s'enfuit avec son oncle, 1097, LXXXII ; s'embarque sur la mer, 1100 ; marche contre les Polovtses, 1108, LXXXVI.
MOUROM(..., Mouroma, nom collectif), peuple, fait partie de l'héritage de Japhet (cité entre les Méniens et les Ves, I ; tributaire des Russes, VII ; XV). Les Mouromiens étaient un peuple finnois établi sur les rives de l'Oka ; ils sont depuis longtemps assimilés aux Russes ; ils ont donné leur nom à la ville de
MOUROM. Gleb, fils de Vladimir établi prince dans cette ville, XLIV ; elle est prise par les Bulgares (du Volga), 1088, LXXII ; Iziaslav va à Mourom, 1095, LXXVIII ; Oleg marche contre lui, 1096, LXXXI et s'empare de tout le pays de Mourom ; laroslav s'y enferme, 1096, LXXXII, et Lettre à Oleg. Cette ville est aujourd'hui dans le gouvernement de Vladimir (10.000 hab.). Depuis 1262, la principauté de Mourom a été réunie à celle de Moscou. Elle est célèbre pour avoir donné le jour au fameux héros légendaire Ilia Mouromets. (Voy. Rambaud, La Russie épique. Paris, Maisonneuve, 1876.)
MOUTOUR, envoyé d'Ouslin, 945, XXVII. Nom douteux. Il n'est pas slave, mais il n'est pas certain qu'il soit Scandinave.
MYSIE, fait partie de l'héritage de Cham, I.

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NABUCHODONOSOR, quoique païen devine l'avenir, XXIV ; il s'agit sans doute du songe où il vit le colosse aux pieds d'argile.
NAKHOR, fils de Serouk, personnage biblique, XL.
NAZARETH, XL.
NÉIATIN, localité pillée par les Polovlses, 1071, LXV. Cette ville n'existe plus et l'on ne sait exactement où elle était située.
NEKTAN, personnage biblique pendant la vie duquel aurait été construite la tour de Babel, II. Le nom de ce personnage ne paraît pas dans la Bible et doit être emprunté à un texte apocryphe.
NEMIZA ou NEMIGA, rivière sur laquelle Vsévolod est vaincu par les trois fils de Iaroslav, 1667, LXII ; ce nom est inconnu aujourd'hui. On a identifié la Nemiza au Niémen.
NEMROD, personnage biblique, XL.
NEPHTALI, XL.
NÉRADETS (HepîyMB), meurtrier de Iaropolk, 1087, LXXII.
NÉRON, signes sous son règne, LX.
NESÏOR1US, hérétique,XL.
NÉVO, lac où se jette le Volkhov et qui aboutit à la mer des Varègues, IV. Névo est l'ancien nom du lac Ladoga qui débouche par la Neva dans le golfe de Finlande.
NICÉE (concile de), XL.
N1CÉPHORE,métropolitain de Russie, installé en 1104, LXXXVI. Ce personnage, qui n'est nommé qu'une fois dans notre Chronique, mourut en 1121 ; il était grec d'origine et a laissé un certain nombre d'écrits théologiques, notamment un traité sur les Latins. — la maison de Nicéphore (personnage inconnu) à Kiev, XXIX.
NICOMÉDIE (pays de)ravagé par les Russes, 941, XXVI.
NICON (abbé), hégoumène du monastère Petchersky, succède à Etienne, LXVIII ; bat le moine Isaac, id.; sa mort, 1088, LXXXII.
NIÉIATIN, champ de Niéiatin où se livre un combat, 1078, LXX ; adjectif possessif de Niéiata, nom propre. C'est une localité située près de Tchernigov.
NIKITA, évêque de Biélogorod, médiateur de la paix entre les princes, 1096, LXXXl ; établi à Biélogorod, 1112, XCII1.
NIL, fleuve, I.
NINIVE (habitants de), LXVIII.
NOÉ, personnage biblique ; la terra partagée entre ses fils, I ; dans l'arche, XXXI ; le déluge, XL ; interprétation du déluge. Le baptême renouvelle l'homme par l'eau parce que Dieu avait perdu l'homme par l'eau. J'ignore d'où vient cette interprétation.
NORICIENS, de la race de Japhet qui sont Slaves, II. La Chronique, qui ne rend pas un compte exact des migrations des peuples, suppose que les habitants de la Norique étaient de tout temps Slaves. C'est une erreur ; la Norique n'a été occupée par les Slaves que vers le Vè siècle. Voir mon Histoire d'Autriche, ch. III. Certains chroniqueurs slaves se sont imaginés, à tort, que la Pannonie était slave de toute antiquité : Quod Pannonia sit materet origo omnium Slavarum. (Chronic. Polonorum ap. Bielowski, p. 838.)
NORMANDS, sont de la race de Japhet (cités entre les Suédois et les Goths), I ; l'un des noms des Varègues, XV. c Ces Varègues se nommaient Russes, comme d'autres se nomment Suédois, et d'autres Normands. » On ne comprend pas comment, en présence d'un texte si positif, il peut encore se trouver en Russie des historiens pour essayer d'établir que les Varègues étaient des Slaves. Voir l'art. Varègues.
NOROVIENS, peuple, dans le texte Noroua, dans un manuscrit Neroma, VII M. Bielowski suppose que ce sont les descendants des anciens Νευροι que Hérodote place près des sources du Dniester(Hist., IV. 22). Il me parait plus exact d'identifier ce nom à celui de la Norova, rivière qui coule entre le lac de Tchoude et le golfe de Finlande. Les Noroviens cités entre les Kors (Kours) et les Lives sont évidemment de même race que ces deux peuples. Voy. Kors et Lives.
NOURA, rivière, 1102, LXXXIV. Aujourd'hui inconnue.
NOVGOROD ou NOVOGOROD(... , c'est-à-dire la nouvelle ville), ville située sur le lac Limen, fondée par les Slaves, III ; saint André (voy. ce nom) y voit les bains des Slaves ; Rurik s'y établit, 862, XV ; les Varègues en deviennent tributaires, 882, XVIII ; institutions d'Olga, 947, XXX ; Vladimir y devient prince, 970, XXV ; il s'enfuit et Iaropolk s'y établit, 977, XXXVIII ; Vladimir y établit Dobrynia qui élève une idole sur le Volkhov, 980, XXXVIII ; Vycheslav prince, XLIII ; Vladimir vient y chercher des troupes pour combattre les Petchénègues, 997, XLVI ; tribut payé par Iaroslav quand il était à Novgorod, 1014, XLVII ; Iaroslav s'y enfuit, 4018, L ; Briatchislav s'en empare, et en est chassé, 1021, LI ; Iaroslav à Novgorod, avec les Varègues pour alliés, 1024, LIII ; il y établit son fils Vladimir, Jidiata comme évêque, 1036, L1V ; mort de Vladimir, 1032, LVII ; prodige, 1065, LIX ; Ostromir voïévode, 1064, LX ; Briatchislav s'en empare, 1067, LXII ; magicien, LXV; Sviatopolk à Novgorod, 1078, LXX ; il quille cette ville pour Tourov, LXXII ; Mstislav s'y établit, 1095, LXXVIII ; Iziaslav y est enterré, 1096, LXXXI ; message de Mstislav, id. ; Sviatopolk refusé par les habitants, 1102, LXXX1V ; arrivée de Iaroslav, fils de Sviatopolk, 1112, XCI, Mstislav y construit une église, 1113, XCIII ; Vladimir Monomaque à Novgorod, 1076, I. V. Les princes de Novgorod indiqués par la Chronique sont Rurik, Vladimir, Vycheslav, Iaroslav, Iziaslav, Gleb, Sviatopolk ; elle nomme en outre un voïévode (commandant militaire), Ostromir, et un évêque, Jidiata. Novgorod-la-Grande ( qu'il ne faut pas confondre avec Nijny-Novgorod au confluent de l'Oka et du Volga) est aujourd'hui un chef-lieu de gouvernement(20.000 habitants). Elle est située sur les deux rives du Volkhov près de l'endroit où ce fleuve débouche dans le lac llmen. On y a élevé en 1862 un monument en l'honneur du millénaire de l'arrivée de Rurik. Elle possède un certain nombre de monuments anciens, notamment l'église cathédrale de Sainte-Sophie dont il est question dans la Chronique. Celle ville est le point de départ de l'histoire russe. Mais dans la Russie, pays de plaines sans limites, les hommes se déplacent aisément et dès la fin du IXè siècle le centre de lÉtat est reporté à Kiev dont Novgorod devient tributaire. A dater du XIIè siècle, Novgorod profita des querelies des princes russes pour constituer une sorte de république indépendante. Cette période dépasse le cadre de notre Chronique. Le conseil des bourgeois ou Vietché (le mot n'est pas cité dans Nestor) joua de bonne heure à Novgorod un rôle analogue à celui des communes flamandes. Cette ville avait imposé sa domination à des populations lointaines, aux Permiens, aux Ougriens ; un passage curieux de notre Chronique nous atteste qu'elle faisait commerce même avec les Samoïèdes. (Voy. Gourata.) NUMID1E, fait partie de l'héritage de Cham, I.

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OBRES, nom slave des Avares ; ils oppriment les Doudlèbes (voy. ce mot) et disparaissent, VIII. Proverbe russe : « Ils ont péri comme les Obres » pour parler de personnages disparus sans laisser de trace. Les Avares, peuple mongol dont le principal établissement était, comme on sait, en Hongrie, ont en effet, à dater de 826, complètement disparu de l'histoire. On suppose que leur nom est resté dans le tchèque Obr qui veut dire géant et dans le polonais Olbrzym qui a la même signification. Frédégaire, qui identifie les Avares aux Huns, s'exprime presque dans les mêmes termes que notre Chronique : « Tous les ans, les Huns venaient passer l'hiver chez les Esclavons ; ils prenaient pour leur lit leurs femmes et leurs filles et les Esclavons (Slaves) subissaient en outre des tributs et bien d'autres vexations. »
ODRESK, localité citée par Vladimir Monomaque, 1076, I. V.
ODRIEN, nom slave d'Andrinople, qui s'appelle encore aujourd'hui Odrin en bulgare.
OKA, rivière affluent du Volga ; peuples établis sur ses rives, VII ; Vialko s'établit sur l'Oka, IX ; expédition de Svialopolk sur l'Oka, 964, XXXII. Affluent de la rive droite du Volga (1.500 kilom. de longueur).
OKOV, forêt de — où l eDnieper prend sa source, IV. Ce nom a aujourd'hui disparu. Les géographes russes appellent cette forêt Volkovisk. Elle est située dans le pays de Smolensk.
OLBIEG Ratiboritch ou fils de Ratibor, nom du Russe qui tue Itlar, 1095, LXXVIII.
OLDRICH, prince tchèque, vit en paix avec Vladimir, XLV. Oldrich (de l'allemand Ulrich), prince de la dynastie des Premyslides, régna en Bohême de 1112 à 1037.
OLEB, marchand russe, 945, XXVII ; nom Scandinave; ancien norse Oleifr, Olafr, plus tard Olaf ; très répandu.
OLÉCHIÉ, localité inconnue aujourd'hui, 1084, LXXI.
OLEG, prince russe, VIII ; son avènement cité pour établir la chronologie, XIII ; succède à Rurik, 879, XVII ; bat les Drevlianes, 883,XIX ; les Sévériens,884, id. ; les Radimitches,etc., 885, id.; Igor sous sa tutelle, 903, XXI ; expédition contre Constantinople, 907, id.; tribut imposé aux Grecs, id. ; traité avec les Grecs, 912, XXII ; histoire de son cheval, sa mort, son tombeau, 912, XXIII ; Igor son successeur, 913, XXV ; l'empereur grec offre de renouveler le tribut payé à Oleg 944, XXVII.
Ce prince est appelle Viastchy, le Grand. C'est en effet un des plus remarquables de la dynastie de Rurik. C'est le premier prince russe qui s'attaque à Constantinople ; il rattache Novgorod à Kiev, il entoure le monde russe d'une ceinture de forteresses ; ses exploits avaient dû évidemment être le sujet de byliny (épopées populaires) dont la Chronique semble parfois l'écho. Sa mort est certainement un souvenir d'une saga Scandinave. Un récit analogue se retrouve presque textuellement dans la saga d'Oerwar Odde, fils de Grim, auquel on avait prédit qu'il mourrait tué par son cheval. Il revient après une longue absence, retrouve son cheval enseveli dans un marécage et est tué par un lézard qui sort de sa tête. (Bielowski, p. 849 ; Rafn, Nordiske Fortids sagaer, II, p. 150 et 233, etc.)
OLEG, fils de Sviatoslav, petit-fils d'Olga, assiégé par les Petchénègues avec sa grand'mère, 968, XXXIII ; son père l'établit chez les Drevlianes, 970, XXXV ; il tue le fils de Sviénald, 975, XXXVII ; sa mort, 977, id. ; on déterre ses os et on les baptise, 1044, LXI. Ce personnage ne joue qu'un rôle très secondaire.
OLEG,fils de Sviatoslav, petit-fils de Iaroslav, prince russe, secourt les Leklis contre les Tchèques, 1076, LXIX ; s'enfuit à Tmoutorakan, il s'allie avec les Polovtses, id. ; il est battu, id. ; il est pris par les Kozares et envoyé à Constantinople ; 1079, LXXI ; son retour, id. ; il occupe Tchernigov avec le secours des Polovtses, 1094, LXXVII ;il refuse de marcher avec les autres princes russes contre les Polovtses, 1095, LXXVIII ; son lieutenant pris dans Mourom, id. ; il refuse de s'entendre avec ses frères et s'enfuit à Starodoub, 1096, LXXIX ; ils font la paix, id. ; nouvelles guerres ; il s'empare de Rostov et de Mourom, 1096, LXXXI ; il est de nouveau battu, ib. ; paix de Lioubetch, 1097, LXXXII ; son intervention en faveur de Vasilko, 1097, LXXXII ; guerre contre Sviatopolk, 1098, LXXXIII ; traité avec David Igorovitch, id. ; traité avec les Polovtses, 1101, LXXXIV ; il refuse de marcher contre eux, 1103, LXXXVI ; expédition contre Gleb, 1104, LXXXVI ; expédition contre les Polovtses, Oleg marie son fils à la fille d'Aïepa, 1107, LXXXVII ; nouvelle expédition, 1113, XCIII. Voy. aussi I. V. années 1078-1111, et la lettre à Oleg. Ce personnage ambitieux et batailleur mourut en 1115 ; sa vie dépasse donc les limites de la Chronique. Les princes de Tchernigov et de Riazan, ses descendants, prirent après lui le nom d'Olegovitches.
Le nom d'Oleg est incontestablement Scandinave ; ancien norse Ilelgi. La forme primitive a dû être lelg. I a été changé en O en vertu d'une loi phonétique propre au russe.
OLGA femme d'Igor, originaire de Pskov, 903, XXI ; représentée par Iskousev au traité avec Constantinople, 94b, XXVII ; vengeance qu'elle tire des Drevlianes, 945, XXIX ; 946, XXX ; ses institutions, id.; sa visite à Constantinople ; son baptême, 955, XXXI ; guerre avec les Petchénègues, 968, XXXIII ; sa mort et son panégyrique, 969, XXXIV ; allusion à sa sagesse, 987, XLI. Cette princesse, mise par l'église russe au rang des saints, conserve dans l'histoire un caractère légendaire. Voy. art. Iskorosten. Il y a des erreurs évidentes dans les récits qui concernent sa visite à Constantinople et son baptême. L'empereur régnant n'était point à ce moment-là Jean Zimisces, mais Constantin Porphyrogénète. L'année de cette visite n'est pas 955, mais 957. Elle nous est d'ailleurs attestée par divers écrivains byzantins. Le Porphyrogénète décrit le cérémonial qui fut employé pour la réception (De cerimoniis aulæ bysanlinæ, II, 15), les cadeaux faits à ses gens et le banquet qui lui fut offert. 11 ne parle point de son baptême. Cédrénus, Zonaras et Kylitsès l'attestent. Mais il n'était pas nécessaire d'en parler dans un ouvrage consacré surtout à des questions d'étiquette. M. Goloubinsky, dans son Histoire de l'église russe, prétend démontrer que la princesse dut êlre baptisée à Kiev. La demande en mariage faite à une princesse de soixante-dix ans par un prince déjà marié peut être-rejetée au rang des fables. Ce qui importe au chroniqueur, c'est de faire valoir l'intelligence d'Olga, la ruse étant à ces époques barbares une des formes les plus élevées de l'intelligence.
Les Byzantins appellent cette princesse Ελγα ; c'est l'ancien norse Helga. Nous avons fait remarquer (art. Lybed) le rôle considérable que les femmes jouent dans l'histoire primitive des peupies slaves. Olga possède une ville, Vychégorod, elle envoie, ainsi que Predslava, son ambassadeur (Iskousev) traiter avec Constantinople. Il a paru récemment à Paris un ouvrage intitulé : Histoire de l'introduction du christianisme sur le continent russe et vie de sainte Olga, par L. d'Elissalde Gastremont (Douniol, 1879) ; c'est une compilation sans critique.
OLIVIERS, mont des, XL.
OLJITCHI, le village d'Olga, fondé par cette princesse 947, XXX. Il était sur la rive gauche du Dnieper et est souvent mentionné dans les Chroniques du XIIè et du XIIIè siècle. Il a disparu aujourd'hui.
OLMA maison d'Olma à Kiev, XVIII ; cette maison est appelée dans le texte Olmin Dvor. Certains lisent Oljin, la maison d'Olga. Olma peut d'ailleurs être regardé comme un nom varègue suédois : Holmi.
ORESTE. Voy. Andrinople.
0R1GÈNE, hérétique, XL.
OROGOST, serviteur de Vladimir, 1100, LXXXIII.
ORONTES, fleuve qui coule près d'Antioche, XXIV.
OSEN, prince des Polovtses, sa mort, 1082, LXXI ; ce nom parait devoir être rapproché du nom bulgare Asen et du Turc Hassan. Voy. Asen.
OSKOLD et DIR boïars de Rurik; s'établissent à Kiev, XVI ; marchent contre Constantinople, 866, XVI ; ils sont tués par Oleg, leurs tombeaux, 882, XVIII. Aux détails donnés par notre Chronique sur ces deux personnages,le texte dit de Nikon en ajoute quelques autres. En 864, le fils d'Oskold fut tué par les Bulgares ; en 867, Oskold et Dir tuèrent beaucoup de Pétchénègûes. Une éminence située près de Kiev s'appelle encore le tombeau d'Oskold. L'existence de ces deux personnages, surtout du premier, n'en est pas moins fort douteuse. M. Bestoujev Rioumine {Hist. de Russie, I, p. 99) suppose que leur histoire a été inventée uniquement pour établir dès le début un lien entre Kiev et Novgorod et expliquer l'occupation de Kiev par Oleg. Le nom d'Oskold ou Askold, comme on dit aujourd'hui, ne se rencontre dans un aucun texte étranger. L'interprétation de ce nom proposée par Bielowski {Oskylld, étranger) n'est pas admise par M. Thomsen qui compare simplement Oskold à l'ancien norse Hoskuldr. Dir figure dans Maçoudy : « De tous les rois slaves le plus puissant est le roi Dir : il a de grandes villes, un pays bien cultivé, beaucoup de troupes. Les marchands mahométans fréquentent sa capitale. » (D'Ohsson, Les peuples du Caucase, p. 88.) Dir est l'ancien norse Dyri.
OSTR, rivière ; Vladimir établit sur elle des villes fortifiées, 988, XLIII ; Vladimir Monomaque fonde une ville, 1098, LXXXIII ; affluent de la Desna, coule dans le gouvernement de Tchernigov.
OSTROMIR, voïévode de Novgorod, père de Vychata,1064, LX ; c'est probablement le même personnage pour qui fut écrit en 1056 et 1057 le célèbre manuscrit connu sous le nom d'Évangile d'Ostromir, le plus ancien de la Russie. Il est aujourd'hui conservé à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg.
OUGRES, OUGRIENS, peuple qui habite dans l'héritage de Japhet, I ; ils sont voisins des Iams et des Petchériens, et évidemment apparentés au peuple Iougra (voy. ce nom), voisin des Samoïèdes (voy LXXX). Une rivière affluent de l'Oka porte encore le nom d'Ougra. Mais le peuple auquel la Chronique fait allusion est beaucoup plus septentrional. On fait venir son nom d'un mot ostiak, ogor, qui désigne une montagne (celle de l'Oural) dont les populations ougriennes paraissent originaires. Les géographes arabes parlent d'un pays appelé Ioura, pays de l'obscurité, terre des Gog et de Magog.
OUGRES ou HONGROIS, passent près de Kiev sur une colline qui garde leur nom, 898, XIX ; ils chassent les Slaves, les Vlokhs et s'établissent en Hongrie ; cette date coïncide assez exactement avec celle qu'assignent les historiens hongrois ; (l'invasion des Magyars ne se fit d'ailleurs pas d'un seul coup et naturellement tous ne passèrent pas par Kiev) ; ils ravagent la Bulgarie, 902, XXI ; ils attaquent Constantinople, 934, XXXV ; et 943, XXVII ; commerce de la Hongrie, 969. XXXIV ; Sviatoslav s'enfuit, 1015, XLVIII ; Iaroslav et Koloman (voy. ces noms) assiègent Prémiysl, 1097, LXXXIII ; défaite des Hongrois, id. Sur les Hongrois au moyen âge, voir l'Histoire des Hongrois de M. Sayous (2 vol. in-8, Paris, Didier). Les textes slaves ne connaissent que le nom des Ougres et point celui des Magyars. Ougri correspond à une ancienne forme Ongri ; cf. la forme allemande Ungarn, polonais Wengri.
OUGRES blancs, occupent, au temps de l'empereur Héraclius, les pays slaves du bassin du Danube, VIII ; Ougres noirs, passent auprès de Kiev au temps d'Oleg, id. ; ces derniers, d'après ce qu'on a vu au mot précédent, sont les Hongrois proprement dits ; les premiers sont probablement des Huns. Le Caucase est appelé montagne des Ougres, sans doute par confusion avec les Karpathes.
OULAN, serviteur de David Igorovitch,1097, LXXXII. Ce mot est peut-être le turc. Oglan ; les princes russes avaient des serviteurs de toute nationalité. Voy. Tortchin.
OULB envoyé de Vladislav à Constantinople, 945, XXVII ; — marchand russe, id., ib. Voy. Oleb.
OULITCHES, OUGLITCHEs, peuple slave établi le long du Dniester, IX ; en guerre avec Oleg, 885, XIX ; ils devaient probablement leur nom à la rivière Ougol (appelée aujourd'hui Orel) qui arrose le gouvernement d'Ekaterinoslav. C'est une colonie de ce peuple qui a donné son nom à la ville d'Ouglitch (gouvernement d'Ekaterinoslav). On rencontre aussi un peuple de ce nom en Bulgarie. Cf. Jireczek, Histoire des Bulgares, édition russe, p. 158.
OUROUSOBA, prince polovyse tué par les Russes, 1103, LXXV et I. V.
OUSTIÉ, ville brûlée par les Polovtses, 1096, LXXIV ; on ignore où elle était située. Le mot veut dire : embouchure, confluent.
OUSTIN, OUTIN, boïar russe, représenté au traité de Constantinople,945, XXVII ; nom douteux. Peut-être ancien norse Eysteinn ?
OUVIÉTITCHI,ville où se réunissent les princes russes, 1110, LXXXIII. « On ignore la situation exacte de cette localité, dit M. Bestoujev Rioumine ; elle était certainement située dans la province de Kiev. »
OVTCH1N, prince des Polovtses, 1111. I. V.
OZÉE, prophète, citations, XXXIX, XL.

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PALESTINE, LX.
PAMPHILE, domestique (c'est-à-dire chef de la garde du corps des empereurs Byzantins), repousse les Russes, 941, XXVT.
PAMPH1LIE, fait partie de l'héritage de Cham, I.
PANNONIE (Méthode, évêque de), XXI.
PAPHLAGON1E, fait partie de l'héritage de Japhet, I ; ravagée par les Russes, 944, XXVI.
PASINETCH, place de Kiev ; les archéologues russes ont beaucoup discuté sur son emplacement et son étymologie. Je ne puis que renvoyer les curieux à l'édition tchèque d'Erben, p. 305.
PATARE. Voy. Méthode.
PAUL, apôtre ; a prêché les Slaves en Illyrie, XX ; c'est le maître et l'apôtre des Slaves et des Russes, XX. Citations diverses, XXXIX, LX. « Usque ad Illyricum repleveram evangelium Christi, » dit Paul, ad Rom.,XV, 19. Inutile de faire observer que l"illyrie n'était pas encore occupée par les Slaves. Mais les Russes et les Polonais tenaient à se rattacher aux origines mêmes du christianisme. Les chroniqueurs polonais Mierzwa et Vincent commettent la même erreur. La curie romaine acceptait cette doctrine et le pape Jean X (914-928) écrivait à Tomislav, prince de Croatie : « Quis enim ambigit Sclavinorum régna in primitiis apostolorum et universalis eccclesiæ esse commemorata cum a cunabulis escam prsedicationis apostolicæ, ecclesiæ perceperunt cum lacte fidei ? » (Farlati, lllyr. sacr., III, 93.)
PÉLOPONNÈSE, fait partie de l'héritage de Japhet, 1.
PÉRÉIASLAV, ville sur la Troubèje ; tribut payé par les Grecs à cette ville, 907, XXI ; hôtes de cette ville à Constinople, id.; stipulation identique, 945, XXVII ; combat avec les Petchénègues, nom de la ville, 993, XLV ; Péréiaslav donné à Vsévolod, 1054, LVII1 ; Pierre, évêque, fait la paix avec les Polovtses, LXX1 ; église consacrée, 1090, LXXIII ; Éphrem, évêque, id., et 1091, LXXlV ; mortde Vsévolod, 1093, LXXVI ; Vladimir Monomaque s'y établit, 1094, LXXV1I ; siège par les Polovtses, 1096, LXXIV ; les premiers Russes s'y réunissent pour combattre les Polovtses, 1103, LXXXV ; Lazare, évêque, 1105, LXXXVI ; Boniak ravage les environs, 1107, LXXXVII ; les Polovtses reviennent, 1110, LXXXIX ; Sviatoslav établi prince, 1113, XCIII ; Iaroslav, id., et 1074-1107, I.V. La Chronique tombe à propos de cette ville dans une contradiction: à l'année 907, elle la suppose déjà existante, à l'année 993, elle nous apprend sa fondation et l'étymologie peu vraisemblable d'ailleurs de son nom. Ici encore, on voit clairement combien le chroniqueur s'est peu soucié de relier l'un à l'autre les fragments qu'il copie à droite et à gauche. Cette ville est aujourd'hui située dans le gouvernement de Poltava (9.000 habitants).
PÉRÉIASLAVETS, ville sur le Danube en Bulgarie, résidence du prince, conquise par Sviatoslav, 967, XXXII ; il veut s'y établir, 969, XXXIV ; nouvelle expédition contre cette ville, il est repoussé, 971, XXXVI ; il y revient encore, 971, XXXVI. Cette ville est appelée par les Bulgares Maly Péréiaslav ; on en voit encore les traces à l'est de Toultcha, près du village de Prislav.
PERM,PERM1ENS, peuple finnois établi dans l'héritage de Japhet, tributaire des Russes, VII. Ce peuple existe encore aujourd'hui et compte environ 75.000 représentants. Leur pays était appelé Biarmeland dans les chroniques Scandinaves.
La ville de Perm, chef-lieu du gouvernement de ce nom sur la rive gauche de la Kama, a gardé leur nom primitif. Ils s'appellent aujourd'hui Permiaki.
PÉROUN, dieu des Russes païens ; les Russes jurent par lui le traité avec Constantinople, 907, XXI ; ils jurent devant sa statue à Kiev sur une colline, 945, XXVII ; autre traité juré en son nom, 971, XXXVI ; idole élevée par Vladimir à Kiev et à Novgorod, 980, XXXVIII ; elle est renversée, 988, XLII. Péroun était le dieu du tonnerre ; il semble répondre à ce dieu suprême fabricateur de la foudre, dont parle Procope {De bello Goth, III, 14). Il correspond au Thor Scandinave et cette circonstance a peut-être contribué à établir son crédit chez les Varègues. Détrôné officiellement par Vladimir, ce dieu a continué de vivre dans l'imagination populaire sous le nom du prophète Élie qui est resté le saint du tonnerre (voy. ce mot), et peut-être du héros Ilia Mouromets. Voy. mon Esquisse sommaire de la Mythologie slave (Paris, 1882). Remarquons que Péroun n'a point de temple ; ses statues s'élèvent sur des collines ; il n'y a point de temple dans la religion des Russes païens.
PHALEG, personnage biblique, II.
PHRYGIE, fait partie de l'héritage de Cham, I.
PIERRE, frère de saint André, IV ; apôtre, XC ; — moine d'Alexandrie, XL, —, le Bègue, hérétique, XLII. M. Bielowski suppose que ce personnage est Pierre, évêque de Pavie et chancelier d'Othon II. Élu pape après la mort de Benoît VIII, il prit le nom de Jean XIV. Il ne resta sur le trône pontifical que quelques mois. L'antipape Boniface VII qui s'était réfugié à Constantinople, revint, le renversa et le fit pendre. On ne voit pas très bien ce que ce personnage vient faire dans un exposé de la foi ; M. Goloubinsky, plus versé dans l'histoire religieuse, propose une explication beaucoup plus vraisemblable (Hist. de l'égl. russe, tome II, p. 693). Pierre dit le Bègue (Πετροσ Μογγοσ) était, dans la moitié du Vè siècle, patriarche d'Alexandrie ; il partageait l'hérésie des monophysites. Mais M. Goloubinsky ne peut s'expliquer pourquoi ce personnage est représenté comme le chef d'une hérésie romaine ; —, prince de Bulgarie, fils de Siméon, 942, XXXI ; —, évêque de Péréiaslav, 1072, LXVI.
PERSE (Khozroës, roi de) attaqué par les Ougres, VIII. — Lutte de l'archange Michel contre leur roi, XC (daprès des textes apocryphes. Voy. Michel.
PETCHÉRA, PETCHÉRIENS ; peuple établi dans l'héritagede Japhet, I ; tributaire des Russes, VII ; id., LXXX. Le nom de ce peuple, aujourd'hui disparu, est resté dans celui du fleuve Petchora qui arrose les gouvernements de Perm, Vologda, Arkhangel et se jette dans l'Océan glacial.
PETCHÉNÈGUES peuple ; leur passage auprès de Kiev, VIII ; première invasion, 915, XXV ; guerre d'Igor contre eux, 920 ; Petchénègues au service d'Igor contre les Grecs, 944, XXVII ; ils ravagent la Bulgarie, id. ; assiègent Olga, 968, XXXIII ; en guerre avec les Russes, 971, XXXVII ; Variajko s'enfuit chez eux, 980, XXXVIII ; ils sont battus par Vladimir, 988, XLIII ; nouvelle guerre ; un combat singulier, 993, XLV ; 996, id. ; siège de Bielgorod, ruse des habitants, 997, XLVII ; expédition de Boris contre eux, 1015, XLVII, Petchénègues au service de Sviatopolk, 1015, XLVIII ; id., 1019, LI ; ils assiègent Kiev, 1036, LIV ; ils descendent d'Ismaël ainsi que les Turkmènes, les Torks et les Polovtses, LXXIX ; 1097, LXXXII ; ils sont battus en même temps que les Polovtses, 1103, LXXXV.
Les Petchénègues sont bien connus des historiens byzantins. Constantin Porphyrogénète les appelle Πατζινακιται.(De adm.imp., ch. 9) et leur consacre un chapitre spécial (ch. 37) ; Saint Bruno, dans sa lettre à l'empereur Henri II, en 1008 (ap. Bielowski, p. 223 et seq.), les appelle poganorum crudelissimos, Pezenegos ; Thietmar, Pezinegos, le chroniqueur polonais Gallus, Pîncinakiti (ap. Bielowski, passim). D'après Hammer Pavgslall{Gesckichte der gold. Orde, p. 25), le nom de cette nation turque vient d'une de ses tribus, les Bedjnak. Les Petchénègues furent détruits au XIIIè° siècle par les Byzantins.(Voy. Rambaud, Const. Porphyr., livre II, ch. VI.)
Notre Chronique dit à trois reprises différentes que les Petchénègues ont envahi pour la première fois la Russie. Il est probable que l'auteur avait sous la main des Chroniques antérieures qu'il copiait sans s'inquiéter de les collationner ou de les coordonner entre elles.
PETCHERSKY, monastère à Kiev, son histoire, LV1I ; Etienne abbé, LXXVII ; les Polovtses autour du monastère, 1096, LXXIX ; 1106, LXXVI ; Sviatopoik au monastère, 1107, LXXXVII ; Théoktiste hégoumène, 1108, LXXXVIII ; signe céleste, 1110, LXXXIX ; id., XC. Le nom de ce monastère vient du mot petchera qui veut dire crypte ou grotte ; les cryptes en question sont de longs corridors creusés dans le sable. Le monastère Petchersky existe encore aujourd'hui. (J'en ai donné une description dans mon volume,Études slaves, Paris, 1875.) ll a toujours été pour les Russes l'objet d'une grande vénération. « Le monastère Petchersky, dit un écrivain russe du XIIè siècle, est comme la mer ; il ne garde pas ce qui est impur, mais le rejette. » On prétend montrer dans les catacombes actuelles le corps de l'annaliste Nestor. Sur l'histoire de ce monastère consulter les différents historiens de l'église russe (notamment Goloubinsky), le Paterik de Kiev et l'ouvrage aujourd'hui très rare d'IHerbinius, Religiosæ Kiovienses Cryptx, lenæ, 1665. Herbinius, originaire de Silésie, était pasteur de l'église réformée en Pologne. Son ouvrage manque de critique, mais il est encore aujourd'hui précieux à consulter.
PIESOTCHEN, endroit fortifié, pris par les Polovtses, 1092. LXXV. Aujourd'hui inconnu; l'étymologie indique un endroit sablonneux (de pesok, sable).
PIESTCHANA, rivière dans le pays des Radimitches. Voy. ce nom, 984, XL.
P1LATE (Ponce), son inscription sur la croix, XX, XL.
P1NSK, ville appartenant à Sviatopolk, 1097, LXXII, passim ; gens de Pinsk dans l'armée de Mstislav, id. ; c'est aujourd'hui un chef-lieu d'arrondissement du gouvernement de Minsk. Elle doit son nom à la rivière Pina.
PIS1DIE, fait partie de l'héritage de Cham, I.
POGORINA, ville de Sviatopolk, 1097, LXXX1I. Silualion inconnue.
POLIANES peuple ; font partie des Lekhs, III ; s'établissent sur le Dnieper, id. ; vivent dans les montagnes, IV ; leurs moeurs, VI ; il ont leurs princes à eux, VII ; ils sont comptés parmi les peuples qui vivent parmi les Russes, id. ; ils vivent en paix, IX ; éloge de leurs moeurs, X ; paient tribut aux Kozares, XII ; Oleg règne sur eux, 880, XIX ; des Polianes l'accompagnent dans son expédition contre Conslantinople, XXI ; ils accompagnent également Igor, 944. A dater de cette époque, leur nom ne reparait plus dans la Chronique. Au point de vue étymologique, ce nom veut dire habitants des Plaines {pôle, champ), et est identique à celui des Polonais (Poloni). Les historiens polonais considèrent cette identité comme ayant toujours existé. M. Bielowski dans l'Index alphabétique du premier volume des Monumenta historica Polonicæ, réunit les Polonais et les Lekhs sous une même rubrique. Les divisions entre les peuples slaves étaient naturellement beaucoup moins rigoureuses qu'aujourd'hui dans des pays d'immenses plaines, à une époque où il n'y avait encore ni dynasties héréditaires, ni distinctions religieuses bien tranchées, comme celles qui se sont établies plus lard entre les Russes et les Polonais. Les Poloni de la Varta et de l'Oder sont incontestablement les Polonais d'aujourd'hui et ont donné leur nom à tout le peuple ; les Polianes du Dnieper peuvent être une colonie de ce peuple ; mais on peut supposer aussi qu'il y avait tout simplement deux peuples du même nom. (Voy. Doudlèbes, Dregovitches.) C'est là un phénomène qui se rencontre assez souvent. La Chronique rattache tour à tour les Polianes au système des nations russes et des nations lèkhes. (Voir les histoires de Pologne, de Russie, et Schafarik, Antiquités slaves, § 38, 4, et 28, 10.) Cf. Lekhs.
POLOTA, rivière affluent de la Dvina, donne son nom aux Polotchanes, III, VII.
POLOTCHANES. Voy. Polota.
POLOTSK, ville ; Rurik y établit un des siens, 862, XV ; princes à Polotsk, 907, XXI ; Rogvold et sa fille Rogniéda, 980, XXXVIII ; Iziaslav y est élabli par son père Vladimir, XLIII ; Briatchislav à —, 1021, LI ; Vseslav s'y enfuit, 1069, LXIV ; Mstislav y est établi, id. ; prodiges, 1092, LXXV ; mort de Vseslav, 1101, LXXXIV ; Mina, évêque, 1105, LXXXVI ; brûlée par Vladimir Monomaque, 1070, 1. V. Cette ville, située à l'embouchure de la Polota (qui lui donne son nom), dans la Dvina occidentale, est aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement dans le gouvernement de Vitebsk (12.000hab). Ne pas la confondre avec la ville polonaise de Plock sur la Vistule.
POLOVTSES, peuples ; leurs moeurs, XI ; peuple nomade, XIX ; Vsévolod fait la paix avec eux, 1055 ; invasion victorieuse, 1068, LXIII ; ils ravagent les environs de Tchernigov, 1078, LXX ; Roman allié avec eux, 1079, LXXI ; ils pillent le pays des Lekhs, 1092, LXXV ; ravagent la Russie, 1093, LXXVI ; siège de là ville de Tortchesk, id. ; expédition en Grèce, 1095, LXXVIII ; environs de Kiev ravagés, le monastère Petchersky menacé, 1096, LXXIX ; discussion sur l'origine des Polovtses, id. (ils s'appellent aussi Cumans) ; un Polovtse au service de Mstislav, 1096, LXXXII ; ils se réjouissent des discordes des princes russes, 1097, LXXXIV ; projet de Vasilko contre eux, id. ; David s'enfuit chez eux, 1097, LXXII ; ils demandent la paix, 1101, LXXXIV; les princes russes préparent une expédition contre eux, id. ; grande victoire, 1103, LXXXV ; ils ravagent le pays de Zariétchesk, 1101, LXXXV ; victoire sur la Soula, 1107, LXXXVII ; leur camp pris par Dmitri Ivorovitch, 1109, LXXXVIII ; expédition des princes russes, victoire sur le Don, 1111, XC ; voysz aussi I. V. de 1077 à 1111. Les princes polovtses cités dans la Chronique s'appellent Iskal (Sokal), Asadouk, Saouk, Belkatgin, Osien, Bagoubars, Sakz, Tougorkan, Illar, Kytan, Boniak, Kouria, Scharoukan, Ourousoba. Kolchii, Aroslanapa, Kitanapan, Kouman, Asoupa, Kourtek, Tchénégrépa, Sourbar, Beldjouz, Ovtchin, Koksous, Aklan, Bourtchovitch, Azgoulouï (voyez ces noms). Une grammaire et un vocabulaire polovtses ont été publiés par Klaproth. M. Berezine a expliqué par le turc les noms des Khans.
Les Polovtses, peuple de race turque, étaient parents des Pelchénègues ; les historiens byzantins les appellent aussi Koumans (Cumans), nom qu'ils prennent une fois dans la Chronique. La Chronique polonaise de Gallus les appelle Plauci et les confond avec les Petchénègues. Ils apparaissent pour la première fois en Russie en 1054. Refoulés au XIIIè siècle par les Tatars, ils passèrent en Hongrie et y reçurent les territoires désignés encore aujourd'hui sous le nom de grande et petite Cumanie (Nagy Kunsag, Kis Kumag). Leurs descendants existent encore aujourd'hui entre le Danube et la Tisza et se confondent avec la nation magyare.
POMORIENS, slaves de la race des Lekhs, III. Le mot veut dire qui habite le long de la mer. Ce nom subsiste encore aujourd'hui dans la forme Pommern (Poméranie).
PONT, Pont-Euxin, ravagé par les Russes, 941, XXVI ; régions voisines, I ; fait communiquer la Russie avec Constantinople, IV ; appelé mer russe, id. Noter ce détail qui donne une idée de l'importance des Russes dans ces régions au XIè siècle.
POREI, serviteur de Rostislav, 1064, LX ; tué, 1078, LXX.
POROMON, maison de, 1015, XLVIII.
PORTAGES. Au chapitre I sont mentionnés les Tchoudes d'au-delà du portage. Le texte dit Zavolotchskaïa Tchoud . On appelle proprement portage « l'action, dit Littré, de porter par terre le canot et tout ce qui est dedans quand la navigation d'un fleuve est interrompue par quelque obstacle. » Par suite, partie d'un fleuve où la navigation est interrompue et où l'on est obligé de faire le portage. En Russie les portages servaient à mettre en communication les rivières, séparées par des faites de partage presque insignifiants. On les appelait volok d'une racine vlek, tirer. « Malgré leur faible importance comme relief ils avaient, remarque M. Elisée Reclus, pris un rôle historique considérable ; ils étaient choisis naturellement comme limites entre les populations qui peuplent les terres de chaque versant. Toute la région du nord-est de la Russie, jadis tributaire de la république de Novgorod, portait le nom de pays des Tchoudes au-delà des portages. » Les portages ont moins d'importance depuis qu'il y a des canaux en Russie; cependant aujourd'hui encore les portages, au témoignage de M. Maximov, sont des endroits sacrés, et sur plusieurs d'entre eux les passants sont tenus de jeter en amas des branches, des herbes ou des pierres. L'ancien nom Volok se retrouve encore dans celui de certaines localités, par exemple Vychny Volotchok (le Portage supérieur), gouvernement de Tver.
POSADNIK, magistrat municipal, établi par le prince dans une ville.
POTCHAINA,petit cours d'eau affluent du Dniéper à Kiev,935, XXXI ; la statue de Peroun y est jetée. C'est dans cette rivière que, d'après la tradition, les Russes chrétiens auraient été baptisés.
POUTICHA, assassin de Boris, 1015, XLVII.
POUTIATA, voïévode de Sviatopolk, envoyé par lui en mission, 1097, LXXXIII ; 1110, LXXXIII ; envoyé contre les Polovtses, 1.106, LXXXVI ; —, commandant de mille hommes à Kiev, 1113, XCII.
POZVIZD, l'un des douze fils de Vladimir, XLI1I. Ce nom semble un sobriquet (de zvizd, siffler).
PRASTIEN, envoyé d'Akoun à Constantinople, 945, XXVII ; un autre du même nom est envoyé de Bern, et un autre de Tourd, id. Nom Scandinave ; ancien norse Freystenn ; très commun dans les documents suédois.
PREDSLAVA, fille de Vladimir, soeur d'Iaroslav, 1013, XLVII et XLVIII ; —, fille de Sviatopolk mariée au prince royal de Hongrie, 1104, LXXXVI.
PREDSLAVINO, lo village de Prédslava : sur la Lybed, XXXVIII.
PREMYSL, ville qui appartenait aux Lekhs ; conquise par Vladimir, 931, XXXXd ; Rurik (II) y réside, 1087, LXX1I ; donné à Volodar par Vsévolod, 1097, LXXXH ; Volodar y est assiégé, 1097, id.; les Hongrois sont défaits sous ses murs, 1099, LXXXIII ; offerte par les princes russes à Volodar et à Vasilko, 1100, LXXXIII. Cette ville, ainsi que le dit la Chronique, fut d'abord fondée et occupée par les Polonais ; elle appartient aux princes russes depuis 981 jusqu'au XIVè siècle où elle fit retour à la Pologne ; elle fait partie aujourd'hui de la Galicie autrichienne. Environ 10.000 habitants. Les Polonais l'appellent Przemysl.
PRÉVOLOKA, localité fortifiée, prise par les Polovtses, 1092, LXXII.
PRIÉT1TCH, voïévode russe, 968, XXXIII.
PRILOUK, endroit fortifié pris par les Polovtses, 1092, LXXII, et I. V. Comp. le nom de la ville tchèque Preloucz et peut-être les forteresses du nom de Palanka dans l'empire ottoman. Aujourd'hui Prilouki, chef-lieu d'arrondissement dans le gouvernement de Poltava (12.000 habitants).
PRIPET, rivière, coule dans l'héritage de Japhet, I ; peuples établis sur ses bords, III ; inondation, 1108, LXXXVI1I ; s'appelle aujourd'hui en russe Prypiat, affluent de la rive droite du Dnieper, arrose les gouvernements de Volhynie, Minsk et Kiev (760 verstes de longueur). Son nom polonais est Przypec.
PROKHOR, abbé du monastère Pétchersky, 1112, XCI.
PRUSSIENS, voisins des Lekhs, habilent dans le domaine de Japhet, I. C'est, comme on sait, un peuple lithuanien.
PSEL,rivière sur laquelle les Polovtses sont battus, 1111, XC ; affluent de la rive gauche du Dnieper, arrose les gouvernements de Koursk, de Karkov et de Poltava. Les Polonais l'appellent Psiol.
PSKOV, PLESKOV, ville ; Olga en était originaire, 903, XXI ; ses institutions dans cette ville, 947, XXX ; Soudislav y est enfermé, 1035, LIV. Elle est située sur la rivière Velikaïa, non loin du lac Péipous, chef-lieu du gouvernement (20.000 habitants). La Chronique de Pskov prétend que cette ville existait déjà lors de l'arrivée de Rurik. On a fait venir son nom d'un mot finnois ples qui signifierait lac. Il me paraît plus vraisemblable de le rattacher au russe pesok , sable ; l serait le résultat d'une loi phonétique propre à la langue russe qui n'admet pas volontiers les labiales devant i bref. Comparez le nom de ville Pisek en Bohême.

R  ↑

RACHEL, personnage biblique, XL.
RADIM, personnage d'origine lékhite ; il s'établit sur la Soja et devient le père des Radimitches. Voyez ce nom, IX.
RADIMITCHES, peuple slave de la race des Lekhs, IX, leurs moeurs, X ; soumis par Oleg, XIX ; ils sont vaincus par Vladimir, 984, XL. La Chronique représente ce peuple comme établi sur la Soja (aujourd'hui Soj), affluent du Dnieper (rive gauche) qui arrose le gouvernement de Mogilev. Elle le fait d'origine lekhite, c'est-à-dire polonaise ; à dater du Xè siècle ce peuple disparaît de l'histoire. Il ne figure, que je sache, dans aucune des Chroniques polonaises.
RADOSYN, localité, 1111, XC ; aujourd'hui inconnue.
RATIBOR, lieutenant de Vsévolod à Tmoutorakan, 1079, LXXI ; fait prisonnier, 1081, id.; — personnage de Péréïaslav, 1095, LXXVIII ; serviteur de Vladimir, 1100, LXXXIII.
RCHA, rivière, 1067, LXII ; elle s'appelle aujourd'hui Orchitsa. C'est un affluent du Dnieper (rive gauche). Les Polonais l'appellent Orsza.
RÉDÉDIA, prince des Kassogues, tué par Mslislav, 1022, LII.
RHODES, île de l'héritage de Japhet, I.
RIAZAN, Oleg dans cette ville, 1096, LXXIV ; Mstislav l'en chasse, 1096, LXXXII ; ce n'est pas la ville actuelle de Riazan, mais un village appelé Riazan stary (Riazan le Vieux), dans le district de Spask (gouvernement de Riazan). Il fut détruit par Baty, kan des Tatares, en 1237.
RIMOV, localité où les Polovtses sont vaincus, 1095, 1. V. Elle était située dans le gouvernement actuel de Poltava.
RINOKOUROURA(.... , Ρινοκουρουροι), I. C'est Rhinocoloura dans l'Egypte inférieure, La traduction de M. Paris l'appelle Nirokurie.
ROALD, marchand russe, prend part au traité de 945, XXVII. Nom Scandinave ; ancien norse Hroaldr, danois Hroald.
ROBOAM, personnage biblique, XL.
RODI, personnage biblique, 1111, XC.
RODNIA, ville assiégée par Vladimir, 980, XXXVIII ; cette ville, qui faisait partie de la principauté de Kiev, n'existe plus aujourd'hui.
ROGNIÉDA, fille de Rogvold épousée par Vladimir, 980, XXXVIII ; ses quatre fils, id. ; sa mort, 1000. Nom Scandinave : ancien norse Ragnheidr. D'après le continuateur de notre Chronique, elle reçut le nom russe de Gorislava ; Vladimir voulut la répudier, puis la tuer ; il lui pardonna sur les prières de leur fils Iziaslav et elle se fit religieuse sous le nom d'Anastasie. Le nom de Gorislava paraît vouloir dire « célèbre par ses chagrins. »
ROGVOLD, prince de Polotsk, père de Rogniéda, refuse de marier sa fille à Vladimir et est tué par lui, 980, XXXVIII. La Chronique dit expressément que ce prince était venu d'au delà de la mer ; son nom est naturellement Scandinave : ancien norse Ragnvaldr, dans les textes latins Ragnaldus.
ROJEN, plaine où Vasilko se rencontre avec son frère, 1097, LXXXH.
ROKOM, endroit où Iaroslav avait un palais près de Novgorod, 1015, XLVIII.
ROMAN ou ROMAIN Lécapène, beau-père de l'empereur Constantin Porphyrogénète, 913, XXV ; règne concurremment avec lui, 920, id.; traite avec les Hongrois, 943, XXVII ; traite avec les Russes, 945 ; il est cité dans ce traité comme régnant concurremment avec Constantin et Etienne. On sait que pendant cette période du moyen âge, on voit fréquemment plusieurs empereurs régner à la fois ; — fils de Sviatoslav, pelit-fils de Iaroslav, prince de Tmoutorakan, 1077, LXIX ; allié des Polovlses et tué par eux, 1079, LXXI ; — fils de Vladimir Monomaque, marié à la fille de Volodar, 1113, XCIII.
ROME ; itinéraire jusqu'à Rome par la mer des Varègues, IV ; Apollonius de Tyane à —, XXIV ; Allemands de —, XL (voy. Allemands); papes et conciles, id.; Vladimir appelé Constantin de la grande Rome, c'est-à-dire de Byzance,- 1111, XLVII ; victoire dont le bruit ira jusqu'à Rome, XC. Après avoir tracé la géographie et l'ethnographie des pays slaves, la Chronique expose à sa façon les routes qui mettent le peuple russe en communication avec le monde civilisé, notamment avec Rome ; or les Varègues avaient appris aux Slaves du Dnieper qu'on pouvait aller à Rome de deux manières : par le Dnieper, la mer Noire et la mer Egée et aussi par la mer des Varègues (Baltique), l'océan Atlantique et la Méditerranée. Ces deux itinéraires sont combinés et confondus dans le chapitre IV.
ROMNO, localité citée (vers 1111) dans l'Instruction de Vladimir Monomaque ; aujourd'hui Romny ou Romen dans le gouvernement de Poltava (5.000 hab.). Station importante des chemins de fer russes.
ROS, rivière affluent de la rive gauche du Dnieper où elle se jette près de Kanev ; Rodnia située sur elle, 980, XXXVIII; Lekhs établis sur la Ros, 1031, LIII ; les Polovtses sur la Ros, 1095, LXXVIII ; 1096, 1111, I. V. On affirme que les riverains descendants des colons Lekhs de 1031, se distinguent encore par les moeurs et le costume des Petits Russiens qui les environnent. [Encyclopedyja powszechna, Encyclopédie polonaise, Varsovie ; sub voce. Bos..)
ROSTILAV, ou Rastilav, prince slave, envoie demander des missionnaires à Constantinople, XX (voy. Méthode). C'est le prince de Moravie appelé Rastiz par les historiens occidentaux (voir mon livre Cyrille et Méthode); — fils de Vladimir, petit-fils de laroslav, prince de Tmoutorakan, 1064, LX ; s'enfuit de cette ville et s'y rétablit, id., id.; histoire du Katapan, 1066, LXI ; mort de Rostislav, id.; ses fils, voy. Volodar, Rurik, Vasilko ; ils sont appelés les Rostislavitches, I. V.; — fils cadet de Vsévolod, né en 1070, LXV ; assiste aux funérailles de Iaropolk, 1087, LXXII ; assiste à la mort de son père, 1093, LXXVI ; est envoyé par Vladimir à Péréïaslav, id., id.; se noie dans un combat, id., id.; cité année 1087, I. V. ; — fils de Mstislav, petit-fils d'Iziaslav ; sa mort, 1093, LXXVI.
ROSTOV, ville habitée d'abord par les Mériens, 862, XV ; tribut payé par Constantinople, 907, XXI ; Vladimir établit son fils Iaroslav à Rostov, 988, XLIV ; magicien, 1091, LXXIV ; les Novgorodiens viennent y chercher un prince, 1095, LXXVIII ; Iziaslav refuse de s'y rendre, 1096, LXXXI ; Oleg marche, sur Rostov, id., et I. V. passim.
Cette ville est aujourd'hui un chef-lieu d'arrondissement(10.000 habitants) du gouvemement de Iaroslavl; elle est située sur le lac Nero ou lac de Rostov. C'est la plus ancienne cité de la Russie du nord-est. On l'appelait au moyen âge le Grand Rostov et elle fut le chef-lieu d'une principauté importante qui comprenait les gouvernements actuels de Iaroslavl et une partie de ceux de Vladimir, de Novgorod et de Vologda. On a quelquefois prétendu démontrer que la Chronique de Nestor ne présentait que les annales de la petite Russie ; on peut voir par ce qui est dit de Riazan, de Rostov, de Mourom, qu'elle embrasse réellement tout le sol russe et qu'elle ne fait aucune distinction entre les Grands ou les Petits Russiens. Legrand Rostov ne doit pas être confondu avec la ville toute moderne de Rostov sur le Don.
ROSTOVETS, localité près de Néïatin ravagée par les Polovtses, 1071, XLV. C'est un nom diminutif, le petit Rostov. On ne sait exactement aujourd'hui où cet endroit était situé.
ROUALD, envoyé d'Oleg, 912, XXII ; marchand russe, 945, XXVII. Nom Scandinave ; ancien norse Hroald, Hroaldr, ap. Saxo grammalicus.
ROUAR, envoyé d'Oleg, 912, XXII ; nom Scandinave. Ancien norse Hroarr.
R0UDITSA, rivière, 1097, LXXII.
ROULAV, envoyé d'Oleg, 907, XXI ; 912, XXII ; nom Scandinave ; ancien norse, Hrodleifr, Hrodleifr, Hrodlevus dans les diplômes suédois.
ROUSALIAS, fêtes où le diable se manifeste, LXIII. C'est une fête populaire qui avait lieu au printemps et qui s'est conservée sous le christianisme. Elle consistait en jeux et en danse. M. Miklosich considère ce nom comme emprunté : grec ρουσαλια, latin rosalia, c'est-à-dire pascha rosarum. Cette fête se célèbre dans la plupart des pays slaves le septième dimanche après Pâques. Voy. Miklosich, Die Ihisalien, tome XLVI des mémoires de l'Academie impériale de Vienne et Die Christliche Terminologie der Slawischen Sprachen, sub voce wrusalja. Vienne, 1875.
RURIK, prononcez exactement Riourik). Ce nom, étant généralement connu sous la forme Rurik, j'ai suivi l'orthographe habituelle, qui est défectueuse. Chef des Varègues russes, vient s'établir à Novgorod, 862, XV ; sa mort, 879, XVII ; — fils de Rostislav, établi à Prémysl, 1087, LXXII ; sa mort, 1092, LXXV. Le nom de Rurik (Ρουρικοσ chez Nicetas), est évidemment Scandinave, ancien norse Hrærikr, Rœrik dans les diplômes suédois. D'après une Chronique postérieure, les Novgorodiens sous la conduite d'un nommé Vadim auraient essayé de se révolter contre Rurik, mais ils auraient été vaincus. On ne sait rien de plus sur ce personnage légendaire. Dois-je ajouter que son nom n'a rien de commun avec celui des Roxolanes, ou des Russes comme on l'imaginait naguère ?
RUSSIE, RUSSES (... Rous, nom collectif d'une tribu : ...., la terre russe). Il n'y a pas lieu de donner ici la liste détaillée des dates et des chapitres où il est question des Russes. Autant vaudrait résumer la Chronique tout entière. Ce qui est indispensable, c'est de présenter quelques notions exactes sur le nom authentique des Russes et sur la forme sous laquelle il se rencontre dans la suite des siècles. ..., Rousi est d'abord, comme la plupart des noms de peuple, un nom collectif : ... Tchoudi, la collectivité des Tchoudes ; ... la collectivité des Mériens ; ..., Permi, la collectivité des Permiens. (Voir dans le texte original tous les noms de peuples cités au chapitre I.) Ces noms collectifs désignent d'abord le peuple, ensuite le pays qu'il occupe ; dans ce dernier cas on emploie plus volontiers une périphrase, la terre russe. ... engendre l'adjectif possessif ... (rousisk), par contraction .... Chez les écrivains byzantins le mot ... devient Ρωσ, la terre russe, Ρωσια. A dater du milieu du Xè siècle ils disent Ρωσιοι, Masoudi les appelle Rus. Les écrivains latins disent Ruzi (Lettre de Saint-Bruno, sup. Bielowski, Monumenta, p. 224), Buszi (Thietmar, id., p. 309), plus tard Rutheni (Chronique de Gallus, id. ; p. 403.) C'est ainsi que dans les Chroniques germaniques Prusi devient Pruteni (Fontes rer. bohemic. tome III, p. 492, etc...), Plus tard sous l'influence de certains écrivains byzantins, par exemple Maxime le Grec, on transforme les mots indigènes et on leur donne une physionomie hellénique. ... devient ...(Rossia) et Rossia engendre à son tour le substantif rossianin, un Russe, et l'adjectif possessif rossiisky.
A cette forme nouvelle on cherche une étymologie savante et l'historien Gisel écrit au XVIIè siècle que le nom de la Russie vient du verbe rossieïati, disperser, parce que les Russes sont dispersés sur un grand espace. (Voy. Bouslaïev, Chrestomathie historique, Moscou, 1860, p. 1162.) C'est ainsi que Procope expliquait le nom grec des Serbes (Σποροι οτι σποραδην την χωραν οικουσι.) Des écrivains polonais, dans un but facile à comprendre, ont essayé d'établir une distinction entre le peuple rousky qui serait slave et le peuple rossiïsky qui serait moscovite, touranien, etc. On voit où tendent ces distinctions qui n'ont aucune base scientifique.
Maintenant d'où vient le mot Rous? L'étymologie la plus probable est celle qui a été proposée par M. Thomsen, The relations, etc., p. 92 de l'édition anglaise, 83 de l'édition suédoise : « C'est le nom donné à la Suède par tous les peuples finnois groupés autour du golfe de Bothnie et de la Baltique : en finnois la Suède s'appelle Ruotsi(Ruotsalainen, un Suédois), en esthonien Rôts (et rôtsalane); dans la langue des Votes (dansle gouvernement de Pétersbourg près de Narva) Rôtsi et Rôtsalaine; en livonien Ruotsi et Ruotsli. Non seulement ceci doit être le même nom que le slave Rous, mais on ne peut douter que ce nom doive son origine à l'appellation finnoise. Il faut se rappeler que des tribus finnoises séparaient complètement les Slaves de la mer. Quand les Scandinaves passèrent la mer Baltique, ils durent entrer tout d'abord en contact avec les Finnois ; mais les Slaves ne purent faire leur connaissance qu'après ce passage chez les voisins finnois. Il est donc naturel que les Slaves aient donné aux Scandinaves le nom qu'ils entendaient appliquer par les Finnois. » Maintenant comment expliquer le mot Ruotsi? II n'a pas plus de sens en finnois qu'en russe. Il faut donc lui chercher une origine Scandinave. Cette origine, M. Thomsen la trouve dans l'ancien suédois roder. « Une remarquable coïncidence, dit-il, c'est que dans les temps anciens Roder, Rodin était le nom des parties de la Suède que les noms d'hommes signalent comme la patrie primitive des Russes. Nous pouvons aisément imaginer que les Suédois qui vivaient sur les côtes et traversaient la Baltique s'appelaient eux-mêmes — non point en tant que nation, mais vu leur mode de vivre — rods-menn ou rods-karlar... c'est-à-dire suivant le sens primitif du mot, rameurs, navigateurs. (Dans la Norvège septentrionale, Rossfolk — Rors ou Rodsfolk — signifie encore aujourd'hui des pécheurs qui se rassemblent sur la côte pendant la saison de la pêche). En Suède même, ce mot, et même le substantif abstrait roder, arriva graduellement à être traité comme un nom propre. Cette explication du finnois Ruotsi n'est qu'une hypothèse, mais une hypothèse qui présente à tous égards de la netteté, de l'harmonie et de la cohérence. » On s'est demandé ce qu'était devenu le t de Ruotsi ; cette difficulté, soulevée par M. G. Paris dans la Revue critique (année 1878, art. 42), n'a point arrêté M. Thomsen qui reproduit dans l'édition suédoise de 1883 son texte de 1877. Le problème inverse serait de savoir d'où vient le t dans Ruthenus et Pruthenus.
Les documents occidentaux mentionnent pour la première fois les Ros en 839 (Annales Bertiniani, ap. Perlz, I, 484) : « Rhos vocari dicebant... Comperit eos gentis esse Sueonum. » Liudprand (Pertz, III, p. 331), les identifie très nettement aux Normands : « Gens quædam est sub aquilonis parte constituta quam a qualitate corporis Græci vocant Russios (jeu de mot sur le grec ρουσιοσ), nos vero a positione loci nominamus Normannos. »
En ce qui concerne l'arrivée de la Rous, le récit de la Chronique manque évidemment de vraisemblance. Il entasse sous l'année 862 une foule d'événements qui n'ont pas pu se passer en si peu de temps. D'autre part il suppose que les Slaves appelèrent volontairement les Scandinaves. Ceci est certainement une légende imaginée plus tard par les vainqueurs pour légitimer leur domination. C'est ainsi que dans sa Chronique saxonne Widukind (ap. Pertz, III, 419), représente les Bretons invitant les Saxons à venir les commander : « Terram latam et spatiosam et omnium rerum copia refertam vestræ mandant ditioni parère. » Les Russes une fois établis chez les Slaves, leur nom s'impose et se généralise comme celui des Francs dans notre pays. Cependant la fusion ne s'opéra que lentement. Ce n'est que peu à peu qu'on voit les noms Scandinaves disparaître pour faire place aux noms slaves. Sous la date de 1018,Thietmar écrit encore en parlant de Kiev que la population de cette ville est surtout composée de Danois : « Ex velocibus Danis. »

S  ↑

SAINTE MONTAGNE, nom habituellement donné au mont Athos : 1050, LVII ; dans l'original .... C'est la traduction du grec αγιον οροσ ;. On l'appelle aujourd'hui ... On sait qu'un certain nombre de monastères de l'Athos appartiennent encore aujourd'hui à des communautés slaves.
SAKOV, lieu où la paix est faite avec les Polovtses 1101, LXXXIV.
SAKZ, prince des Petchénègues, 1085, I. V.
SALNITSA, rivière sur laquelle les Polovtses sont vaincus, 1111, XC ; 1111, I. V ; aujourd'hui Salnitchka, rivière de Podolie, affluent de la Sloutcha. Le nom semble venir du mot ... , sel.
SALOMON, personnage biblique ; son règne sert à fixer la chronologie, XIII ; la reine d'Ethiopie chez lui, XXXI ; citations, XXXIV ; id.; XXXVIII ; XL ; XLV ; XLVII ; LV ; LXX.
SALONIQUE, patrie des apôtres slaves, XX. Le nom slave est Séloun, Soloun.
SAMARIE, nom biblique, XL.
SAMOIÈDES, peuple du nord cité dans le récit de Gourala Rogovitch, LXXX. Ce récit atteste le commerce que faisait Novgorod avec les nations les plus lointaines. Les voyageurs qui poussaient jusque dans ces régions en revenaient naturellement avec des récits merveilleux. Ce témoignage de Nestor est jusqu'ici le premier que l'on connaisse concernant les Samoïèdes à cette époque.
SAMUEL, personnage biblique, XL, LXVIII.
SAOUK, prince des Polovtses, pris par Vladimir Monomaque, 1078, I. V.
SARAH, personnage biblique, XL ; c'est d'elle que descendent les Sarrazins (LXIX), et qu'ils ont pris leur nom. Inutile de faire remarquer que cette élymologie est fausse. Sarrazin vient de l'arabe scharkiin, oriental.
SARDAIGNE, fait partie de l'héritage de Cham, I.
SARMATES, habitent dans l'héritage de Japhet, I.
SARRAZINS, leur invasion en Palestine, LX ; descendent de Sarah, LXIX. Voy. ce nom.
SAUL, personnage biblique, prophétise, XXIV ; David et Saul, XXI ; XL.
SAVA ou SABBAS, saint de l'église grecque, LXVIII. Il vivait au Vè siècle et fonda un monastère près de Jérusalem.
SAN, rivière sur laquelle les Hongrois sont battus par les Polovtses, 1067, LXXXIII ; rivière de la Galicie affluent de la Vistule (rive droite). Elle prend sa source dans les Karpathes.
SBYSLAVA, fille de Sviatopolk, mariée à Boleslav, roi de Pologne, 1102, LXXXIV ; ce Boleslav est connu dans l'histoire de Pologne sous le nom de krzywousty (bouche tordue). Il y avait parenté entre Sviatopolk et lui. La Chronique de Gallus nous apprend que le roi de Pologne dut demander une dispense à la cour de Rome. (Monumenta hist. Pol, I, 444.)
SCÉVA, personnage biblique, XXIV. Tout ce chapitre sur Apollonius de Tyane est copié dans Georges Hamartolos.
SCHAROUKAN, prince des Polovtses, attaque les Russes, 1107, LXXXVII ; ses frères 1111, I. V. Il faut évidemment décomposer ce nom en Scharou-khan.
SCHEKSNA, rivière, 1071, LXV ; prend sa source dans le lac Blanc (Biéloozero), arrose les gouvernements de Novgorod et de Iaroslavl et se jette dans le Volga près de Rybinsk.
SCHIBRID, envoyé d'Aldan à Constanlinople, 945, XXVII ; nom Scandinave : ancien norse Sigfridr.
SCHIKHBERN, id., id. ; nom Scandinave; ancien norse Sigbjorn, Sigbernus dans les textes latins.
SCYTHIE, fait partie de l'héritage de Japhet, I ; les contrées habitées par les Doudlèbes et autres peuples slaves le long du Dniester étaient appelées par les écrivains grecs, la grande Scythie, IX ; une assertion analogue se trouve à l'année 907, XXI. Les Grecs donnaient volontiers le nom de Scythes aux peuples du nord-est sans trop s'inquiéter de leur nationalité. Le continuateur de Porphyrogénète, Cedrenus, Zonaras appellent les Russes, Εθνοσ σκουθικον. C'est sous l'influence des Byzantins que les deux paragraphes en question ont été rédigés. Au chap. VIII, les Kozares sont appelés Scythes.
SEM, personnage biblique, son héritage, I, IV ; ses fils, II, XL.
SEM, rivière sur laquelle les Slaves s'établissent, III ; rivière qui arrose les gouvernements de Koursk et de Tchernigov, affluent de la rive gauche de la Desna.
SEMIGALLES, peuple qui vit dans l'héritage de Japhet, I ; tributaires des Russes, XII ; ils battent Vsévolod et ses frères, 1106, LXXVI ; en latin Semigalli, en lithuanien Zeme gol (fin du monde), peuple lithuanien dont l'histoire se confond avec celle de la Courlande.
SEMETS, soldat russe, I. V.
SENNAAR, plaine de, II.
SERBES (... ,nom collectif ; cf. ..., Rous) appartiennent aux Slaves du Danube, III. Les Serbes ne sont point originaires des régions danubiennes, comme le croit le chroniqueur, mais au contraire de la région des Carpathes d'où ils furent appelés au VIè siècle par Heraclius (Const. Porph., De adm. imperii, ch. 31) pour former une marche contre les Avares. Le nom des Serbes se retrouve dans celui des Sorabes aujourd'hui disparus et des Wendes de Lusace qui s'appellent encore en leur langue Serbi. Les Serbes sont de même race que les Croates et parlent la même langue. Voyez Croates.
SÈRES, ou Chinois, leurs moeurs, I.
SERGE, hérétique, condamné par le sixième concile, XLII.
SEROUCH, personnage biblique, XL.
SETH, personnage biblique, XL, LXVII.
SÉVÉR1ENS, peuple slave établi sur la Desna et la Sem, III ; peuple slave en Russie, VII ; vivent en paix, IX ; leurs moeurs, X ; tributaires des Kozares, 889, XIV ; tributaires d'Oleg, 884, XIX ; accompagnent Oleg à Constantinople, 907, XXI ; combat contre les Varègues, 1024, XLIII. Le nom de ce peuple paraît vouloir dire gens du Nord (de siever, nord). 11 n'est pas justifié par la situation des contrées qu'ils occupaient. Ce nom ne se rencontre pas, que je sache, chez les écrivains étrangers. Théophane cite dans les régions du Danube (vers la Dobroudja) un peuple des Sévériens (Σεδερεισ). Ce sont des Slaves bulgares.
SFANDA, femme d'Ouleb, représentée au traité de 945, XXVII ; forme douteuse, mais qui parait avoir pour base Svan qui se rencontre fréquemment dans les noms de femmes, chez les Scandinaves. Comparez ce que nous avons dit plus haut du rôle politique des femmes chez les Russes. Voy. Olga.
SFIRK, boïar russe, 943, XXVII. Nom Scandinave, ancien norse Sverkir, fréquent en Suède, Sœrkvir en Islande.
SFIRKA, envoyé russe, 945, XXVII. Voy. le nom précédent.
SIMARGL, 980, p. 64. Nom d'une divinité des Russes païens dont Vladimir aurait établi l'idole à Kiev, XXXVIII. Ce nom est difficile à identifier. Bielowski l'interprète par Svarog ; voy. ce mot. Mais tous les manuscrits protestent contre cette identification. Preis a proposé une autre interprétation ingénieuse, mais peu défendable. Voir la discussion de M. Jagich, Archiv fur slavische Philologie, tome V, p. 6.
SIMÉON, personnage biblique, XL ; — prince de Bulgarie, vaincu par les Hongrois, 902, XXI ; marche contre Constantinople et fait la paix, 914, XXV ; ravage la Thrace et prend Andrinople, 915, id. ; nouvelle expédition, 929, id. ; battu par les Croates, sa mort, 945, XXVI. C'est le tsar Siméon, l'un des princes les plus remarquables de la Bulgarie ; il mourut en 927 et non pas, comme le dit à tort la Chronique, en 942 ; les faits postérieurs à 927 appartiennent au règne de son fils Pierre. (Voir sur ce prince l'Histoire des Bulgares de M. Jireczek, chap. VIII.)
SIMON le magicien, personnage cité dans les Acles des apôtres, LXV.
SINAI (mont), XL, LXVIII.
SINÉOUS, frère de Rurik (voy. ce nom), 862, XV, On ne sait sur lui que ce que nous apprend la Chronique. Nom Scandinave : ancien norse Signiutr.
SINKO BORITCH ou SIN KOROBITCH, marchand russe, 94S, XXVII. Il est difficile d'établir la forme primitive de ce nom évidemment corrompu.
SINOPE, ville d'Asie-Mineure, V.
SITOML, rivière, 1036, LIV ; 1065, LX.
SLAVE, je traduis par ce mot le mot russe .... qui pourrait se rendre exactement par Slovène, si Slovène ne désignait aujourd'hui les populations de la Carinthie, de la Carniole, etc. (Voy. Koroutanes.) Les Slaves cités à côté de l'Illyrie (voy. ce mot), I ; Slaves à Novgorod, VII ; Slaves descendants de Japhet, II ; Slaves sur le Danube, d'où viennent les Moraves, les Tchèques, les Croates blancs, les Serbes, les Koroutanes, les Lekhs, etc., etc., III; pays slave où est aujourd'hui Novgorod, V ; Slaves à Novgorod, VII et XX ; Slaves sur le Danube, dépossédés par les Bulgares, VIII ; Slaves convertis au christianisme, XX ; Andronique et Paul, apôtres des Slaves ; le peuple slave et le peuple russe ne font qu'un, id.; distinction entre les Russes (les Varègues) et les Slaves dans l'expédition contre Constantinople 907, XXI ; Slaves dans l'expédition de 944, XXVII ; Slaves dans l'armée de Vladimir, 980, XXXVIII ; colons slaves envoyés par Vladimir, 988, XLIV ; Iaroslav prend dans son armée des Russes, des Varègues, des Slaves, 1018, L ; id., 1036, LIV. Écriture slave, XX.
La Chronique a en somme une idée fort nette de l'ethnographie générale des Slaves, et de leur histoire primitive. (Sur les Slaves du Danube, voy. Vlokhs.) Mais elle emploie le mot Slave dans deux sens différents ; il désigne d'abord la race tout entière ; ensuite une population spéciale établie dans les environs de Novgorod la Grande. Cette population, probablement par contraste avec ses voisins les Tchoudes et les Normands, avait gardé le nom de la race. Ce nom disparaît à partir du XIè siècle. (Voy. Schafarik, Antiquités slaves, tome II, § 28.) C'est ainsi qu'autour de la Hongrie magyare nous trouvons trois peuples de familles diverses qui ont gardé le nom de la race slave, les Slovaques au nord, les Slovènes à l'ouest, et les Slavons (de la Slavonie) au midi. La Chronique suppose que le bassin du Danube est la patrie primitive des Slaves (IV). Cette hypothèse n'est pas confirmée par la toponomatique de ces contrées avant le Vè siècle de notre ère. D'après les données les plus probables, la patrie primitive de la race slave paraît avoir été dans les bassins de la Vistule et du Dnieper. Remarquer l'intérêt que la Chronique porte à ces origines de la race, les détails qu'elle donne sur l'introduction du christianisme par Cyrille et Méthode. Sans doute le moine du monastère Petchersky écrit pour son couvent ; mais il n'écrit pas que pour son couvent. Il s'élève jusqu'à la conception de la nationalité et même de la race.
SLAVIATA, serviteur de Sviatopolk, prince de Kiev, 1095, LXXVIII. Ce nom, très rare en Russie, se retrouve plus tard sous une forme presque identique dans l'aristocratie tchèque (Slavata).
SLOUDY, envoyé d'Igor, 945, XXVII. Nom Scandinave, Slodi, très usité dans le Sœdermanland et l'Upland.
SMIÉDIN, localité, 1015, XLVII ; aujourd'hui inconnue.
SMOLENSK, ville des Krivitches, VII ; prise par Oleg, 882, XVIII ; Gleb à —, 1015, XLVII ; Viatcheslav prince, lO55, LIX ; Vseslav fait prisonnier, LXII ; Vladimir prince, 1078, LXX ; David, 1095, LXXVIII ; Oleg repoussé par les habitants, 1096, LXXX ; ily revient, 1096, LXXXI ; église fondée par Vladimir, 1101, LXXXIV ; Vladimir Monomaque y établit son fils Viatcheslav, 1113, XCIII ; et 1074-1107, I. V. Smolensk situé sur le Dnieper aujourd'hui chef-lieu du gouvernement de ce nom (25.000 habitants). Cette ville doit probablement son nom à la fabrication du goudron (Smola).
SNIATIN, localité près de laquelle les Polovtses furent battus, I. V.
SNOVA, rivière près de laquelle les Polovtses sont vaincus, 1068, LXIV ; affluent de la Desna, arrose le gouvernement de Tchernigov.
SNOVID IZETCHEMITCH, écuyer de Sviatopolk, 1097, LXXII ; M. ïhomsen n'a point relevé ce nom qui ne présente pas une physionomie slave.
SNOVSK, localité située snr la Snova. (Voy. ce mot.)
SODOME (Bibl.) XXXI, XL.
SOKAL.Voy. lskal.
SOJ, rivière sur laquelle s'établissent les Radimitches, IX ; affluent de la rive gauche du Dnieper, arrose les gouvernements de Smolensk et de Mogilev.
SOJITSA, rivière sur laquelle les Polovtses sont vainqueurs, 1078, LXX ; ce nom est certainement un diminutif du précédent ; mais je ne crois pas qu'on puisse identifier les deux rivières.
SOPHIE (église de Sainte) à Kiev, 1037, 1051, 1054, 1093 ; à Novgorod, 1045, 1052, 1096.
SOPHRONI, hégoumène du monastère de Saint-Michel, à Kiev, 1072, LXVI.
SOUDISLAV, l'un des douze fils de Vladimir, XLIV ; emprisonné par son frère Iaroslav, 1026, LIV ; il se fait moine, 1059, LIX ; sa mort, 1063, id.
SOUDOMIR, rivière, 1121, LI.
SOUGR, prince polovtse, fait prisonnier par les Russes, 1107, LXXXVII.
SOUGROV ville brûlée par les Polovtses, 1111, XC.
SOULA, rivière ; les Sévériens établis sur ses bords, III ; villes fortes établies parVladimir, 988, LXIII ; attaques des Petchénègues, 993, XLIV ; combat avec les Polovtses. Voy. Gorochin.
SOUPOI, rivière,llll,I. V., affluent de la rive gauche du Dnieper, arrose le gouvernement de Poltava.
SOUTIEISKA, localité occupée par David, 1097 LXXXIII ; I. V. 1074. Erben regarde ce mot comme un nom commun et le traduit par défilé (de s, avec, et tisk, presser). 11 se rencontre avec ce sens dans différents pays slaves.
SOUTIEN, 1103, LXXXV ; localité citée dans les guerres entre les Russes et les Polovtses.
SOURBAR, prince polovtse, tué par les Russes, 1103, LXXXV.
SOUZDAL, ville ; magiciens, 1024, LIIII; Oleg III s'en empare, 1096, LXXXI ; gens de Souzdal au service de Mstislav, id. ; c'est aujourd'hui un chef-lieu d'arrondissement du gouvernement de Vladimir (9.000 hab.) ; elle devint vers le milieu du XIIè siècle le chef-lieu d'une principauté indépendante réunie vers 1390 à celle de Moscou.
STANISLAV, fils de Vladimir et d'une Tchèque, XXXVIII ; XLIII. Ce personnage ne joue qu'unrôle secondaire dans l'histoire de Russie. II fut prince de Smolensk. Ce nom de Stanislav, plus répandu chez les Slaves occidentaux que chez les Orthodoxes, lui avait sans doute été donné par sa mère.
STARODOUB, ville où Oleg est assiégé, 1096, LXXIX ; ravagée par les Polovtses, 1098, I. V ; attaquée par Vladimir Monomaque, 1096, I. V. 1096. Lettre à Oleg ; ville située sur la Kliazma dans le gouvernement actuel de Vladimir.
STAVEK SKORDETITCH, 1074,1. V.
STCHEK ou SCHTCHEK, frère de Kii, VI ; établi à Kiev sur la colline appelée Stchékovitsa, VI, XV ; le nom de cette colline subsiste encore aujourd'hui ; les gens de Kiev prononcent Skavika. (Description de Kiev par Sementovsky, Kiev, 1871.)
STCHÉKOVITSA. Voy. Stcheh.
STEMID, envoyé d'Oleg, 907, XXI ; 912, XXII ; forme douteuse ; le nom n'est pas slave, mais ne se rencontre pas dans les langues Scandinaves.
STENGI, envoyé d'Eton, 945, XXVII ; ancien norse Steingeirr.
STIR, marchand russe, 945, XXVII ; nom Scandinave. Ancien norse Styrr.
STÉPHANE. Voy Etienne.
STOUDEK, boïar russe, 945, XXVII ; nom Scandinave : Stædingr n'estconnu que dans l'Upland et le Gotland oriental.
STOUDION, monastère de —. Les traducteurs antérieurs ne se sont guère préoccupés de savoir ce que pouvait être l'établissement religieux qui fournit la règle du monastère Petchersky. Ils se sont contentés de reproduire l'adjectif slavon Stoudiisky ; Studianske, dit Smith, Studijsky, dit Erben, Studyjski, dit Bielowski. Les éditeurs russes ont fait de même. Ce monastère, établi à Constantinople, est appelé tour à tour par les Byzantins, μονη του Στουδιου, του Στουδιτου, των Στουδιων. Il fut fondé au Vè siècle par un personnage appelé Στουδιοσ. Ce Stoudios était d'origine romaine. Les moines du monastère jouissaient à Constantinople d'une influence considérable. L'église existe encore aujourd'hui ; devenue mosquée, les Grecs l'appellent Mirakhorrnestzedi, les Turcs Imrahor djami (mosquée de l'écuyer). La description accompagnée d'une notice historique se trouve dans l'ouvrage de M. Pazpati, Βυσαντιναι μελεται (Constantinople, 1877). L'écrivain grec ignore l'influence considérable que ce monastère a exercée sur la vie religieuse de la Russie. (Voir aussi le Guide en Orient d'Isambert, p. 553.) La règle du monastère a été reproduite par Migne, Patrologie, tome 99, p. 1704 et suivantes. Cette règle est fort sévère ; les frères ne mangent jamais de viande ; pendant le carême ils s'abstiennent de poissons, d'oeufs et de fromage et ne boivent que deux fois par jour. Elle interdit aux moines de posséder des esclaves ; aucune femelle d'animal ne peut appartenir au monastère. Elle ne leur prescrit d'autres exercices que l'assiduité aux offices, la prière et le chant des psaumes.
STOUGNA, rivière ; villes fortifiées établies par Vladimir, 988, XLIV ; combats sur ses bords, Rostislav s'y noie, 1093, LXXVI. Affluent de la rive droite du Dnieper.
STRIBOG, Dieu des Russes païens dont Vladimir établit l'idole à Kiev, 980, XXXVIII. Le nom de ce dieu ne nous a été conservé que par la Chronique de Nestor et par le Poème de l'Expédition d'Igor qui l'appelle l'aïeul des vents. M. Jagich, Arch. fur Slawische Philologie, explique ainsi l'étymologie de Stribog : Stireti, lith. styreti, starr, steif, sein, erstarren, se roidir. Ce serait le dieu du froid.
STRIJEN, faubourg de Tchernigov, 1078, LXX.
SUÉDOIS; certains Varègues s'appellent Suédois, XV. Noter ce passage où le chroniqueur affirme l'identité des Suédois et des Varègues.
SVIATOCHA (diminutif de Sviatoslav), fils de David Sviatoslavitch ; son rôle dans les guerres intestines, 1097, LXXXII ; devient moine, 1103, LXXXVI.
SVIATOPOLK, prince de Moravie, appelle les apôtres Slaves, XX ; les Tchèques l'appellent Svatopluk. Voir sur ce personnage mon livre Cyrille et Méthode, chap. VI et suivants. Il joue un rôle considérable dans l'histoire des Slaves occidentaux.
SVIATOPOLK (I), fils illégitime de Vladimir et d'une religieuse grecque, XXXXIII ; lieutenant de son père à Tourov, XLIII ; son séjour à Kiev, 1015, XLVII ; il s'y établit, ib. ; il fait périr Boris et Gleb, id. ; Iaroslav marche contre lui, 1016, VIII-ÏX ; il s'enfuit en Pologne, id. ; s'allie avec Boleslav, 1018, L ; avec les Petchénègues ; est vaincu par Iaroslav et meurt dans sa fuite, 1019, LI. Ce personnage ambitieux et cruel a été surnommé par les Russes Okaïanny (le maudit). Il est désigné, sans être nommé, dans la Chronique de Thietmar (livre VIII, 16) ; d'après Thietmar il avait épousé une fille de Boleslav ; Vladimir l'avait de son vivant jeté en prison à cause de ses relations avec le roi de Pologne (Hortatu Bolizlavi reluctaturum sibi).
SVIATOPOLK (II), baptisé sous le nom de Michel, fils d'Iziaslav, établi par son père à Polotsk, 1069, LXIV ; chassé de cette ville par Vseslav, 1071, LXV ; devient prince de Novgorod, 1078, LXX ; de Tourov, 1088, LXXII ; de Kiev, 1093, LXXVI ; s'associe son frère Vladimir Monomaque, id. ; guerre contre les Polovtses, Sviatopolk est vaincu, id. ; il fait la paix avec eux, 1094, LXXVII, et épouse la fille de leur khan, id.; il les bat, 1055, LXXVIII ; il marche avec Vladimir contre Oleg, 1096, LXXIX ; il bat les Polovtses sur la Troubèje, 1096 ; il fait la paix à Lioubetch avec les princes russes, 1097, LXXXII ; il fait crever les yeux de Vasilko, id. (voir sur cet épisode le chap. LXXXII tout entier) ; il chasse David chez les Lekhs, 1099, LXXXIII ; réunion des princes russes à Zolotetch, 1101. LXXXIV ; expédition contre les Polovtses, 1103, LXXXV ; Sviatopolk envoie Poutiata à Minsk, 1104, LXXXVI ; les Polovtses vaincus, 1107, LXXXVII ; Théodose inscrit dans le synodik, 1108, LXXXVIII ; nouvelle expédition contre les Polovtses, 1110, LXXXIX; 1111, XC ; mort de Sviatopolk, 1113, XCII. Cf. I. V. années 1110 et 1111. Ce prince est sévèrement jugé par les historiens russes ; il paraît avoir attiré les Juifs à Kiev, car on voit le peuple piller leurs maisons après sa mort ; il ne nous est connu que par les chroniques russes ; son nom ne figure pas dans les historiens étrangers.
SVIATOSLAV (I), fils d'Igor ; sa mort citée pour l'établissement de la chronologie, XIII ; sa naissance, 942 ; représenté au traité avec Constantinople, 945, XXVII (noter qu'à cette époque il n'avait que trois ans) ; reste à Kiev avec sa mère Olga, XXIX ; l'accompagne dans une expédition contre les Drevlianes, 946, XXX ; refuse de se faire baptiser, 955, XXXI ; ses expéditions contre les Kozares, les Iases, les Kassogues, 965 ; les Bulgares, 967, XXXII ; il repousse les Petchénègues, 968, XXXIII ; il veut s'établir à Péréïaslavets. 969, XXXIV ; il établit des princes à Kiev, chez les Drevlianes, à Novgorod, 970, XXXV ; guerre avec les Bulgares, les Grecs ; hommages des Grecs ; traité, 971, XXXVI ; guerre avec les Petchénègues, sa mort, 972, XXXVI. L'expédition de Sviatoslav contre les Grecs est racontée par Léon le Diacre (IV, 5). Le récit de cet historien n'est pas identique à celui de la Chronique. D'après lui l'empereur Nicéphore Phocas avait déclaré la guerre aux Bulgares ; il sollicita l'alliance de Sviatoslav. Le patricien Kalokyres qu'il avait chargé d'une mission auprès du prince russe, lui offrit le trône de Byzance ; Léon le Diacre ignore que Sviatoslav fit deux expéditions contre les Bulgares. Il est aussi question de ce prince dans Cedrenus et dans le récit de la visite d'Olga à Constantinople par Constantin Porphyrogénète. Les Byzantins l'appellent Σφενδοσθλαβοσ ;. Cette orthographe paraît prouver que le nom se prononçait encore en russe avec le son nasal ou que les Byzantins avaient adopté la prononciation des Bulgares qui avaient ce son dans leur langue.
SVIATOSLAV (II), fils de Vladimir et d'une Tchèque, XXXVIII ; établi par son père prince chez les Drevlianes, XLIII ; tué par Sviatopolk, 1015, XLVIII ; — Sviatoslav Iaroslavovitch (III),troisième fils de Iaroslav, né en 1027, LIII ; prince de Vladimir, puis de Tchernigov, 1054, LVIII, 1055, LIX; établit son fils à Tmoutorakan, 1063, LX ; guerre contre Vseslav, 1067, LXII ; expédition malheureuse contre les Petchénègues, 1068, LXIII ; Sviatoslav s'enfuit à Tchernigov, 1068 ; victoire sur la Snova, id. LXIII ; guerres intestines, 1069, LXIV ; histoire de magiciens, 1071, LXV ; Sviatoslav, assiste à la translation de Boris et de Gleb, 1072, LXVI ; guerres intestines ; il s'établit à Kiev, 1073, LXVII ; il visite Théodose mourant, 1074, LXVIII ; ambassadeurs allemands, 1075, LXIX ; sa mort, 1076, id. ; son fils Roman, 1079, LXXI ; et I. V. (1074-1076). Ce Sviatoslav fut grand prince de Kiev de 1073 à 1076. Il reste de son règne un curieux monument littéraire, le Sviatoslavov Sbornik, recueil de Sviatoslav ; c'est une compilation de textes de l'écriture rédigée sur son ordre par un diacre nommé Jean. Le manuscrit est précédé d'une miniature représentant le prince entouré de sa famille.
SVIATOSLAV IV, fils de Vladimir Monomaque, donné en otage aux Polovtses, 1095, LXXVIII ; il marche contre eux avec son père, 1107, LXXXVII ; établi prince à Péréiaslav, 1113, XCIII ; ce personnage ne joue qu'un rôle effacé.
SVIATOSLAVL, localité où les Polovtses sont vaincus par les Russes, 1084, I. V. Aujourd'hui inconnue. Les noms terminés en avl (...) sont des noms de ville ; il faut bien se garder de les confondre avec les noms terminés en av. Cf. Iaroslavl.
SVIEN, marchand russe, 945, XXVII. Nom Scandinave ; ancien norse Sveinn; très usité dans tous les pays Scandinaves.
SVIÉNALD, boïar russe, au service d'Igor, 945, XXVIII ; voïévode de sa veuve Olga, XXIX ; prend part à l'expédition contre les Drevlianes, 946, XXX ; cité dans le traité de 971 avec Constantinople, XXXVI ; nom Scandinave ; Sviénald, Svenaldus ne se rencontre qu'en Suède. Ce Sviénald a un fils Mstich (nom déjà slave, voy. ce mot.)
SVIÉNALD, boïar d'Igor, 971, XXVI ; 975, XXXVII ; père de Liout (voy ce nom).
SYLVESTRE, pape ; prend part au premier concile, XLII ; —, abbé du monastère de Saint-Michel à Kiev, LXXXIX. Ce personnage devint évêque de Péréiaslav et mourut en 1123. Voy. l'Introduction.
SYNODIK. On appelle ainsi dans l'Église orientale le livre où sont inscrits les noms des personnes qui doivent être mentionnées dans la liturgie.
SYRIE, fait partie de l'héritage de Sem, I ; prodiges, LX.
SYRTES, dans l'héritage de Cham, I.

T  ↑

TALETS, assassin de Boris, 1015, XLVII.
TARAS, évêque de Constantinople, prend part au septième concile, 988.
TAROV. Voy. Azgoulouï.
TAURIDE, fait partie de l'héritage de Japhet, I.
TAZ, frère de Boniak, prince des Polovtses, tué par les Russes, 1107, LXXXVII.
TCHÉNÉGRÉPA, prince des Polovtses, tué par les Russes, 1103, LXXV.
TCHÈQUES, peuple slave, originaire des Slaves du Danube, III ; font partie de la race slave, XIX ; guerre des Hongrois contre eux, 898, id. ; les princes russes prêtent leur concours aux Polonais contre les Tchèques, 1076, LXIX ; la Bohème citée, 1111, XC. commerce d'orge et de chevaux, XXXIV ; Sviatopolk meurt sur ses frontières, 1019 ; Vladimir vit en paix avec Oldrich (voy. ce nom). Des rares passages où il est question de ce pays on peut conclure que les relations étaient assez fréquentes entre les Russes et leurs congénères de Bohême. Vladimir avait épousé deux femmes tchèques dont on ignore les noms ; il en eut trois fils, Vycheslav, Sviatoslav et Stanislav. Il est d'ailleurs inexact que les Tchèques soient originaires du Danube ; c'est par l'est et non par le midi qu'ils sont arrivés en Bohême. Voy. Slaves.
TCHÉRÉMISSES, peuple tributaire des Russes, VII ; ils sont d'origine finnoise et existent encore aujourd'hui dans les gouvernements de Viatka, de Kazan, de Perm et d'Orenbourg. On évalue leur nombre à environ 250.000 âmes.
TCHERMNA, rivière d'Ethiopie qui coule vers l'Orient. Ce mot est la traduction du grec 'Ερυθρα (rouge).
TCHERN, nom que portait dans le monde le moine Isaac. Voy. Isaac. Ce mot veut dire noir.
TCHERNA RIÉKA, rivière noire, 866, XVI.
TCHERNIGOV, ville ; les Grecs lui paient tribut (traité de 907), XXI ; marchands de Tchernigov à Constantinople ; id.; et traité de 945, XXVII ; Mstislav prince 1024, LIII ; légué par Iaroslav à son fils Sviatoslav, 1054, LIX ; Sviatoslav s'y renferme fuyant les Polovtses, 1068, LXIII ; environs ravagés par eux, id. ; le moine Antoine visite la ville, LXVIII ; Sviatoslav enterré à — 1076, LXIX ; Boris prince, 4077, id.; il est remplacé par Vsévolod, id.; il y est assiégé, 1078, LXX ; Vladimir prince, 1078, LXX ;1087, LXXII ; 1093, LXXVI ; il est assiégé par Oleg et les Polovtses, 1094, LXXVII ; Oleg, après s'y être établi, s'enfuit, 1096, LXXIX ; Sviatocha à Tchernigov, 1097, LXXXIII ; voy. aussi I. V. 1076, 1111.
Tchernigov est citée pour la première fois dans un traité de commerce ; c'est en effet une ville essentiellement commerçante. C'est aujourd'hui le chef-lieu du gouvernement de ce nom dans la Russie méridionale (25.000 habitants). La principauté de Tchernigov disparut durant les invasions tatares.
TCHERTORYSK, ville de la Russie méridionale, 1110, LXXXIII ; aujourd'hui petite ville du gouvernement de Volynie, arrondissement de Loutsk (2.000 hab.). C'est elle qui a donné son nom à la famille des Czartoryski. Les Polonais l'appellent Czartorysk. La famille des Czartoryski n'apparaît dans l'histoire qu'au xVè siècle.
TCHERVEN, ville appartenant aux Lekhs qui leur fut enlevée par Vladimir, 981, XXVIII ; villes du pays de Tcherven, conquises par Boleslav le Grand, 1018, L ; reprise par Iaroslav et Mstislav, 1031, LIII; Sviatopolk s'y établit, 1097, LXXXII. Le mot tcherven (rouge) désigne probablement dans l'origine un château bâti en briques rouges. La ville dont il est question est aujourd'hui le village de Tchervenogrod (Czerwonogrod), arrondissement de Czartkow (Galicie). C'est probablement elle qui a donné son nom à la Russie Rouge (royaume de Galicie et Lodomérie ou Vladimirie.)
TCHITEIOVITSI, tribu polovtse, I. V. 1084-1096.
TCHOUDES, le nom russe Tchoud est collectif (voy. Russes) ; établis dans l'héritage de Japhet, au delà du portage et près de la mer des Varègues, I ; tributaires des Russes, VII ; tributaires des Varègues, 859, XIV ; appellent les Russes, 862, XV ; Tchoudes dans l'armée d'Oleg, 882, XVIII ; prennent part à l'expédition contre Constantinople, 907, XXI ; dans l'armée de Vladimir, 980, XXXVIII ; colons tchoudes envoyés par Vladimir, 988, XLIV ; la ville de Iouriev établie par Iaroslav en pays tchoude, 1030, LIII ; magicien chez les Tchoudes, LXV. Ce nom paraît avoir désigné d'abord les Estes (Esthoniens) et différents peuples finnois. Ils sont appelés Thiudi par Jornandès (Hist. Goth., XXIII), Scuti par Adam de Brème (Gesta Hamb, Eccl. Pont., III, 14). Leur nom a pris dans les langues slaves le sens de géant, d'étranger. (Voy. Miklosich, Lexicon palæo-slovenicum sub voce.) Les Tchoudes au delà des Portages sont ceux qui vivaient dans la contrée de Zavolotchie (gouvernement de Novgorod). Voy. Portages.
TCHOUD1N, frère de Touky, 1068, LXIII ; gouverneur de Vychégorod, 1072, LXVI ; 1078, LXX ; sa maison à Kiev, XXIX. Ce nom est évidemment ethnique et veut dire le Tchoude. Cf. Liackko, Variajko, etc.
TÉRÉBOVL, ville assignée par Vsévolod à Vasilko, 1097, LXXXII ; il y est rétabli, id., id. C'est aujourd'hui Trembowla en Galicie dans le cercle de Tarnopol (4.000 habitants).
THARA, mère d'Abraham, XL.
THARSIS(Bible), XC.
THÉB, disciple de saint Clément, XLIII.
THÉODORE, chef des Grecs, 941, XXVI.
THÉODORISTE, évêque d'Antioche, prend part au septième concile, XLII.
THÉODOSE, père de l'Église, imité par Théodose, moine du couvent Petchersky, LXXIV.
THÉODOSE, moine, ensuite abbé du monastère Petchersky, établi hégoumène par Antoine, 1081, LVII ; prend part à la translation des reliques de Boris et Gleb, 1072, LXXI ; fonde l'église du monastère, 1073, LXVII ; sa mort et son éloge, 1074. LXVIII (détails sur la vie du couvent) ; le monastère prend son nom, LXXIII ; translation de ses reliques, 1091, LXXIV ; prophétie réalisée, id. ; son tombeau violé par les Polovtses, 1096, LXXIV ; hommages rendus par Sviatopolk, 1107, LXXXVII ; inscrit dans le synodik, 1108, LXXXVIII (voy. ce mot); prodige sur son tombeau, 1110, LXXXIX. Il reste de Théodose plusieurs ouvrages de littérature religieuse, deux instructions populaires sur les châtiments divins et l'ivrognerie, dix instructions aux moines, deux épîtres au grand prince Iziaslav sur la loi des rites et la foi latine, enfin deux prières.
THÉOKTISTE, hégoumène du couvent Petchersky, 1108, LXXXVIII ; nommé évêque de Tchernigov, 1112, XCI.
THÉOPHANE, chef des Grecs, repousse les Russes avec le feu grégeois, 941, XXVI. Liûdprand, qui raconte cette défaite, ne nomme pas Théophane. — Évêque d'Antioche cité comme ayant pris part au sixième concile.
THÉOPHILE, syncelle, c'est-à-dire secrétaire de l'empereur de Constantinople, 971, XXXVI.
THÉOPOMPTE, métropolitain, 1137, LV ; personnage d'ailleurs inconnu.
THERMOUTHI, fille de Pharaon, XL ; son nom n'est pas cité dans la Bible. Il figure dans l'histoire de Flavius Josèphe, d'où il aura passé dans les textes apocryphes. On ne connaît aucune traduction slave complète de Flavius Josèphe. Mais on a des fragments considérables. Cf. Iagich, Archiv für slav. Phil., I, p. 17.
THESSALIE, fait partie de l'héritage de Japhet, I.
THRACE, Thraces, fait partie du domaine de Japhet, I ; ravagée par les Hongrois, 898, XIX ; ravagée par Siméon, roi de Bulgarie, 915, XXV ; 929, id.; Thraces dans l'armée grecque, 941, XXVI.
TIGRE, fleuve, I.
TIMOTHÉE, évêque d'Alexandrie, prend part au deuxième concile, XLII.
TIREI, marchand russe, prend part au traité de 945, XXVII ; nom incertain.
TIVERTSIENS peuple slave établi sur le Dniester, IX ; en guerre avec Oleg, 885, XIX ; figurent dans l'armée d'Oleg, 917, XXI ; dans celle d'Igor, 944, XXVII ; ce peuple paraît être le même que Constantin Porphyrogénète appelle Βερδιανων. Les invasions des Petchénègues le firent disparaître dès le XIè siècle.
TMOUTORAKAN, ville chef-lieu d'une principauté ; Mstislav, fils de Vladimir, y est établi prince par son père, 988, XLIV ; il y règne encore en 1022, LII ; 1024, LIII ; Gleb en est chassé par Rostislav et rétabli, 1064, 1065, LX ; Rostislav y revient, 1066, LXI ; Oleg s'y enfuit, 1076, LXX ;id., 1078, LXX ; cette ville paraît être d'origine kozare. Les Grecs l'appelaient τα Ματρκα. On la trouve aussi désignée sous les noms de Tamatarkha, Matarkha, Metrakha ; elle fut occupée en 1111 par les Polovtses. Les voyageurs italiens l'appellent Matreca, Matrega.
TORKS peuple ; auxiliaires de Vladimir dans sa campagne de Bulgarie, 985, XL ; battus par Vsévolod, 1055, LIX ; et 1060, id.; fils d'Ismael, apparentés aux Turkmènes, aux Petchénègues et aux Polovtses, LXXIX ; Torks auxiliaires de Vladimir Monomaque, 1095, LXXXVIII ; 1096, 1. V. ; 1097, LXXXII ; battus par les Russes, 1103, LXXXV ; battus par Boniak prince des Polovtses, 1105, LXXXVI ; Torks de Péréiaslav vaincus parles Russes, 1080, LXXI ; Torks au service de Vladimir, 1095, LXXVIII. Ce peuple nomade vivait sur les frontières de la Russie Kiévienne. Son nom disparaît à partir du XIIè siècle. Il est difficile de ne pas le rapprocher de celui des Turcs que les Russes appellent aujourd'hui ... . Constantin Porphyrogénète {De adm. Imp., chap. XIII) appelle les Magyars Τουρκοι .
TOROPETS, ville d'où le moine Isaac était originaire. Il y a une ville de ce nom dans le gouvernement de Pskov, sur la rivière Toropa, affluent de la Dvina.
TORTCHESK, ville ; assiégée et prise par les Polovtses, 1093, LXXVI ; et I. V. (Sans date entre 1084 et 1087.) Cette ville devait évidemment son nom aux Torks ; c'est aujourd'hui le village de Tortchitva sur les bords de la Tortcha, affluent de la Ros, affluent de la rive droite du Dnieper. Le nom de la Tortcha rappelle également celui des Torks.
TORTCHIN, cuisinier de Boris et son meurtrier, 1015, XLVII ; —, envoyé de David, 203, LXXXIII. Ce nom est évidemment un nom ethnique comme Tchoudin (le Finnois), Liachko (le Lekh), Variajko (Le Varègue). Voy. ces noms.
TOUGORKAN prince des Polovtses ; Sviatopolk épouse sa fille, 1094, LXXVII ; tué devant Péréiaslav par les Russes sous la conduite de son gendre, 1096, LXXIV et 1094. I. V. Ce nom doit être ainsi décomposé : Tougor-Khan.
TOUKY, frère de Tchoudin, 1068, LXIII ; tué par les Polovtses, 1078, LXX ; ce nom paraît être l'ancien norse Toki, fort répandu en Suède et en Danemark. Il y a cependant une petite difficulté ; le frère de ce personnage s'appelle Tchoudin, nom évidemment ethnique qui veut dire Finnois (voy. ce nom).
TOUR,. prince de Tourov, à qui il donne son nom (Tourov est en effet l'adjectif possessif de Tour), 980, XXXVIII ; cette ville, aujourd'hui peu importante, est située dans le gouvernement de Minsk, arrondissement de Mozyrsk.
TOURBERN, marchand russe, prend part au traité de 945, XXVII ; nom Scandinave ; ancien norse Dorbjœrn, très usité dans tout le Nord.
TOURD, boïar russe, prend part au traité de 945, XXVII, nom Scandinave ; ancien norse Dordr ; très usité dans tout le Nord.
TOURIAK, serviteur de David Igorovitch, 1097, LXXXII.
TOURIISK, ville, 1098, LXXXIII ; aujourd'hui petite ville de l'arrondissement de Kovel, Volynie, sur la rivière Toura.
TRAITÉS (Entre les Russes et les Grecs, XXI, XXII, XXVII, XXXV). Les traités mentionnés ou cités par la Chronique sont au nombre de quatre. Le premier est attribué à Oleg, après l'expédition contre Constantinople racontée avec des détails légendaires. Nous n'en avons pas le texte précis. Il est de 907 (XXI). Le second traité est de 912 (XXII). La Chronique le donne intégralement. Le troisième est de 945 (XXIII) ; le quatrième de 970 (XXVI). Le texte du traité de 907 parait fort douteux et peu en rapport avec les événements relatés auparavant. Il est peu probable qu'un traité de commerce ait été conclu au moment même où les Russes victorieux étaient devant Constantinople. Il ne pouvait y avoir à ce moment que des préliminaires de paix. Le traité de 912 nous est évidemment arrivé dans une rédaction altérée ; c'est ce que prouvent les renvois à un texte antérieur qui figurent dans le traité de 945, lequel renouvelle le traité précédent. On a essayé de contester l'authenticité de ces traités et de prouver qu'ils avaient été fabriqués après coup. Mais cette authenticité est absolument hors de doute aujourd'hui. Ainsi que l'a fait justement remarquer M. Miklosich {Introduction, p. IX sq.) il eût été impossible d'inventer après l'époque de Nestor les noms Scandinaves qui abondent dans ces documents. Or au temps de Nestor, ou de l'auteur,quel qu'il soit, on n'avait pas encore imaginé d'inventer en matière d'histoire russe des documents apocryphes. D'ailleurs un certain nombre d'héllénismes relevés par M. Miklosich attestent l'existence d'un texte grec malheureusement perdu aujourd'hui. S'il existait, les passages obscurs des traités seraient plus faciles à interpréter qu'ils ne le sont actuellement. Tels que nous les avons, ils ajoutent une page curieuse à l'histoire byzantine. Ils ont été l'objet de nombreux commentaires. Le plus récent est celui de M. Sergievitch : Le droit grec et le droit russe dans les traités du Xè siècle avec les Grecs. Ce travail a paru dans la Revue du ministère de l'Instruction publique de janvier 1882. L'académie impériale de Pétersbourg a mis récemment au concours une étude sur ces documents qui réclament un commentaire détaillé. Je les signale particulièrement à l'attention des byzantinisles.
Il existe une dissertation de M. Lavrovsky sur l'élément Byzantin dans la langue des traités ; je ne l'ai pas eue entre les mains. Remarquer les noms qui figurent dans ces textes. Dans le premier, celui de 912, il n'y a pas encore un seul nom slave ; dans celui de 945 on n'en trouve encore que trois (Sviatoslav, Vladislav, Predslava).
TUEPOL, ville près de laquelle les Polovtses sont vaincus, 1093, LXXVI ; sur la rivière Stougna (voy. ce nom), aujourd'hui Tripolié, village de l'arrondissement de Kiev.
TRIZNA, fête funéraire des Slaves païens, X. Le mot veut dire proprement combat, lutte ; c'était donc des jeux guerriers en l'honneur des défunts. Voyez Kotliarevsky, Les Rîtes funéraires des Slaves (...., Moscou, 1868, p. 131.). M. Kotliarevsky confirme l'existence des tryznas par une glose tchèque de la mater verborum. On ignorait alors que les gloses mythologiques de ce ms. étaient apocryphes. Voir mon Equisse de la mythologie slave, p. 10.
TROADE, fait partie de l'héritage de Cham, I.
TROUAD, boïar russe, prend part au traité de 945, XXXII. Ce nom paraît Scandinave, mais M. Thomsen n'en donne pas l'explication. Peut-être l'identifie-t-il avec le suivant.
TROUAN, envoyé d'Oleg à Constantinople, 912, XXII. Ancien norse Droandr, Drondr.
TROUBÈJE, rivière ; Vladimir construit des places fortes sur ses rives ; gué où est aujourd'hui Péreiaslav, 993, XLV ; combat livré aux Polovtses, 1096. Affluent de la rive droite du Dnieper, prend sa source dans le gouvernement de Tchernigov.
TROUVOR, frère de Rurik, appelé avec lui, s'établit à Izborsk, 802, XV. On ne sait rien sur ce personnage que ce qu'en dit la Chronique : un tumulus aux environs d'Izborsk, est appelé tombeau de Trouvor, mais cela ne prouve rien. Nom Scandinave, ancien norse Dorvadr.
TURKMÈNES, Turcomans, de la race d'Israël, apparentés aux Petchénègues, aux Torks et aux Polovtses, 1096, LXXIX. Ils ne sont nommés qu'une fois dans la Chronique.
TVORIMIR, père d'Ivan, 1043, LVI.

V  ↑

VAKY (maison de), (BaKHeB'Jb 4Bop'B), à Vladimir, 1097, LXXII.
VARÈGUES. Ils sont de la race de Japhet, I ; chemin qui mène de chez eux en Grèce et à Rome, IV ; la mer des Varègues, id. ; visités par Saint André, V ; ils imposent tribut aux Finnois et aux Slaves, 859, XIV ; ils sont repoussés au delà de la mer, 862, XV ; les princes varègues chez les Slaves, id.; Varègues dans l'armée d'Oleg, 882, XVIII ; les Novgorodiens leur payent tribut, 882, id. ; des Varègues prennent part à l'expédition de 907 contre Constantinople, XXI ; Igor en envoie chercher dans leur pays, 941, XXVI ; ils prennent part à l'expédition de 944, XXVII ; Vladimir vient avec des Varègues à Novgorod, 980, XXXVIII ; leurs exigences, id., ib. ; histoire du Varègue chrétien, 983, XXXIX; Iaroslav appelle des Varègues d'au delà de la mer, 1015, XLVII ; deux Varègues achèvent Boris, 1015, XLVI1 ; violences à Novgorod, 1015, XLVIII ; Varègues russes et slaves dans l'armée de Iaroslav, 1018, L ; Iaroslav en envoie chercher au delà de la mer, 1024, LIII (voy. Akoun); Varègues dans l'armée de Iaroslav, 1036, LIV. Le nom des Varègues en slavon russe est au singulier, .... (Variag), au pluriel Variazi. Mais ces formes représentent une forme antérieure avec nasale, Varang, Varanzi. Les Russes dans la Chronique sont tantôt identifiés avec les Varègues, tantôt décrits comme appartenant au peuple varègue. Il est évident que Varègue, dans notre Chronique, veut dire Scandinave. Les Varangues (Βαραγγοι), qui servaient dans l'empire byzantin et dont je n'ai pas à m'occuper ici, étaient évidemment des Scandinaves. (Voir Thomsen, édition anglaise, p. 107-110.) On a voulu faire de leur nom celui d'une corporation militaire ; mais ce nom s'applique à un peuple tout entier, de même que le nom des Suisses qui servaient nos rois représentait celui d'une nation. Notre Chronique appelle la mer russe, la mer Baltique, la mer des Varègues ; les géographes arabes qui donnent le même nom (Bahr-Varank, ap. Fraehn, Ibn Foszlans... Berichte ùber die Russen, p. 177). Ce nom se retrouve plus tard dans la géographie turque de Hadji Kalfa (XVIIè siècle), et dans d'autres écrivains orientaux (Thomsen, p. 114). Un savant russe, bien connu par d'excellents travaux sur l'histoire byzantine, M. Vasilievsky a récemment découvert à Moscou un manuscrit grec fort important, dont il a rendu compte dans la Revue russe du Ministère de l'Instruction publique (livraisons de juillet et d'août 1881). J'ai le premier, dans la Revue critique, (année 1882, 1er semestre, p. 214), signalé cette découverte. Dans ce manuscrit, qui date du XIè siècle, il est question du séjour de Harald le Sévère à Constantinople. Harald, frère de Saint Olaf, et fils du Scandinave Sigurd Syr, est appelé 'Αραλτησ βασιλεωσ Βαραγγια&sima;, ... υιοσ, εχον δ&epdilon; αδελφον τον Ιουλαβον. Dans ce texte le mot Varangie est pris dans un sens purement géographique. Cette découverte porte le dernier coup à l'école d'historiens qui s'obstine à ne point reconnaître les Varègues pour des Scandinaves, et qui veut faire de leur nom celui d'une simple corporation militaire. La Varangie du manuscrit byzantin découvert par M. Vasiliesky n'est autre que la Norvège. On voit toute l'importance de ce texte.
Je ne m'arrêterai point ici à énumérer toutes les polémiques auxquels les historiens russes se sont livrés à propos de la nationalité des Varègues. On trouvera la bibliographie de cette Varangomachie (le mot n'est pas de moi) dans l'histoire de Russie de M. Bestoujev-Roumine, p. 90 et dans le livre souvent cité de M. Thomsen. Humiliés de voir leur pays organisé par des étrangers, des historiens russes ont voulu faire des Varègues, des Slaves, des Lithuaniens, etc.... En général cette école a montré un profond dédain pour la méthode sévère et les rigoureux résultats de la linguistique. C'est pour permettre au lecteur de contrôler ces résultats que j'ai donné dans cet Index l'analyse de tous les noms Scandinaves, d'après l'édition suédoise de M. Thomsen (Ryska Rikels grundlaeggning genom Skandinaverna, Stokholm, 1883). Ce travail, déjà paru en trois langues, n'a point été publié en russe et c'est grand dommage. 11 est vrai que l'école anti-normande est difficile à convaincre : « Il y a dans la science, dit la Revue critique russe, des terrains réservés sur lesquels tout patriote se croit appelé à travailler. Sur ces terrains l'esprit occidental n'a pas droit de pénétrer ; ici règne l'esprit russe ; ici expirent les vaines combinaisons de la philologie. Ici toutes les questions sont résolues par le sentiment russe non encore corrompu par la science occidentale, et par le bon sens du Russe pur sang. Cet instinct lui apprendra ce qu'étaient non seulement les Varègues et les Russes, mais bien d'autres choses encore. » (Article sur le livre de M. Thomsen, ... ..., Moscou, année 1879, n° 20); l'auteur de cet article demande que l'ouvrage soit traduit ; M. Vasilievsky, dans l'article auquel nous venons de faire allusion a rendu pleine justice au savant danois. A côté des arguments tirés de la linguistique, de la géographie, il ne faut pas négliger ceux qui nous sont fournis par l'histoire comparée. Ce qui est le propre des Normands, c'est le caractère maritime de leurs expéditions, c'est la soudaineté avec laquelle on voit leurs vikings apparaître tout à coup sur les rivages les plus éloignés. Nous retrouvons ce caractère dans toutes les expéditions des Russes contre l'empire byzantin.
VARIAJKO, serviteur d'Iaropolk, 980, XXXVII. Nom ethnique (le Varègue). Cf. Tchoudin.
VARIN, localité où les Polovtses sont vaincus, 1087. 1. V.
VAS1LIEV, ville où, d'après certaines traditions, Vladimir avait été baptisé, 988, XLII; attaquée par les Petchénègues ; Vladimir y bâtit une église, 996, XIV. C'est aujourd'hui Vasilkov ; elle est située sur la Slougna à trente-six verstes de Kiev. M. Goloubinsky, dans son Histoire de l'église russe, soutient que Vladimir avait d'abord dû s'y faire baptiser en secret.
VASILKO, fils de Roslislav, ravage le pays des Lekhs, 1092, LXXV ; prend part à l'assemblée de Lioubetch,1097, LXXX1I ; David Igorovitch lui fait crever les yeux, 1097, LXXXIII ; sa vengeance, id. ; prince de Prémysl, 1100 ; il vivait encore en 1123. On ne sait en quelle année il mourut. Ses malheurs avaient vivement frappé l'imagination populaire ; le récit qu'en donne la Chronique est une des pages les plus remarquables de l'ancienne littérature russe. C'est évidemment un morceau interpolé. Voy. Basile. VELES, VOLOS, dieu des troupeaux ; les Russes jurent par lui le traité de 907, XXI, et le traité de 971, XXXVI. Ce dieu a survécu à l'introduction du christianisme et il est devenu saint Biaise, patron des troupeaux. M. Joseph Jireczek a essayé de démontrer l'existence d'un dieu analogue en Bohème ; mais dans les textes qu'il cite, Vêles veut dire le diable, et il n'est pas certain qu'on puisse l'identifier au dieu russe. (Cf. mon Esquisse sommaire de la Mythologie slave, Paris, 1882.) Voir aussi les observations sur Peroun.
VÉNÈDES, peuple de la race de Japhet, I.
VERMOUD, envoyé d'Oleg, négocie avec les Grecs le traité de 907, XXII ; c'est probablement le même qui figure dans le traité de 812, XXII ; nom Scandinave ; ancien norse Vermundr.
VES (... nom collectif) peuple finnois habite dans l'héritage de Sem, I; établi sur le lac Blanc, VII, XV ; ils servent dans l'armée de Rurik, 882, XVIII ; ce peuple fut promptement assimilé par les Russes. Il était connu de Jornandès qui l'appelle Vasina (Hist. Goth., 23) et d'Adam de Brème qui l'appelle Vizzi (Gesta Hamb., III, 14). Ibn Foszlan (ap. Frsehn, Ibn Foszlan, etc., p. 207) parle d'un peuple appelé Visa chez lequel parfois la nuit ne dure qu'une heure. (Voir les textes d'autres géographes arabes réunis par Bestoujev Roumine, p. 67.)
VIAGR, rivière sur laquelle les Polovtses sont vaincus, 1097, LX. Ce cours d'eau peu important doit être un affluent du San (voy. ce nom). Bielowski l'appelle Wiar.
VIATCHESLAV, fils de Iaroslav, né en 1036, LIV ; établi par son père à Smolensk, 1054, LV1II et 1055, LIX ; sa mort, 1057 ; — fils de Iaropolk, prend part à une expédition contre les Polovtses, 1103, LXXV ; sa mort, 1104, LXXXVI ; — fils de Vladimir Monomaque, prend part aux guerres civiles, 1096, LXXXI ; à l'expédition contre les Polovtses, 1107, LXXXVII ; établi par son père à Smolensk, 1113, XC1II. Aucun de ces personnages n'a joué un rôle important. Le nom de Viatcheslav (anciennement Ventcheslav) est devenu en latin Wenceslaus, en allemand Wenzel, en tchèque Vacslav.
VIATITCHES, peuple, descend d'un Lekh appelé Viatko qui se serait établi sur l'Oka, IX ; leurs coutumes grossières, X ; tributaires des Kozares, 859, XIV ; soumis par Sviatoslav, 964-966, XXXII ; révoltés et soumis par Vladimir, 982, XXXIX ; colons viatitches envoyés par Vladimir, 988, XLIII ; visités par Vladimir Monomaque, 1074-1878, I. V. Bielowski suppose que les Viatitches (primitivement Antitches) sont les descendants des Antes, peuple slave mentionné par Jornandès et Procope (voir Schafarik, Antiquités Slaves, sub voce). Au point de vue de la'phonétique slave, cette étymologie n'a rien d'invraisemblable. Les mots commençant par une voyelle nasale appellent volontiers un V prosthétique. Peut-être peut-on retrouver dans le nom de la rivière Viatka le souvenir de ce peuple établi d'après la Chronique même à la marche orientale du monde russe.
VIATKO. Voy. Viatilclies.
VIGILE, pape, prend part au cinquième concile, 988, XLII.
VISTULE. Les Slaves établis sur ce fleuve s'appellent Lekhs, III. Elle porte le même nom en russe et en polonais.
VITETCH, colline de (...), située au-dessous de Kiev, sur la rive droite du Dnieper.
VLADIMIR, fils d'Igor et de Maloucha, durée de son règne indiquée pour fixer la chronologie, XIII ; assiégé avec sa mère à Kiev, 968, XXXIII ; prince à Novgorod, 970, XXXV ; il s'y établit, épouse Rogniéda, guerre contre laropolk, 986, XXXVIII ; il est le seul prince en Russie, ses femmes, expéditions diverses, XXXVIII ; cultes des idoles, 983, XXXIX ; expéditions diverses, 985, XL ; conférences avec les Bulgares, les Allemands, les Juifs qui lui proposent une religion, 986, XL ; exposition de la foi chrétienne, id.; conseil avec les boïars, mission en Grèce, 987, XLI ; siège de Kherson, baptême de Vladimir, 988, XLII ; baptême du peuple russe, 988, XLIII ; enfants de Vladimir, colonies établies par lui, XLIII ; fondations diverses, 989-993, XLIV ; guerre avec les Petcliénègues, 993, XLV ; éloge de Vladimir,XLIV ; nouvelle guerre contre les Petchénègues, 997, XLVI ; événements divers, 998-1014, XLV1I ; mort de Vladimir, son éloge, 1015, id. Les indications fournies par la Chronique permettent d'apprécier suffisamment ce prince dont le règne termine la période varègue de l'histoire de Russie. Le témoignagne de Nestor concernant ses moeurs dissolues est confirmé par la Chronique de Thietmar (Liv. VII, 52). « Erat enim fornicator immensus et crudelis. » D'autre part les épopées populaires russes (Byliny) complètent ce que la Chronique nous apprend de sa magnificence. (Voy. Rambaud, La Russie épique, ch. II. Cycle de Vladimir.) Au chap. XL, le moine grec qui vient exposer à Vladimir le dogme chrétien termine en lui montrant tout à coup un tableau du jugement dernier. Suivant certains écrivains byzantins, le même artifice aurait été employé pour obtenir la conversion de Boris, roi des Bulgares. (Voir mon Cyrille et Méthode, p. 87.) M. Goloubinsky a démontré (Hist. de l'égl. russe, ch. II) que tout le récit de l'envoi des missionnaires à la recherche de la meilleure des religions est une nterpolation postérieure, due sans doute à quelque membre du clergé grec désireux d'établir sur la Russie l'influence de l'Église byzantine. Il attribue la conversion du prince à l'influence des Varègues chrétiens qui avaient aussi probablement provoqué celle de sa mère. D'ailleurs le récit de cette conversion, ainsi que celle du siège de kherson, fourmille d'invraisemblances.
VLADIMIR, fils de laroslav, né en 1020, LI ; établi par son père prince à Novgorod, 1036, LIV (noter qu'à cette époque il n'a encore que seize ans) ; expéditions contre les Iams, 1042, LV ; fonde une église, 1045, LVI ; sa mort, 1052, LVII.
VLADIMIR MONOMAQUE, fils de Vsévolod, né en 1053 ; LVII ; expédition contre les Tchèques, 1076, LXIX ; il s'établit à Smolensk, 1078, LXX ; expédition contre Tchernigov ; Vladimir y est établi id., id.; il bat les Torks, 1080, LXXI ; expédition contre les fils de Rostislav, 1084, id., id.; paix avec laropolk, 1087, LXXII ; guerres civiles, 1093, LXXVI, 1093, LXXVII ; guerre avec Oleg, 1096, LXXIX ; les Polovtses vaincus, id., id., et 1096, LXXXI; Vladimir allié à Vasilko, 1097, LXXXII ; expédition contre Svialopolk, 1098, LXXXIII ; paix conclue, 1110, LXXXIII ; expédition contre les Polovtses, 1103, LXXXV ; négociations,1104, LXXXVI ; Vladimir marie son fils à une princesse polovtse, 1107, LXXXVII ; expédition manquée, 1110, LXXXIX ; nouvelle expédition, victoire. 1111, XC ; commencement du règne de Vladimir à Kiev, 1113, XCIII. Voir sur ce prince l'Instruction de Vladimir Monomaque à ses enfants et la préface de ce morceau, pp. 239-241.
Le nom de Vladimir se rencontre en russe sous deux formes : Vladimir, qui est la plus ancienne, et Volodimer. C'est à tort qu'on a voulu le faire venir du Scandinave Voldemar qui est au contraire un emprunt fait au Russe. C'est de Volodimir qu'est venu le nom du royaume de Lodomérie, nom imaginé par les rois de Hongrie pour certaines contrées russes et appliqué depuis à la Galicie.
VLADIMIR, ville; Vsévolod, prince, XLIII ; Sviatoslav, 1054, XLVIII ; Igor, 1055, XLIX ; laroslav, 1078, LXX ; David, 1085, LXXI ; id., LXXXII ; il est chassé par Svialopolk, 1099, LXXXIII ; le fils de Vladimir Monomaque 1102, LXXXIV ; Amphiloque, évêque, 1105, LXXXVI ; I. V. passim. C'est aujourd'hui une ville sans importance du gouvernement de Volynie (5.000 hab.). Les Polonais l'appellent Wlodzimierz wolinska. Elle ne doit pas être confondue avec Vladimir sur la Kliazma, chef-lieu d'un gouvernement de la Russie centrale.
VLADISLAV, boïar russe, prend part au traité de 945, XXVII. — Roi des Lekhs, allié de Sviatopolk, 1097, LXXXIII ; c'est Vladislav I dit Herman, roi de Pologne de 1080 à 1102.
VLOKHS, peuple, descendants de Japhet, I. (Ils sont cités entre les Galiciens-Espagnols et les Romans.) Ce sont ici les Italiens. Vlokhs établis parmi les Slaves du Danube, III. (Ce sont les colons romains ou valaques.) Le manuscrit hyp. ajoute au § VIII une phrase où il est dit qu'ils furent chassés par les Bulgares. Le nom de Vlokhs dans toutes les langues slaves désigne les peuples latins (l'Italie se dit encore aujourd'hui Vlachy en tchèque, Vlochy en polonais). Ce nom est resté, comme on sait, aux Valaques de Roumanie. On admet généralement que le mot a passé dans les langues slaves par l'intermédiaire des langues germaniques. (Matzenauer, Cizi slova ve slovamkych recech, Les Mots étrangers dans les langues slaves, Brno (Brûnn), 1870). « Romanus, dit M. Gaston Paris (Romania, tome I, p. 12) se traduisait en allemand par Walah, mais jamais les Romains n'ont pris eux-mêmes cette dénomination ; elle s'est maintenue en allemand (où Romanus est inconnu) pour désigner les peuples romans pendant le moyen âge, et n'a pas encore tout à fait disparu ; elle s'est particulièrement attachée aux deux peuples qui ont gardé le nom de Romains, aux Churwelschen et aux Walachen. » A ce nom de walah se rattachent welche, ag. s. vealh, anc. nor. vali... et wallon.
M. d'Arbois de Jubainville, dans son Introduction à l'étude de la littérature celtique (Paris, 1883), fournit sur l'étymologie première de notre mot Vlokh les indications suivantes (p. 10 et sq.). « Un autre nom (que celui de celte) d'une branche de la famille celtique a été employé pour désigner la famille entière, c'est celui de Volcæ. Ce nom appartenait en propre à une tribu celtique établie au nord du haut Danube dans la région qui, à partir de César, porte dans la géographie ancienne le nom de Germanie : (« Loca circa Hercyniam sylvam Volcæ Tectosages occupaverunt, atque ibi consederunt : quæ gens ad hoc tempus his sedibus sese continet. » C. Cœsar, De bello gàllico, lib. VI, cap. XXIV.) Cette tribu envoya, probablement au commencement du IIIè siècle avant notre ère, une colonie dans le bassin du Rhône.... (Tite-Live, XXI, ch. XXVI, § 6). Plus tard elle s'avança davantage à l'ouest, et, sous la domination romaine, cette tribu, établie tout entière sur la rive droite du Rhône, était divisée en Volcæ Tectosages à l'ouest, en Volcæ Arecomici, à l'est. (Ουολκαι, Ptolémée, livre II, chap. X, § 10). Mais les Volcæ de la Germanie ont joué un rôle beaucoup plus considérable. Leur nom, dont la forme germanique esl Valah, devient, chez les Germains, le nom générique de la race celtique ; et quand la domination romaine se fut substituée à celle des Celtes dans les pays qu'ils avaient occupés au sud du Danube et à l'ouest du Rhin, les Germains transportèrent aux Romains le nom par lequel ils désignaient les Celtes. De là le nom de Valaques, un de ceux que portent les populations de langue latine de l'Europe orientale. Ce nom est identique à Valah. Welsch, nom allemand des Italiens et des Français, Welsh nom anglais des populations celtiques du midi de la Grande Bretagne, Wales, nom du pays habité par ces populations, sont des dérivés de Valah et par conséquent de Volca. On doit ces rapprochementsà M. Gaslon Paris. » La forme slave Vlokh (.. .., forme collective ...) paraît se rapprocher plus de Volcæ, Ουολκοι que du germanique Valah. Il est possible qu'elle soit venue directement aux Slaves (il n'y a point si loin du Danube aux Carpathes) sans passer par l'intermédiaire germanique.
A propos des Slaves Danubiens et des Vlokhs, M. Bielowski a exposé dans son ouvrage : Introduction critique à l'histoire de Pologne (Wstep kryticzny, etc..) une théorie assez ingénieuse. Les Vlokhs seraient les Celtes qui, d'après Trogue Pompée, s'établirent au VIè siècle avant Jésus-Christ dans la Pannonie et qui furent rencontrés dans ces contrées par Alexandre. Cette hypothèse suppose les Slaves établis à cette époque sur les bords du Danube ; malheureusement elle n'est pas confirmée par les documents linguistiques (noms géographiques etc..)
VOIÉVODE, chef d'armée, de voï, armée, voditi, conduire.
VOIKYNA, serviteur de Iaropolk, 1087, LXXII.
VOIN, rivière ; combat avec les Polovlses, 1055, LIX ; autre combat, 1079, LXXI ; expédition, 1110, LXXXIV et I. V. même année. C'est aujourd'hui la Viounka ; elle arrose le gouvernement de Tchernigov.
VOIST, envoyé à Constantinople, 945, XXVII, nom douteux.
VOLGA, fleuve, coule vers l'Orient, vers l'héritage de Sem, I ; se jette par soixante-dix bouches dans la mer khvalisienne, IV ; Krivitches établis sur ses bords, VII ; Viatitches, XXXII ; Gleb sur le Volga, XLVII ; conduit chez les Bulgares, LIII ; magiciens, 1071, LXV ; expédition de Mstislav, 1096, LXXXI. Le nom de ce fleuve est en russe du féminin ; on dit la Mère Volga, comme les Allemands disent le Père Rhin.
VOLKHOV, rivière, I ; sort du lac Ilmen et se jette dans le lac Nevo, IV ; idole à Novgorod sur le —, XXVIII ; prodige, 1063, LIX ; magicien, 1076, LXV ; le Volkhov coule en effet du lac Ilmen au lac Ladoga (autrefois Névo) ; il arrive parfois que l'embouchure, dans le lac Ladoga, soit barrée par les glaces et que le fleuve coule réellement en arrière.
VOLODAR (primitivement Vladar, ..., le puissant), fils de Rostislav, s'établit à Tmoutorakan, 1081, fait prisonnier par Oleg, 1033, LXXI ; prince de Prémysl, 1097, LXXII ; il fait mettre son frère Vasilko en liberté, id., id. ; guerre contre Sviatopolk, id., id.; négociations, 1100, LXXXIII. La forme la plus ancienne est Vladar ; M. Miklosich l'a restituée avec raison ; j'ai adopté, pour ce nom comme pour un certain nombre d'autres, celle qui est en usage chez les historiens russes.
VOLYN (... ville sur le Boug, 1018, L ; 1077, LXX ; Volyniens, peuple slave, VII ; établis sur le Boug, IX. La ville de Volyn n'existe plus aujourd'hui ; on suppose qu'elle était bâtie à l'embouchure de la rivière Goutchva et du Boug ; un archéologue polonais, Czarnocki, a découvert en cet endroit les débris d'une enceinte en terre et de nombreux tumuli. Elle a donné son nom à la province, aujourd'hui gouvernement de Volynie (on écrit à tort Volhynie). Cette province est déjà mentionnée dans Masoudy qui l'appelle Volinana et raconte (ceci paraît peu exact) que son roi commandait à tous les Slaves.
VORONITSA, rivière, 1096. I. V.
VORSKLA, rivière, 1111, XC ; prend sa source dans le gouvernement de Koursk, arrose ceux de Kharkov et de Poltava et se jette dans le Dnieper (rive gauche).
VOUZLEB,marchand russe, prend part au traité de 945, XXVII. Probablement un nom Scandinave en leir ; mais la forme réelle est inconnue.
VROUTCHIÉ, localité dans le pays des Drovlianes, 977, XXXVII ; aujourd'hui Ovroutch en Volynie (5.000 habitants, dont la moitié de Juifs). Polonais Owrucz.
VSESLAV, fils d'Iziaslav, petit-fils de Vladimir ; sa mort 1103, XLVII ; — fils de Briatchislav, petit-fils d'Iziaslav, succède à son père, 1044, LVII. (Le chroniqueur fait ici allusion à un signe « que Vseslav porte encore aujourd'hui » ; or comme Vseslav, mourut en 1101, ceci donne une date intéressante pour l'époque où fut compilée la Chronique) ; expédition contre les Torks, 1060, LIX ; commence la guerre contre les fils de Iaroslav, 1065, LX ; il est prince de Polovlsk et s'empare de Novgorod, 1367, LXII ; il est jeté en prison et devient prince de Kiev, pendant sept mois, 1068, LXIII ; chassé de Polovtsk, 1069, LXIV, brûle Smolensk, 1078. I. V ; sa mort, 1101, LXXXIX. Ce prince est célébré dans un vieux poème russe, Le Chant d'Igor. (Voir Rambaud, la Russie épique.)
VSEVLAJD, ville prise par Volodar et Vasilko, 1097, LXXXII. Cette ville, aujourd'hui disparue, était située dans la Volynie actuelle, nom loin de celle de Kovel. Vsevlajd est la ville de Vsévolod (Vsevlad), comme Vladimir est celle de Vladimir, Iaroslavl, de Iaroslav (voy. ces noms).
VSÉVOLOD, primitivement VSEVLAD, fils de Vladimir et de Rogniéda, XXXVIII ; établi par son père à Vladimir, XLIII. — Quatrième fils de Iaroslav, né en 1030, LIII ; établi par son père à Péréïaslav, 1054, LVIII ; expédition contre les Torks, 1055, LIX ; guerre contre Vseslav, 1067, LXII ; guerres civiles, 1069, LXIV ; naissance d'un fils, 1070, id.; il assiste à la translation des Saints Boris et Gleb, 1072, LXVI ; guerre contre Iziaslav, 1073, LXVII ; il devient prince de Tchernigov,1076, LXIX ; guerre contre Oleg, Boris et les Polovlses, 1078, LXX ; Vsévolod établi à Kiev, 1078, LXX ; guerre contre les Polovlses, 1080, id. ; guerres intestines, 1084, LXXI ; il enterre son frère Iaropolk, 1087, LXXII ; sa fille Jeanne en Grèce, 1090, LXXIII ; prodige, 1091, LXXIV ; mort de Vsévolod, son éloge, 1093, LXXVI ; villes assiégées par lui, 1097, LXXXII ; sa femme était une princesse grecque, 1053, LVII ; il eut deux fils, Vladimir Monomaque et Rostislav.
VYCHATA, voïévode de Iaroslav, 1043, LVI ; 1071, LXV : 1106, LXXVI — fils d'Ostromir (voy. ce nom).
VYCHÉGRAD ou VYCHÉGOROD, ville qui appartenait à la princesse Olga, 946, XXX ; Sviatopolk y vient, 1013, XLVII ; Iaroslav y meurt, 1054, LIX ; Tchoudin gouverneur, 1072, LXVI ; Iaropolk y réside, 1078, LXX ; prodige, 1091, LXXV ; Torks aux environs, 1093, LXXVI. Vychégorod.veut dire proprement le château-fort (la ville haute). (Il y a un Vychégrad au-dessus de Prague, en Hongrie, en Bosnie, etc.). Aujourd'hui ce n'est plus qu'un village insignifiant à 14 versles de Kiev, sur la rive droite du Dnieper.
VYCHESLAV, fils de Vladimir et d'une Tchèque, XXXVIII ; établi par lui à Novgorod, XLIII.
VYDOBITCH, colline auprès de Kiev sur le Dnieper, 1096, LXXX ; 1097, LXXXII.
VYGOCHEV, ville dont les habitants servent dans l'armée de Mstislav, 1097, LXXXIII.
VYR, rivière, sur laquelle les Polovtses se rassemblent, 1113, XCIII et I.V.

Z  ↑

ZABULON, personnage biblique, XL.
ZACYNTE, île, fait partie de l'héritage de Japhet.
ZAKHARIE, personnage biblique, XL.
ZAKHARIE LE KOZARE, officier de Sviatopolk, 1106, LXXXVI.
ZARIÉTCHESK, localité ravagée par les Polovtses.
ZAROUB, localité, 1096, LXXIV ; 1105, LXXXVI ; c'était un endroit fortifié sur la rive droite du Dnieper, au-dessus de Kiev.
ZASAKOV, ville, 1095, LXXVIII. Aujourd'hui inconnue.
ZBYGNIEV, ce personnage n'est cité qu'une fois, 1106, LXXXVI. A en juger d'après le nom ce paraît être un Polonais.
ZDVIJEN, ville, où on amène Vasilko, 1097, LXXII.
ZLATETCH, rivière, 1101, LXXXIV ; affluent du Dnieper. Son nom semble indiquer qu'elle roulait de l'or.
ZVÉNIGOROD, ville, 1087, LXXII, 1097, LXXXII. C'est aujourd'hui un petit village du district de Borszczow en Galicie ; les Polonais l'appellent Dzwinogrod. Ne pas confondre cette ville avec les Zvénigorod qui existent encore aujourd'hui aux environs de Kiev et de Moscou.

FIN.  ↑

TABLEAU GÉNÉALOGIQUE DES PRINCES DE LA FAMILLE DE RURIK CITÉS DANS LA CHRONIQUE.

Dans le livre cet arbre généalogique se présente en largeur dans une page pliée en trois et quasi illisible, ici nous avons renoncé à plier votre écran (!) et usons d'attaches que vous saurez démêler (si ! si !); serons-nous plus lisibles ?

K. indique les grands princes de Kiev.
†. indique la date de la mort.
Pour les autres indications voir les notices consacrées à chaque prince dans l'INDEX.
Les grands rectangles contiennent des fratries, ils sont reliés par un trait bleu à leurs géniteurs marqués d'un astérisque au besoin, quant aux membres d'une fratrie c'est un trait vert qui les rattache à leur descendance.

RURIK † 879 K puis OLEG † 913 K (tuteur d'Igor) IGOR † 945 K OLGA † 969 SVIATOSLAV † 972 K Predslava Maloucha IAROPOLK † 980 K OLEG † 977 K VLADIMIR † 1015 K ROGNÉDA † 1000 VYCHESLAV *IZIASLAV † 1001 SVIATOPOLK † 1019 K IAROSLAV † 1054 K * VSEVOLOD † 993 SVIATOSLAV † 1015 *MSTISLAV † 1036 BORIS † 1015 GLEB † 1015 STANISLAV POZVIZD SOUDISLAV † 1065 VSESLAV † 1003 *BRIATCHISLAV † 1044 VLADIMIR † 1052 * IZISLAV † 1078 K * SVIATOSLAV † 1076 * VSEVOLOD † 1093 K * IGOR † 1060* VIATCHESLAV † 1057 * EUSTACHE † 1033 VSESLAV † 1101 K GLEB † 1119 DAVID BORIS † 1078 DAVID † 1112 MSTISLAV † 1116 *VLADIMIR Monomaque † 1125. K RASTISLAV † 1093 GLEB † 1078 ROMAN † 1079 OLEG † 1115 *DAVID † 1123 IAROSLAV † 1129 MSTISLAV † 1070 *IAROPOLK † 1086 *SVIATOPOLK † 1113 K RASTISLAV † 1065 RURIK † 1092 VOLODAR † 1121 VASILKO † 1124 k IAROSLAV † 1102 VLATCHESLAV † 1104 MSTISLAV † 1099 IAROSLAV † 1123 BRIATCHISLAV † 1127 SVIATOSLAV se fait moine † 1107 MSTISLAV † 1132 K SVIATOSLAV † 1114 IZIASLAV † 1095 VLATCHESLAV † 1154 K IAROPOLK † 1139 GEORGES † 1158

INTRODUCTION

Il y aura bientôt vingt ans que j'ai commencé à m'occuper de la Chronique de Nestor. J'annonçais déjà la publication prochaine de ma traduction sur la couverture d'un volume publié en 1866 (1). En 1868 je présentais à la Sorbonne comme thèse latine pour le doctorat es lettres une dissertation : De Nesture rerum russicarum scriptore (2) où je citais quelques fragments de ma traduction inédite et où je m'engageais à la faire paraître prochainement.

(1) Chants héroïques et chansons populaires des Situes de Bohême. (Paris, 1866, Librairie Internationale.)

(2) Brochure in-8. Paris, Vieweg, éditeur.

En laissant de côté les anciennes versions allemandes (Scherer, Schloetzer, Müller) et la version française de M. Louis Paris qui ne comptent plus depuis longtemps (3), la Chronique n'avait encore été traduite sérieusement en aucune langue de l'Occident. La traduction polonaise de M. Bielowski, publiée en 1864, la traduction tchèque de M. Erben éditée en 1866 n'étaient guère plus accessibles à nos compatriotes que l'original slavon-russe dont elles reproduisaient, trop fidèlement peut-être, les idiotismes et les obscurités.

(3) Sur ces travaux voy. la bibliographie.

En 1869 parut à Copenhague la version danoise de M. Smith ; elle me donna lieu de réfléchir sérieusement sur la valeur de la mienne, sur la nécessité de la reviser, sur la nature du commentaire qu'il fallait y joindre. Les textes slavons ne sont pas faciles ; on peut les traduire mot à mot dans une langue slave moderne, en calquant la phrase, en remplaçant tout simplement le mot original par son équivalent russe, tchèque ou polonais. Le procédé est commode, mais il ne donne pas toujours un sens. C'est là un phénomène que les humanistes ont pu constater dans les traductions latines des classiques grecs.

Je remis donc ma version en portefeuille, bien résolu à la collationner sur celle de M. Smith. J'appris le danois pour me mettre en état de profiter de son commentaire. Il est tel point sur lequel je ne puis être d'accord avec lui et où je crois avoir raison. Son oeuvre n'en est pas moins digne d'une haute estime. J'ai été pendant plusieurs années en relations avec mon savant collègue de Copenhague. Une mort prématurée l'a ravi à la science l'année dernière ; c'est pour moi un vif chagrin de ne pouvoir lui soumettre une publication à laquelle il s'intéressait vivement et pour laquelle son travail a été dans ne certaine mesure mis à profit.

En 1872 je fus chargé d'une première mission en Russie à l'effet d'étudier l'état actuel de la philologie, de l'histoire et de l'archéologie slave dans ce pays. M. Bestoujev Rioumine venait d'éditer le premier volume de sa magistraie histoire de Russie ; la Commission archéographique{4), renonçant au système suivi dans ses premières publications, donnait en 1871 et en 1872 deux excellents textes de la Chronique ; la question des origines normandes de la Russie, la Varangomachie, comme on dit là-bas, divisait en deux camps le monde des historiens ; Nestor faisait généralement tous les frais de cette controverse. Je réunis de nombreux matériaux pour le commentaire dont je songeais à accompagner ma traduction et sur lequel je reviendrai tout à l'heure. Peu de temps après ma seconde mission en Russie (congrès archéologique de Kiev, 1874) je fus chargé de renseignement du russe à l'école des langues orientales ; j'y joignis celui du slavon sans lequel le russe manque de base linguistique ; j'eus occasion d'expliquer avec mes élèves quelques fragments de la Chronique. L'école me fit l'honneur de prendre ma traduction parmi les travaux qu'elle publie dans sa bibliothèque ; l'impression de ce volume a duré près de quatre ans ; toutes les épreuves ont été revues soigneusement sur le texte original. J'ose espérer que ce volume ne fera point mauvaise figure dans la remarquable collection dirigée par M. Schefer. La Chronique n'intéresse pas seulement l'histoire de la Russie ; elle met en lumière plus d'un coté de l'Orient européen ; elle complète les annales byzantines, les récits des géographes arabes ; elle y ajoute des indications que l'on chercherait vainement ailleurs et qui ont été jusqu'ici, faute d'une traduction sérieuse, à peu près inaccessibles aux savants de l'Occident.

(4) Voy. la bibliographie.

I

La chronique dite de Nestor renferme l'histoire de la Russie et des pays voisins depuis la seconde moitié du IXè siècle jusqu'aux premières années du XIIè. Elle n'est pas, comme on le croit volontiers, le premier monument historique de la littérature slavonne russe. Cette littérature nous offre quelques documents antérieurs, d'une importance d'ailleurs assez secondaire. Tels sont par exemple les récits du moine Jacob sur les commencements de l'Eglise russe au temps d'Olga et de Vladimir et sur ses premiers martyrs Boris et Gleb (5). Ces deux récits sont assez vagues et noyés dans les amplifications d'une rhétorique pieuse. L'auteur avait avant tout pour objet l'édification du lecteur. Ils sont écrits d'une façon naïve et enfantine. Dans le récit de la mort de Boris et de Gleb, l'hagiographe prête aux deux martyrs de longs et invraisemblables discours. Ces documents ont été rédigés vers la seconde moitié du XIè siècle.

(5) Voy. l'index au mot Jacob.

Après le moine Jacob apparaît le moine Nestor, le même qui a depuis longtemps l'honneur, immérité d'ailleurs, de donner son nom à notre Chronique. Il composa avant 1091, — car on a des éléments précis pour fixer cette date,(6) — un Récit sur Boris et Gleb et une vie de Théodose Petchersky, l'hégoumène (Voy. 1'index). Jacob n'avait raconté que le meurtre des deux princes ; Nestor expose leur vie tout entière. C'est le premier essai de biographie dans la littérature slavonne russe. Ces biographies ont d'ailleurs le caractère vague propre aux ouvrages d'édification ; elles apportent peu de chose à l'histoire proprement dite. On y sent l'imitation des vies des saints telles qu'on les écrivait chez les Grecs. La vie de saint Théodose est un document purement monastique.

(6) Voy. Goloubinsky, Histoire de l'église russe, tome I, p. 620. J'ai apprécié cet excellent ouvrage dans la Revue critique, n° du 10 septembre 1833.

On a longtemps considéré comme appartenant à ce moine Nestor, et j'ai moi-même soutenu cette opinion il y a quinze ans dans ma dissertation latine, le recueil appelé Paterik {πατερικον) comprenant la vie des Saints du monastère Petchersky. Il est aujourd'hui démontré que ce recueil, dont on trouve les premiers éléments dans notre Chronique, n'a pas été rédigé avant le XIIIè siècle. C'est par une fausse interprétation de la tradition que le Paterik a été attribué à l'auteur de notre Chronique (7).

(7) Goloubinsky, id., p. 629. A propos du Paterik, l'encyclopédie Larousse commet une assez plaisante erreur. Elle fait venir ce mot de Petchersky. C'est ainsi que le dictionnaire de Feller prend pour un nom d'homme les mots russes Nestorova lietopis (Chronique Nestorienne)! Voici une erreur encore plus singulière qu'on regrette de trouver dans un manuel d'ailleurs intéressant : « Nestor écrivait en latin sa chronique, où il imite admirablement le stylo biblique. » {Histoire des littératures étrangères, par Halberg, Paris, Lemerre, t. II, p. 285.) Si le latin avait pénétré à Kiev dès le XIè siècle, toute la marche de l'histoire dans ces contrées aurait été changée.

Cette Chronique a été évidemment écrite vers la fin du XIè siècle et le début du XIIè par un moine du monastère Petchersky. Elle est anonyme comme presque toutes celles que nous ont léguées les couvents russes et rien n'indique que l'auteur se soit appelé Nestor. D'où vient donc l'attribution généralement adoptée ? Le moine Nestor avait écrit, comme nous l'avons vu plus haut, une vie des saints Boris et Gleb, et de saint Théodose l'hégoumène. La Chronique renferme de longs détails sur ces trois personnages, et dans le Paterik Nestor figure dès le XIIIè siècle avec l'épithète de ..., (Iliétopisets), chroniqueur, annaliste (8). Or le Paterik a été pendant longtemps pour les Russes orthodoxes l'objet d'une croyance aussi docile que celle qu'ils prêtent à l'Ecriture. Personne, sous peine de se voir taxé d'incrédulité, n'aurait osé mettre en doute cette assertion. On l'ose aujourd'hui, même dans des livres écrits par des ecclésiastiques, et c'est là une des preuves les plus remarquables des progrès de l'esprit critique en Russie.

(8) Quand on donne Nestor pour auteur à la Chronique et au Paterik, on admet, bien entendu, que ce dernier ouvrage a été continué après sa mort.

Entre les récits du moine Nestor dans la vie de Théodose et de Boris et Gleb, et les récits parallèles de notre Chronique, il y a de flagrantes contradictions. L'auteur de la Vie de Théodose dit nettement qu'il vint au monastère Petchersky après la mort de Théodose sous son successeur Etienne; l'auteur de la Chronique dit non moins nettement qu'il vint trouver Théodose encore vivant (Cf. p. 136 de ma traduction). Ce sont là deux assertions absolument inconciliables et les inventions postérieures du Paterik ne prouvent rien contre cet irrécusable argument.

Nous n'avons sur la biographie de notre chroniqueur anonyme que les renseignements qu'il nous fournit lui-même ; il vint trouver Théodose à l'âge de dix-sept ans ; en 1091 il fut chargé de déterrer ses reliques ; en 1096 il assista à une invasion des Polovtses qui mit le monastère en grand péril. M. Goloubinsky, s'appuyant sur un passage de la Chronique, a essayé de déterminer avec une certaine précision l'époque où il serait entré au monastère. On lit à l'année 1065 (voir. p. 139) : « Vers cette époque un enfant fut jeté dans la Sitoml ; des pêcheurs le retirèrent de l'eau avec un filet ; nous le regardâmes jusqu'au soir, puis ils le rejetèrent dans l'eau ; il avait les parties honteuses sur le visage ; la pudeur ne permet pas d'en dire plus. » La rivière Sitoml, fait remarquer M. Goloubinsky, était située fort loin du couvent. D'autre part peut-on admettre que des moines aient passé toute la journée à contempler un objet indécent ? Donc le chroniqueur raconte ici un fait antérieur à l'entrée de l'auteur dans le monastère ; donc il s'y est présenté après l'année 1065. 11 avait dix-sept ans, on peut par suite placer sa naissance vers 1050 ; il aurait eu soixante à soixante-dix ans à l'époque où il termina ses annales.

Tout ce raisonnement est fort ingénieux ; mais il n'est pas irréfutable. La découverte d'un enfant monstrueux jeté clans la Sitoml fut évidemment pour les habitants de Kiev un événement miraculeux, c'est-à-dire diabolique. « De tels phénomènes ne présagent rien de bon, » dit la Chronique. I1 est tout naturel qu'on ait immédiatement prévenu les pieux cénobites du monastère Petchersky ; ils se rendirent auprès de l'enfant monstrueux, le contemplèrent toute la journée et le firent rejeter à l'eau après avoir perdu devant ce bizarre phénomène leur latin ou plutôt leur slavon.

Si l'auteur de notre Chronique n'est plus le moine Nestor, qui donc est-il ? Plusieurs hypothèses ont été émises ; aucune n'est complètement satisfaisante. On a supposé par exemple que c'était ce Basile qui intervient brusquement dans le récit de la mort de Vasilko (voy. p. 207 de la traduction). Mais ce récit détaillé paraît tout simplement interpolé dans notre Chronique, comme un certain nombre d'autres hors-d'oeuvre. On ne sait d'ailleurs rien sur ce Basile.

À l'année 1110 le manuscrit dit Laurentin (voy. plus bas) porte la mention suivante que j'ai reproduite page 225) : « Moi Sylvestre, hégoumène du monastère de Sain-tMichel, j'ai écrit ces livres d'annales, l'an 6624 (1116), la neuvième année de l'indiction. Que ceux qui liront ces livres prient pour moi. » Tant que Nestor a été considéré comme l'auteur incontestable de la Chronique, on a tout simplement regardé Sylvestre comme un copiste. Aujourd'hui on incline à supposer qu'il pourrait bien être le compilateur et non le copiste du texte qu'il a signé. Le verbe russe ... veut bien dire : « j'ai écrit » ; « j'ai copié » serait .... D'ailleurs peut-on admettre qu'un hégoumène passe son temps à copier des manuscrits ? Il a bien autre chose à faire. L'argument est évidemment d'une certaine valeur. Il perd une partie de sa force si l'on admet, avec un certain nombre d'éditeurs, que la Chronique va jusqu'à l'année 1113. Sous aucune date elle n'est terminée ; elle est brusquement interrompue. A l'exemple de Bielowski et d'Erbcn je la prolonge jusqu'à l'année 1113. Il me paraît difficile de l'arrêter à l'année 1110. A la date de 1111 la Chronique rappelle un miracle arrivé l'année précédente et ajoute « comme nous l'avons dit, .... » (cf. p. 230). D'autre part, au chapitre XIII, l'auteur établit la chronologie jusqu'à la mort de Sviatopolk qui arriva en 1113 ; enfin, à l'année 1107, il parle de ce prince comme un homme qui lui aurait survécu : « Sviatopolk avait l'habitude, quand il partait pour la guerre, de venir s'agenouiller au tombeau de Théodose, etc.. » (cf. p. 222).

En somme la paternité de la Chronique reste douteuse : je lui ai gardé le nom de Nestor pour ne pas désorienter le lecteur accoutumé à la voir citer sous ce nom ; mais il ne représente aujourd'hui qu'une tradition erronée et ne répond pas à la sévère réalité (9). Les historiens russes l'appellent volontiers aujourd'hui la Chronique initiale ou fondamentale d'un mot assez difficile à traduire littéralement en notre langue (....)

(9) II existe depuis plusieurs années à Kiev une société historique qui s'intitule Société de l'annaliste Nestor (....). On montre toujours dans les cryptes ou catacombes du couvent Petchersky le tombeau du prétendu chroniqueur. Il porte une inscription spéciale apposée en 1826 par la Société d'histoire et d'antiquités de Moscou. Il est vrai que les cryptes renferment aussi le cercueil du fameux héros des byliny (ou épopées populaires) russes, Ilia Mouromets.

II

L'auteur de la Chronique songeait peu à la gloire littéraire. Son oeuvre n'est qu'une compilation sans art. Il n'avait point de modèle dans la littérature nationale, sauf peut-être dans des agendas monastiques, dans des éphémérides officielles dont il n'est resté aucune trace ; mais il en avait dans la littérature byzantine et ils lui étaient accessibles par des traductions slavonnes écrites en Bulgarie. Tels étaient les Chroniques ou chronographes de Jean Malala et de Georges Hamartolos ou Georges le pécheur (10). Il y a encore dans ces oeuvres d'une assez piètre littérature quelque art historique, un certain soin de composition qui fait complètement défaut dans notre Chronique ; elle ne cherche en aucune façon à grouper les événements, elle suit tout simplement l'ordre des années, quitte à donner sur certains événements des commentaires moraux ou religieux. Il est possible que certains de ces commentaires soient le fait d'un copiste postérieur. Ils sont, la plupart du temps, fort ennuyeux ; j'ai cru cependant devoir les traduire tout entiers ; ils donnent une idée de l'influence que la religion exerçait alors sur les âmes et sur la littérature ; ils renferment des allusions à des textes apocryphes qui ont un intérêt scientifique ; je les ai soigneusement relevées dans mon Index alphabétique(11).

(10) Malala d'Antioche vivait au commencement du VIè siècle. Il a écrit entre autres une chronique depuis la création du monde jusqu'au règne de Justinien. Cette chronique avait été traduite en bulgare sous le règne du tsar Siméon par le pope Grégoire qui la compléta en y ajoutant des fragments de l'histoire sainte d'après l'Ecriture, des extraits du Roman d'Alexandre, etc. On ne connaît qu'un seul ms. incomplet de Malala. Il a été publié dans la collection Migne, tome XLVII, p. 35-717. Le manuscrit de la traduction slavonne se trouve à Moscou, aux archives des affaires étrangères. Il a été l'objet en Russie de plusieurs dissertations ; mais il n'a pas encore donné lieu à une édition critique. On sait cependant que l'étude de ce document donnerait lieu à d'importantes corrections du texte original.

Georges Hamartolos (Γιωργιοσ Αμαρτωλοσ μοναχοσ), c'est-à-dire le pécheur, vivait vers la fin du IXè siècle. Sa chronique va de la création du monde au règne de l'empereur Michel III. Elle avait été traduite en bulgare sous le titre de ... ... (Χρονικον συντομον). L'original a été publié par Muralt aux frais de l'Académie des sciences de St-Pétersbourg (1 vol. in-8, Petersb., 1859).

Voir pour ses autres oeuvres, Migne, tome CIX.

Outre la traduction bulgare, il existe une traduction postérieure en slavon serbe. Un fac-similé du ms. de Moscou a été publié par la Société des anciens textes russes. ... ... , SaintPétersbourg, 1879. Une édition critique manque encore ; elle apporterait d'importantes corrections au texte grec. Sur ces deux auteurs consulter Jagich, Archiv fur slavische Philologie, tome II, p. 4 et suiv.

(11) « Si ces passages ne sont point divertissants à lire, je puis, pour consoler le lecteur, l'assurer qu'ils le sont encore moins à traduire, » dit M. Smith dans sa préface de sa traduction danoise, p. IV.

L'histoire des Russes et des peuples voisins occupe dans notre Chronique une période d'environ deux siècles et demi (de la moitié du IXè siècle à 1110 suivant les uns, 1113 suivant les autres). L'auteur a été témoin oculaire ou immédiat des événements qui se sont produits autour de Kiev dans les quarante dernières années ; pour les périodes précédentes on peut, dans une certaine mesure, déterminer quels ont été ses moyens d'information.

Aussi il invoque le témoignage des vieillards ; tel est ce moine Jérémie qui mourut en 1074 (LXVIII) et qui se rappelait encore la conversion de la Russie (15); tel est ce boïar de Kiev, Jean Vychata, qui mourut en 1106, âgé de quatre-vingt-dix ans et dont l'annaliste avait entendu « maints récits » qu'il a fait entrer dans sa Chronique. Trois générations à peine séparaient ces vieillards de l'époque où « commença la terre russe. » Certains événements importants avaient probablement donné lieu à des relations détaillées qui ont été tout simplement copiées dans notre récit. Tels sont les récits du meurtre des saints Boris et Gleb (XLVII) et de l'attentat commis par Vasilko, à moins que l'auteur de la Chronique ne soit ce Basile dont le nom a donné lieu à tant de conjectures (voy. plus haut). L'auteur avait en outre en main des documents officiels, probablement conservés dans le couvent, par exemple les traités conclus avec les Grecs dont aujourd'hui l'authenticité est absolument hors de doute. (Voir 1'index, art. Traités.) Il avait consulté des chroniques grecques ou bulgares dont on n'a pas retrouvé la trace (par exemple chap.XIV, XVII). L'éclipse du soleil relatée en 911 est attestée par les calculs astronomiques. Certains hors-d'eeuvre sont empruntés à des textes connus, par exemple les détails sur Cyrille et Méthode à la légende dite pannonienne (voy.l'index, art. Méthode) l'exposé de la foi chrétienne à une Palæ ou résumé de l'Ancien Testament (..., Παλαια διαθηκη). Enfin les poèmes et légendes populaires, les uns d'origine slave, les autres d'origine varègue, ont du entrer également pour une certaine part dans la constitution de notre récit. (Voy. par exemple les chapitres sur le cheval d'Oleg (XXIII) ; sur la vengeance d'Olga (XXX) ; sur la merveilleuse délivrance de Bielgorod (XLVI).

(15) Il devait être fort vieux, car la conversion officielle remonte à 988 ; évidemment elle n'eut pas lieu d'un seul coup et le paganisme subsista encore de longues années après le baptême de Vladimir.

D'ailleurs il est bien évident que la Chronique ne nous est pas arrivée sous la forme même où elle a été écrite ; le texte primitif a été augmenté ou défiguré par des interpolations postérieures. Ainsi j'admettrais volontiers avec M. Goloubinsky que le récit de la conversion de Vladimir a été fabriqué après coup par des Grecs désireux de soumettre la Russie à l'hégémonie spirituelle de leur patrie.

Les historiens russes, disais-je plus haut, donnent à notre Chronique le titre de fondamentale. Elle ne figure isolée et sans continuation dans aucun manuscrit. Sur cent soixante-huit manuscrits examinés par la Commission archéographique de Pétersbourg (16), cinquante-trois commencent par le texte ou le résumé du texte attribué à Nestor. A dater de l'année 1111 les rédactions se mettent à diverger. On distingue deux grandes familles de textes greffées sur les deux manuscrits les plus anciens que l'on connaisse de la Chronique. Ces deux manuscrits sont : le ms. Laurentin (...) ainsi nommé par ce qu'il a été écrit en 1377 à Souzdal, par un moine nommé Laurent, le ms. hypatien (...) ainsi nommé du monastère de Saint Iïypate à Kostroma(17) où il a été compilé vers la fin du XIVè siècle. En ce qui concerne notre Chronique proprement dite, les textes présentent quelques variantes dont j'ai profité, ou que j'ai signalées lorsqu'elles avaient un réel intérêt pour l'histoire.

(16) Pour cette commission voy. la bibliographie..

(17) Chef lieu du gouvernement de ce nom sur le Volga.

III

L'extrême importance de notre Chronique au point de vue des origines de la Russie n'est plus à prouver aujourd'hui ; les historiens allemands, russes, slaves et Scandinaves l'ont suffisamment démontrée (18). Je n'ai pas à entrer ici dans un examen critique qui pourrait excéder les proportions du texte lui-même. On trouvera les observations de détail qu'il m'a paru utile de présenter dans l'Index raisonné que j'ai joint à ma traduction. Elle pourra, je l'espère, rendre quelques services à nos historiens ; c'est un document précieux, non seulement pour l'étude des événements dont l'Europe orientale a été le théâtre pendant trois siècles, mais aussi et surtout pour l'examen d'un problème qui passionne depuis un siècle les esprits : la question des origines normandes de la Russie novgorodienne et kievieime.

(18) Une bibliographie détaillée nous entraînerait, fort loin ; elle n'aurait d'ailleurs d'intérêt que pour les lecteurs familiers avec le russe et le slavon. On trouvera plus loin l'indication des principaux ouvrages que j'ai consultés.

Le moine inconnu qui nous a conservé les noms scandinaves des compagnons de Rurïk et de ses successeurs, le copiste des traités avec Byzance ne se doutait guère des polémiques auxquelles il donnerait lieu un jour. Malgré l'évidence qui ressort de son texte, et de bien d'autres, il s'est trouvé en Russie toute une école d'historiens slavophiles qui par patriotisme ont voulu démontrer que les Varègues de Nestor étaient des Slaves, des Lithuaniens, etc. Cette école met malheureusement l'amour propre national au-dessus de la critique. Je n'ai pas cru devoir discuter ses assertions ; je me suis contenté de donner dans mon Index les résultats les plus récents de la science historique et de la linguistique.

Ai-je besoin de dire ici que la langue dans laquelle la Chronique est écrite n'est point le russe actuel, mais le slavon ou slave ecclésiastique ? On appelle ainsi l'idiome, bulgare suivant les uns, paléo-slovène suivant les autres, qui a été élevé au rang de langue littéraire par les apôtres Cyrille et Méthode et qui joue chez les Slaves orthodoxes un rôle analogue à celui du latin chez les catholiques. La plus ancienne rédaction que nous ayions est du XIVè siècle et la langue de l'original a dû subir plus d'une mutation en passant de la Russie kiévienne à la Russie du Volga. Le slavon est d'ailleurs manié assez mal par les mains inexpérimentées de l'annaliste ; il n'est pas toujours aisé de saisir sa pensée ; le texte, malgré les longs efforts de la critique, n'est pas partout solidement établi et les Russes eux-mêmes ne sont pas absolument sûrs d'en comprendre(19) toutes les nuances. A l'époque où j'ai commencé mon travail le meilleur texte était celui de M. Miklosich (voir plus loin la bibliographie.). Je l'ai pris pour base ; depuis ont paru les éditions ou traductions de MM. Bielowski, Erbeu, Smith, Basistov et de la Commission archéographique. J'ai amélioré mon travail en profitant de tout ce que m'apportaient ces nouveaux éditeurs ou interprètes. J'ai conservé la division en chapitres telle que l'avait donnée M. Miklosich ; j'y ai ajouté des titres et des dates qui rendront les recherches plus faciles. Quant à l'Index qui accompagne ma traduction, aucun de mes prédécesseurs n'en avait eu l'idée ; il m'a donné beaucoup de peine ; je serais heureux s'il pouvait rendre quelques services (20). Les Russes eux-mêmes ne le consulteront pas, je pense, sans intérêt. Certains articles auraient certainement gagné à être plus développés ; tel d'entre eux peut donner matière à une monographie considérable. Pour moi il m'a semblé que le principal mérite d'un travail de ce genre devait être avant tout la clarté, l'exactitude et la précision. J'ai certainement commis quelque péché d'erreur ou d'omission ; le lecteur les excusera en songeant à la nouveauté de ce travail, à la difficulté qu'il y a encore de se procurer eu France les produits de la littérature russe, de conférer par correspondance avec des confrères dispersés au loin dans les villes universitaires d'un grand empire, et parfois un peu négligents à répondre aux questions qui peuvent leur être posées.

(19)... ... « On ne peut pas plaisanter avec Nestor » écrivait une jeune Russe qui avait entrepris vers 1860 de traduire notre Chronique en russe moderne, (Notice sur Maria Victorova en tète de son édition du Paterïk, Kiev, 1870). Le mot est encore vrai aujourd'hui.

(20) J'aurais désiré pouvoir pour chaque nom renvoyer à la page même où il est cité ; mais l'Index ayant été rédigé pendant l'impression du volume, ce procédé était à peu près impossible. On me saura gré, je pense, d'avoir donné tous les noms importants sous la forme slavonne (en caractères russes). Cette addition rendra les recherches plus aisées dans le texte original.

J'ai tenu compte des traductions antérieures à la mienne, j'entends des versions sérieuses faites sur un texte suffisant et par des érudits compétents. Il n'en est que trois que je reconnaisse comme telles, la version polonaise de l'édition Bielowski, la version tchèque d'Erben, la version danoise de M. Smith. Tout en n'adoptant pas toujours l'interprétation de mon confrère danois, j'ai trouvé dans son commentaire plus d'une indication utile.

A côté de ces trois versions fort sérieuses, mais aussi peu accessibles que le texte original, il en est d'autres auxquelles on a encore recours faute de mieux, mais qui doivent aujourd'hui être absolument rejetées. Telles sont en allemand celles de Scherer, de Schlœzer et de Müller (21), en français celle de M. Louis Paris (22). Le lecteur pourra se faire une idée de la valeur de cette dernière en prenant au hasard quelques passages et en les comparant à ma traduction.

(21) Des heilligen Nestors... Æelteste Jahrbücher der Russischen geschichte übersetzt und mit Anmerkungen versehen von J. B. Scherer, Leipzig, Breitkopf, 1774.

... (Nestor) Russische Annalen in ihrer slawonischen Grundsprache verglichen, ubersetzl und erklært von A. L. Schloezer, Gœttingen, 1802-1809, (5 vol, textes, variantes, traductions, commentaire détaillé). Ce travail s'arrête à 980. Fort estimé autrefois, il est aujourd'hui à peu près inutile.

Altrussiche Geschichte nach Nestor von Josoph Müller, Berlin, 1812.

(22) La Chronique de Nestor traduite en français d'après l'édition impériale (?) de Pétersbourg par Louis Paris, 2 vol. in-8, Paris, Heideloff et Campe, 1834. M. Paris semble avoir pris pour base la traductionallemande de Scherer.

Ce n'est pas sans un certain serrement de coeur que je me sépare d'un travail auquel tant d'années de ma vie ont été consacrées. Comme toute oeuvre humaine il renferme évidemment des fautes et des lacunes ; néanmoins il rendra des services et je ne désespère pas de pouvoir quelque jour l'améliorer et l'augmenter en vue d'une nouvelle édition. En attendant je le recommande à l'attention des lecteurs studieux. J'ai peut-être le droit de prendre congé de mon auteur par les paroles que Dante adressait naguère à Virgile :

« Vagliami 'I lungo studio e 'I grande amore
Che m'han f'atto cercar lo tuo volume...

Puisse-t-on, me savoir gré de la longue étude et du grand amour qui m'ont fait rechercher ton volume. »

Janvier 1881.

Félicitation au visiteur qui arrive ici après la lecture de ces pages, il en sait suffisament pour imaginer un groupe de varègues descendant un affluent de la Volga, portant leur drakkar pour contourner une zone de rapides, chantant pour rythmer leur effort :

Plus sérieusement il s'agit de Leonid Kharitonov, accompagné par les choeurs de l'Armée rouge, chantant Les Bateliers de la Volga.


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